Médailles Louis XVII

Maurice d'Hérisson donne le descriptif de médailles commémoratives ayant trait à Louis XVII, médailles frappées par Loos .

  C’est par erreur que l'on donne parfois pour auteurs de ces médailles de prétendus frères Daniel et Frédéric Loos. Il ne s’agit en fait que d’un seul et unique artiste, Daniel Friedrich Loos (1735-1819).

    Né à Altenburg, Daniel Friedrich Loos séjourna en Prusse, et fut nommé graveur et médailleur en chef à la cour de Berlin dès 1768. Selon Forrer, citant Bolzenthal , Loos fut un artiste plein de zèle, qui, à une époque où dominait le mauvais goût, s’appliqua à l’étude de l’art du portrait et des anciens modèles. Loos fit aussi plusieurs découvertes dans l’art et la technique de la frappe des monnaies. Il eut deux fils, Friedrich Wilhelm et Gottfried Bernhard, qui furent aussi des médaillistes de valeur.
Une série de six jetons fut réalisée à partir de 1794 et jusqu'à 1796 pour commémorer la mort de : Louis XVI, Marie-Antoinette,  Philippe Égalité,  Madame Élisabeth,  les enfants de Louis XVI, la mort de Louis XVII au temple le 8 juin 1795 . Ces jetons ou médailles de souvenir furent extrêmement répandues en Allemagne dans leur version populaire en laiton .

Je ne serais pas étonnée que notre Marie-Antoinette en possède plusieurs dans sa prodigieuse collection !    

Tout ce qui a été frappé au sujet de Louis XVII est non seulement bizarre, énigmatique, à double sens, mais ce double sens est particulièrement apparent. Les médailles qui nous proviennent de l'étranger sont, entre autres, d'une transparence telle que les moins clairvoyants peuvent y lire les preuves de l'évasion du Temple .
Celles qui datent de la Restauration, qui avait tout intérêt à affirmer la mort de Louis XVII, n'en portent pas moins l'affirmation de son existence et témoignent que le trône était usurpé .

( Le Cabinet noir :  Comte d'Hérisson )

Le Dauphin est enfermé au Temple; on est avisé à Berlin qu'une substitution d'enfant doit avoir lieu ( c'est toujours le comte d'Hérisson qui parle, hein ! ce n'est pas moi ) , et Loos s'empresse de prendre date, en consignant sur le bronze le fait mystérieux dont on parle plus librement à l'étranger qu'en France .
La pensée de l'auteur est-elle assez claire ? D'un côté les deux enfants prisonniers, de l'autre une grande draperie qui cache le mystère . Au-dessous :

" Quand sera-t-elle levée ? "

Merci pour toutes ces recherches !

..... de rien : c'est amusant !

Cette médaille, qui existe aussi en or, comporte bien le profil des deux enfants - il s'agit de l'affaire du petit roi et de l'affaire de Madame ROYALE !!!!
confirmant les deux disparitions de la scène politique !!!!!! mort pour le Roi, échange pour la Princesse.

Je viens d'acquérir en bronze une curieuse médaille française - avers les profils ROI, REINE, MADAME ELISABETH - à noter pas de MADAME ROYALE
revers LOUIS XVII seul
d'époque restauration - je fais les recherches pour retrouver son origine !!!

Amicalement
MARIE ANTOINETTE

Puis vient encore une médaille de Loos; elle est censée destinée à perpétuer la date de la mort du Dauphin; mais non moins curieuse et explicite que la précédente, elle affirme au contraire l'évasion .
On lit sur un des côtés :

LOUIS, SECOND FILS DE LOUIS XVI,
NE LE 27 MARS 1785

Le revers porte le même rideau qui cachait tout à l'heure un mystère, et qui maintenant est levé . Un ange écrit avec un burin :

REDEVENU LIBRE LE 8 JUIN 1795

L'ange est debout; un de ses pieds pose sur une torche allumée, et la flamme qui s'en échappe représente la Vie, l'autre s'appuie sur un cercueil auquel est adossé un livre ouvert où l'on peut lire :

LOUIS ( le premier Dauphin ), LOUIS XVI, ANTOINETTE, ELISABETH

Ce sont les noms des quatre membres de la famille qui sont déjà morts . Le cercueil en est le témoignage . La date du 8 juin rend la liberté au second Dauphin, grâce à la mort de l'enfant substitué . Indépendamment des mots " redevenu libre le 8 juin 1795 ", cette pensée est à nouveau reproduite par le soin qu'à eu l'auteur, en opposant la vie et la mort, d'indiquer aussi clairement qu'il était en son pouvoir, sans toutefois le dire par trop ouvertement, que le Dauphin survivait à son frère, à son père, à sa mère, et à sa tante.
Et le rideau levé laisse voir quatre morts et le Dauphin vivant .

Point n'est besoin, j'espère, de préciser que nous nageons là en pleine propagande, pro-évasion du Temple, qui n'a pas valeur historique .
Mais bon, tout cela est intéressant à connaître, n'est-ce pas ?

Très !

Je ne vois pas la torche allumée et la flamme qui s'en échappe ...

Sous le pied de l'ange ? Je vois plutôt une espèce de trompette .......
Mais, comme il semble s'en échapper de la fumée, ce doit sans doute être ladite torche .

