Livre - Un complot sous la Terreur (Paul Gaulot)

En cherchant des renseignement sur le chevalier de Jarjayes, je suis tombée sur un livre ancien qui m'a paru très intéressant:





Comme ce livre fait partie du domaine public et est entièrement consultable en ligne, j'ai bien envie de vous en copier des extraits de temps en temps... Qu'en dites-vous?   


Il y a quelque dix-huit mois, on me montra des autographes de la reine Marie-Antoinette et une lettre du comte de Provence (depuis Louis XVIII). La personne qui les possède voulut bien m'autoriser à les faire reproduire et à les publier.

Ces billets se rapportent à une époque curieuse et terrible et ils ont trait à un des événements les plus dramatiques et les moins connus de ce temps-là.


Alors, alors... ?! Ca donne pas envie d'en savoir plus, ça?!   

J'avoue que je ne connais pas bien l'auteur de ce livre, Paul Gaulot. Il a écrit un bouquin sur Fersen que je n'ai pas, mais qui a déjà été renseigné dans notre boudoir. J'ai cherché sur le net, Paul Gaulot est l'auteur d'ouvrages historiques, d'articles et de romans.

Lenotre nous renvoie à son Complot sous la Terreur. Il estime en effet l'étude que Gaulot a faite du chevalier de Jarjayes est très complète.

Bien, ça!   Si Lenotre dit bien de cet auteur, c'est une caution!  

Je continue la préface de Monsieur Gaulot...   


Guidé par une savante monographie de M. Léon Leceslre, parue dans la Revue des Questions historiques, en avril 1886, aidé par les conseils bienveillants et la précieuse érudition de MM. les Conservateurs de la Bibliothèque nationale, des Archives et du musée Carnavalet, je suis parvenu à joindre aux billets que je possédais déjà des documents du plus vif intérêt.

Je vis alors, sous mes recherches, s'élargir peu à peu le cadre que je m'étais tracé. Au lieu d'un fait isolé ou de minime importance, je rencontrai un complot véritable, dont tous les préparatifs aussi bien que les péripéties diverses et les suites se révélaient pour la première fois.


Wah...    C'est aussi bien ficelé qu'un thriller, dites donc!   

Tout en fouillant celle époque et en cherchant ce qui touchait directement à la tentative de Toulan et de Jarjayes, j'ai lu nombre d'ouvrages et feuilleté plusieurs dossiers, remplis de renseignements précieux. J'étais en plein, sinon dans l'inédit du moins dans l'inconnu.


Y'a pas à dire, ce type écrit vraiment bien.   Il a l'art de distiller les informations et d'introduire du suspens... alors que ce n'est que sa préface...   


Et à mesure qu'avançait ce travail, bien des points obscurs s'éclairaient pour moi; je comprenais mieux la Révolution française, et, à côté de la narration anecdotique, j'entrevis une vulgarisation à tenter d'une partie de cette histoire, notamment celle des rapports de la cour de France avec les cours d'Europe en 1791-1792.

Borné à ce seul sujet, un livre serait assurément d'une lecture aride. Mais dans ce temps, merveilleux pour l'écrivain, tout semble se poétiser, se dramatiser à l'envi, et la politique comme l'histoire s'incarne dans des personnages intéressants au plus haut degré. Le héros, ici, sera le comte Axel de Fersen,celui qui aima la Reine et que la Reine aima, et dont la voix publique a fait à cette époque un amant heureux. Le sort tragique, qui devait à dix-sept ans d'intervalle terminer l'existence de l'un et de l'autre, jette sur leur histoire, commencée dans la joie, un voile sombre; mais quel est l'historien qui pourrait écrire sans rappeler des douleurs?


Et, en plus, il va nous la jouer Fersinou d'amuuuuur?!  

Bonjour,

Je trouve le thème et le style très intéressant et j'ai hâte de lire la suite.

madame antoine

Belle plume en efet.   

Paul Gaulot nous indique alors que le volume qu'il compte consacrer à Fersinou d'amur s'appellera Un ami de la reine. Je verrai un de ces quatre si on peut le trouver en ligne. Mais pas tout à la fois, je n'ai déjà que trop tendance à me disperser!   

