Shibboleth
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| Sujet: Histoires royales de fantômes Jeu 31 Oct - 20:55 | |
| Amis du forum, rien que pour vous, rien que pour Halloween - On dit que chaque année, le 19 mai, à Blickling Hall, ancienne demeure de la famille Boleyn dans le comté de Norfolk en Angleterre, a lieu une terrifiante apparition. Un carrosse dévale la route à vive allure, guidé par un cocher sans tête (rassurez-vous, les chevaux ont encore la leur). À l’intérieur, une jeune femme est assise, une tête ensanglantée sur les genoux. Le carrosse, enveloppé d’un halo bleu et froid, traîne parfois le cadavre d’un homme décapité et une bande de démons hurlants à sa suite. Cet attelage spectral serait celui d’Anne Boleyn, assassinée par son mari le roi Henri VIII en ce même jour en 1536. L’homme sans tête ? Son frère George, lui aussi exécuté par Henri VIII.
Celle que l’on appelle Anne des mille jours – en référence à la durée de son règne avant sa décapitation – et son destin tragique sont sans surprise un must dans l’histoire des fantômes royaux anglais. Aux quatre coins de l’Angleterre, on raconte avoir vu son esprit. Comme à Hever Castle, autre ancienne propriété des Boleyn, où elle apparaîtrait derrière une fenêtre en train de tambouriner contre les carreaux.
Les têtes couronnées occupent une telle place dans l’histoire et la culture – épiées en permanence, nous savons tout de leurs vies et de leurs morts –, qu’il n’est guère surprenant que nombre d’entre elles aient eu un jour le sentiment d’être observées, de vivre dans des palais et châteaux littéralement hantés. Et ça ne date pas d’hier. L’impératrice Joséphine, épouse de Napoléon, a confié un jour à sa fille combien elle détestait dormir dans l’ancienne chambre de Marie-Antoinette au palais des Tuileries : « Je suis prise de ténébreux scrupules. J’ai le sentiment que l’ombre de la reine me demande ce que je fais dans son lit. »
Les ancêtres au sang bleu
D’autres membres de la famille royale sont en paix avec leurs ancêtres fantômes. En 2017, la reine Silvia de Suède reconnaissait joyeusement que des spectres peuplaient le palais de Drottningholm à Stockholm : « Nous y avons des petits copains... des fantômes. Ils sont tous très amicaux, on ne se sent jamais complètement seul. C’est vraiment réjouissant. »
Sa belle-sœur, la princesse Christina, est du même avis. « Il y a beaucoup d’énergie dans cette maison. Il serait étrange qu’elle ne prenne pas une apparence ou une autre. Il y a des histoires de fantômes dans toutes les vieilles demeures. Leurs occupants ont été si nombreux au fil des siècles. Les énergies restent. »
Même la très stoïque reine Elizabeth II aurait fait à plusieurs reprises l’expérience du paranormal. Selon Hilary Fordwich, spécialiste de la famille royale britannique, « la princesse Margaret et la reine Elizabeth II ont toutes deux fait état d’apparitions et d’activités paranormales dans la maison de leur ancêtre, la reine Elizabeth ». Le spectre de la reine vierge, qui se baladerait dans la bibliothèque du château de Windsor, aurait également été vu par la princesse Vicky, fille aînée de la reine Victoria. Parmi les autres revenants aperçus à Windsor, citons le roi fou George III, marmonnant sans cesse « quoi », et le roi Henri VIII gémissant de douleur en raison de son ulcère à la jambe.
