Madame Victoire de France

Extraits de biographies



Madame Victoire dans tout l’éclat de sa jeunesse

"Victoire - Louise de France, plus couramment surnommée « Madame Victoire », cinquième fille de Louis XV et de Marie Leszczynska, est certainement moins connue que sa sœur aînée, Mme Adélaïde, dont elle partagera le destin et connaîtra l’exil pendant la révolution. Elle se distingua par une pitié et la douceur de ses mœurs. Elle naquit, «publiquement» dans la chambre de la reine le 11 mai 1733, au château de Versailles.

Elle fut élevée par la « gouvernante des Enfants de France » au château de Versailles, avec ses frères et sœurs . Elle fut soumise, dès son plus jeune âge, à l’étiquette, qui gérait la vie quotidienne des princes, quel que soit leur âge. Mme Victoire avait de nombreuses sœurs, qui encombrèrent peu à peu le château de Versailles, car la naissance répétée des filles de France fut une véritable tragédie pour l’Etat. Cette pouponnière royale coûtait une dépense terrible si l’on jugeait l’énorme effectif de la « maison » des Enfants de France , chaque princesse disposait, dés sa naissance, de huit femmes de chambre, soit rien qu'une cinquantaine de caméristes pour les seules filles du Roi ! Le Cardinal de Fleury envoya les princesses parfaire leur éducation dans le couvent lointain de Frontevraud.

Louis XV ne contredira pas son ancien précepteur et Marie Leszczynska, tremblante, n’osera pas protester devant le vieux ministre despote. Fleury gardait probablement une tenace rancune à la reine d’avoir naïvement aidé le Duc de Bourbon lorsque celui ci tenta de l’évincer. Il se vengea en exilant si cruellement les innocentes fillettes à une telle distance de Versailles, que compte tenu de l’étiquette, une visite royale aurait été une expédition ruineuse, donc impossible.

Mme Victoire partit donc avec ses petites sœurs, escortées de leurs domestiques et de leurs sous-gouvernantes pour la lointaine abbaye angevine. Elle y fera un long séjour , qui durera de juin 1738 à mars 1748. Ni ses parents, ni des membres de la famille royale n’allèrent jamais prendre de ses nouvelles. Victoire vécut ainsi pendant dix ans., « accoutumée à être peu contrainte », manifestant parfois une humeur impérieuse. On la punissait en l’enfermant dans un caveau dit la « lanterne des morts ». La princesse allait en garder sa vie entière des terreurs paniques et irraisonnées.

En 1748, à son retour à Versailles, elle sera, un temps, la coqueluche de la Cour, créant une rivalité éphémère à son aînée Mme Adélaïde, à qui elle volait la vedette. Jalousie passagère, à laquelle succédera la plus franche amitié puis une profonde tendresse. Elle partagera avec ses sœurs aimées, leur « maison » et leur appartement, car dès lors, elles vivront toujours ensemble. Mme Victoire dut s’adapter, au quotidien monotone d ’une princesse de France, c’est à dire des journées réglées par l’étiquette interrompues par de rares distractions, où elle devait, entre autres, faire sa toilette et manger en public, changer plusieurs fois de robes, endurer le Grand habit de Cour, « faire sa cour » au roi et à la reine, recevoir les visites et les ambassadeurs, s’amuser sans joie dans des bals et divertissements réglés d’avance.
Cette vie de pure représentation deviendra pour elle une véritable corvée. Les moindres prétextes qui pouvaient faire sortir Mesdames de ce train de vie emprisonnant étaient saisis avec empressement , comme des visites de couvents, des cures à Plombières ou à Vichy, ou plus tard, plusieurs séjours en Lorraine chez leur grand père, le roi Stanislas ou les « petits voyages » avec Louis XV à Choisy, Bellevue ou Marly.

Comme pour sa sœur Adélaïde tous les projets de mariages ne se réaliseront jamais : Mme Victoire fut pressentie pour épouser le roi d’Espagne , Ferdinand VI, veuf d’une infante du Portugal. L’esprit un peu dérangé du roi fit que l’union n’aura pas lieu.

