Dimanche, 1er septembre 1715"Le Roi est mort ce matin à huit heures un quart et demi, et il a rendu l'âme sans effort, comme une chandelle qui s'éteint.
La nuit s'étoit passée sans aucune connoissance"(Lefebvre a remplacé ce mot par celui de bougie) qui s'éteint.
Dangeau, Mémoire sur ce qui s'est passé dans la chambre du roi pendant sa maladie
Selon les frères Anthoine (alors porte-arquebuse du Roi), durant la nuit, le Roi avait émis de "larges et profonds soupirs, qui faisoient connoître qu'il souffroit beaucoup"
"Sur les 5 heures du matin, il perdit absolument toute apparence de vie, excepté la respiration, son visage pâle et tourné à la mort, ses yeux se fermèrent et il ne donna plus aucune marque de sentiment
En cet état, le sieur Maréchal débanda la jambe du prince mourant en présence de toute la Médecine et de plusieurs autres personnes distinguées, entre lesquelles étoit M. le Maréchal de Villeroy, qui avoit toujours resté le plus attaché à la personne du roy et des plus assidus pendant le cours de sa maladie
La jambe et la cuisse de Sa Majesté furent trouvés entièrement gangrenées et on jugeoit bien que ce mal avoit gagné les parties intérieures et qu'il allaoit bientôt achever d'enlever le sujet auquel il étoit attaché
En effet, deux heures après, la nature faisant un dernier effort, le roy tomba dans l'agonie, qui durant encore deux autres heures et finit à 8 heures et demy quart du matin par quelques petits soupirs et deux hocquets sans aucune agitation n'y convulsion"
Aussitôt qu'il a expiré, le duc d'Orléans est allé avec tous les princes du sang saluer le jeune roi, et dès que cet enfant a entendu le traiter de Sire et de Majesté, il a fondu en larmes et en sanglots, sans qu'on lui eût dit que le roi fût mort.
Quand les princes du sang sont sortis, ce qui s'est trouvé là de seigneurs et de principaux courtisans sont entrés pêle-mêle, et M. le duc d'Orléans, en les présentant, lui a dit:
« Voilà, Sire, les seigneurs et les principaux de votre cour » en sorte que la prétention de quelques ducs, tant agitée depuis que le roi est malade, de marcher en corps et à la tète de la noblesse s'est évanouie, la noblesse leur ayant refusé d'aller avec eux sans que ce ne fût pêle-mêle et sans que les ducs eussent un rang distingué à leur tête.
Le chancelier est ensuite venu avec quelques conseillers d'État assurer le roi de leur obéissance.
Peu de temps après, le duc du Maine, général des Suisses, en a présenté les chefs, ainsi de quelques autres.
Le premier président du parlement et les avocats généraux sont venus prendre l'ordre du duc d'Orléans pour l'ouverture du testament, etc.
(C'est ainsi que se termine le mémoire de Dangeau, qui semble avoir voulu renvoyer, pour la suite des événements, à son Journal, dont ce mémoire n'est en effet qu'une longue parenthèse)Il se fait présenter par Madame de Ventadour, le petit duc d'Anjou, futur
Louis XV l'arrière petit-fils de Louis XIV lui succédera en 1722
après la régence de son oncle,
Philippe d'OrléansLouis XIV mourant à son arrière-petit-fils et successeur le duc d'Anjou
(par la suite le roi Louis XV)«Mignon, vous allez être un grand roi, mais tout votre bonheur dépendra d'être soumis à Dieu et du soin que vous aurez de soulager vos peuples.Il faut pour cela que vous évitiez autant que vous le pourrez de faire la guerre: c'est la ruine des peuples. Ne suivez pas le mauvais exemple que je vous ai donné sur cela; j'ai souvent entrepris la guerre trop légèrement et l'ai soutenue par vanité. Ne m'imitez pas, mais soyez un prince pacifique, et que votre principale application soit de soulager vos sujets. Profitez de la bonne éducation que Madame la duchesse de Ventadour vous a donné; obéissez-lui, et suivez le bons sentiments qu'elle vous inspire»