Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 Quel est le sens des couleurs à travers les siècles ?

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madame antoine

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MessageSujet: Quel est le sens des couleurs à travers les siècles ?   Quel est le sens des couleurs à travers les siècles ? Icon_minitimeMer 11 Mar - 10:30

Bonjour à tous les Amis du Boudoir de Marie-Antoinette,

L'excellente émission Un Jour dans l'Histoire nous propose une rétrospective de la signification des couleurs à travers les siècles. C'est en raison de sa perspective diachronique que nous ne placerons pas ces informations dans le sujet suivant.
https://maria-antonia.forumactif.com/t5631-les-couleurs-de-marie-antoinette

La problématique envisagée dépassant les goûts spécifiques de la Reine, nous avons ouvert un nouveau sujet. Voici premièrement les informations textuelles.

Les couleurs ne sont pas qu’une histoire de goût. A travers les siècles, les sociétés ont régi leurs significations et leurs usages magiques, religieux, politiques, sociaux selon des systèmes chromatiques qui ne se transgressaient pas sans risque. Que sont ces systèmes ? Comment ont-ils évolué depuis la Préhistoire ?

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Les couleurs de l'Occident : leurs significations à travers les siècles - :copyright: pixabay


Plongeons dans l’histoire des couleurs avec Hervé Fischer, auteur de Les couleurs de l’Occident – De la préhistoire au XXIe siècle, aux éditions Gallimard.

Quelle ambiance chromatique à la Préhistoire ?
Les couleurs des peintures préhistoriques se sont très bien conservées dans l’obscurité des fonds de cavernes, au point qu’il est incroyable de retrouver, 40 000 ans plus tard, des couleurs aussi saturées qu’elles devaient l’être à l’époque.

Les couleurs étaient faites à base de terre calcinée, avec différents niveaux d’ocre. Ces couleurs étaient naturelles, on a d’ailleurs retrouvé le même genre de dessins, avec les mêmes couleurs, un peu partout sur la planète, aussi bien en Indonésie qu’en Europe. Par ailleurs, ils utilisaient la craie ou le charbon de bois pour dessiner.

Hervé Fischer interprète déjà ces peintures comme une symbolique, une signification magique ou religieuse, celle de la terre-mère, productrice des animaux, de la vie, des végétaux, d’eux-mêmes.

Les hommes préhistoriques travaillaient dans des conditions très difficiles, avec des torches, leur choix était donc très exigeant et très précis. Ils rendaient à la terre mère une célébration, par l’imposition des mains sur la paroi, 'la membrane utérine', par leur souffle qui y projetaient de la couleur et par le dessin des animaux qu’ils chassaient.

"On peut interpréter à travers ces couleurs, à travers les lieux et l’écosystème de ces rituels, une religion de l’époque à la terre mère."


Le code couleurs des Grecs et des Romains
Il y a très peu de vocabulaire des couleurs en grec ancien, au point qu’on pourrait croire qu’ils ne voyaient pas les couleurs. Les couleurs étaient liées à des éléments naturels et avaient des codes symboliques liés à la mythologie grecque, aux dieux de l’Olympe. Ensuite, des codes se sont peu à peu précisés, plus particulièrement dans l’Empire romain.

Les Romains relient la formation de l’univers aux couleurs. La symbolique mythologique devient rapidement une symbolique sociale, liée au pouvoir et à la hiérarchie. Certaines couleurs, comme le pourpre, sont réservées à l’empereur, et les riches commerçants romains imitent ces couleurs pour combler leur désir d’ascension sociale.


Le code théologique du Moyen Âge
1476 marque la chute de l’Empire romain d’Occident, commence alors le Moyen Âge. L’influence de la chrétienté sur l’usage et la symbolique des couleurs est considérable. Cela devient un code théologique. La couleur est la lumière.

Dans la Bible, il n’y a pas de couleurs, il n’y a que la lumière, qui est Dieu, qui sépare le chaos de l’ordre, la lumière de l’ombre. On retrouve cette symbolique au Moyen Âge, au point que les intégristes chrétiens comme Saint-Bernard, refusent que l’on fasse des vitraux avec des couleurs vives saturées, qui se rapprochent de l’ombre, donc du péché. La couleur de Dieu doit être pure : un blanc lumineux, ou encore mieux, de l’or.

L’aristocratie utilise un code social lié au code théologique de la chrétienté. Ils veulent afficher ces vertus sur leurs vêtements, sur leurs blasons… Ces couleurs sont nobles, dans le sens moral, et elles deviennent identitaires, dans un usage social hiérarchique.


La Renaissance italienne, du symbolisme au réalisme des couleurs
A la fin du 14e siècle, l’Eglise est face à deux grandes difficultés : les intégristes albigeois, les Cathares, qui identifient Dieu à la lumière, et les athées, avec l’émergence de l’humanisme. Elle essaie alors d’humaniser la religion, en développant le culte du Christ et de la Vierge, et demande aux peintres de donner aux personnages chrétiens des traits plus humains que sur les icônes, et de les placer sur terre. Giotto commence ainsi à utiliser des couleurs relativement pures pour créer la profondeur de l’espace : le rouge rapproche, le bleu éloigne.