Restons concentrés sur ce complot sous la Terreur. J'en ai les poils qui se hérissent...   


Ce n'est pas tout ; d'autres tentatives que celle de Toulan et de Jarjayes seront faites pour délivrer Marie-Antoinette : par des royalistes, Michonis, le baron de Batz et le chevalier de Rougeville; par le gouvernement révolutionnaire lui-même (mission Maret-Sémonviïle). Ce sera la matière d'un troisième ouvrage intitulé : « Pour sauver la Reine. »


Bon sang de bonsoir, il me le faut, ce livre!   

Quelqu'un a entendu parler de cette mission Maret-Sémonville?   

Wiki est mon ami.   

Le 2 février 1793, Sémonville est suspendu de sa fonction d'ambassadeur. Son nom a été cité plusieurs fois dans des documents saisis dans l'armoire de fer de Louis XVI, révélant son rôle dans les activités secrètes de Mirabeau. Il rentre à Paris pour se justifier, accompagné par Lucien Bonaparte. Le comité de salut public lève sa suspension le 11 mai et Sémonville n'est plus inquiété

Réhabilité, il est à nouveau envoyé par la Convention nationale à Constantinople. L'objet réel de sa mission était de négocier avec la Toscane la liberté de Marie-Antoinette contre la paix ; Hugues-Bernard Maret, chargé de la même mission à Naples, l'accompagne. Sur le trajet, les deux diplomates français sont faits prisonniers par les Autrichiens le 25 juillet 1793 à Novate Mezzola, dans le territoire neutre des Grisons en Suisse. Contraire au droit des gens, cette arrestation suscite la colère de la Convention mais elle est justifiée par Vienne, pour qui tout agent du gouvernement français est un criminel, depuis la mort de Louis XVI. Sémonville était au courant des risques encourus, ce qui fait penser à certains historiens comme Alfred-Auguste Ernouf que, privés du soutien de Mirabeau, La Fayette ou Dumouriez et se sentant menacés en France, les deux ambassadeurs aient pu organiser ou provoquer eux-mêmes leur enlèvement. Ils sont emprisonnés à Mantoue, puis dans la forteresse de Kufstein, en Autriche.





Maret et Sémonville tissent à cette occasion de profonds liens d'amitié. Ils sont échangés contre Madame Royale, fille de Louis XVI le 16 décembre 1795, après vingt-neuf mois de captivité éprouvant et sont accueillis triomphalement au Conseil des Cinq-Cents.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Louis_Huguet_de_S%C3%A9monville


Eh bien... Reluisant, tout ça...   

Revenons à Paul Gaulot.

Sur ce récit viendra se greffer celui de divers incidents, souvent mal connus, comme l'aventure du serrurier Gamain (Armoire de fer), la messe soi-disant célébrée à la Conciergerie, messe pendant laquelle la prisonnière aurait reçu la communion etc, points obscurs qui méritent d'être étudiés et discutés. Parlerai-je aussi du sort mystérieux de Louis XVII, de sa mort ou de son évasion? C'est fort probable : la question est toujours actuelle.

Wah... Même Louis XVII va être mentionné?!   

Dans cette série de récits et d'études, si je ne puis garantir au lecteur d'avoir partout découvert la vérité, je puis certainement lui garantir ma sincérité. J'ai cherché une opinion dans les documents et non point des documents pour une opinion.

Ma seule préoccupation est de ne pas tromper mon lecteur, et si, par surcroît, je puis arriver à l'intéresser et peut-être à l'instruire, mon plus ambitieux espoir se trouvera réalisé.

P.AUL GAULOT.

23 août 1888.


Voilà. Nous sommes arrivé au bout de la préface. J'aime beaucoup cette honnêteté.

J'ai cherché une opinion dans les documents et non point des documents pour une opinion.

Ah, si tous les historiens et ceux qui se prétendent historiens pouvaient agir ainsi...   

On arrive au premier chapitre.   

PREMIÈRE PARTIE - LE SEJOUR AU TEMPLE - 13 AOUT 1792 - 21 JANVIER 1793

CHAPITRE PREMIER

Le début est très intéressant, mais je n'en épinglerai que quelques extraits, parce que c'est une sorte de mise en place, avec portraits des souverains et narration de leurs conditions de vie.

