Autumn in NY
Nombre de messages : 86 Date d'inscription : 30/06/2016
| Sujet: Bijoux de scène de la Comédie-Française Lun 12 Aoû - 22:07 | |
| Bijoux de scène de la Comédie-Française, à l'École des Arts Joailliers jusqu'au 13 octobre 2024. Entrée gratuite, sur réservation. www.lecolevancleefarpels.com/fr/fr Développement : - Deux siècles de bijoux de scène s’exposent à l’École des Arts Joailliers
Pour l’exposition inaugurale de son nouvel espace entièrement dédié au bijou, l’hôtel de Mercy-Argenteau, l’école convoque l'univers du théâtre. En collaboration avec la Comédie-Française, elle retrace l’histoire du bijou de scène et redonne ses lettres de noblesse au toc.
Par Lilian Delhomme
Diadème de Rachel dans Phèdre de Racine aux perles et camées, 1843. Fabriqué en tôle en argent doré, camées coquille sertis dans des bâtes en argent, perles de Méru, velours crème et ruban de soie noir. Comédie-Française/L’École des Arts Joailliers/Benjamin Chelly
Logée entre les bijouteries de la place Vendôme et le quartier des théâtres, l’École des Arts Joailliers s’essaye à une synthèse entre ces deux mondes avec une exposition inédite baptisée Bijoux de scène de la Comédie-Française. Créée avec le soutien de la maison Van Cleef & Arpels, l'établissement inaugure par là même occasion son nouvel espace et écrin, l’hôtel de Mercy-Argenteau. Entièrement rénovée, la demeure néo-classique est l’un des seuls hôtels particuliers subsistants des Grands Boulevards, rare témoignage d’une époque où le quartier n’était qu’un simple faubourg. Le comte Florimond-Claude de Mercy-Argenteau, ambassadeur de Marie-Thérèse d’Autriche, qui y réside à la fin du XVIIIe siècle, lui donne son nom. La fille de l’impératrice, Marie-Antoinette, lui aurait d'ailleurs confié ses bijoux avant la fuite à Varennes de la famille royale. Après avoir changé de mains, et de fonction, à de nombreuses reprises, abritant tantôt un gentleman’s club, tantôt une succursale d’assurance, le voilà entièrement dédié à la joaillerie.
Un minutieux travail de restauration a donné aux somptueux salons du premier étage, classés au titre des monuments historiques, leur lustre d’antan. Pour rejoindre l’étage noble, le visiteur emprunte un grand escalier circulaire en pierres de taille, accompagné dans cette ascension par un imposant lustre de facture contemporaine. Constance Guisset signe le luminaire, ainsi que l’ensemble des intérieurs de l’École des Arts Joailliers. Architecte d’intérieur et scénographe, il s’agit pour elle de conjuguer les exigences d’un lieu qui vit à celui d’un espace où l’on expose. Les palettes de couleurs, les matériaux et les volumes, propres à chaque pièce, épousent leur fonction.
Les espaces publics sont accessibles par une antichambre recouverte d’un bleu profond. Une couleur que l’on retrouve partout : "Le bleu foncé, c’est la nuit, l’astronomie, le mystère… ", explique Constance Guisset. Pour complimenter l’éclat des gemmes, le grand salon, baigné de lumière, accueille des cours de gemmologie. En enfilade, la bibliothèque conserve sur ses étagères flambant neuves plus de 4.000 documents entièrement consacrés aux bijoux. De retour dans l’antichambre, il ne reste plus que la salle de bal, construite à la fin du XIXe siècle et qui sert désormais d’espace d’exposition. Ses imposants décors de la Belle Époque accueillent depuis le 13 juin les trésors de la Comédie-Française.
Un travail d’archéologie du bijou
"Tout est parti d’un partenariat de recherche entre la Comédie-Française et l’École des Arts Joailliers sur ces bijoux, leur origine, leur fabrication et surtout sur leur préservation", explique à Point de Vue Agathe Sanjuan, ancienne directrice de la bibliothèque-musée de la Comédie-Française et commissaire de l’exposition. Pièce après pièce, il s’agit de retracer l’histoire de chaque bijou et de les restaurer, un défi pour ces objets en matériaux composites. Mais le nombre et la qualité de fabrication poussent les chercheurs à les exposer. "On s’est dit que ce serait dommage de ne pas en faire profiter le public", se souvient Agathe Sanjuan.
Le résultat est remarquable. Quelque 120 objets d’art, des couronnes, des épées, des bracelets, mais aussi les registres de ventes, des esquisses et des portraits de comédiens, rassemblés pour une des plus conséquentes expositions de bijoux d'imitation. Un voyage qui s’écoule sur plus de deux siècles. C’est aussi les évolutions du costume de scène, au sens large, que retrace l’exposition. "Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les costumes, et donc les bijoux, des comédiens ne cherchaient pas la vérité historique", analyse Paul Paradis, historien de l’art à l’École des Arts Joailliers. Seuls les bijoux et costumes ayant un rôle particulier dans la pièce sont alors fournis aux comédiens, le reste est à leur charge. On joue Phèdre en robe à la française et les comédiennes se parent de magnifiques bijoux contemporains, souvent des cadeaux de riches admirateurs. Revêtir ces luxueuses et anachroniques parures est alors un moyen d’afficher son succès.
