correspondance de Marie Antoinette

Vous êtes sûres? Ce n'est pas parce que sur le manuscrit original certains passages sont illisibles?

Mais sinon en terme de quantité des lettres Lever reste exhaustive dans l'ensemble

Je n'y avais pas pensé.

olivia a écrit:

Mais par contre, je m'interroge : est-ce un parti-pris d'Evelyne Lever de ne mettre que la correspondance entre Marie-Thérèse/Marie-Antoinette et Mercy ou bien toutes les lettres à d'autres (frères, soeurs ...) ont disparu ou sont peu crédibles ? Enfin pour le début du livre. J'en suis à 1775 et à part Rosenberg (mais cette lettre est si célèbre qu'il est difficile d'en faire l'impasse), personne d'autre.

Il y a une part de parti pris, puisque Madame Lever ne cite que certaines lettres et en tronque d'autres.

L'écueil le plus important me semble cependant être la provenance et l'authenticité des lettres de Marie Antoinette : celles que recense Evelyne Lever pour cette première période sont gardées dans les archives de Vienne. Leur authenticité est au dessus de tout soupçon.

On ne peut pas en dire autant des fameuses lettres dites à Marie Christine, qui sont peut-être toutes forgées. Marie Antoinette avait en effet l'habitude de brûler sa correspondance, ses soeurs en faisaient de même.

Chou d'amour a écrit:

Non à ma connaissance Lever a été dans l'ensemble exhaustive et elle a choisi de ne pas mettre les lettres pour lesquelles il y avait un doute quant à leur authenticité

Pas seulement. De très belles lettres à Madame de Fitz James ne figurent pas dans le recueil, ni celles à Madame de Guéménée, gouvernante des enfants de France. Elle sont pourtant aussi authentiques qu'intéressantes.

En revanche, le fameux billet au plus aimant des hommes est bien dedans, alors que son authenticité est plus que douteuse. Voir Chalon.

olivia a écrit:

Chou d'amour a écrit:

Non à ma connaissance Lever a été dans l'ensemble exhaustive et elle a choisi de ne pas mettre les lettres pour lesquelles il y avait un doute quant à leur authenticité

Exhaustive... Elle coupe beaucoup. Les [...] ont le don de m'énerver. Comment peut-on savoir si ce qu'elle coupe n'est pas si intéressant que ça ? Si Marie-Antoinette dit qu'elle a changé de brosse à dent, bah moi, je trouve ça super intéressant. Plus que les "Sacrée Majesté" ou les "L'abbé se jette à vos pieds". Quoique cette dernière image soit rigolote.

Cette correspondance est lisible sur Gallica. Les passages coupés sont en effet intéressants.

Chou d'amour a écrit:

Vous êtes sûres? Ce n'est pas parce que sur le manuscrit original certains passages sont illisibles?

Mais sinon en terme de quantité des lettres Lever reste exhaustive dans l'ensemble

Non, non. Madame Lever a d'autorité tronqué des écrits de Mercy, pour ne citer que lui. Son recueil n'est pas exhaustif, hélas... Heureusement, il y a aussi la collection Paleo.

Je ne connais pas cette dernière .

Elle est très bien. C'est dans cette collection qu'une des lettres à Madame de Polignac est reprise qui ne figure pas chez Lever, celle où Marie Antoinette dit qu'elle ne sera tranquille que lorsqu'on aura rendu justice à son amie.

Chère Pim, je trouve étonnant que la Reine ait signée de Son Nom et non pas d'un trait comme usuellement. J'espére que Feuillet des Conches ne figure pas dans la lignée des propriétaires.

En effet, je me suis posé la question aussi. Mais Campan faisait-il partie des familiers de la reine ? Elle l'appelle bien dans cette lettre "Monsieur Campan".

pimprenelle a écrit:

Mais Campan faisait-il partie des familiers de la reine ?

Je suis allée demander à Jacob Nicolas Moreau, bibliothécaire de Marie-Antoinette par l'entremise de la comtesse de Noailles, ce qu'il savait de M. Campan .
D'après Moreau, Mme de Noailles créa la bibliothèque de la Dauphine ( en tout cas, c'est ce qu'elle lui dit ) dont l'abbé de Radonvilliers choisit tous les livres .
Quatre jours après le mariage, Moreau reçut une lettre de la comtesse l'informant que son brevet de bibliothécaire de la Dauphine était expédié chez le duc de la Vrillière.
Dès que Marie-Antoinette fut bien installée à Versailles, Moreau alla y recevoir ses instructions pour l'arrangement de sa bibliothèque :
Elle me donna rendez-vous au sortir de son dîner; je fus exact et montai à l'ancienne bibliothèque; les garçons de chambre, par son ordre, déménageaient les livres; je les arrangeai moi-même dans leurs corbeilles, et une chose que je ferai remarquer ici, c'est que je me rappelle très bien y avoir mis cet ouvrage que j'avais composé pour elle, en 1770, intitulé: " Bibliothèque de Mme la Dauphine " ; il est le seul que je n'aie pas retrouver en bas, dans le nouvel emplacement . Je soupçonne fort l'un des garçons de chambre, nommé Campan, qui, se croyant homme de lettres et voulant à toutes forces remplir les fonctions de bibliothécaire, a toujours été très fâché que j'en eusse le titre, de l'avoir enlevé, de crainte que la princesse ne le lût s'il lui tombait sous la main .
( Sacré Campan ! Il faisait des niches à Moreau !!! )
Moreau poursuit, pour réjouir Pim sans doute, en brossant ce tableau charmant de Loulou et Marie-Antoinette : Je descendis chez Mme la Dauphine; elle m'ouvrit la porte elle-même et me dit : " M. le Dauphin est là actuellement qui fait votre charge; il range mes livres . " Effectivement, M. le Dauphin était sur une échelle et plaçait les volumes . Je répondis : " Madame, c'est un bibliothécaire de trop bonne maison pour que j'aille sur ses brisées . " Elle reprit : " Vous aurez donc congé aujourd'hui; revenez demain à midi et demi . "
C'est-y pas mignon tout plein ?