Paul Gaulot part du principe que le roi est bon, brave mais limité et la reine charmante, avec plus d'âme que d'esprit.

D'entrée de jeu, nous passons les journées d'octobre pour nous retrouver aux Tuileries, dont, sans ambages, l'auteur nous déclare que ce fut une incarcération:


Les Tuileries ne furent qu'une espèce de prison, dont les gardes nationaux étaient les geôliers, sous le commandement de Lafayette, et où les honneurs rendus aux personnes royales dissimulaient mal l'étroite surveillance dont elles étaient l'objet.

Nous sommes bien d'accord.   

Sur le fiasco de Varennes aussi, nous sommes d'accord:


mais le projet, maladroitement conçu, maladroitement exécuté, ne réussit pas.




Nous entrons alors dans cette période de suractivité désespérée, dont Paul Gaulot brosse un portrait particulièrement frappant:


Pendant ce temps, environnée d'ennemis, obligée de se défier de tous, la Reine n'ose plus correspondre ouvertement avec ceux qu'elle sait encore ses amis. C'est à peine si elle se risque à confier à quelque serviteur dévoué un billet non signé, où elle déguise les noms, où elle dissimule sa pensée sous un langage conventionnel et figuré...

Comme en tout esprit humain, les alternatives de crainte et d'espérance ballottent sa pauvre âme agitée. Elle tremble pour ses enfants; elle redoute pour la royauté, sinon pour le Roi, les plus tristes humiliations; elle prévoit pour elle-même les plus affreuses destinées. Elle lutte néanmoins.

Elle ne peut pas se mettre à la tète des bataillons fidèles ni endosser ce costume populaire des gardes nationaux, que le Roi n'ose pas prendre,  parce qu'il craint ainsi d'enfreindre la constitution; elle ne peut parler à l'Assemblée ni faire entendre sa voix souveraine: elle est femme et n'est point régente. Mais elle a recours à des moyens détournés; elle cherche à flatter, à séduire ces farouches républicains dont le nom seul fait tressaillir son coeur de mère.


Beau, non? Elle est femme et n'est point régente...  

C'est très bien résumé en effet  

Merci pour ces extraits Pim, ce livre semble vraiment intéressant    Et puis cet auteur m'était inconnu!

Puisque ça vous plaît, mes amis, encore un petit extrait!   

Gaulot s'attache ensuite à montrer comment la reine tente tous les appuis, toutes les issues, tous les moyens...

Elle a conquis Barnave dans le retour do Varennes; elle entretient avec lui une correspondance suivie. Elle obtient que Guadet, le sévère girondin, vienne, une nuit, aux Tuileries, causer avec le Roi, et elle ne le laisse pas partir sans l'avoir conduit près du berceau de son fils et obtenu de lui qu'il dépose un baiser sur le front du royal enfant. Elle cherche même plus bas son salut, et elle a recours à de moins nobles séductions.

Tout ce qui est corruptible est tenté, et Danton, aussi vénal que Mirabeau, est acheté pour cent mille écus...

Mais pas plus que Mirabeau, Barnave, Guadet ni Danton ne peuvent arrêter le mouvement révolutionnaire. Barnave l'essaye sans conviction, et succombe du moins avec grandeur. Guadet et les Girondins sont impuissants. Danton ne se préoccupe même pas do gagner son argent

Ici l'auteur nous promet de développer par la suite ces assertions sur Danton.




Par contre, l'histoire de Guadet...   Ca ne me dit rien... va falloir que je fouille...   

Hum... Ce doit être lui...
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lie_Guadet

Infos de wiki sur Guadet:

Partisan de la constitution de 1791, Élie Guadet rejoint le club des Jacobins et s’y fait le pourfendeur des opposants et ennemis de cette constitution. Il s’oppose avec virulence aux ministres de Louis XVI et contribue à ce que le souverain accepte un cabinet Girondin, le 15 mars 1792.

