Très intéressant ! Merci pour ces recherches !
Ce cher Reiset que je ne peux pas consulter en ce moment !
Il est vrai que la cour de France durant la période révolutionnaire ne devait pas resplendir d'atours flamboyants. Déjà, difficile pour la famille royale d'en avoir envie compte tenu du contexte. Et ce n'est pas non plus ce qu'on leur demandait alors.
Et comme d'hab, les Français râlent en réclamant une chose et son contraire
:
_la cour est trop fastueuse, c'est un scandale, la ruine pour le peuple ;
_la cour est trop sobre pour ne pas dire sombre, c'est une honte compte tenue de la Liste civile versée avec nos impôts...Exactement la même chose avec Marie-Antoinette qui choque en se présentant publiquement dans une robe simple après qu'on lui ait reproché de trop dépenser pour sa toilette.
Et aujourd'hui, difficile de dire que nous autres Français ayons changé.
Mais si on compte :
_été 1789 : deuil du dauphin, j'imagine qu'il dure un bon moment, au moins six mois (puisque la dauphine a droit a six mois)
_hiver 1790 : deuil de Joseph II mais aussi juste avant celui de sa nièce, Elisabeth de Wurtemberg qui avait épousé le futur empereur François II, donc au moins six mois
A peine deux mois de répit... (4 juin 1789 - 20 février 1790 = 8 mois).
_printemps 1792 : double deuil, merci pour l'info, de Léopold et de son épouse, donc bien encore six mois
Je ne serai pas étonnée qu'il y ait un ou deux petits princes allemands ou italiens décédés entre les deux empereurs qui rajouterait encore des jours de noir ou violet aux Tuileries.
Par conséquent, la famille royale devait très souvent apparaître en noir. Peut-être trop. Notamment lors de la Fête de Fédération (20 février 1790-14 juillet 1790 : les six mois ne sont pas écoulés). Pour un jour de fête nationale (la première
), ce ne devait pas faire bon genre. Une réconciliation endeuillée n'est pas très bon signe.
De plus, quand j'écris
trop, c'est d'un certain point de vue. Celui de l'image que donne la cour, "régénérée" lors de son installation à Paris et de laquelle on attendait autre chose qu'un couple royal retranché, qui arbore les couleurs de leur chagrin. Autant dire boudeurs.
Or, Louis XVI et Marie-Antoinette se devaient de cacher leur dépit pour au contraire se montrer heureux de suivre le nouvel état de la France.
De la pure façade pour ne pas dire de l'hypocrisie, très peu pouvait être dupe de cette fable mais enfin on ne fait pas de politique sans apparence.
Alors quand en plus, il y a conflit latent avec l'Autriche puis de guerre ouverte, cela devient une véritable catastrophe, alimentant forcément les pires rumeurs, confirmées malheureusement par le Manifeste de Brunswick.
Une simple question d'image...
En réalité, consciemment ou non, comme un véritable symbole, Louis XVI et Marie-Antoinette ont porté quasiment toutes ces années de Révolution le deuil de la monarchie. Jusqu'à leur fin à l'un et l'autre.
Or, comme on l'a relevé, pouvaient-ils faire autrement ?
Il est impossible de leur reprocher de porter le deuil d'un frère !
Mais les révolutionnaires n'ont pas de scrupules à ignorer si ce n'est détruire les sentiments fraternels ou filiaux : dès sa séparation avec sa famille, Louis XVII ne portera plus le deuil de son père. Encore un simple symbole, comparé à toutes les autres horreurs que vivra la famille royale et les nombreuses victimes de la Révolution. Mais cela montre bien à quel point il était insupportable en cette période de voir porter le deuil d'un ennemi de la Nation.