elois
Nombre de messages : 121 Date d'inscription : 17/03/2015
| Sujet: Le Monde des salons Sam 28 Sep - 21:55 | |
| Un livre à avoir dans ses rayons ! - Il est banal de dire que le XVIII siècle a vu se déplacer la vie sociale de la Cour vers la Ville, de Versailles vers Paris. Mais il ne suffit pas d'énumérer des anecdotes prenant pour cadre les salons de Mmc du Deffand et de Mmc Geoffrin, et de citer les écrivains ou les artistes qui les ont fréquentés. Ce qu'il faut comprendre, c'est la signification historique d'une forme de sociabilité. Ce livre offre, pour la première fois, une véritable histoire sociale et culturelle des salons parisiens du XVIII siècle, et permet de réviser de nombreuses idées reçues. Ces salons n'étaient pas, comme on le dit trop souvent, des lieux de discussion critique permettant de diffuser largement les idées des Lumières, mais bien plutôt les centres de la sociabilité mondaine, dévolus aux plaisirs de la table et du mot d'esprit, au théâtre de société comme aux intrigues politiques. C'est dans les salons que se recomposent les identités aristocratiques, que se forment les réputations littéraires et politiques, et que se prépare l'accès à la Cour. Le loisir lettré et les pratiques culturelles des salons deviennent alors un élément essentiel de la distinction aristocratique et de l'imaginaire national, tandis que de nombreux écrivains des Lumières adhèrent aux pratiques et aux idéaux des élites parisiennes et de la noblesse de Cour.
Tout au long des XIXe et XXe siècles, mémorialistes, critiques et historiens ont accordé une grande importance à l'étude des salons du XVIIIe siècle, comme s'ils avaient pressenti qu'à travers eux les questionnements les plus novateurs de l'histoire culturelle trouveraient un terrain d'élection. Dans une magistrale étude, l'historien Antoine Lilti met à mal nombre d'idées reçues sur ces lieux, devenus le paradigme d'une époque. Le salon, c'est avant tout un espace de sociabilité mondaine divers en ses pratiques, mais qu'unit un faisceau de règles : l'hospitalité, le respect de la civilité et de la politesse telles que les définit le monde. Cela posé, on peut tenter une description de son économie matérielle : il représente un espace domestique, coûteux parfois à maintenir, installé dans les lieux de société de la résidence et organisé pour la conversation. On y est reçu pour son appartenance au monde, sa réputation intellectuelle ou sur recommandation. La plupart sont tenus par des femmes, et se confondent pour l'essentiel avec l'espace urbain aristocratique. Leur public est majoritairement noble : les gens de lettres constituent juste un complément. Enfin, la population salonnière est européenne : des étrangers vivant à Paris ou de passage les fréquentent. L'analyse de Lilti montre que dans le salon « un jeu complexe s'instaure entre une sociabilité accueillante aux hommes de lettres (s'ils s'y tiennent à leur rang), l'univers aristocratique (dont on respecte les hiérarchies) et l'horizon de la Cour ». Voilà qui met à mal la fiction d'une société salonnière égalitaire. Le langage de l'amitié employé avec les gens de lettres n'empêche ni subordination ni dépendance. La générosité des mécènes impose une réciprocité : l'écrivain donc amuse et compose des éloges. Les gens de lettres acceptent ce jeu parce qu'il leur « fournit une justification des pratiques de sociabilité et de protection ». Ce qui ne va pas sans opposition. Rousseau dénonce cette aliénation ; Collé s'en moque ouvertement. https://www.lemonde.fr _________________ Il faut seulement que je plaise aux gens qui m'intéressent.
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Serena Joy
Nombre de messages : 42 Date d'inscription : 08/08/2018
| Sujet: Re: Le Monde des salons Sam 12 Oct - 21:25 | |
| Oui à avoir dans ses rayons. _________________ Vous étiez parmi nous depuis toujours mais nous ne vous avions pas vus.
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