Après que Louis XVI ait révoqué le cabinet Girondin en juin, Guadet essaie de renouer des contacts avec la Cour mais ces tentatives sont avortées suite à l’insurrection du 10 août 1792 qui voit la chute de la monarchie. Il s’oppose alors violemment à la Commune insurrectionnelle de Paris, obtenant pour un temps sa dissolution, le 30 août, quoique cette décision ait été annulée dès le lendemain. Lors du procès de Louis XVI, il se prononce pour l’appel au peuple et la peine de mort mais avec sursis.

Back to Paul Gaulot.   

J'aime bien le passage suivant, qui montre toute la force vive et toute la volonté qu'avait Marie Antoinette de sortir de sa situation.


C'est à. peine si la Reine, pendant ces longs mois où agonise la royauté, peut dormir quelques heures. Eveillée dès la pointe du jour, elle exige
que l'on ne ferme ni volets ni persiennes: l'obscurité lui est trop pénible. C'est alors, dansées courts moments où le calme de la ville lui permet quelques illusions, qu'elle rêve parfois d'une délivrance prochaine. Une nuit, où la lune éclaire la chambre, elle la contemple longuement, puis,
v prenant pour confidente la femme qui veille près d'elle: — Dans un mois, lui dit-elle, je ne verrai pas cette lune sans être dégagée de mes
chaînes, et sans que le Roi soit libre» (extraits des souvenirs de Madame Campan)




Le 3 juillet, quinze jours après le premier envahissement des Tuileries, elle écrit encore à son meilleur ami, le comte do Fersen : - Notre position est affreuse, mais ne vous inquiétez pas trop: je sens du courage et j'ai en moi quelque chose qui me dit que nous serons bientôt heureux et sauvés. Cette idée me soutient... »

Bonjour,

J'apprécie vraiment beaucoup ce récit.

madame antoine

Chère Madame Antoine, il y a bien longtemps que je n'ai plus eu le temps de replonger dans le livre de Paul Gaulot...   

Mais, voilà, j'y vais!   

Pour vous livrer un passage que je trouve un peu énigmatique...   


La situation est si horrible que la Reine on arrive à désirer la fin de cette crise, quelle qu'en puisse être l'issue. Confiante dans de vagues propos tenus par Danton, elle s'imagine qu'un outrage plus visible, plus sensible fait à la royauté réveillera l'amour dos Français pour là monarchie séculaire, ou qu'on tout cas elle ne peut être sauvée, elle et les siens, que par des moyens détournés, et elle souhaite la captivité dans une tour au bord de la mer.


Ok... C'est quoi, cette histoire de tour au bord de la mer? La réponse se trouve, d'après la note infrapaginale, dans les mémoires de cette bonne Henriette...   

Mémoires de Mme CAMPAN, t. II, p. 237.

Voilà la référence de Madame Campan. Elle ne nous apprend rien de plus que Gaulot.
http://books.google.be/books?id=QEYQAAAAYAAJ&pg=PA260&dq=madame+campan+antoinette+tuileries&hl=fr&sa=X&ei=1BS3U9KNJe-e7AaFyID4DA&ved=0CB0Q6AEwAA#v=onepage&q=madame%20campan%20antoinette%20tuileries&f=false

Petit rappel des faits dans toute leur horreur:


Après avoir quitté les Tuileries le matin du 10 août, Louis XVI passe la journée entière, avec sa famille et quelques amis, dans la loge du Logotachygraphe. Le lendemain on l'installe provisoirement aux Feuillants, à côté du bâtiment où siégeaient les députés, en attendant que le Luxembourg, désigné pour sa résidence par l'Assemblée, soit on état de le recevoir.





Mais l'Assemblée législative a compté sans la Commune de Paris. Celle-ci, préludant à la tyrannie qu'elle doit pendant près de vingt mois exercer avec tant de violence et de cruauté, déchire le décret de l'Assomblée, s'empare de la personne des prisonniers, et les transfère, dès le 13 août, dans la Tour du Temple, où elle les place sous la surveillance de ses commissaires et de la garde nationale.

Paul Gaulot décrit ensuite l'enclos du temple et se livre en ce qui concerne l'état d'esprit des personnages à des réflexions très pertinentes:


Il est assurément malaisé aujourd'hui, sinon impossible, de se représenter les événements de cette époque en les isolant des événements qui les ont suivis, en faisant abstraction de leurs conséquences, c'est à travers le souvenir de l'échafaud et sous la préoccupation de ce dénouement sanglant que nous envisageons tous les faits de cette période terrible. Aussi cette obsession constante voile-t-elle pour nous la physionomie
exacte do ces temps: en bien dos cas, elle fausse totalement nos idées.

