Lettre de Marie-Antoinette à Landgrave de Hesse-Cassel

Une lettre de la main de la reine Marie-Antoinette vient d'apparaître en vente. L'estimation haute en est de 4000 euros. Je vous communique d'abord les informations ensuite les photos. C'est à mes yeux une lettre importante.

• L.A.S. à « Madame de Landgrave de Hesse-Cassel [Amélie-Philippine la Landgrave de Hesse-Cassel] » Versailles, 24 mai 1781. 1 p. in-8. Enveloppe bordée de noir conservée, mention autographe « A ma cousine, Madame la Landgrave de Hesse-Cassel » puis indication « Chargé » (1) ; papier filigrané D & C Blauw (1739). La lettre et l'enveloppe sont contrecollées sur carton, le document ayant été encadré.
  
  La reine accuse réception d'une précédente lettre dans laquelle Madame Amélie-Philippine la Landgrave de Hesse-Cassel intercède auprès de la reine pour « Mr le Chr de Belcastel » (2). Elle lui répond donc « […] je désirerois fort seconder vos vues, mais on a fait tout récemment un reglement qui fixe pour les premiers capitaines de tous les regiments les lieutenances coloneles, qui viendront a vaquer ; je crains que Mr de Belcastel ne soit obligé d'attendre […] »
  
  Indication en bas de page, d'une autre main : « cette lettre est feu nôtre auguste reine femme de Louis XVI a son altesse Royale madame La Landgrave de Hesse-Cassel, née princesse de Prusse ».
  On joint un petit billet in-16, sur papier gaufré, avec l'annotation « Le Landgrave Louis de HessePhilipsthal Capte Genl » Louis Hesse-Philippsthal (1766-1816). Et une enveloppe portant l'annotation manuscrite « S.A.R A Mademoiselle - Mademoiselle de Bellcastel » au dos cachet de cire rouge armorié, en dessous du cachet trois lignes d'une fine écriture.
  
  
• Provenance :
  - Envoyée à La Landgrave de Hesse-Cassel par la reine Marie-Antoinette (1755-1793).
  - Puis donnée à Marianne Charlotte de Belcastel (1738- ?), transmise à un de ses frères, restée dans sa famille depuis.
  - Puis au propriétaire actuel par descendance sur leur déclaration.
  
  Le Dictionnaire des familles de l'ancien Poitou indique à la page 276 « la famille de Belcastel possède deux lettres autographes de l'infortunée reine Marie-Antoinette, qui témoignent de l'intérêt particulier qu'elle lui portait, et des sollicitations faites par la landgrave de Hesse en faveur de Mathieu-Sébastien et Jean-Baptiste, frères de la grande maîtresse. […] »
  
  1. Enveloppes similaires dans la correspondance de la reine Marie-Antoinette à La Landgrave Louise de Hesse-Darmstadt : adresse autographe et enveloppe bordée de noir contenant la lettre datée du 17 mars [1781] ; l'indication « chargé » avec une faute ne semble pas être de la main de M. Rigoley d'Ogny.
  2. A propos JEAN-BAPTISTE, appelé le Chevalier de Belcastel, frère de Marianne Charlotte de Belcastel, première Dame d'honneur et Grande-Maîtresse de la Cour de son Altesse Royale, Madame la Landgrave régnante de Hesse-Cassel, née Princesse de Prusse.
  
  
• Bibliographie :
  - H. Beauchet et Ch. De Chergé, Dictionnaire historique et généalogique des familles de l'ancien Poitou par feu M. Henri Filleau, Tome 1, Imprimerie de A. Pudre, Poitiers, 1846. p 276 et 277.
  - De Saint-Allais, Nobiliaire Universel de France ou recueil général des généalogies historiques des maisons nobles de ce royaume, Tome 5, Paris, 1872-1873. p 82 et 83.
  - Lettres de la reine Marie-Antoinette à la Landgrave Louise de Hesse-Darmstad, Paris, Plon, 1865. Jacques Arnna, Le double visage de Marie-Antoinette dauphine et reine d'après son écriture, Paris, 1961, Chez Auguste Blaizot.
  

https://www.kapandji-morhange.com/

Cher Oberon, je comprends votre enthousiasme, mais je m'avoue un peu réservée. Tant de faux dits "de la main de Marie-Antoinette" ont inondé le marché.

La lettre est trop petite pour que nous puissions réellement l'examiner pour nous former une opinion plus fiable. Bien qu'a priori, on reconnaisse certaines particularités graphiques de la reine, comme les fins de lignes en queue de renard.

Bonjour Pimprenelle.

J'avais remarqué que la photo est trop petite et j'espère que vous verrez mieux sur ces agrandissements.





Je ne comprends pas pour l'histoire de renard.

Mon Dieu, quelle découverte ! Merci cher Oberon.

Oui, merci pour la découverte et les agrandissements. On y voit bien, maintenant. Je ne suis pas spécialiste du tout en graphologie, mais l'écriture de Marie-Antoinette me fascine et je l'étudie depuis de longues années.

A priori, il n'y a pas de raison de douter de l'authenticité de celle-ci. Le contexte n'est pas palpitant (à la différence des fausses lettres à Mesdames de Polignac ou de Lamballe), des particularités de la reine se retrouvent, comme la queue de renard (quand une fin de ligne descend très fort et que le mot se recourbe).

L'intéressant avec Marie-Antoinette, c'est qu'elle est primesautière, insaisissable, dans sa correspondance comme ailleurs. Et qu'elle ne fait donc pas toujours la même chose. En général, elle va jusqu'à l'extrême bout de la ligne, quitte à recourber le dernier mot (voir par exemple cette lettre qui en est truffée https://maria-antonia.forumactif.com/t6085-lettre-de-marie-antoinette-a-son-frere-leopold-ii-1791 )... mais pas toujours... Ici par exemple, elle fait descendre "pour vous", mais elle a scindé "persua dée".

Ce qui peut faire tilter, c'est la signature, vu que Marie-Antoinette ne signait pas pour ses proches. Mais, justement, cette lettre-ci est plutôt formelle, destinée à une "cousine" assez éloignée et concernant une "affaire". On est loin des élans du coeur avec une Polignac ou un Fersen.

Mais belle lettre, en effet, merci Oberon !

Cadeau pour vous, chère Pimprenelle et pour le forum.

Elle est très belle, vraiment. J'adore la fin : "Sur ce je prie dieu qu'il vous ait, ma cousine, en sa sainte et digne garde".

Pfff, ça devait la gonfler, à la fin, toutes ces recommandations et demandes d'avancement.