| | Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives | |
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Auteur | Message |
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madame antoine
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| Sujet: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Sam 8 Nov - 21:44 | |
| Bonjour,
Voici les pièces justificatives concernant l'affaire du Complot de l'Oeillet. Ce complot avait pour but de faire évader la Reine Marie-Antoinette de la Conciergerie. Les renseignements proviennent du livre d'Emile Campardon, Marie-Antoinette à la Conciergerie (du 1er août au 16 octobre 1793) : pièces originales conservées aux Archives de l'Empire, suivies de notes historiques et du procès imprimé de la reine, Paris, 1863.
COPIE DU RAPPORT FAIT PAR LE CITOYEN GILBERT, GENDARME DE GARDE PRÈS LA VEUVE CAPET AU CITOYEN DU MESNIL, LIEUTENANT-COLONEL DE LA GENDARMERIE PRÈS LES TRIBUNAUX (1).
Rapport du 3 septembre 1793.
Mon colonel, Dans un poste aussi délicat, je manquerai absolument à mon devoir de ne pas vous instruire sur des risques qu'il pourroit survenir par des entrevues de gens suspects qui s'introduisent chez la femme Capet; enfin, pour vous mettre au fait et ne point me compromettre, ni mon camarade, ni le corps en entier, voici dans mon âme et conscience l'exacte vérité : L'avant-dernière fois que le citoyen Michonis est venu, il y est venu avec un particulier dont l'aspect a fait tressaillir la femme Capet, qui ma déclaré être un ci-devant chevalier de saint Louis; mais qu'elle tremblait qu'il ne fut découvert et qu'elle était bien surprise de la manière qu'il avait pu parvenir jusqu'à elle.
Elle m'a de même déclarée qu'il luy avait fait tenir dans ce même jour un œillet dans lequel il y avait un billet, et qu'il devait revenir le vendredy suivant.
De plus, sa femme de chambre étant à jouer une partie de carte avec moi, la femme Capet a profité de cette occasion pour écrire avec une épingle un papier qu'elle m'a remis à dessein de le remettre au certain quidam ; mais ne voulant pas avoir rien à me reprocher sur la place et les devoirs que j'avais à remplir, je me suis transporté aussitôt chez le concierge, à la femme duquel je luy ai remis le billet et fait absolument le rapport aussi exact que j'ai l'honneur de vous le présenter.
P. S. Le citoyen Dufresne est absolument ignorant de la chose sinon moi de luy. Déclaré présence d'un de mes camarades nomme Lamblot.
Signé: GILBERT.
Pour copie conforme BOTOT DU MESNIL (2), Lieutenant-colonel de gendarmerie.
Déposé sur la table du greffe, à l'audiance du tribunal, le 28 brumaire l'an second de la. République.
FILLEUL, commis-greffier.
(1) Arch. de l'emp., carton W 297, dossier 261, cote 27e. (2) Botot du Mesnil (Jacques-Marie), âgé de trente-cinq ans, né à Paris, y demeurant rue de la Calandre, nO 14, commandant de la gendarmerie. (Arch. de l'emp., carton W 297, dossier 2G1.)
madame antoine _________________ Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)
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| | | madame antoine
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Sam 8 Nov - 22:06 | |
| Pièce n°2, l'interrogatoire de la Reine
N° 2
CONVENTION NATIONALE (1).
Comité de sûreté générale et de surveillance de la Convention nationale.
Du trois septembre 1793, l'an second de la République française une et indivisible, quatre heures après midy. Nous, Représentants du peuple, députés à la Convention nationale, chargés par le Comité de sûreté générale de nous transporter à la Conciergerie pour y prendre des renseignements relatifs à la dénonciation faite ce jour d'huy par le citoyen Dumessin (2), lieutenant-colonel de la gendarmerie près les tribunaux, nous sommes arrivés dans ladite maison accompagnés du citoyen Aigron (3), aide de camp de la force armée de Paris, que nous avons requis de nous accompagner et du citoyen François Bax, secrétaire commis du Comité de sûreté générale.
En entrant nous avons appelé l'officier de poste, et l'avons requis de nous donner six gendarmes, l'un desquels nous avons fait placer dans la pièce où se trouve en arrestation la veuve de Louis Capet, avec ordre donné audit gendarme de ne laisser entrer ni sortir personne, et nous étant retirés dans une pièce particulière de ladite maison, nous avons envoyé appeler auprès de nous le citoyen Michonis, ensuite d'un arrêté que nous avons pris en conséquence et que nous lui avons fait porter par un gendarme; ensuite nous avons donné ordre que l'on conduisit près de nous la veuve de Louis Capet.
Entrée, nous lui avons fait les interrogations suivantes :
(1) Archives de l'empire, carton W 297, dossier 261, cote 7e. (2) Son véritable nom était Botot du Mesnil. (3) Ordre du jour du général Hanriot, commandant la force armée de Paris, en date du 6 ventose an 11. « Egron, se disant secrétaire de la commission de l'armée de l'Ouest, et ci devant aide de camp honoraire de la force armée de Paris, doit etre arreté partout ou on le trouvera et amené à l'état major général. » (Arch. de l'emp., comité de surveillance de Paris, 12e carton.)
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| | | madame antoine
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Sam 8 Nov - 22:12 | |
| D. Est-ce vous qui vous nommés la veuve Capet?
R. Oui.
D. Ne voyez-vous personne dans la maison où vous êtes détenue?
R. Personne que ceux qu'on a placé auprès de moi, et des administrateurs qui sont venus avec des personnes que je ne connais pas.
D. N'avez-vous pas vu il y a quelques jours un ci-devant chevalier de Saint-Louis?
R. Il est possible que j'aie vu quelque visage connu, il en vient tant.
D. Ne sauriez-vous le nom d'aucun de ceux qui sont venus avec les administrateurs?
R. Je ne me rappelle pas le nom d'aucun d'eux.
D. Parmi ceux qui sont entrés dans votre appartement, n'en aves-vous pas reconnu aucun particulièrement? -
R. Non.
D. N'y a-t-il pas quelque jour que vous en aves vu un que vous avez reconnu ?
R. Je ne m'en rappelle pas.
D. Ce même homme ne vous aurait-il pas fait tenir un œillet ?
R. Il y en a dans ma chambre.
D. Ne vous aurait-on point remis un billet?
R. Comment pourrais-je en recevoir, avec les personnes qui sont dans ma chambre, et la femme qui est avec moi ne quitte pas la fenêtre.
