Louis XVI et Marie Antoinette, un couple?

Oui, après des années de recherches et d'interrogations, je parviens de plus en plus à cette conclusion: Louis XVI et Marie Antoinette étaient un couple. Une évidence, me direz-vous? Pas tellement, en fait... Bien souvent, au contraire, les biographes les opposent et se plaisent même à souligner leurs divergences, à tout point de vue. Quant aux romanciers et cinéastes, ils ne veulent apparier Marie Antoinette qu'au comte de Fersen, au mépris le plus total de Louis XVI.

C'est vrai que leurs débuts furent difficiles, tout le monde, anciens comme modernes, s'accorde à le reconnaître. Le roi Louis XV considérait même son petit-fils comme un garçon bizarre, disant "qu'il fallait encore le laisser aller", qu'il était extrêmement "timide et sauvage" qu'enfin il n'était pas "un homme comme un autre".





Evidemment, la citation provient d'un rapport de l'ambassadeur Mercy à Marie Thérèse et nous savons que le rôle de cet oeil de Moscou était de promouvoir les moindres faits et gestes de son archiduchesse. En l'occurrence, comme le montrera l'extrait suivant, de montrer à quel point la magie de Marie Antoinette put dompter la sauvagerie de son mari.

L'article le plus satisfaisant pour Madame la dauphine est que chaque jour elle gagne de l'ascendant sur l'esprit de Monsieur le dauphin. Elle se comporte vis à vis de lui avec tant de gaieté et de grâce que ce jeune prince en est subjugué; il lui parle avec confiance de choses sur lesquelles jamais il ne s'était expliqué à personne. Son caractère sombre et réservé l'avait rendu impénétrable jusqu'à présent, mais Madame la dauphine lui fait dire tout ce qu'elle veut...

Qu'est-ce que je disais?! Il est impayable, ce Mercy!

Il n'empêche que les deux adolescents semblaient bien mal assortis. Louis Auguste appréciait l'étude, les arts mécaniques et la chasse. Antoinette préférait se divertir, quand ce n'était pas, à cet âge tendre, jouer avec ses petits chiens ou les enfants de ses gens.  Sans doute peut-on penser sans risque que, si le mariage ne les avait pas rapprochés, ils ne seraient même pas devenus amis.

Et encore, on ne peut pas dire que le lit va souder leur union... Au contraire, même. Pendant de longues années, cela constituera pour eux une épreuve à laquelle ils devaient se soumettre dans l'intérêt supérieur de la lignée. A tel point même, qu'à force, les deux jeunes gens faisaient tout pour se fuir.

Eh bien, je trouve que, sur ce premier article, déjà, Louis et Antoinette ont réussi à former un couple. Embarqués tous les deux sur la même galère, ils s'en sont sortis ensemble et ont donné à la France quatre enfants dont deux héritiers mâles. Ils ont également pu trouver un modus vivendi qui permit à chacun de se livrer à ses propres activités.

Mais revenons au caractère de Louis XVI...




Henri de Prusse, le frère de Frédéric, a laissé ce très beau portrait de lui:

Ce qui m'a le plus surpris, c'est votre Roi; je m'en étais fait une tout autre idée; on m'avait dit que son éducation avait été très-négligée, qu'il ne savait rien, et qu'il avait peu d'esprit. Je fus étonné, en causant avec lui, de voir qu'il savait très bien l'histoire, la géographie, qu'il avait des idées fort justes en politique, que le bonheur de son peuple l'occupait entièrement, et qu'il était rempli de sens, ce qui vaut mieux, pour un prince, que le bel esprit; mais il m'a paru qu'il se défiait trop de lui-même, tandis qu'il est peut être, de tout son conseil, celui qu'il devrait le plus souvent consulter. S'il acquiert un peu de force, il sera un excellent roi.
(mémoires du comte de Ségur, extrait posté par Chou ici: https://maria-antonia.forumactif.com/t279-sa-description-par-henri-de-prusse )

Entre-temps, en effet, le bien-aimé est mort, et Louis Auguste monté sur le trône. La description donnée supra date de 1784 et il est, remarquons-le au passage, consternant de se rendre compte qu'à ce moment-là encore, l'Europe propageait une image du roi de France si négative qu'un visiteur est tout étonné de voir à quel point il n'y correspondait pas.