La reine Elizabeth II aurait également ressenti la présence du fantôme de John Brown, serviteur écossais bien-aimé de la reine Victoria, qui aurait été vu en kilt errant dans le domaine de Balmoral. Comme le raconte son majordome Paul Burrell : « Notre chère reine défunte a toujours dit qu’il y avait des fantômes, elle disait : “Je ne vais jamais à Allt-na-Giubhsaich – Glassalt, le cottage au bord du lac à Balmoral – sans les corgis car ils les sentent avant moi. Leurs babines se retroussent et ils se mettent à grogner, je n’y vais jamais sans eux et je n’y passe jamais la nuit”, la reine Victoria, elle, y passait la nuit avec John Brown. »
Légendes macabres aux quatre coins du monde
Les apparitions de fantômes royaux ne se limitent pas au Royaume-Uni, le phénomène est mondial. On dit que le fantôme de l’empereur aztèque Moctezuma II hante le Palacio Nacional du Mexique. Plus près de nous, on dit que les fantômes des deux femmes de la vie du roi Henri II, son épouse Catherine de Médicis et sa maîtresse Diane de Poitiers, apparaissent lorsque la lune est pleine au château de Chenonceau, dans la vallée de la Loire, Catherine coiffant lentement les cheveux de Diane. En Russie, à Saint-Pétersbourg, Pierre le Grand arpenterait le théâtre de l’Ermitage d’un pas décidé, chaussé de lourdes bottes.
Dans la seule Tour de Londres, on a vu assez de fantômes pour remplir un immeuble entier. Anne Boleyn, sans sa tête, a été aperçue menant un cortège de dignitaires se rendant sur le lieu de son exécution. Lady Jane Grey et Sir Walter Raleigh sont également des habitués, tout comme les deux petits princes perdus de la Tour, blottis l’un contre l'autre dans des chemises de nuit blanches, main dans la main. On peut même y voir, dit-on, le fantôme d’un ours, vestige sans doute de l’époque où la Tour abritait la ménagerie royale.
Sans surprise, les reines tragiques ont les faveurs des amateurs d’histoires de fantômes. À les en croire, Marie Stuart, reine d’Écosse, hante plus ou moins tous les châteaux où elle est passée un jour. Mais c’est peut-être au palais de Holyroodhouse que son apparition est la plus terrifiante, c’est là que Marie a assisté à l’enlèvement et au meurtre brutal de son partisan David Rizzio, son secrétaire privé italien et amant supposé (selon de fausses rumeurs), en 1566.
Sur le site Spooky Scotland, on peut lire : « On dit que David Rizzio se promène dans ses couloirs. Aujourd’hui encore, la tache de sang laissée par son assassinat est visible sur le parquet, à l’extérieur des quartiers privés de Mary. Selon le personnel du palais, les lames du parquet ont pourtant été remplacées plusieurs fois. Mais la tache de sang de Rizzio réapparaît toujours au même endroit. »
L’histoire de l’infortunée Catherine Howard, cinquième épouse du roi Henri VIII, est peut-être l’une des plus déchirantes. Accusée d’avoir trompé son vieillard de mari en 1541, elle fut enfermée dans sa chambre à Hampton Court. Un soir, dans un geste désespéré, elle tenta de fausser compagnie à ses gardes pour rejoindre la chapelle royale où priait Henri.
Joan Forman, dans son livre Haunted Royal Homes, écrit : « Depuis lors, de temps à autre, son spectre revit cette fuite effrénée dans la longue galerie. À de nombreuses reprises, on a entendu les hurlements frénétiques qu’elle a poussés lorsque les gardes l’ont emmenée... Bien des occupants ultérieurs de la vaste demeure disent les avoir entendus, même s’ils sont plus rares à avoir réellement vu sa silhouette vêtue de blanc, ses longs cheveux flottant sur ses épaules, glissant furtivement le long de la galerie. »
Le fantôme de Marie-Antoinette près du Petit Trianon
Aucune observation fantomatique d’une reine tragique n’a toutefois suscité autant de réactions publiques que l’étrange affaire de Charlotte Moberly et Eleanor Jourdain. Le 10 août 1901, les deux Anglaises, universitaires pionnières au St. Hugh’s College de l’Université d’Oxford, se promènent dans le parc de Versailles. Selon leur livre An Adventure (publié à l’origine sous pseudonymes), elles cherchaient le légendaire Petit Trianon de Marie-Antoinette lorsqu’elles sont entrées dans un « flou onirique ».