Mme Victoire était une jeune fille d’une très grande beauté brune qu’elle conservera, semble-t-il, bien plus longtemps que sa sœur aînée. Elle était un peu grasse, et manquait d’aisance. Elle possédait cette bonté qui seul la faisait aimer de tout le monde. Elle était si indolente qu’elle en plaisantait elle-même. Un jour, une de ses dames lui demanda si elle entrerait au couvent comme sa sœur, elle lui répondit «J’aime trop les commodités de la vie». Affable, elle vivait avec la plus aimable simplicité dans une société qui la chérissait car elle était adorée de toute sa maison. Bonne, confiante, douce, elle resta attachée, malgré tout à sa sœur, au point d’y être totalement soumise. "


"Le roi, au contraire de la reine, qui obéissait avec beaucoup de scrupules à l’étiquette, traitait ses filles avec cette attitude assez déconcertante, on le voit dans les surnoms célèbres qu’il donna aux princesses : Victoire était Coche à cause de son bel embonpoint. Victoire partageait en famille chez Mme Adélaïde le fameux café matinal. Cette fine odeur du café matinale était révélatrice, voire symbolique. Elle signifiait qu’au-delà des apparences, Versailles accomplissait une importante mutation, la famille royale commençait à vivre dans la plus grande intimité et à réclamer le confort autant que la gloire, autant dans sa manière de vivre que dans la composition de leurs appartements.

Insignifiante et inutile, Mme Victoire s’adaptera donc à un quotidien monotone, s’occupant , comme sa mère à de nombreuses bienfaisances, étant très aumônière et pieuse. Elle visitaient quotidiennement les pauvres. Bien que son éducation fut terminée, elle continua à étudier avec différents « maîtres », ainsi qu’à prendre des leçons de musique. Victoire tout particulièrement, comme son frère et ses sœurs, fut très bonne musicienne, excellant à la harpe ou au clavecin, organisant fréquemment des charmants concerts auxquels assistait la famille royale.

Beaumarchais fut son professeur de harpe. On sait que Mozart dédia un concerto à cette princesse.

A la fin de la vie de son père, elle s’enferma dans son intérieur, dans la société constituée par le cercle de sa dame d’honneur, Mme de Chastellux chez laquelle elle passait toute ses soirées. Elle figurera, néanmoins, en bonne princesse de sang royal, aux grandes cérémonies de Versailles. "


"Son rôle restera tout à fait insignifiant car elle ne se mêlera de rien. Moins méchante que sa sœur aînée, Victoire, foncièrement bonne et ne désirant rien que la paix, accueillera de manière bien plus courtoise la jeune dauphine, à laquelle elle offrit un passe-partout pour accéder à toute heure dans ses appartements. Elle se détachera un temps du joug d’Adélaïde mais devra s’incliner devant cette sœur ambitieuse et la suivra, dans son éloignement forcé au château de Bellevue. Mme Victoire, fervente du grand air et des paysages rustiques, y résidera, en simple particulière, s’occupant à ses fleurs préférées dans ses jardins fleuriste, botanique et potager de Bellevue et de ses ouvriers agricoles de son hameau ( comme Marie-Antoinette à Trianon, elle se fera construire un village similaire dans le jardin du château de Bellevue ), car elle avait la main verte."


"Quand la tempête de la révolution se leva, Mesdames Adélaïde et Victoire, les deux seules survivantes des filles de Louis XV, obtinrent de l’Assemblée l’autorisation de quitter la France en février 1791. Accompagnée de sa sœur, Victoire partit juste à temps pour éviter le pillage de Bellevue, puis fut arrêtée à Arnay le Duc. Elle commencera son exil à Chambéry chez sa nièce, reine de Sardaigne, puis gagna Turin, Parme et Rome. Les six années du séjour en la ville éternelle seront marquées par le contrecoup des événements de France. Trois ans après, Victoire et Adélaïde devront fuir de nouveau, le pape ayant signé la paix de Tolentino avec la France. Elles se réfugièrent à Naples, où elles seront bien reçues par la sœur de la reine Marie Antoinette, Marie-Caroline d’Autriche. "


"Elles n’y finiront pas leur exil en paix. En 1799, les troupes françaises prennent Naples dont les souverains se sauvent en Sicile, en oubliant dans leur fuite les malheureuses princesses, qui devront alors faire jusqu’à Trieste, par leur propres moyens, un voyage apocalyptique. Mme Victoire, épuisée par ce voyage et très malade souffrant du scorbut, ne put en supporter plus. Elle y expira doucement, calme et résignée dans les bras de sa sœur, le 7 juin 1799, âgée de soixante six ans. Sa dépouille fut ensevelie dans la cathédrale de Trieste puis transférée , sur l'ordre de Louis XVIII, dans la crypte de la nécropole de St Denis, où elle se trouve toujours."

voir : http://www.passion-histoire.net/phpBB_Fr/viewtopic.php?p=40738&highlight=#40738
http://fr.wikipedia.org/wiki/Victoire_de_France_(1733-1799)

Je connaissais leur rocambolesque et pitoyable périple ( ) de Rome à Trieste en passant par Caserte, où mesdames Victoire et Adélaïdes sont plantées-là malgré l'avancée des troupes françaises, puis Manfredo, Foggia, Corfou pour repartir enfin à Trieste où elles finiront leurs jours.