D. N'est-il pas possible qu'en vous présentant un œillet, il y eut quelque chose dedans et qu'en lacceptant un billet soit tombé, ou qu'on est pu le ramasser (sic)?
R. Personne ne m'a présenté d'œillet, aucun billet n'est tombé par terre que j'aie vu ; il a pu tomber quelque chose mais je n'ai rien vu; mais j'en doute, parce que la femme qui est avec moi auroit pu le voir, et elle ne m'en a rien dit.
D. N'avez vous rien écrit depuis quelque jour?
R. Je n'ai pas même de quoi écrire.
D. Ne vous seriez-vous servie d'aucun instrument ou d'aucun moyen pour transmettre vos idées ?
R. N'étant pas seule, même un moment, je ne le pourrais pas.
D. Il y a quelque jour qu'un chevalier de Saint-Louis (1) est entré dans votre logement, vous avez tressailly en le voyant ; nous vous demandons de répondre si vous le connaissez?
R. Il est possible que j'aie vu des visages connus, comme je l'ai dit plus haut, et que dans l'état de crispation de nerfs où je me trouve j'aye tressailli sans savoir ni quel jour, ni pour qui, ni pour quoi.
(1) Ce chevalier de Saint-Louis s'appelait de Rougeville. Voyez pour les détails sur ce personnage les interrogatoires de Sophie Lebon, veuve Dutilleul, et les notes historiques qui se trouvent à la fin de ce volume.
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| | | madame antoine
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Sam 8 Nov - 22:19 | |
| D. Nous vous observons cependant qu'il a été déclaré que vous connaissiez le ci-devant chevalier de Saint-Louis, et que vous tranbliez qu'il ne fut reconnu, ce sont les expressions dont on dépose que vous vous etes servie ?
R. Il est à croire que si j'avais tramblé qu'il ne fut reconnu je n'en aurais pas parlé, ou j'aurais eu un intérêt à le cacher.
D. N'avez-vous pas déclaré que ce même chevalier de Saint-Louis qui vous avait présenté un œillet devait revenir un vendredy?
R. J'ai déclaré au commencement que personne ne m'avait rien présenté, si je devais croire que quelqu'un dut revenir je ne l'aurais pas dit.
D. N'avez-vous pas profité du moment que votre femme de chambre était à jouer une partie de cartes pour écrire avec une épingle à ce même particulier qui avait présenté l'œillet dans lequel devait être le billet, afin qu'il fut remis à ce particulier?
R. J'ai commencé à dire et je répète que je n'ai écrit d'aucune manière. Si je voulais faire quelque chose et m'en cacher je ne le pourrai pas, parce que je suis toujours vue par les personnes qui sont avec moi, même pendant la partie de cartes; pour avoir à faire une réponse à ce particulier il faudrait le connaître, avoir reçu quelque chose de lui, et les personnes qui sont avec moi, je ne les chargerais pas de la commission, parce que je crois qu'elles remplissent assez leur devoir pour ne pas s'en charger.
D. Dans la position où vous êtes, il serait naturel de profiter de tous les moyens qui vous seroient offerts pour vous échaper et pour transmettre vos idées à ceux dans lesquels vous croiriez avoir confiance. Il ne serait donc pas étonant que ce chevalier de Saint-Louis fut une personne qui pourroit vous être affidée et dont par la même, vous auriez interet de ne pas parler?
R. Il serait bien malheureux que les gens qui m'intéressent m'eussent frapée aussi peu ; si j'étais seule je ne balancerai pas à tenter tous les moyens pour me réunir à ma famille, mais ayant trois personnes dans ma chambre, quoique je ne les con- nusse pas avant de venir ici, je ne les compromettrai jamais sur rien.
D. N'avez-vous aucune connaissance des événements actuels et de la situation des affaires politiques?
R. Vous devez savoir qu'au Temple nous ne savions rien, et que je n'en sais pas d'avantage ici (1).
D. Vous avez eu connaissance sans doute de l'affaire de Custine (2). Ne connaissiez-vous rien de relatif à ses projets?
R. J'ai su qu'il était dans la même prison que moi, et je n'en connais les raisons ni les causes.
(1) On lit en marge, de la main de Fouquier-Tinville : « Le contraire est prouvé par la déclaration de Capet fils. » (2) Custines (Adam-Philippe), ci-devant général en chef de l'armée du Nord, condamné à mort par le tribunal révolutionnaire comme traître à la patrie. (Arch. de l'emp., carton W 280, dossier 124.)
madame antoine
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| | | madame antoine
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Sam 8 Nov - 22:24 | |
| D. Ne vous est-il venu aucune relation par voie indirecte, de ce qui se passe dans votre famille?
R. Aucunement, je sais que mes enfans se portent bien, voila tout ce que j'en ai su.
D. Par qui avez-vous eu des nouvelles de vos enfans ?
R. Par les administrateurs qui me l'ont dit.
D. N'avez-vous rien apris particulierement des avantages que nous avions remportés sur les Autrichiens ?
R. J'ai entendu souvent au Temple les colporteurs crier Grande victoire tantôt d'un côté, tantôt d'un autre ; je n'en ai pas su d'avantage.
D. Ne s'est-il présenté aucune occasion de faire connaître à votre famille, votre position et de profiter des dispositions de vos amis ?
R. Jamais, depuis un an la position dont nous etions au Temple rendait la chose impossible.
D. Est-il bien vrai que vous n'ayez conservé aucune relation en dehors, par des moyens cachés ?
R. Aucune, il aurait fallu le pouvoir.
D. Vous interessez vous au succès des armes des ennemis ?
R. Je m'interesse au succès de celles de la nation de mon fils ; quand on est mère c'est la première parenté.
D. Quel est la nation de votre fils?
R. Pouvez-vous en douter, n'est il pas Français?
D. Votre fils n'étant qu'un simple particulier, vous déclarés donc avoir renoncé à tous les privilèges que lui donna jadis les vains titres de Roi ?