Couronne de lauriers offerte par Napoléon à Talma pour son rôle de Néron, dans la pièce Britannicus de Jean Racine, en 1814. Fabriquée en fonte d'alliage cuivreux doré. Comédie-Française/L’École des Arts Joailliers/Benjamin Chelly
C’est le XIXe siècle et le romantisme qui vont révolutionner la place du bijou sur scène. La recherche de la vérité et l’historicisme caractérisent cette époque. Au théâtre, bien qu’il reste influencé par la mode du jour, le costume se veut ancré dans le style de l’époque jouée. Cette recherche transforme la fonction du bijou, il est désormais créé pour une pièce ou pour une époque particulière. À Paris, les théâtres peuvent compter sur une industrie de l’imitation florissante pour imaginer des pièces plus vraies que nature à moindres frais. "Un savoir-faire qui remonte au XVIIe siècle" fait savoir Paul Paradis. La capitale est particulièrement réputée pour ses perles d’imitation, fabriquées avec du verre, de la cire… et des écailles de poisson. Si les vrais diamants se font plus rares sur les planches, les admirateurs fortunés continuent d’offrir à leurs idoles de somptueux objets. Parmi ceux exposés figure un diadème de lauriers dorés. Porté par Talma, un des plus grands comédiens du début de siècle, pour son rôle de Néron dans Britannicus de Racine en 1804, il lui a été offert par Napoléon en personne.
"Aujourd’hui, ces ateliers ont tous fermé"
Autre diadème exposé, celui porté par Rachel dans Phèdre atteste de la qualité d’exécution de ces orfèvres du toc. Les imposantes gemmes colorées montées sur son socle ressemblent à s’y méprendre à des pierres précieuses. Elles sont en réalité fabriquées en verre au plomb, un procédé encore utilisé de nos jours. D’autres objets de l’exposition en comportent, comme ce collier de la Toison d’Or confectionné dans les années 1880, de si belle facture qu’il orne les bustes des sociétaires de la Comédie-Française jusqu’en 1979. Davantage une décoration honorifique qu’un bijou à proprement parler, cet exemple nous rappelle qu’au XIXe les dizaines d’ateliers de paruriers parisiens qui fournissent les théâtres sont aussi leurs armuriers. Plusieurs exemples de dagues et autres épées sont, à ce titre, visibles à l’hôtel de Mercy-Argenteau.
Diadème créé pour Rachel dans Phèdre de Racine, en 1843. Alliage cuivreux doré, quinze sertis comprenant des verre coloré facettés et turquoises. Comédie-Française/L’École des Arts Joailliers/Benjamin Chelly
Collier de la toison d'or créé en 1884 en alliage cuivreux doré et serti de verres au plomb colorés. Comédie-Française/L’École des Arts Joailliers/Benjamin Chelly
Que reste-t-il, au XXIe siècle, de cette industrie et de ce savoir-faire ? "Aujourd’hui, ces ateliers ont tous fermé, la production de bijoux de scène à la Comédie-Française, ou dans de grandes maisons comme l’Opéra, est réalisée par le théâtre lui-même, il n’y a plus d’autonomie du costume", raconte Agathe Sanjuan. Avec les années 1920 et Coco Chanel, le bijou d’imitation se transforme en bijou fantaisie. Le zircon cubique et l’acier inoxydable ont aussi remplacé le verre au plomb et les alliages cuivreux. Témoin de ces changements, la comédienne Béatrix Dussane laisse aux collections de la Comédie-Française deux magnifiques colliers datés des années 1940 et 1960. Le plus ancien évoque les créations de Chanel et peut, comme beaucoup de bijoux de cette époque, être modifié pour être porté de plusieurs manières, sur scène comme en ville. À travers lui, et les 120 autres oeuvres exposées, c’est une page de l’histoire du bijou et du théâtre qui s’offre, gratuitement, à voir. C’est aussi une leçon poétique sur le progrès technique, ou comment, à défaut de changer le plomb en or, les humains sont arrivés à le transformer en diamant.
Cet article de rêve vient d'ici. https://www.pointdevue.fr/lifestyle/joaillerie/deux-siecles-de-bijoux-de-scene-sexposent-a-lecole-des-arts-joailliers |
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Craufurd&Sullivan
Nombre de messages : 133 Date d'inscription : 14/06/2016
| Sujet: Re: Bijoux de scène de la Comédie-Française Dim 18 Aoû - 12:04 | |
| Magnificente présentation que nous apprécions beaucoup. _________________ Il y a si peu de gens qui nous témoignent un vrai attachement!
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Berastano
Nombre de messages : 33 Date d'inscription : 14/08/2024
| Sujet: Re: Bijoux de scène de la Comédie-Française Mer 21 Aoû - 20:37 | |
| Un monde de rêve ! _________________ Ne rien dire est un choix
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