Mercredi 16 octobre 1793 Ste HedwigeQuintidi 25 vendémiaire an II Bœuf Saignant toujours, Marie-Antoinette se changea une dernière fois avant de quitter sa cellule
D'après Rosalie, elle tenta de cacher sa chemise souillée dans un recoin
"qu'elle aperçut entre l'ancienne toile à papier et la muraille"Ses bourreaux, qui refusaient de la voir porter publiquement le deuil de son mari, avaient précisé comment elle devrait être vêtue pour marcher à la mort: un jupon blanc sur un noir, une camisole de nuit blanche, un ruban noir aux poignets, un fichu de mousseline blanche, un bonnet blanc, orné d'un ruban noir
Sans même y penser, on la contraignit ainsi à porter du blanc, l'ancienne couleur du deuil des reines de France
Heureusement pour elle, le jupon noir permit de masquer ses pertes de sang, lui épargnant une ultime humiliation.
Le bourreau Sanson proposa vainement d'amener la condamnée à l'échafaud dans une voiture fermée comme Louis XVI, mais Fouquier-Tinville, qui se réjouissait à la perspective de la "fête" à venir, aurait déclaré qu'
"une charrette était encore trop bonne pour l'Autrichienne"Marie-Antoinette vit bientôt arriver le fils de Sanson, Charles-Henry, qui entra dans sa cellule sur les coups de 10H
Il lui coupa ses cheveux devenus blancs et lui lia les mains dans le dos, traitement auquel son mari avait échappé et contre lequel elle protesta vainement.
Elle attendit quelques instants au greffe, appelé la
"salle des morts", en compagnie d'Eustache Nappier, l'huissier du Tribunal révolutionnaire chargé de dresser le procès-verbal de son exécution.
L'abbé Lothringer, vicaire métropolitain de Paris, venu lui proposer ses services, insista pour l'accompagner jusqu'à l'échafaud malgré ses réticences à voir s'approcher un prêtre
"jureur"Elle quitta les lieux encadrée par deux gendarmes, Sanson marchant derrière elle en tenant la corde qui lui liait les poignets:
"A ce stade, elle est t tenue en laisse comme un animal", écrit Emmanuel de Waresquiel
Selon Moelle, elle demanda alors à stisfaire un besoin naturel et on lui délia quelques instants les mains pour qu'elle puisse se retirer un instant dans un recoin sombre de la cour de la Conciergerie nommé la
"souricière"Le gendarme Léger la vit vaciller un instant devant la charrette infâme des condamnés qui l'exposerait aux moqueries de la foule, mais il la fit monter sans ménagement
Sortie Cour du Mai, puis rue de la Barillerie
Le vicomte Charles Desfossés est témoin de la sortie de la Reine de la Conciergerie.
Il en fait la description suivante:
« J’avais eu le temps de prendre le signalement de la Reine et de son costume. Elle avait un jupon blanc dessus, un noir dessous, une espèce de camisole de nuit blanche, un ruban de faveur noué aux poignets, un fichu de mousseline unie blanc, un bonnet avec un bout de ruban noir ; les cheveux tout blancs, coupés ras autour du bonnet, le teint pâle, un peu rouge aux pommettes, les yeux injectés de sang, les cils immobiles et roides »Assise sur une planche de bois, elle entreprit un long et sinueux circuit de 4 kms dans la capitale quadrillée par 30 000 soldats de la garde nationale, passant devant des milliers de Parisiens "promenant de temps en temps ses regards tranquilles sur eux"
Selon les rues et les quartiers, la foule fut silencieuse ou au contraire insultante
Certains témoins qui la virent, livide, les traits creusés et les yeux fermés, eurent l'impression qu'elle était déjà morte,
"noyée dans son sang, ses pertes, ses maux", écrit le prince de Ligne
La Révolution s'apprêtait à guillotiner une reine mourante, à qui il ne restait déjà plus qu'un souffle de vie.
C'est ainsi que David la dessina, les lèvres tirées, le dos droit, dans un ultime moment de concentration.