R. Il n'en a pas de plus beau et nous non plus que le bonheur de la France.
D. Vous êtes donc bien aise qu'il n'y ait plus ni Roi, ni royauté?
R. Que la France soit grande et heureuse, c'est tout ce qu'il nous faut.
D. Vous devez donc désirer que les peuples n'est plus d'oppresseurs, et que tous ceux de votre famille qui jouissent d'une autorité arbitraire subissent le sort qu'ont subi les opresseurs de la France ?
R. Je réponds de mon fils, de moi; je ne suis point chargée des autres.
D. Vous n'avez donc jamais partagé les opinions de votre mary?
R. J'ai rempli toujours mes devoirs.
D. Vous ne pouvez pas cependant vous dissimuler qu'à la cour il n'existât des hommes dont les interets etaient en sens inverse de ceux du peuple?
R. J'ai rempli mes devoirs en tout ce que j'ai fait, dans ces tems-là comme à présent.
D. Comment vos devoirs s'arrangeaient ils donc avec la fuite que vous avez préméditée et qui s'exécutait du côté de Varennes?
R. Si on nous eut laissé achever notre course, et que nous eussions pu faire ce que nous méditions, on nous aurait rendu justice.
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| | | madame antoine
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Sam 8 Nov - 22:34 | |
| D. Quel était donc votre objet en quittant le centre de la France?
R. De nous donner une espèce de liberté que nous n'avions pas depuis le mois d'octobre 1789, mais jamais de quitter la France.
D. Pourquoi prometiez vous donc au peuple à votre retour de Versailles de lui rester attaché et de vous plaire à vivre au milieu du peuple de Paris?
R. C'était pour revenir plus librement au milieu de lui que nous faisions notre course.
D. Comment cette fuite s'accordait-elle avec la question que vous faisiez à la municipalité la veille de votre fuite : Eh bien, dit-on toujours que nous voulons quitter Paris ?
R. Ce n'est pas à la municipalité de Paris que j'ai fait cette question, c'est à un aide de camp de Lafayette, et devant suivre les personnes qui partaient ; jamais je n'ai du en avoir l'air.
D. Comment, ayant tout préparé pour votre fuite du vingt un, avez vous pu répondre à ceux qui vous invitaient d'assister à la cérémonie de la Fête- Dieu, que vous y auriez assisté et que vous y assisteriez?
R. Je ne me rappelle pas moi personnellement avoir fait cette réponse, je devais suivre mon époux et mes enfants, je n'avais rien à dire. J'observe que je tiens beaucoup à ce qu'on ne croye pas que c'est à un corps que j'ai fait l'interpellation relative à notre fuite. Ça toujours été nous qui avons donné dans tous les tems l'exemple du respect du aux autorités.
D. Comment, ayant avoué que vous ne désirez que la prospérité et la grandeur de la nation française, avez vous pu manifester un désir aussi vif d'employer tous les moyens pour vous réunir à votre famille en guerre avec la nation française ?
R. Ma famille, c'est mes enfants, je ne peux qu'etre bien qu'avec eux, et sans eux, nulle part.
D. Vous regardés donc comme vos ennemis ceux qui font la guerre à la France?
R. Je regarde comme mes ennemis tous ceux qui peuvent faire du tort à mes enfants.
D. De quelle nature sont les torts que l'on peut faire à vos enfants?
R. Toute espèce de torts quelconque.
D. Il est impossible que vous ne regardiez pas plus particulièrement comme tort, ceux qui auraient pu être faits d'après vos idées à votre fils relativement à l'abolition de la royauté; que répondés vous ?
R. Si la France doit etre heureuse avec un Roy, je désire que ce soit mon fils, si elle doit l'etre sans roi, j'en partagerai avec lui le bonheur.
D. La France étant constituée en république par le vœu prononcé de vingt-cinq millions d'hommes et par toutes les sections du peuple, vous déclarés donc désirer que vous et votre fils vous existiez comme de simples particuliers dans la République, et qu'elle repousse loin de son territoire tous les ennemis qui l'ont attaquée ?
R. Je n'ai d'autre réponse à faire que celle que j'ai faite à la question précédente.
Lecture faite de l'interrogatoire et des reponses actuelles, la veuve de Louis Capet y a persisté, elle a approuvé la radiation et l'apostille faite à la fin de la seconde page, celles faites à la seconde ligne de la troisième page, deux interlignes à la troisième page, plusieurs mots rayés à la quatrième page, plusieurs mots à la septième et à la huitième, et elle a signé avec nous et avec le citoyen Cailleux (1), membre du corps municipal et administrateur de police présent à l'interrogatoire.
MARIE-ANTOINETTE, AMAR, J. SËVESTRE, CAILLEUX, BAX, secrétaire commis.
(1) Cailleux (Michel-François), fabricant de gazes et membre de la municipalité, demeurant à Paris, rue Saint-Denis, no 54.
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| | | madame antoine
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Sam 8 Nov - 22:51 | |
| Pièce n°3, interrogatoire de Marie Harel
Interrogatoire de la citoyenne qui est auprès de la femme veuve Louis Capet, ensuite des ordres de l'administration de police.
D. Comment vous appellés vous?
R. Marie, femme Harel (1).
D. N'avez vous point vu venir un ci devant chevalier de Saint Louis, accompagné d'un officier municipal ?
R. Je n'ai vu personne.
D. Ne connaissez vous pas le citoyen Michonis?
R. Oui, je le connais.
D. Vous rappellés vous le jour où il est venu ici ?
R. Non.
D. N'était il pas accompagné de quelqu'un?
R. Il était seul.
D. Le citoyen Michonis n'est il point venu, il y a quelques jours, accompagné de quelqu'un?
R. Oui, il y est venu accompagné d'un jeune homme que je ne connais pas.
D. Cet homme a t'il parlé à la veuve Capet?
R. Il a resté à côté du gendarme et il n'a pas souflé.
D. Le particulier qui était avec Michaudis (sic) a t'il parlé à la femme Capet ?
R. Non.
D. Ne vous êtes vous point apperçu que la présence de ce particulier avait causé de l'émotion à la veuve Capet?
(1) Marie-Antoinette fut transférée à la Conciergerie le 2 août 1793; elle fut mise dans la chambre du conseil, d'où l'on ôta le général Custines. La femme Harel fut désignée pour la servir, mais elle était malade et fut remplacée pendant quatre ou cinq jours par une femme de quatre-vingts ans, nommée madame Larivière, qui avait servi autrefois chez le duc de Penthièvre, et qui avait été concierge de l'amirauté au Palais. Madame Harel (Marie Devaux) était âgée de trente-six ans; elle était femme de François-Simon Harel, âgé de soixante-cinq ans, garçon de bureau à la Mairie.