Dès le couronnement, Marie Antoinette agit en reine au côté de son roi. Les lettres qu'elle envoie à sa mère sont à cet égard touchantes. Le nouveau roi paraît avoir le cœur de ses peuples, exulte-t-elle. Deux jours avant la mort du grand-père, il a fait distribuer deux cent mille francs aux pauvres, ce qui a fait le plus grand effet. Depuis la mort, il ne cesse de travailler et de répondre de sa main aux ministres qu'il ne peut pas encore voir, et à beaucoup d'autres lettres. Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il a le goût de l'économie et le plus grand désir de rendre ses peuples heureux. En tout, il a autant d'envie que de besoin de s'instruire, j'espère que Dieu bénira sa bonne volonté.

Pour moi, c'est manifeste: Marie Antoinette entend leur nouvel établissement comme une mission commune. Elle épouse les idées de son mari et s'apprête à l'épauler. Nous connaissons cependant la suite. Louis XVI, jaloux de son pouvoir et se défiant de l'infiltration autrichienne, va reléguer sa femme aux Menus Plaisirs.




Mais il serait trop réducteur de voir Louis aux affaires et Antoinette en bergère. Le roi vient très souvent à Trianon, notamment le matin, ce qui leur permet de conjuguer leur décalage horaire. Ils s'intéressent tous les deux beaucoup à l'éducation de leurs enfants et ont nommé leur amie commune, la duchesse de Polignac, comme gouvernante. La reine, de son côté, remplit à merveille son rôle d'ambassadrice de charme auprès des représentants que son époux souhaite s'attacher, comme l'atteste la fête magnifique qu'elle donnera en l'honneur de Gustave III et de la délégation suédoise.

C'est ensemble également que Louis et Antoinette vont devoir affronter la pire épreuve pour des parents, celle de la mort de leurs enfants. Ils perdront en bas âge la petite Sophie Béatrix ainsi que leur fils aîné, Louis Joseph, après avoir dû assister, impuissants, à ses souffrances et son agonie.

Les prémisses de la révolution voient l'entrée de Marie Antoinette en politique. Certains historiens estiment qu'elle fera cavalier seul, mais je suivrai plutôt la thèse de Joël Félix, qui la considère comme l'agent de la diplomatie secrète du roi. Elle prend contact, écrit, centralise, crypte et décode pour lui... hélas avec les conséquences terribles que nous connaissons.

Epinglons ici encore la volonté de la reine: des fidèles lui présenteront plusieurs projets d'évasion. Elle refusera tous ceux qui devaient la sauver sans le roi. Elle lie son sort à celui de son mari. Elle ne voulait pas, pour reprendre sa formule, que l'on sépare sur terre ce qui avait été uni dans le ciel.

L'organisation des Tuileries permettait encore à ces deux être si différents de mener chacun une existence autonome. L'enfermement au Temple réduira considérablement leur espace de liberté. Et, comme le relève avec finesse Simone Bertière, le roi et la reine partageront là une vie de famille bourgeoise qui va les forcer à se rapprocher.




Ici encore, je souscris entièrement à l'analyse de Simone Bertière: la reine va apprendre à mieux connaître son mari, à apprécier ses qualités de bonhomie et de générosité qui rendent le quotidien moins pénible. Elle verra à quel point c'est un père et un pédagogue attentionné. Enfin, elle pourra mesurer son courage et son abnégation. Toute sa vie, Marie Antoinette avait pris exemple sur sa mère. Au terme de son existence, c'est sur l'attitude de Louis, son roi, son compagnon et mari, qu'elle calquera la sienne.

C'est à vous, ma sœur, que j'écris pour la dernière fois ; je viens d'être condamnée non pas à une mort honteuse, elle ne l'est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère. Comme lui innocente, j'espère montrer la même fermeté que lui dans ces derniers moments.

Très bien résumé Pim   

Marie-Antoinette a en fait découvert je pense les meilleurs côtés de son mari dans les circonstances les plus difficiles, et ils ont été un véritable couple dans la douleur, mais soudés par leur famille, leurs convictions et leur courage   

En effet, je le pense aussi. C'est la thèse de Simone Bertière. Lors de l'émission radio Marie Internet, Cécile Berly a déclaré qu'elle considérait Louis XVI et Marie Antoinette comme un couple en politique aussi, et à tous les points de vue. Ce n'était pas "la reine à la mode, le roi aux affaires", mais une association, pour elle. Quand la reine achetait des robes, elle le faisait avec l'accord du roi, pour mettre en avant l'artisanat français. Quand elle recevait les émissaires de cours étrangères, elle était l'ambassadrice de charme du roi de France.