Sa dignité devant la mort fut pourtant considérée par ses adversaires comme une dernière marque de mépris jetée à la face du peuple
Face aux Jardin des Tuileries, la guillotine l'attendait sur la place de la Révolution, où la statue de Louis XV, renversée, avait été remplacée sur son piédestal par une allégorie de la Liberté
Peut-être se souvint-elle de temps plus heureux, de sa
"joyeuse entrée" à Paris en 1773 comme Dauphine et de ses dernières promenades en famille sur la terrasse des Tuileries avant le 10 août, à moins qu'elle n'ait repensé au présage néfaste de la bousculade mortelle de ses noces à deux pas de là
Ses derniers moments ont dû être un véritable chemin de croix, mais le seul récit fiable semble être celui d'un sans-culotte nommé Lapierre, rédigé dans le langage du temps:
"Marie-Antoinette, la garce, a fait une aussi belle fin que le cochon (Louis XVI). Elle a été à l'échafaud avec une fermeté incroyable tout le long de la rue de Saint-Honoré; enfin elle a traversé presque tout Paris en regardant le monde avec mépris et dédain. Mais partout où elle a passé, les vrais sans-culottes ne cessaient de crier "Vive la République" et " A bas la tyrannie".La coquine a eu la fermeté d'aller à l'échafaud sans broncher"En effet, elle monta les marches de l'échafaud sans hésiter
DéroulementLe parcours depuis la ConciergeriePour certains, la charrette emprunte le pont au Change, puis le quai de la Mégisserie, pour d’autres, le quai de l’Horloge, puis le Pont Neuf...
Rue de la Monnaie, puis rue du Roule:
Acte de condamnation à mort de Marie-Antoinette par le Tribunal révolutionnaire Archives nationales AE-I-5-18-34Les quatre juges et le greffier du Tribunal révolutionnaire entrent dans la pièce où se trouve Marie-Antoinette.
Ils lui font une seconde fois lecture de la sentence.
À la fin de la lecture, l'exécuteur des hautes œuvres, Henri Sanson s'approche de Marie-Antoinette et lui attache les mains derrière le dos.
Il lui ôte ensuite sa coiffe et lui raccourcit les cheveux, lesquels seront ensuite brûlés pour ne pas servir de relique.
Marie-Antoinette franchit la grille de la Conciergerie emmenée par le bourreau, Henri Sanson
(fils de Charles-Henri Sanson qui guillotina son époux Louis XVI), et se dirige vers la cour de Mai où l'attend une charrette.
Il s'agit d'un plateau de bois, posé sur des essieux, et tiré par deux percherons.
Les mains liées derrière le dos, Marie-Antoinette grimpe l'escabeau avec l'aide de Henri Sanson.
L'abbé Girard, curé de Saint-Landry, prêtre constitutionnel désigné par le Tribunal révolutionnaire, l'accompagne en tant que confesseur.
N'ayant pas eu le choix de son prêtre, contrairement à Louis XVI, Marie-Antoinette refuse les services de celui qui lui est imposé.
Le bourreau se place derrière la reine, son aide est assis au fond de la charrette.
Sortie de la cour de Mai, la charrette roule lentement au travers d'une multitude qui se précipite sur son passage, sans cris, ni murmures.
30 000 hommes de troupe forment une haie tout au long du parcours.
À l'entrée de la rue Saint-Honoré, des clameurs de haine se font entendre et la charrette s'immobilise.
Vers 10HPeu avant son jugement et son inique exécution, la reine Marie-Antoinette, enfermée à la Conciergerie dans les plus pénibles conditions et sous la plus étroite vigilance, eut la grâce d’entendre la sainte Messe et de recevoir la communion et les derniers sacrements
L'abbé Girard, curé de Saint-Landry, prêtre constitutionnel désigné par le Tribunal révolutionnaire, l'accompagne en tant que confesseur.
(Non seulement, l'abbé Girard, curé de Saint-Landry, prêta serment à la Constitution civile, mais avant de le prêter, il fit à ses paroissiens une instruction apologétique sur la Constitution civile du clergé. Cette instruction qui fut imprimée (Bibl. Nat., L4d. 7795), contient d'étranges propositions; on y voit (p. 12), que les rois, empereurs, assemblées constituantes ayant le droit d'admettre ou non, de conserver ou non une religion, doivent avoir à plus forte raison le droit d'en déterminer l'économie, la dispensation, le mode et les formes particulières, l'organisation civile et économique. Ce byzantinisme éhonté est un singulier commentaire du « Rendez à César, ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Dans l'abbé Girard, le financier était à la hauteur du théologien, car il est décidé à prêter serment à une Constitution qui remettant le paiement des dettes de l'État au niveau des échéances, doit encore nous affranchir de deux cent millions d'impositions annuelles).
N'ayant pas eu le choix de son prêtre, contrairement à Louis XVI, Marie-Antoinette refuse les services de celui qui lui est imposé.
Plus tard, Hermann et deux juges entrent pour lire à la reine sa sentence "qu'elle ne connaît que trop"
Larivière, le porte-clés entra dans la cellule de la Reine
"Vous savez qu'on va me faire mourir ?"
lui murmura-t-elle
Il n'eut pas le temps de lui répondre
Les juges et le greffier étaient déjà là pour faire entendre une seconde fois la lecture de l'acte d'accusation à la condamnée