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| | | madame antoine
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Sam 8 Nov - 23:18 | |
| R. Non : tous ceux qui entrent lui font de l'effroy: mais je ne m'en suis pas apperçue pour la personne dont il est question.
D. Comment était vêtu ce jeune homme?
R. Je ne peux pas bien dire comment.
D. Ne vous etes vous point apperçu que le même jour que ce jeune homme a été introduit avec Michonis, on est fait parvenir un œillet à la femme Capet?
R. Je n'ai pas vu ça.
D. Ne reçoit elle pas des fleurs?
R. Oui.
D. Qui est ce qui les lui apporte?
R. Ce sont les gendarmes qui sont commis à sa garde.
D. Est ce elle qui a demandé des fleurs?
R. Non.
D. Parmi les fleurs qui lui ont été présenté, y avait il des œillets?
R. La pluspart sont des œillets ; il y a de la tubéreuse et des juliennes.
D. Après que le jeune homme est sorti avec Michonis, la veuve de Louis Capet n'a t'elle rien dit ?
R. Non, et les gendarmes m'ont demandé si ce n'était pas le fils de Michonis, et j'ai répondu que je n'en savais rien.
D. Pendant que Michaunis (sic) et ce particulier étaient dans l'appartement, n'étiez vous pas occupée à faire une partie de cartes?
D. N'avez vous jamais joué aux cartes avec aucun gendarme?
R. Oui, deux fois aux cartes avec des gendarmes dans l'appartement de la veuve Capet.
D. Quels sont les gendarmes avec qui vous avez joué?
R. Avec le citoyen Gilbert.
D. Tendis que vous faisiez ces parties, ne vous etes vous point apperçue de quelque signe ou de quelque rapport entre Michonis et le particulier qui l'accompagnait et la veuve Capet ?
R. Ce n'était pas ce jour là; car le jour où Michonis et le particulier dont vous me parlez sont venus, je ne jouais pas, j'étais à travailler.
D. Tendis que vous etiez à jouer aux cartes, n'est il entré personne?
R. Les citoyens Jaubert et Michonis sont entrés.
D. Depuis que vous êtes avec la veuve Capet, n'êtes vous point sortie de la maison ?
R. Non.
D. Ne vous êtes vous jamais apperçue qu'il y eut quelque intelligence entre quelque particulier que ce fut et la veuve Capet ?
R. Non.
D. Depuis que vous êtes avec la veuve Capet, ne vous a t'elle pas parlé de sa position?
R. Elle m'a parlé de ses enfants, et qu'on l'avait mortifiée au Temple.
D. N'avez vous jamais aperçu, se servir d'une épingle ou de quelque autre chose pour écrire?
R. Non, jamais.
D. Connaissés vous tous ceux qui se sont présentés devant la veuve Capet ?
R. Non.
D. En connaissez vous quelques uns?
R. Je ne connais que les administrateurs et les secrétaires.
D. Est il venu quelquefois avec les administrateurs et les secretaires d'autres personnes qu'eux ?
R. Oui, une fois ou deux ; mais je ne connais pas les personnes et je ne peux pas dire quelles sont ces personnes.
Lecture faite de l'interrogatoire, a déclaré contenir vérité et a signé avec nous.
HAREL, AMAR, CAILLIEUX, J. SÉVESTRE, BAX, secrétaire commis.
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| | | madame antoine
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Sam 8 Nov - 23:31 | |
| Pièce n°4, l'interrogatoire de Michonis
Interrogatoire du citoyen Jean-Baptiste Michonis.
D. Comment vous appellés vous?
R. Jean Baptiste Michonis (1).
D. Quel est votre état?
R. Limonadier, rue Dupuis, à la Halle.
D. Etes vous venu quelquefois clans cette maison, auprès de la femme Capet ?
R. Tous les jours, ou presque tous les jours.
D. Quelles sont les fonctions qui vous ont amené dans cette maison ?
R. Administrateur de police, chargé de la partie des prisons.
D. N'y a t'il pas quelque jour que vous y êtes venu avec un chevalier de Saint Louis ?
R. Je n'en connais pas; mais j'observe que différentes fois je suis venu avec plusieurs personnes que la curiosité avait amenées, et auxquelles je n'aurais pas refusé de venir avec moi.
D. Parmi ces particuliers que vous y avez introduits, ne vous êtes vous point aperçu qu'il y en avait qu'un autre interet que la curiosité amenait?
