globule Administrateur
Nombre de messages : 2236 Date d'inscription : 04/10/2017
| Sujet: L'évacuation du Louvre Ven 30 Aoû - 9:24 | |
| Nommé sous-directeur des Musées nationaux en 1933, Jacques Jaujard (1895-1967) a préparé, dans les années qui précèdent la guerre, l’évacuation du musée du Louvre. Une expérience qu’il a su mettre à profit en supervisant l’évacuation du musée du Prado, au moment de la guerre civile espagnole. En 1939, il organise donc, aidé de tout le personnel du Louvre, le déménagement du musée. Puis, nommé en 1940 directeur des Musées nationaux, il continue de faire déplacer des œuvres d’un lieu à un autre pour les protéger, et cela sans le consentement de Vichy. Résistant lui-même, Jaujard a protégé des réseaux de résistance au sein du Louvre et tenté, en vain, de protéger des collections d’art appartenant à des juifs.
Cette photographie de la Grande Galerie du Louvre a été prise par Marc Vaux après l’enlèvement des peintures qui y étaient exposées. Au second plan apparaissent quelques tableaux encore accrochés aux murs. Mais ce sont sans doute les parois nues et les cadres du premier plan qui ont particulièrement attiré l’attention du photographe. Des tableaux ne restaient plus que les inscriptions faites à la craie sur les murs (nom de l’artiste et titre de l’œuvre) et les cadres vides, posés sur l’envers à même le sol et le long des parois. La galerie était également vide de toute présence humaine : le musée était alors fermé au public, et une grande partie du personnel, conservateurs et gardiens, avait accompagné les œuvres dans les dépôts.
La Grande Galerie a, au sein du palais, une valeur symbolique forte, puisque c’est cet espace qui fut le premier consacré au musée ouvert pendant la révolution en 1793, et elle a fait l’objet de nombreuses représentations. Marc Vaux a également photographié d’autres salles du musée vidées de leurs collections, où seuls sont visibles des cadres et les socles des statues, symboles des collections évacuées.
Entre septembre et décembre 1939, pas moins de trente-sept convois ont quitté Paris pour la province. Chacun comptait de cinq à huit camions, avec une voiture pour ouvrir la route et une autre pour la fermer. Pour déménager le Louvre, une soixantaine d’employés de La Samaritaine et du BHV ont prêté main-forte au personnel du musée. Pour être déménagées, certaines toiles ont été enlevées de leur cadre et roulées. Cela a notamment été le cas pour Les Noces de Cana de Véronèse et pour Le Sacre de Napoléon de David. Cela n’a pas été possible pour Le Radeau de la Méduse, de Géricault, le vernis étant trop fragile. Le tableau de 4,91 m sur 7,16 m a donc été installé directement sur le plateau d’un camion. Mais, en arrivant à Versailles, l’œuvre a touché les fils électriques du tramway, provoquant une coupure générale d’électricité dans la ville. Mis à l’abri dans l’enceinte du château, Le Radeau a repris la route vers Chambord une quinzaine de jours plus tard. - À la demande de l’Occupant, qui voulait montrer le retour à une situation normale, le Louvre rouvrit au public le 1er octobre 1940 avec des horaires restreints et très partiellement : seules des salles de sculptures et d’antiques étaient accessibles. Étaient présentés des œuvres de moindre importance qui n’avaient pas été évacuées et des moulages de chefs-d’œuvre comme la Vénus de Milo.
Les collections traversèrent la guerre sans dommages malgré les changements de lieu de dépôt imposés par l’évolution du conflit. Elles commencèrent à revenir après l’armistice. Dès juillet 1945 furent présentées, dans une exposition temporaire, une sélection d’œuvres prestigieuses du musée, et une exposition intitulée L’Activité des musées pendant la guerre, constituée de panneaux documentaires illustrés de photographies. Un de ces panneaux reprenait le thème du musée privé de ses collections, sous le titre « Le Louvre désert » : « Les cadres béants, les socles solitaires restent les seuls vestiges de ce qui fut le plus grand musée du monde », pouvait-on lire. Le musée du Louvre rouvrit ensuite par étapes : le département des Antiquités orientales fut inauguré le 27 juin 1947 en présence du président de la République. La Grande Galerie, qui avait été rénovée et dont la muséographie avait été revue, rouvrit au public le 7 octobre 1947.
En conclusion, c'est grâce à sa profession (directeur du Musée du Louvre) et à son anticipation que Jacques Jaujard est parvenu à sauver le patrimoine artistique français. Et donc à permettre à la tradition artistique française de survivre au pillage des nazis, qui auraient peut-être pu détruire certaines œuvres. En son hommage, une actuelle porte du Musée du Louvre porte son nom. Comme sources, j'ai utilisé https://www.lanouvellerepublique.fr/a-la-une/le-radeau-de-la-meduse-echoue-a-versailles et https://www.histoire-image.org/fr/etudes/grande-galerie-abandonnee et https://resister-art-litterature.jimdo.com/resister-en-france-occupee/jacques-jaujard-et-les-oeuvres-du-louvre/ _________________ - Je ne vous jette pas la pierre, Pierre -
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