« Tout semblait soudain artificiel, donc désagréable ; même les arbres derrière le bâtiment semblaient plats et sans vie, comme un bois représenté sur une tapisserie », écrivaient-elles.
Elles voient alors deux hommes à l’allure démodée, l’un menaçant, l’autre élégant. « Il était grand, avec de grands yeux sombres, et avait des cheveux noirs bouclés sous le même grand chapeau sombrero. Il était beau, et l’effet des cheveux le faisait ressembler à une image ancienne. Son visage était rouge comme s’il venait de faire grand effort, comme s’il avait parcouru un long chemin ».
Avec empressement, il leur dit : « Vous ne devez pas passer par là. Par ici... cherchez la maison. » Les deux femmes traversent alors un pont rustique et arrivent à une maisonnette idyllique. Sur la pelouse, une femme assise sur un petit tabouret dessine. Dans An Adventure, on peut lire :
Elle nous vit, et lorsque nous passâmes près d’elle sur sa gauche, elle se retourna et nous regarda en face. Son visage n’était pas jeune et (bien que plutôt joli) ne m’attira pas. Elle était coiffée d’un curieux chapeau blanc, perché sur une abondante chevelure blonde encadrant son front. Sa robe d’été légère était curieusement arrangée sur ses épaules, comme un mouchoir... Je me dis qu’elle pouvait être une touriste, mais sa robe était démodée et plutôt inhabituelle... Je la regardai droit dans les yeux ; mais un sentiment indescriptible me fit détourner le regard.
Moberly et Jourdain, encouragées par des amis français qui prétendaient que le fantôme de Marie-Antoinette était fréquemment aperçu près du Petit Trianon, en vinrent à croire que la femme qui dessinait était l’esprit de la reine tragique. Elles en conclurent qu’elles étaient entrées dans une sorte de « paysage temporel », comme un tableau du célèbre village et jardin anglais de Marie-Antoinette. Les critiques ne parvinrent jamais à se mettre d’accord, n’arrivant pas à comprendre pourquoi deux universitaires aussi respectées et sérieuses affirmaient avoir été témoins d’une apparition aussi fantastique.
Gnome funeste
On dit que les dirigeants les plus cruels étaient eux aussi souvent témoins d’apparitions, comme autant de signes avant-coureurs de leurs funestes desseins (des récits bien souvent inventés par leurs détracteurs, il faut le dire). Les rois Hohenzollern de Prusse auraient ainsi été régulièrement visités par « une dame blanche », apparaissant souvent sans tête et accompagnée de gardes, prophétisant la mort ou la ruine prochaine du monarque.
On parle aussi du « petit homme rouge du destin », affreux gnome écarlate dont on disait qu’il concluait des pactes faustiens avec les souverains français. Selon le livre Real Ghosts, Restless Spirits, and Haunted Palaces de Brad Steiger, le petit homme rouge est apparu pour la première fois à Catherine de Médicis au XVIe siècle et a été vu avant l’assassinat du roi Henri IV en 1610, ainsi que dans les prisons de Louis XVI et de Marie-Antoinette avant leur exécution.
On dit que Napoléon a passé de nombreux accords avec le petit homme rouge. Il apparaît pour la dernière fois en janvier 1814.
Dans le Steiger : « On raconte que Napoléon demanda au fantôme le temps d’achever l’exécution de certaines propositions, mais le messager prophétique ne lui donna que trois mois pour parvenir à une paix générale, faute de quoi tout serait fini pour lui. Trois mois après la dernière visite de l’homme rouge à l’empereur, Talleyrand et le Sénat exigèrent l’abdication de Napoléon. »
Certains monarques auraient également été hantés par ceux leurs victimes. La légende veut que Wu Zetian, la seule femme empereur de Chine (624-705), ait été hantée par les esprits de deux femmes dont elle s’était débarrassée, l’impératrice Wang et la consort Xiao. Elles lui revenaient en rêve, ensanglantées et mutilées comme au sortir de leur exécution.