R. Je vous assure que je n'en connais pas d'autres que ceux que la curiosité amenait.
D. Ces particuliers n'ont ils jamais parlé à la veuve Capet ?
R. Non, jamais, à ma connaissance.
D. Quelques uns de ces particuliers n'ont ils pas occasionné de l'émotion à la femme Capet?
R. Je ne m'en suis pas apperçu.
D. La femme Capet faisait elle beaucoup d'attention aux personnes qui sont venues?
R. Je ne m'en suis pas apperçu.
(1) Michonis (Jean-Baptiste), limonadier, officier municipal, natif de Paris, y demeurant rue de la Grande-Friperie, section des Marchés. Poursuivi sous la prévention d'intelligences avec les prisonniers du Temple, il fut traduit au tribunal révolutionnaire; acquitté sur le fait d'intention, il fut néanmoins retenu en prison en vertu de la loi du 17 septembre 1793 (loi des suspects), par jugement du 29 brumaire an ii. (Arch. de temp., carton W. 297, dossier 261, cote 258.) Le 4 prairial an II (samedi 23 mai 1794), une tentative d'assassinat fut commise sur Collot d'Herbois par un nommé Admirai; le même jour, on arrêta, dans l'allée de la maison où demeurait Robespierre, 366, rue Saint-Honoré, une jeune fille nommée Cécile Renault; son air égaré, ses réponses étranges, deux petits couteaux qu'elle portait sur elle firent penser à une nouvelle Charlotte Corday. Les comités du gouvernement crurent voir dans la tentative d'Admiral et dans celle que l'on imputait à Cécile Renault la manifestation d'un grand complot, que l'on intitula la Conspiration de l'étranger. Par suite de l'instruction de cette affaire, cinquante-quatre prévenus furent renvoyés au tribunal révolutionnaire le 29 prairial an ii (mercredi 17 juin 1794). Parmi eux se trouvait Michonis; ils furent tous condamnés à la peine de mort comme complices de la Conspiration de l'étranger et de l'assassinat des représentants du peuple Collot d'Herbois et Robespierre. Ils marchèrent à l'échafaud couverts de la chemise rouge des assassins, ce qui fit appeler cette fournée « la Conspiration des cardinaux. » Michonis était détenu depuis les premiers jours de septembre 1793.
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| | | madame antoine
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Sam 8 Nov - 23:39 | |
| D. Connaissés vous tous ceux qui vous ont témoigné le désir d'être admis avec vous à visiter la femme Capet?
R. Oui je les connais et je vais tacher de dire leurs noms, autant que je pourrai m'en souvenir.
Le citoyen Giroud maître de pension faubourg St-Denis : 2° Le limonadier attenant la porte cochère faubourg St-Denis n° 10. 3° Un des commis qui demeure rue de la Juiverie et qui travaille à la comptabilité, dont j'ignore le nom. 4° Un autre; peintre dont je ne me rappelle pas le nom, et différentes autres personnes non con- nues qui me témoignant le désir de m'accompagner à la Conciergerie y sont venues avec moi parce qu'ils savaient que j'étais chargé de la partie des prisons et à plusieurs reprises differentes je les ai amenées.
D. En quel nombre les avez vous introduites?
R. Je n'en ai jamais amené qu'un seul à la fois, et toujours en la présence du concierge et de son épouse.
D. Combien y a t'il de tems que vous venez dans cette maison voir la veuve Capet?
R. Depuis sa sortie du Temple.
D. L'avant dernière fois que vous êtes venu n'etiez vous pas accompagné d'un particulier à vous inconnu?
R. Oui, il m'était inconnu.
D. Pouvez vous dépeindre la tournure, l'habit, la taille et la figure de ce particulier?
R. Il avait un habit gris, un visage grêlé, âgé de 30 à 40 ans, de la taille de 5 pieds un ou deux pouces.
D. Ou avez vous trouvé ce particulier?
R. Chez le citoyen Fontaine ci-devant marchand de bois, rue de l'Oseille au Marais (1).
D. Ce particulier vous fit il beaucoup d'instances pour venir avec vous ?
R. Il me dit qu'il aurait un plaisir infini de la voir.
D. Quel est l'état de ce particulier?
R. Il vit de son bien.
D. Savez vous son nom ?
R. Non, mais je me charge de vous le dire.
D. Quel jour ce particulier s'est il rendu à la Mairie (2) pour venir avec vous voir la veuve Capet
R. Jeudy ou vendredy dernier.
D. Vous rappelés vous l'époque ou il vous fit la demande chez le citoyen Fontaine de venir avec vous ?
R. Il y a environ quinze jours.
D. Vous fit il cette demande tout haut ?
R. En présence de tout le monde, il y avait même trois députés à la Convention dont j'ignore le nom.
Fait et après lui avoir fait lecture de l'interrogatoire et des réponses, a déclaré contenir vérité, et a signé avec nous.
MICHONIS, AMAR, CAILLIEUX, J. SÉVESTRE, BAX, secretaire commis.
(1) Fontaine (Pierre), âgé de quarante-huit ans, ci-devant marchand de bois, vivant actuellement de son bien, natif de Corbigny (Nièvre), demeurant à Paris, 48, rue de l'Oseille, fut traduit au tribunal révolutionnaire sous la prévention d'intelligences avec Marie-Antoinette, et acquitté par jugement du 29 brumaire an n. (Arch. de Vemp., carton W 297, dossier 261.) (2) Les bureaux de la Mairie, où se trouvait l'administration de police, étaient situés dans l'ancien hôtel du premier président du Parlement de Paris, occupé aujourd'hui par la préfecture de police.
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Dim 9 Nov - 0:07 | |
| Et de suite avons donné, l'ordre signé de nous avec l'empreinte du sceau du comité, à un des gendarmes de service d'amener le citoyen Fontaine, rue de l'Oseille au Marais, pour repondre sur les interrogatoires qui lui seront faits, et en attendant qu'il paraisse , nous avons continué nos interrogatoires ainsi qu'il suit.
Pièce n°5, Interrogatoire du citoyen Gilbert gendarme national
D. Comment vous appellés vous, et quelle est votre profession ?
R. Gilbert, gendarme national auprès des tribunaux.
D. Est ce vous qui avez écrit au citoyen Dumesnil votre lieutenant colonel pour lui dénoncer l'entrevue d'un particulier avec la veuve Louis Capet à laquelle il a du remettre un œillet dans lequel était un billet?
R. Oui.
D. Récités nous les circonstances particulières de ce fait, telles que vous les avez vues ?
R. Le citoyen Michonis est venu avec un particulier il y a quelque jour et c'est son avant dernière visite auprès de la veuve Capet; le citoyen Michonis lui a donné des nouvelles de sa famille, et pendant ce tems le particulier s'est approché de la femme de chambre qui était en face de la veuve Capet, à laquelle il a fait signe qu'il laissait tomber un œillet, laquelle veuve Capet n'ayant pas paru comprendre le signe, il s'approcha d'elle, et lui dit à voix basse de ramasser l'œillet qu'il avait laissé tomber à côté du poële derrière la femme de chambre, et elle l'a ramassé aussitôt.