Ainsi l'opinion acceptée, convenue, veut que Louis XVI et les siens soient entrés au Temple avec les plus sombres pressentiments, en victimes sans illusions sur leur destinée future.

Cette opinion n'est point conforme à la vérité, en dépit des tristesses de la situation, quand les prisonniers comparaient leur état présent avec ce qui s'était passé, non pas seulement pendant l'année entière, mais aux deux seules journées du 20 juin et du 10 août, où la mort avait de si près menacé leurs tètes, les premiers jours passés au Temple furent pour eux des jours de repos et de calme relatifs.  

L'auteur continue ses explications. Je vous les donne en entier, parce que je les trouve vraiment très justes:


Remplis d'illusions, ou plutôt d'ignorance, sur le véritable esprit populaire, le Roi ni la Reine ne s'effrayaient alors sérieusement de l'avenir. Qu'avaient-ils à redouter? Le Roi, sans doute, pouvait être déclaré responsable, mais la seule peine inscrite dans la constitution était la déchéance. On y joindrait peut-être le bannissement, soit. Là était le maximum de leurs craintes. Puisqu'ils n'avaient pas été assassinés le 20 juin ou le 10 août, ils ne redoutaient plus de l'être maintenant.

Cléry, bien placé pour le savoir, le dit en termes fort nets : «J'étais loin de craindre pour les jours du Roi. La Reine avait la même persuasion, et son mari ne se gouvernait que par elle»1

Cette conviction, dans l'esprit de Marie-Antoinette, explique et justifie bien dos choses. Comprendrait-on, sans elle, que la Reine eût continué à jouer du clavecin, comme elle le faisait souvent, non point seulement pour l'instruction de sa fille, mais pour son propre plaisir, et comme elle le fit encore, là veille de la comparution de Louis XVI à la barre de la Convention nationale le 10 décembre, où, au dire du même Cléry, les airs qu'elle chanta n'étaient rien moins que tristes? 2

1. Mémoires de M. CLÉRY, p. 24.
Mémoires de M. CLÉRY, p. 83.


Remarquons que cela fait la deuxième fois que Paul Gaulot insiste sur le moral positif de la reine. Aux Tuileries, elle écrivait à Fersen qu'elle sentait qu'elle allait s'en sortir, au Temple, elle continuait à jouer des airs joyeux sur son clavecin. Je pense que ces commentaires sont plein de sagacité, et qu'on peut les relier au récit de Claude Cauveau-Lagarde.
https://maria-antonia.forumactif.com/t362p105-claude-chauveau-lagarde?highlight=chauveau

Il semble que Marie Antoinette ait toujours conservé un fond d'espoir. Avec des hauts et des bas, sans doute... mais qu'elle n'ait jamais perdu la force vitale qui faisait qu'elle était... ce qu'elle était...   

J'ai enfin le temps de revenir à ce récit passionnant...   


Dans la première période, et malgré les embarras d'une installation précipitée, la Commune eut pour les prisonniers certains égards. Ainsi "la table de la famille royale était alors très bien servie. Un nombre suffisant de personnes était occupé à l'office et à la cuisine. La plupart étaient d'anciens serviteurs qui avaient brigué cet emploi".

voir Quelques Souvenirs, par M. LEPÎTRE, p. 26.


Voici du reste l'état nominatif de ce personnel, ainsi que le chiffre des appointements alloués à chacun :




"L'étiquette et les formules observées pour la table de Louis, à sa cour, dit un rapport de Verdier, sont suivies au Temple.» Les mémoires présentés par les fournisseurs s'élevèrent, pour les vingt-cinq premiers jours, à la somme de 11 237 livres, que les commissaires réduisirent à 10400 livres. Pendant les vingt-trois derniers jours de septembre, la dépense fut de 8102 livres; pendant le mois d'octobre de 8 248 livres, et pendant celui de novembre de 8433 livres".

A ce moment, on le voit, la Commune ne lésinait point sur les dépenses de table des prisonniers.