Les têtes couronnées qui ont connu une fin horrible semblent aussi s’attarder dans les lieux où elles ont perdu la vie. En 1918, les membres de la famille royale Romanov et leurs invités sont assassinés dans le sous-sol de la maison Ipatiev à Iekaterinbourg, en Russie. Les Soviétiques ont par la suite transformé la maison en musée, et une femme nommée Anna y travaillait comme agent de sécurité la nuit. Selon le site web Romanov Memorial :
Anna a raconté à l’archevêque qu’à de nombreuses reprises au cours de ses années de service, elle a pu entendre des chants magnifiques et voir de la lumière jaillir de la porte du sous-sol à la tombée de la nuit. Elle disait entendre plusieurs voix et qu’il s’agissait sans aucun doute d’un cantique. Elle s’approchait souvent de la porte pour écouter, mais était trop effrayée pour aller voir au sous-sol.
La reine Camilla, très superstitieuse
Dans la famille royale britannique actuelle, il semble que la reine Camilla soit celle qui croit le plus aux fantômes. Selon son fils, Tom Parker Bowles, la maison Wilshire dans laquelle il a grandi était notoirement hantée. « Quand nous étions enfants, certaines pièces nous terrifiaient. Elles étaient toujours glaciales, même en plein été... Beaucoup de gens parmi les plus rationnels, au milieu de la nuit, sautaient dans leur voiture et rentraient à Londres parce que quelque chose, un esprit pour être précis, s’était glissé dans leur lit. »
Le fantôme s’est également signalé à la maîtresse de maison. « Ma mère dit qu’elle s’est réveillée une nuit, au milieu de la nuit, et qu’une présence l’a en quelque sorte plaquée dans son lit », affirme Parker Bowles. « C’était il y a de nombreuses années, mais elle n’est pas du genre à s’en laisser compter et a probablement envoyé paître le fantôme. »
La reine Camilla a également expliqué redouter Dumfries House, une retraite écossaise du XVIIIe siècle que le roi Charles III avait restaurée et ouverte au public : « Il y avait bel et bien un fantôme, sans l’ombre d’un doute. J’ai monté les marches, je suis entrée dans le hall et je me suis dit que je ne pouvais pas aller plus loin. Je me suis littéralement figée... Je me souviens avoir pensé que je n’y reviendrais pour rien au monde, et pendant des années, j’ai tenu parole. »
Le roi Charles lui-même aurait eu maille à partir avec des fantômes, l’un d’eux l’aurait suivi dans la résidence royale de Sandringham. Anmer Hall, la résidence actuelle du prince William et de Kate Middleton, serait quant à elle hantée par un chien noir et un prêtre catholique assassiné. Le prince William, qui ne semble pas s’en émouvoir, a plaisanté un jour : « Tout vieille bâtisse digne de ce nom a son fantôme, n’est-ce pas ? »
Tant qu’il y aura des monarchies et des personnes dotées d’une imagination débordante ou d’un sixième sens, les histoires de fantômes royales continueront à nous donner la chair de poule (on adore ça !). Certains affirment même déjà avoir pris en photo le fantôme d’une reine Elizabeth II inquiète, son fidèle sac à main Launer au bras, dans une pièce de son château de Windsor adoré. À ce rythme, les fantômes pourraient très vite être plus nombreux que les vivants dans les couloirs des palais royaux de ce monde.
Texte partagé à partir du site de Vanity Fair https://www.vanityfair.fr/article/quand-elizabeth-ii-voyait-des-fantomes-et-autres-histoires-royales-a-grand-frisson _________________ Tubercule forever
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