Je déclare que la veuve Capet m'a elle même avoué ce que je viens de dénoncer, ne m'étant aperçu ni du signe, ni entendu les propos du particulier.
Michonis et ce particulier étant sortis, la veuve Capet me dit à moi : « Voyés comme je suis tramblante; ce particulier que vous venez de voir est un ci devant chevalier de St-Louis, employé aux armées, auquel je suis redevable de ne m'avoir pas abandonné dans une affaire : Vous ne vous douteriez pas de la manière dont il si est pris pour me faire passer un billet; il m'a fait signe de l'œil et ne comprenant pas ce qu'il voulait exprimer, il s'est approché de moi, et m'a dit à voix très-basse : Ramassez donc l'œillet qui est à terre et qui renferme mes vœux les plus ardens, je reviendrai vendredy. Après m'avoir ainsi parlé, je me suis baissée et j'ai relevé l'œillet qui m'était indidiqué, dans lequel, j'ai trouvé le billet qui renfermait le désir sincère du particulier. »
Le déposant ajoute qu'il a vu en effet la veuve Capet se baisser, mais que ne prévoyant pas quelle en était la cause ni le motif, il ne vit rien en elle qu'une très vive émotion, son visage changé de couleur et ses membres tremblants ; un instant après Michonis et le particulier qui était venu avec lui se disposant à sortir, la veuve Capet lui dit : « Je vous fais donc un adieu éternel, » à cela Michaunis (sic) répondit : « point du tout, si je ne suis plus ad- ministrateur de la police, étant officier municipal, j'aurai le droit de venir et de vous faire visite tant qu'elle vous sera agréable. » Michaunis (sic) sortit avec le particulier et ce fut alors qu'elle me montra un billet qu'elle avait piqué et dont les pointes formaient deux ou trois lignes d'écriture ; elle me dit : « Voyés je n'ai pas besoin de plume pour écrire. » Elle ajouta que c'était une réponse pour remettre le vendredy suivant à celui qui avait donné le billet inséré dans l'œillet. La femme de chambre qui était sortie quelque temps auparavant pour aller chercher de l'eau, étant rentrée pendant que la veuve Capet achevait sa phrase. Je pris le billet qu'elle avait pointé et je le mis dans ma veste, et je sortis sur le champ pour aller trouver la femme du concierge à qui je dis que j'avais quelque chose à lui confier, et la tirant à l'écart je lui remis le billet piqué en lui racontant ce qui venait de se passer comme je viens de le déclarer ci dessus, en lui recommandant de ne pas égarer ce billet et elle le ferma sur le champ dans son portefeuille.
Je lui recommandai encore d'en instruire le citoyen Michonis et elle m'a dit l'avoir fait et que Michonis lui avait répondu de laisser cela la, que désormais il n'amènerait plus personne avec lui. Le déposant ajoute que le lendemain du jour où il fit la remise du billet à la femme du concierge, la veuve Capet continua, comme elle l'avoit fait la veille, de lui redemander son billet; et qu'il lui répondit qu'il étoit tombé entre les mains dé la femme du concierge, et qu'elle lui avoit pris dans sa poche avec plusieurs autres papiers, afin de se débarrasser de ses persécutions.
D. Les officiers municipaux ou administrateurs de police ont-ils amené beaucoup de monde avec eux dans la chambre de la veuve Capet , toutes les fois qu'ils sont venus ?
R. Plusieurs sont venus à différentes reprises avec une, deux, et quelquefois même trois personnes, que je présume être des fonctionnaires publics.
Lecture faite du présent interrogatoire, a déclaré contenir vérité , et a signé avec nous. Et avant de signer, avons demandé au déposant si la veuve Capet ne lui avoit point fait part du contenu du billet qui lui avoit été remis par le citoyen qui étoit venu avec le citoyen Michonis. Le déposant a répondu que la veuve Capet lui avoit déclaré à lui et à son maréchal des logis, que le billet etoit conçu à peu-près en ces termes: « Ma protectrice, je ne vous oublierai jamais; je chercherai toujours les moyens de pouvoir vous marquer mon zèle; si vous aviez besoin de trois cents louis, je suis prêt à vous les offrir.»
Telles sont les dépositions du citoyen Gilbert, qui a signe avec nous. Signé j Gilbert, Cailleux, J. Sevestre , Amar, Bax , secr. gén.
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Dim 9 Nov - 8:53 | |
| Pièce n°6, interrogatoire du citoyen Fontaine
Nous commissaires, après avoir pris les réponses de la veuve Louis Capet, de sa femme de chambre, du citoyen Michaunis nous les avons fait passer chacun séparément dans un appartement voisin, sans aucune communication entre eux.
Interrogatoire du citoyen Fontaine.
D. Comment vous appellés vous?
R. Pierre Fontaine, demeurant rue de l'Oseille au Marais comparaissant ensuite de la réquisition que vous m'avez faite de me rendre auprès de vous.
D. N'avez vous pas eu à diner chez vous, il y a environ quinze jours, dix à douze citoyens, au nombre desquels était le citoyen Michonis ?
R. Oui.
D. Connaissés vous le nom de tous les particuliers qui étaient à diner chez vous et surtout d'un ci devant chevalier de Saint Louis?
R. J'ai connu un particulier qui m'a été amené par une femme nommée Dutilleul (1) qui a diné chez moi deux ou trois fois avec ce particulier lequel elle m'a dit se nommer de Rougeville demeurant avec elle à Vaugirard presque vis à vis l'église à droite en y allant par les boulevards.
D. Avez vous quelque relation avec ce particulier?
R. Aucune.
D. Combien avez vous diné de fois chez lui?
R. Ji ai diné trois fois, et la dernière dimanche dernier avec deux femmes, l'une marchande (1), près la Porte Saint Denis, et l'autre (2) dont je ne sais pas également le nom, et qui demeure rue Philip aux.