Palerme doit être au milieu de cet itinéraire selon Gagnère :

"L'arrivée à Parlerme de madame Victoire changea le cours de ses idées (à Ferdinand). La vieille princesse affirma que le mouvement était réel et que le peuple réclamait, à grands cris, le retour du Roi."

Vous pouvez aussi rajouter Tarente à priori :

"A Tarente, Corbara rencontra une des filles de Louis XV, madame Victoire, réfugiée à Rome en 1791, et qui, fuyant devant les français, attendait une occasion pour passer en Sicile."

Ca n'a pas l'air évident de suivre Mesdames. Selon ce site qui a l'air bien renseigné, elles sont bien passée par Palerme en 1792 acant d'arriver aux Etats Pontificaux.

Au moment de l'arrivée des troupes françaises à Naples, quand elles devront quitter Caserte, c'est moins clair :

En quittant Caserte, la Maison de Mesdames se partage en deux groupes. Les étapes de ce double voyage sont consignées ainsi dans les états de Mr Croiset:

« Mesdames et une partie de leur suite ont passé par Foggia, Manfrediona, Trami, Bari, Brindisi, et jusqu’à Corfou……. 7 645 ducats, 61 gr napolitain

« le restant de la suite de Mesdames pour le transport et embarquement des équipages qui sont passé par Naples, Palerme, Messine et jusqu’à Corfou…965,26

« Pour toute la Maison réunie à Corfou et voyage jusqu’à Trieste où Mesdames sont arrivées le 20 mai 1799…….3 257,70

On dirait que ce serait une partie de leur suite qui serait passée par Palerme...

Peut-être qu'elles n'ont pas toutes les deux suivi le même chemin :s:

Mais à priori madame Victoire serait bien passée par Tarente et Palerme

Citation :

Peut-être qu'elles n'ont pas toutes suivi le même chemin

Mais à priori madame Victoire serait bien passée par Tarente et Palerme

On dirait qu'il y a un stress, en effet. Je m'attendais à trouver des affirmations sur le net, et, non... Même sur le forum de Charles, ils se posent des questions :

Ces conditions de panique apparente ( qui rappellent bien des tragédies contemporaines !) de la fuite de Mesdames vers Trieste expliquent-elles à elles seules le choix de Trieste alors que la logique aurait voulu qu'elles partent vers Palerme ( et ensuite vers l'Espagne ) avec Nelson, qui était dans le port de Naples sur le Vanguard depuis le 22/09/1798 ?

Bizarre, hein... ? C'est vraiment dommage que Gagnère ne cite pas ses sources.

Bon, je replace.

Invité a écrit :

Citation :

Chou d'amour a écrit:
Palerme doit être au milieu de cet itinéraire selon Gagnère  

Bon. Jamais lu ça de mon côté.  
En ce cas, le périple serait encore pire que celui que je connais.  
Je dis ça, aussi, parce que je reviens d'un voyage en Sicile, et j'ai lu deux ou trois bouquins avant d'y aller, mais en effet pas précisément sur mesdames.  

Chou d'amour a écrit:
Vous pouvez aussi rajouter Tarente à priori  

Possible, mais sur le trajet de Corfou plutôt non ?
Pourquoi madame Victoire semble t-elle ici voyager seule, sans madame Adélaïde ?

Pim a écrit :

Citation :

On dirait qu'il y a un stress, en effet. Je m'attendais à trouver des affirmations sur le net, et, non... Même sur le forum de Charles, ils se posent des questions :

Ces conditions de panique apparente ( qui rappellent bien des tragédies contemporaines !) de la fuite de Mesdames vers Trieste expliquent-elles à elles seules le choix de Trieste alors que la logique aurait voulu qu'elles partent vers Palerme ( et ensuite vers l'Espagne ) avec Nelson, qui était dans le port de Naples sur le Vanguard depuis le 22/09/1798 ?

Oui c'est bizarre...mais comme quoi la logique a peut-être été respectée si Gagnère a raison    Même si Nelson n'atait pas avec madame Victoire selon lui...

Citation :

Bizarre, hein... ? C'est vraiment dommage que Gagnère ne cite pas ses sources.

Ah il ne peut pas tout citer malheureusement  

Invité a écrit :

Citation :

En ce cas, le périple serait encore pire que celui que je connais.

Pas selon Charles  

Citation :

Possible, mais sur le trajet de Corfou plutôt non ?
Pourquoi madame Victoire semble t-elle ici voyager seule, sans madame Adélaïde

Oui Adélaïde n'est pas citée ici...peut-être que l'itinéraire que vous connaissiez est celui d'Adélaïde...

pimprenelle a écrit:

elles sont bien passée par Palerme en 1792 acant d'arriver aux Etats Pontificaux.