Voici maintenant une médaille frappée en Angleterre; elle est de William Manwaring .
Elle porte d'un côté la tête de Louis XVII , et dans le champ :

SITOT QU'IL HAIT UN ROI,
DOIT-ON CESSER DE L'ETRE ?

Un fleuron au-dessous, 1793. Peut-on imaginer quelque chose de plus étrange et de plus troublant ?



Google image donne cette médaille en si petit que l'on n'y voit goutte !
Quoique le sujet n'ait pas l'air de passionner les foules, puisque j'y suis  je poursuis sur ma lancée .  
C'est bientôt fini .

Ce fut au château de Ham que les frères de Louis XVI apprirent sa mort, à laquelle cette médaille fait allusion .
Ils proclamèrent Louis XVII. Monsieur prit alors le titre de Régent, et nomma le comte d'Artois lieutenant général du royaume .

En 1794, les Vendéens portaient une médaille avec bélière en guise de décoration, sur laquelle était gravé d'un côté :

VIVE LOUIS XVII, ROI DE FRANCE ! 9 Tdor 1794

et au revers une grande fleur de lys presque semblable à celle de la ville de Florence, avec ces mots :

LOUIS XVII,  ROI DES FRANCOIS

Qui hait le Roi ?
Ses frères ou Pitt ?

Ecoutez, je me suis posé la même question que vous ! C'est parfaitement sibyllin, cette inscription !

IL HAIT est un singulier . Ce ne sont pas Provence et Artois ........ Provence seul, ce Caïn ?

L'allusion à la mort de Louis XVI est limpide : le fleuron est un lys brisé, au-dessus de la date 1793 .
Mais comment interpréter DOIT-ON CESSER DE L'ETRE ? Louis XVII doit-il ne pas être roi parce que l'on haïssait son père ?
Ou bien, quelqu'un qui le hait, lui, Louis XVII, va-t-il l'empêcher de régner ???


Vous pensez à Pitt parce que la médaille est frappée en Angleterre, mais Pitt n'a pas grand chose à voir dans la succession de Louis XVI ...

Peut-être plus que vous ne le pensez. Rien de ce qui se passait en Europe ne pouvait se faire sans elle.
L'Angleterre est à l'origine des malheurs de la France ...

Il y a un peu de vrai, en tout cas à l'époque révolutionnaire !
Mais bon, n'exagérons rien ...

Je dois dire que la perfide Albion est chère à mon cœur.

Regardez comment Napoléon s'en est pris plein les dents ! Ah, l'Angleterre lui en a fait voir !

Oui, mais tenez ! Allons ! Incriminons sans vergogne notre voisin outre-Manche, juste pour voir ( ) :

SITOT QUE LA PERFIDE ALBION HAIT UN ROI,
DOIT-ON CESSER DE L'ETRE ?

Cela ne veut rien dire du tout ! Vous en êtes bien d'accord, n'est-ce pas ?

Allez jusqu'au bout de cette phrase. La réponse est oui pour Louis XVI et pour ses successeurs.
Ce qui s'est joué en cette fin XVIIIe siècle est une terrible partie de poker entre deux nations maritimes.

L'enjeu en est la maîtrise des mers et donc par là de s'assurer un empire colonial pour s'assurer des débouchés économiques .

Le but est d'abattre l'adversaire à tout prix, faire en sorte qu'il ne se relève pas ou s'il se relève , pas de la même manière en tout cas. Donc pour cela , il faut le mettre KO , au tapis ! Et utiliser si possible des agents anglais  pour créer des troubles en France !

En bon stratège , Pitt souhaitait une complète défaite pour la France et pour cela , comme dans un jeu d'échecs , il fallait prendre la reine , le roi et la famille royale au piège et les tuer. La Grandeur de l'Angleterre l'exigeait !
ET puis , il faisait d'une pierre deux coups : il se vengeait atrocement de l'humiliation de la guerre d'indépendance américaine !Et il liquidait cette famille royale française qu'il détestait !

Mais bien sûr, s'il a tout fait pour favoriser la révolution ( financée avec des fonds secrets ), Pitt , paradoxalement , était contre la révolution !
Ah, on peut parler à l'infini de la complexité  de l'âme humaine !

Au moins , Fox était droit dans ses bottes, lui : Il était pour la Révolution et avait des amitiés pour Philippe Egalité et pour Vergniaud.

Madame de Chimay a écrit:

Allez jusqu'au bout de cette phrase. La réponse est oui pour Louis XVI et pour ses successeurs.

Vous n'avez pas tort sur le fond  ( dans les très grandes lignes ..... ), mais enfin tout de même, ce serait d'une présomption sidérante!  
Et, dans ce cas, si  " IL "  désignait Pitt toutes griffes dehors (    ), ce serait non pas l'interrogation :

SITOT QU'IL HAIT UN ROI,
DOIT-ON CESSER DE L'ETRE ?

mais l'affirmation péremptoire, presque la menace :

SITOT QU'IL HAIT UN ROI
IL DOIT CESSER DE L'ETRE !

Absolument la menace . Danton était venu à Londres pour essayer de sauver la famille royale et Pitt a refusé de faire le geste demandé . Olivier Blanc en parle dans son livre sur les hommes de Londres . Il faudrait que je retrouve le passage.

Je suis d'accord avec la princesse de Chimay, c'est une menace.

Il n'y a pas de menace tangible dans cette forme d'interrogation .