Jacob Nicolas Moreau prend aussitôt sa charge très à coeur . Il propose à Marie-Antoinette de faire mettre sur toutes les tablettes de la bibliothèque des lettres qui, jointes dans le catalogue au numéro indiquant le rayon, lui servirait à découvrir facilement le volume dont elle aurait besoin .
Il s'attèle à la tâche, fait imprimer des numéros, des lettres dorées appliquées sur du velin, et pendant plusieurs jours, aidé du libraire de la Dauphine et de son secrétaire à lui, il fait coller devant lui les lettres sur les tablettes, les numéros sur les livres .....
Marie-Antoinette allait et venait pendant ce temps-là, poursuit Moreau . Je ne fus pas sans m'apercevoir que cela causait beaucoup d'inquiétude aux garçons de la chambre, surtout à Campan qui ne la quittait pas et lui parlait avec un grand air de capacité dont je riais intérieurement ..........

Moreau trouve une alliée contre Campan :

....... Dans cet intervalle de huit jours, j'attrapai quelques paroles, au grand mécontentement de tout son intérieur ( Mme la Dauphine ), excepté de Mme de Misery, l'une de ses premières femmes de chambre, qui me témoigna toujours beaucoup d'intérêt et était foncièrement jalouse des airs que prenanit M. Campan . Je fus quelques temps sans avoir la double clef de ces bibliothèques : la princesse l'avait encore, et Campan espérait bien qu'elle lui serait abandonnée; la bonne Mme de Misery saisit le moment de se faire commander de me la remettre .......

Eh bien ! c'était chaud entre Campan et Moreau !!!
Je crois me souvenir que c'est Henriette qui gratifie son beau-père du titre de bibliothécaire de Marie-Antoinette. La charge lui est-elle échue quand Jacob Nicolas Moreau devint Historiographe de France ?

A mon avis ce devait être tendu entre pas mal de serviteurs : le clan des Campan, le clan des Thierry, Vermond détesté des Campan et a priori un duo Moreau/Mme de Misery.

pimprenelle a écrit:

Elle est très bien. C'est dans cette collection qu'une des lettres à Madame de Polignac est reprise qui ne figure pas chez Lever, celle où Marie Antoinette dit qu'elle ne sera tranquille que lorsqu'on aura rendu justice à son amie.

Merci Pim, tes connaissances sur le sujet sont impressionnantes. Il faut absolument que je trouve cette collection Paléo.  

Tu te souviens que Moreau était l'oncle de Yolande, par son premier mariage avec Mlle de Coulange dont la grand-mère était comtesse de Polastron .

Ah non, j'avais zappé, désolée.

Ben Olivia voyons on n'a pas de mémoire ?      

J'aime bien ce type d'autant que je lui dois un de mes plus gros achats. J'ai acheté ce printemps un livre de lui, édition 1782 (200 euros, gap )
Flûte, impossible de remettre la main sur mon cordon pour vous le montrer en photo. Enfin, pour ceux que ça intéresse, le titre est " Les devoirs du prince, réduits à un seul principe ; ou Discours sur la justice dédié au roi."

Je le lirai un jour...

Citation :

Citation :

Tu te souviens que Moreau était l'oncle de Yolande, par son premier mariage avec Mlle de Coulange dont la grand-mère était comtesse de Polastron .

Ben Olivia voyons on a pas de mémoire ?      

Mon cerveau après le boulot est une vraie passoire.

olivia a écrit:

J'aime bien ce type d'autant que je lui dois un de mes plus gros achats. J'ai acheté ce printemps un livre de lui, édition 1782 (200 euros, gap )
Flûte, impossible de remettre la main sur mon cordon pour vous le montrer en photo. Enfin, pour ceux que ça intéresse, le titre est " Les devoirs du prince, réduits à un seul principe ; ou Discours sur la justice dédié au roi."

Je le lirai un jour...

En voici l'idée fondamentale :

Tant que les princes seront élevés en princes, ils seront toujours mal élevés; tout le monde en convenait, mais on prétendait qu'il était impossible de les élever autrement . C'était nous ôter pour jamais l'espérance d'avoir de grands rois et cette assertion me révoltait .

Citation :

Je ne connais pas cette dernière .

C'est une belle collection d'écrits privés...hélas, hors de prix !  

..... comme souvent !  Pim nous en parle régulièrement .

A défaut de posséder ces originaux hors de prix, notre boudoir constitue petit à petit une collection de photos, qui me ravissent !  

olivia a écrit:

A mon avis ce devait être tendu entre pas mal de serviteurs : le clan des Campan, le clan des Thierry, Vermond détesté des Campan et a priori un duo Moreau/Mme de Misery.

Oui, ce devait être un vrai panier de crabes, tout Versailles, d'ailleurs. Du haut en bas, les gens n'avaient rien de plus urgent à faire que de se tirer dans les pattes pour monter plus haut que le voison.
Ah, la hiérarchie... cet atavisme qui nous vient du grand singe...  

Mais nous devons évidemment tenir compte de toutes ces jalousies lorsque nous étudions les témoignages, qu'il ne faut donc pas prendre tout à fait à la lettre. Cela dit, il ressort nettement des extraits cités que le père Campan n'était pas si proche de Marie Antoinette.

La signature qui a attiré notre attention n'est peut-être pas si déplacée...