1792 ?
Bon. Je croyais que Bernis les accueillait à Rome de 1791 à 96.
Pourquoi passeraient-elles par Palerme ?

pimprenelle a écrit:

« Mesdames et une partie de leur suite ont passé par Foggia, Manfrediona, Trami, Bari, Brindisi, et jusqu’à Corfou……. 7 645 ducats, 61 gr napolitain
« le restant de la suite de Mesdames pour le transport et embarquement des équipages qui sont passé par Naples, Palerme, Messine et jusqu’à Corfou…965,26

Deux trajets complètement différents, en effet.

pimprenelle a écrit:

« Pour toute la Maison réunie à Corfou et voyage jusqu’à Trieste où Mesdames sont arrivées le 20 mai 1799…….3 257,70[/i]
On dirait que ce serait une partie de leur suite qui serait passée par Palerme...

Oui, mais pas elles non ?

C'est ce que j'avais cru comprendre, en effet. Leur suite aurait pris un itinéraire et elles un autre, qui ne serait pas passé par Palerme.

Et c'est justement pourquoi le forum de Charles pose la question : pourquoi sont-elles allées à Trieste alors que tout le monde allait à Palerme ?  

Sur la fin, comme ça, ces deux vieilles biques jouent les mystérieuses ?  

pimprenelle a écrit:

Et c'est justement pourquoi le forum de Charles pose la question : pourquoi sont-elles allées à Trieste alors que tout le monde allait à Palerme ?

Je suis actuellement en déplacement et ne peux donc pas fouillasser dans mes bouquins, aussi et s'il faut faire confiance à ma mémoire ( ), je crois (mais suis pas sûr) qu'il n'a jamais été question que les deux soeurs aillent à Palerme.
La destination choisie par Marie-Caroline a toujours été Trieste ; il me semble qu'elle écrit d'ailleurs à l'empereur d'Autriche en ce sens. Peut-être ne voulait-elle pas s'encombrer de deux vieilles dames dans cette fuite plus que précipitée ?
Mesdames ont ensuite été poussées ici et là, au gré des avancées des troupes françaises et des secours qu'on voulait bien leur accorder, et ce jusqu'à Trieste où elles arrivèrent exténuées, après mille péripéties...

Citation :

Mesdames ont ensuite été poussées ici et là, au gré des avancées des troupes françaises et des secours qu'on voulait bien leur accorder, et ce jusqu'à Trieste où elles arrivèrent exténuées, après mille péripéties...

Selon Gagnère dans sa biographie de Marie-Caroline, ce serait en effet le cas : elles progressaient au grés de l'avancée française...

Ca turlupine Charles aussi. Il a posé la question sur Connaissance de Versailles.

Voici un portrait de la princesse Victoire (8 mai oblige ) par Alexandre Roslin :


Bien à vous.

Elle n'est pas vraiment à son avantage ici.

J'adore le portrait où elle joue de la harpe ! C'est trognon !

Moi aussi.

pimprenelle a écrit:

J'adore le portrait où elle joue de la harpe ! C'est trognon !

Oui, ça vaut son pesant de caramels mous !!!!!!! le sujet est gracieux ... mais pas le modèle !

Tout comme sa soeur ainée Madame Victoire était belle femme quand elle était jeune, et elles se ressemblent aussi beaucoup une fois plus âgées

Madame Sophie a écrit :

Citation :

l'Amitié du sculpteur Bouchardon , statue installée ici par la marquise de Pompadour pour célébrer son amitié avec Louis XV ... Je ne sais si Madame Victoire connaissait ce détail ..

J'en doute, sinon elle aurait brisé la statue

Diane de La Tourette a écrit:

pimprenelle a écrit:

J'adore le portrait où elle joue de la harpe !   C'est trognon !  

Oui, ça vaut son pesant de caramels mous !!!!!!! le sujet est gracieux ... mais pas le modèle !

J'aime bien ! Elle tend tellement les bras qu'on dirait qu'elle en a partout. Ca lui donne des faux airs de Vishnou.  

D'aucuns trouvent à Adélaïde des airs de Tatie Danièle.

... mais sans sa copine !

La comparaison est pertinente en effet

Il est connu qu'Adélaïde était la pire, bien que toutes s'entendaient manifestement très bien. Victoire et ses soeurs cadettes avaient peut-être moins de prétentions que l'aînée (même si elles en avait beaucoup quand même), et elle ne faisaient que la suivre :s:

N'avais-je d'ailleurs pas déjà fait la comparaison en postant le générique de ce film?

Bien à vous.

C'est possible, je ne lis pas tout.