Ensuite, on invente la perspective, Dieu devient le point de fuite d’un espace géométrique, où les couleurs sont rompues pour ne pas tuer la profondeur et parce que les couleurs réelles des gens et des objets sont naturellement rompues. Elles deviennent grises, jusqu’à se bitumer. Un réalisme des couleurs se développe, c’est 'la couleur locale', qui n’a plus de valeur théologique. C’est une invention de la Renaissance, qui ne va pas durer très longtemps et qui constitue une exception dans l’histoire de la couleur et de la peinture.

Avec Léonard de Vinci, on est dans une période de transition. Il préconise de réduire la gamme chromatique, mais il garde des valeurs religieuses. Il imagine par exemple de rendre bleuté le lointain des paysages, mais en cela il garde une mémoire théologique du ciel, de Dieu.


Au 17e siècle, la couleur au service de la monarchie absolue
Louis XIV veut asservir tous les princes et ducs félons, qui ne veulent pas admettre son pouvoir universel de Roi Soleil. Il les invite à la cour et leur impose, par son exemple, des dépenses somptuaires de vêtements, qui les ruinent. Il leur offre alors une pension et les soumet financièrement. Il règne par la splendeur des couleurs, il brille comme le soleil, les laissant dans des couleurs rompues.

Le clair-obscur naît aussi au 17e siècle, on y retrouve l’opposition de la lumière divine et de l’ombre. C’est un mélange de baroque et d’intégrisme religieux espagnol.

Avec la Réforme protestante, on va vers la réduction de la couleur, qui marquera l’opposition aux couleurs somptuaires et excessives de l’aristocratie et du haut clergé. Il s’agit de revenir aux sources du christianisme, à une religion de l’humilité et de l’austérité. La Réforme va imposer le noir et blanc. C’est une bataille politique qui se joue sur le terrain de la couleur.


Le 18e siècle et le néoclassicisme
Le néoclassicisme, à la suite de la Réforme, réagit lui aussi aux excès de la cour et rejette les couleurs. Napoléon Ier veut trouver un style noble et, faisant référence aux Grecs, il impose le noir et le blanc, alors que les toges n’étaient pas noires dans l’Antiquité. Ce qui montre bien que les systèmes de couleurs sont toujours des interprétations, des productions idéologiques, observe Hervé Fischer.

La Révolution française aurait pu bouleverser tout le système des couleurs mais on voit au contraire apparaître une sagesse, un académisme puritain. On peut presque parler d’un siècle achromatique. La bourgeoisie catégorise les individus, les peuples et les genres. Dans le monde des affaires, on se méfie des gens qui portent des couleurs. Le capitalisme, c’est le noir et blanc.

Les femmes se voient aussi imposer une réduction chromatique, elles sont dans les nuances, dans le pastel. Ces couleurs seront associées à la féminité et à la maternité tout au long du 19e siècle.


Les couleurs de l’impressionnisme au 19e siècle
Vers 1830, le rouge devient la bannière des romantiques, à l’inspiration de Théophile Gautier. Les écrivains prennent leur liberté par rapport au noir et blanc, pour évoquer leur monde onirique et poétique. Ils sont en avance sur les impressionnistes dans leur façon de réintroduire la couleur dans la littérature.

L’impressionnisme va révolutionner l’univers des couleurs. En 1841, les tubes de couleur sont commercialisés, on n’a plus besoin de broyer des pigments en intérieur. On peut sortir de l’atelier et peindre en plein air, sur le motif. C’est l’éblouissement devant la lumière naturelle et les peintres essaient de représenter ces impressions, en peignant les ombres en bleu ou en violet, en travaillant par petites touches épaisses. Ils sont rejetés par la bourgeoisie et exclus des grands salons officiels.


L’explosion chromatique du 20e siècle
1905 : les fauvistes jettent un pot de couleur à la figure des bourgeois, d’où leur nom. Ils font scandale. Ce sont des anarchistes, des provocateurs, ils peignent avec des couleurs pures. La société ne supporte pas ce désordre chromatique, elle va donc rapidement se ranger et inventer de nouvelles grammaires chromatiques.

La couleur va devenir une marchandise. On assiste à la naissance d’une nouvelle profession : le coloriste-conseil, qui va expliquer les codes couleurs, de façon plus ou moins fantaisiste : le rouge excite, le vert calme,… La psychologie aura aussi recours à la couleur.

L’impression et la publicité se développant en couleurs, le capitalisme va se servir des couleurs comme un outil pour vendre. La mode s’en servira pour obliger les gens chaque année à changer de couleurs et donc à racheter des vêtements.

Les nouvelles technologies colorisent le monde en fausses couleurs, comme l’imagerie scientifique qui représente les fréquences en couleurs saturées et discriminatoires. C’est 'le fauvisme digital'.

"La couleur est devenue une sorte de drogue, une euphorisation du monde urbain. Nous ne sommes plus dans la gamme naturelle, celle du monde rural. Nous sommes en responsabilité de colorer notre environnement urbain, alimentaire, vestimentaire", constate Hervé Fischer.


Voici deuxièmement le lien direct de cette émission.
https://www.rtbf.be/lapremiere/emissions/detail_un-jour-dans-l-histoire/accueil/article_quel-est-le-sens-des-couleurs-a-travers-les-siecles?id=10452533&programId=5936
Voici également le lien donnant accès à toutes les émissions de la RTBF, accessible également dans certaines régions en dehors de la Belgique.
https://www.rtbf.be/auvio/

Bien à vous

madame antoine

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