D. Avez vous parlé de nouvelles et d'affaires relatives à la Révolution ?
R. Nous en avons parlé indifféremment.
(1) Dutilleul (Sophie Lebon, veuve), âgée de vingt-trois ans, vivant de son bien, née à Paris, y demeurant à Vaugirard, nO 60. Elle fut poursuivie et acquittée par le tribunal révolutionnaire le 29 brumaire an u. Elle était prévenue d'intelligences avec Marie-Antoinette à la Conciergerie. (Arch. de l'emp., carton W 297, dossier 261.)
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Dim 9 Nov - 8:58 | |
| D. Savez-vous dans quel corps a servi le nommé Rougeville et en quelle qualité?
R. Je n'en sais rien du tout.
D. Comment aves vous su qu'il était chevalier de Saint Louis?
R. Par la citoyenne Dutilleul.
D. La maison ou demeure le nommé Rougeville avec la citoyenne Dutilleul est elle toute entière occupée par eux?
R. Oui, ils occupent toute la maison et un jardin.
D. Y a t'il plusieurs domestiques dans cette maison?
R. Je ni ai vu la dernière fois qu'une femme pour servir et une autre vieille employée au jardin.
D. Y a t'il longtems que le citoyen Michaunis et le particulier nommé Rougeville se sont trouvés ensemble chez vous ?
R. lis y ont diné aujourd'hui.
D. Savez vous si ce particulier est actuellement à Paris?
R. Je le présume sans l'assurer qu'il doit coucher cette nuit à Paris, ayant déclaré en ma présence ainsi que la femme Dutilleul qu'ils avaient des affaires à Paris et qu'ils feraient aussi bien d'y rester.
Telles sont les réponses qu'il nous a déclaré contenir vérité et a signé avec nous après lui avoir lu son interrogatoire.
FONTAINE, AMAR, J. SÉVESTRE, CAILLIEUX, BAX, secrétaire commis.
(1) Garnotel (Henriette-Angélique-Laurence), âgée de vingt-six ans, femme Desguillot, lingère, porte Saint-Denis. (Arch. de l'emp., carton W 297, dossier 261.) (2) Provot (Françoise-Adélaïde), âgée de dix-sept ans, née à Paris, y demeurant, porte et carré Saint-Denis *, lingère. (Arch.de l'emp., carton W 297, dossier 261.) * Il y a évidemment erreur dans l'énonciation de cette adresse; au lieu de carré Saint-Denis, qui n'a jamais existé, il faut lire carre Saint-Martin, lequel est, comme on le sait, voisin de la rue Phélippeaux.
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Dim 9 Nov - 9:04 | |
| Pièce n°7, Interrogatoire du citoyen Jean Alaurice François Lebrasse, officier de la gendarmerie nationale et commandant de poste à la Conciergerie.
D. Comment vous nommez vous ?
R. Jean Maurice François Lebrasse (1).
D. N'avez vous aucune connaissance de faits relatifs à l'entrevue d'un particulier qui a été introduit par le citoyen Michonis dans l'appartement de la veuve Capet?
R. Qu'il a eu connaissance de l'affaire dont il est question que par un officier de son corps nommé Adené (2), que le citoyen Gilbert avait chargé d'aller chez le colonel pour l'engager à se rendre à la Conciergerie, et qu'il ne s'y était pas rendu ; que l'importance de l'affaire ayant paru mériter le plus grand interet, et craignant que si le peuple en avait connaissance, il pourrait avec raison être allarmé qu'on n'y donnat pas plus de suite, il s'était déterminé à se présenter chez le citoyen Chabot accompagné de deux de ses camarades pour lui découvrir ce qu'il savait d'une conspiration qui pouvait avoir les suites les plus sérieuses, puisque ce particulier avait trouvé le moyen de parler à la veuve Capet et de lui remettre un billet ; que la négligence de ceux qui avaient connaissance de cette affaire lui a paru inexcusable.
Tel (sic) est sa déposition et a signé LEBRASSE, AMAR, CAILLIEUX, J. SÉVESTRE, BAX, secrétaire commis,
(1) Lebrasse {Maurice-François), âgé de trente et un ans, né à Rennes, lieutenant de gendarmerie près les tribunaux, demeurant rue Saint-Jacques, 27, Fut l'un de ceux qui accompagnèrent Louis XVI le 21 janvier 1793, dans la voiture qui le conduisit à l'échafaud. Impliqué dans la conspiration d'Hébert et de Chaumette, il fut traduit avec ce dernier au tribunal révolutionnaire. Voici en quels termes l'acte d'accusation s'exprime sur son compte : « Lebrasse, agent de Ronsin, pour qui le grade de colonel de la gendarmerie devait être le prix du crime dont il se serait couvert.» Il fut condamné à mort et guillotiné le 24 germinal an II (lundi 13 avril 1795). (Arch. de l'emp., carton W 345, dossier 676.) Lebrasse était aussi auteur dramatique. Voici les titres des pièces qu'il composa : 1° L'Acceptation de la Constitution, ou les Projets du fédéralisme déjoués; un acte en prose; allait être jouée au théâtre de la Cité quand il fut incarcéré; 2° Auguste Linger, ou la Véritable bravoure, fait historique; un acte, en prose; 3° Baras et Sophie, ou le Mariage assorti, pièce à sentiments ; 3 actes, en prose, Et 4° Le Scrutin épuratoire des Champs-Elysées, ou l'Apothéose des martyrs de la liberté, pièce épisodique; un acte, en prose. (Arch. de temp. Déclaration de la veuve Chaupin, W 500, cote goe.) (2) Adenet (Louis), âgé de quarante-cinq ans et demi, né et demeurant à Paris, rue de la Harpe, 322, capitaine de h gendarmerie parisienne. (Arch. de l'emp., carton W 297, dossier 261.)
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Dim 9 Nov - 9:06 | |
| Pièce n°8, Déposition du citoyen Perrey, gendarme national.
Qui déclare qu'étant allé conformement à nos ordres chercher le citoyen Fontaine, ce particulier étant dans la voi Lure avec lui, lui a dit qu'il se dou tait bien pourquoi il était mandé, que c'était relativement à la veuve Capet, mais qu'il n'avait rien à dire et a signé.
PERREY, AMAR, CAILLIEUX, J. SÉVESTRE, BAX, secrétaire commis.