Ce point de vue reprend la théorie de Joël Félix et, plus j'étudie la question, plus j'y adhère, moi aussi.   

J'aurais plutôt tendance à suivre le point-de-vue de Paul et Pierrette Giraut de Coursac. A savoir que Marie Antoinette a développé une politique personnelle qui a nui aux tentatives du Roi pour se rapprocher de l'Assemblée.   

Oui,comme ambassadrice de charme pour la France, c'est indéniable, elle a dû être utilisée par le roi, avec son accord à elle et peut-être parfois à son insu, comme dans toute bonne réal Politik !

Mais, je crois aussi que parfois et dans des moments graves , elle a pris des décisions ou écouté des avis divergents de ceux de son époux, certains documents (voir livres procès du roi, affaire de Varennes...des Coursac, même sans être toujours en excès avec eux) sont assez clairs. Elle pensait bien faire, elle a aussi joué son jeu.

Sans compter en plus le clan des princes du sang qui a fait aussi tout ce qu'il fallait pour couler leur frère, y compris avec le Vatican et la constitution civile du clergé, qui aurait pu passer facilement mais dont ils se sont servis pour aider la montée de la guerre civile en France, soutien inopiné et inopportun aux jacobins quand le roi essayait d'éteindre cet incendie par en dessous...

Bonjour,

J'ai trouvé un article qui risque de tous vous intéresser puisque le sujet vous intéresse.
http://ahrf.revues.org/8743

madame antoine

Merci!   Voilà qui me passionne, en effet, je vais me plonger dans cette lecture dès que j'aurai un peu plus de temps.   

Belle image du couple royal pour le 16 mai, jour du mariage:




http://vivelareine.tumblr.com/

Je ne la connaissais pas   

Louis XVI est bien reconnaissable mais Marie-Antoinette un peu moins non?   

Elle a ses boucles claires et son fichu caractéristiques dans l'iconographie.   

C'est un agrandissement de gravure, à mon avis. Vivelareine est la championne pour trouver des images de Marie Antoinette.  

Oui chapeau à Vivelareine car cette gravure m'était inédite   

Par contre Louis XVI et Marie-Antoinette semblent tristes pour un mariage non?   

Ca date de la période du temple, je pense.   

Aaaaaah ok je comprends mieux dans ce cas   Tu veux dire qu'il s'agit d'un anniversaire de leur mariage et non le jour même   

Voilà!   Désolée si je me suis mal exprimée...   

Voilà, Choupinou, j'ai retrouvé la gravure originale:



https://maria-antonia.forumactif.com/t1992-la-separation-du-roi-et-de-sa-famille

Merci   

Elle est belle tout de même   

J'aurais tendance à penser que la véritable entrée en politique de Marie-Antoinette (je veux dire par là une politique réfléchie, se basant sur les qualités et les compétences des individus, et non sur le jeu des clans) se fera très tardivement, lorsqu'elle comprendra que la Monarchie est en danger, et verra Louis XVI désemparé.

C'est là qu'elle se comportera véritablement en Reine de France, aux commandes de l'Etat

Oui c'est exactement ça
Marie-Antoinette est venue à la politique malgré elle en fait, plus par obligation que par choix, et elle a montré une volonté et un courage politique des plus impressionnants! Elle a été une vraie aide pour Louis XVI

Too young to reign. For this also they shared.

Joli montage...



Idée originale:
http://historianet.nl/maatschappij/vorsten/gebrek-aan-seksuele-voorlichting-bracht-monarchie-in-gevaar

Mimis tout plein sur cette gravure du XVIIIe

cuz yeah they were married

Les voici tous les deux :



Gravure sur bois, imagerie populaire.
Lieu de conservation : Musée Carnavalet

Le couple royal aussi célébré par ces médaillons :

• 1774 Portrait Medallion of Louis XVI, King of France, to right. By Jean-Baptiste Nini. Baiardi-Sibille 84, Storelli-LIII, Villers-34. Terracotta.
  
  
  
  118.8 mm; approximately 8.2 mm at the edge. 206.7 grams. Obverse without signature or date, but believed the mate to the 1774-dated Marie Antoinette medallion. LUDOVICUS XVI REX CHRISTIANISSIMUS around, separated by small fleurs de lys, with a raised plain border. Made with a suspension hole from the top edge through to the back, as on all seen. Oblique edge with a thinly defined and uneven beveled finish to the reverse rim.
  
  Uniform milk chocolate brown terracotta with smooth surfaces and sharp details throughout. Minor handling is evident, with a few small rim chips visible on both sides, but the most severe are confined to the reverse and do not impact the visual appeal. A small internal chip is lost from the suspension piercing on the back, again, with no aesthetic consequence. Collection sticker affixed to the back from the A. Ploquin Collection sold in Paris in 1896. Though the sticker identifies this as "No. 34," this might be a collection inventory number rather than the lot number, which Margolis' notes indicate was 278. We do not have the original sale catalog for verification, but this aligns with other ex Ploquin lot numbers in this sale.
  
  According to contemporary evidence published by B. Sibille, this portrait along with that of Marie Antoinette dated 1774, was commissioned by Le Ray. These were clearly in celebration of Louis' ascension to the throne in the same year, at the age of 20. Louis XVI would be the final king of France. The French Revolution was his undoing, as well as that of the 1000-year monarchy of France. He died by the guillotine on January 21, 1793.
  
  Provenance: From the Richard Margolis Collection. Earlier from Hôtel Drouot's sale of the A. Ploquin Collection (Paris), May 29-30, 1896, lot 278; Sotheby's Colonnade Auction, May 22, 1996.

• 1774 Portrait Medallion of Marie Antoinette, Queen of France, to left. By Jean-Baptiste Nini. Baiardi-Sibille 83, Storelli-LIV, Villers-35. Terracotta or Terre de Pipe.
  
  
  
  117.1 mm (medallion only) ; approximately 7.5 mm at the edge. 193.9 grams. Obverse with incuse signature J.B.NINI.F on central truncation, and the date 1774 incuse on the shoulder truncation. MARIA ANTONIA ARC AUST GALLORUM REGINA, around, separated by small fleurs de lys, with a raised plain border. Made with a suspension hole from the top edge through to the back, as typical. Fairly perpendicular edges with a very narrow beveling of the reverse rim.
  
  Molded in fine off-white earth probably more accurately termed terre de pipe than terracotta due to the distinctive light color, but both are fired earthenware and thus similar. The reverse of this piece bears the interesting engraved inscription in period cursive, "Terre Fine de Chaumont," which was cut into the material when leather hard, prior to firing. As such, this clarifies the piece as having come from the Chaumont factory and it may well be Nini's own directly applied script on the reverse. This color is rare, and it is interesting that it was specified as having been sourced at Chaumont, as such deposits are not widespread or easily found. In fact, there is contemporary evidence of this white earth deposit at Chaumont. It was mentioned by Jacques Mercier, who succeeded Nini at Chaumont upon his death in 1786, who referenced "white [extracted] in the woods of Chambres." It is also notable that this rarer material was used for the Queen's portrait. The surfaces are smooth, creamy white with a soft golden hue that is particularly noticed near the rim at 6 o'clock. This detail is probably a result of the firing itself, rather than any type of post-production stain. A few trivial rim flakes are noted on the obverse and a single one is seen on the back. The back also exhibits some superficial cracks, but none extend through the body of the medallion. A distinctive piece in superb condition and aesthetically striking in the period cast brass and gilt frame.
  
  According to contemporary evidence published by B. Sibille, this portrait, along with that of the same date featuring King Louis XVI, was commissioned by Le Ray, and almost certainly a response to the coronation of Louis XVI which made Marie Antoinette queen of France, on May 10, 1774. Marie Antionette was the youngest daughter of Maria Theresa and Francis I of Austria, and was married to the future king of France at the age of 14. At 18 she became queen, and would be the last person to hold the title. Nine months after the execution of Louis XVI, she was tried and convicted of high treason by the Revolutionary Tribunal and executed by guillotine on October 16, 1793.
  
  Provenance: From the Richard Margolis Collection. Earlier from the Villa Fal'eze; Sotheby's Paris, October 20, 2005, lot 169; Nagel Auktionen's sale of A South German Private Collection (Stuttgart), February 10, 2010, lot 453.

Source : https://stacksbowers.com/

Couple de portraits peint par l'école française du XVIIIe siècle.

Si l'on peut hésiter pour la dauphine



Pour le dauphin c'est une certitude !



Ce sont deux pastels clairement indissociables.
https://www.debaecque.fr/