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Dim 9 Nov - 9:08 | |
| Pièce n°10, Second interrogatoire du citoyen Fontaine.
D. Ayant été appelé auprès de nous, comment avez vous pu soupçonner de quelle affaire il était question en disant : « Ah J je sais bien ce que c'est. » ?
R. Parce que vous m'avez parlé de chevalier de Saint Louis et que cela m'a mis sur la voye.
D. Avez-vous quelque connaissance que le nommé Rougeville ait eu des relations avec la veuve Capet ?
R. Aucune du tout.
D. Pourquoi donc venant ici accompagné d'un gendarme, avez vous dit : « Je sais bien de quoi il est question; c'est relativement à la veuve Capet; mais je n'ai rien à dire. » ?
R. Qu'il n'a entendu parler que de la citation de la veuve Capet au tribunal criminel.
D. Quel est le signalement du nommé de Rougeville ?
R. C'est un petit homme de cinq pieds un pouce, marqué de petite vérole, ayant peu de cheveux sur le haut de la tète, portant des boucles pendantes, un habit rayé boue de Paris, cheveux chatains, pale, teint clair, visage un peu rond.
Et a signé avec nous.
FONTAINE, CAILLIEUX, J. SÉVESTRE, BAX, secrétaire commis.
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Dim 9 Nov - 9:08 | |
| Après avoir pris les interrogatoires ci dessus, et les réponses personnelles des dénommés avons arrêté que le nommé Rougeville et la femme Dutilleul demeurant à Vaugirard seront arretés et traduits à l'Abbaye pour être interrogés de suite par le Comité de Sureté Genérale et que Rougeville sera gardé au secret jusqu'alors que perquisition exacte serait faite dans ses papiers et ceux de la femme Dutilleul pour être apportés au Comité ceux desdits papiers qui paraîtraient suspects; En conséquence nous avons nommé pour l'exécution de notre présent arreté le citoyen Baudrais administrateur de la police de Paris auquel nous avons donné tous pouvoirs nécessaires par un arreté séparé du présent.
Et en ce qui concerne Fontaine voulant prévenir toute correspondance entre lui, Rougeville et la femme Dutilleul, arrêtons que le citoyen Baudrais en vertu de la réquisition spéciale que nous lui avons donnée séparée du présent, fera mettre un gendarme dans les appartements intérieurs dudit Fontaine et un préposé de police chez son portier afin d'empecher toute communication extérieure de la part dudit Fontaine et pour faire arreter plus sûrement ledit Rougeville et la femme Dutilleul qui pourraient se présenter chez lui dans le courant de la journée; au surplus, nous avons continué nos interrogatoires et avons signé.
AMAR, J. SÉVESTRE, CAILLIEUX, BAX, secrétaire commis.
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Dim 9 Nov - 9:12 | |
| Pièce n°11, Déclaration du citoyen François Defraisne maréchal des logis de la gendarmerie nationale près les tribunaux, de garde dans l'appartement de la veuve Capet.
D. Avez vous connaissance d'une visite rendue il y a quelque jour par le citoyen Michonis accompagné d'un autre à la veuve de Louis Capet R. Oui.
D. Pourriez vous nous raconter les circonstances particulières de cette entrevue et ce qui vous a été dit à ce sujet par la veuve de Louis Capet?
R. Le citoyen Michonis est venu avec un particulier à moi inconnu ils se sont approchés tous les deux de la table qui était devant elle, elle a demandé à Michaunis des nouvelles de ses enfants, il lui a répondu qu'ils se portaient bien ; alors j'ai remarqué une grande agitation sur le visage et dans les membres de la veuve Capet, les larmes lui ont tombé des yeux, un grand feu lui était monté au visage, dans cet état, elle s'est retirée un peu en dedans du paravent; elle a parlé à Michonis, et l'autre particulier était derrière Michaunis.
Je n'ai pu entendre bien distinctement ce qu'ils disaient. Après cette conversation, Michaunis s'est retiré avec le particulier.
Mon camarade m'ayant déclaré que la veuve Capet lui avait fait un aveu relatif à l'entrevue du particulier introduit dans son appartement par Michaunis, j'en ai eu moi-même la preuve, parce que je lui ai entendu faire le même aveu qu'elle avait fait à mon camarade, savoir que ce particulier était un chevalier de Saint Louis qui lors de l'affaire du vingt juin, ne l'avait pas quittée, qu'il avait laissé tomber un œillet dans lequel était renfermé un billet et qu'elle ne s'en serait pas apperçue sans le signe qu'il lui fit de le relever; que ce billet contenait une offre en louis qu'il avait à son service, et qu'elle avait répondu en piquant un papier avec une épingle ce qui formait des lettres.
Mon camarade m'a dit devant la veuve Capet qu'il avait mis ce billet dans sa poche au moment où la femme de chambre rentrait, et qu'étant sorti, la femme du concierge lui avait mis la main dans ses poches et lui avait pris ses papiers parmi lesquels se trouvait ce billet; moyen dont il m'a avoué s'etre servi pour empecher la veuve Capet de continuer ses instances pour le reavoir, et qu'il l'avait remis à la femme du concierge.
J'ajoute que ce soir lorsque la veuve Capet s'est retirée après avoir été interrogée, elle a dit devant mon camarade et devant moi qu'elle avait craint que le particulier ne fut apperçu par nous. Versant des larmes elle nous a engagé de ne pas répéter ce qu'elle nous avait confié à cet égard.
Tels sont les dépositions qu'il a déclaré contenir vérité, et a signé avec nous.
DESFRENNES, CAILLIEUX, AMAR, J. SÉVESTRE, BAX, secrétaire commis.
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| | | madame antoine
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Dim 9 Nov - 9:18 | |
| Pièce n°12, Interrogatoire de la citoyenne Richard (1), femme du concierge de la maison où nous sommes.
D. Comment vous nommés vous?
R. Marie Richard, femme du concierge.
D. Avez vous quelque rapport avec la veuve de Louis Capet?
R. Non.
D. Savez vous des moyens qu'on employé pour lui parler ?
R. Je n'en connais aucun.
D. N'avez vous pas connaissance qu'un particulier l'aye vue avec le citoyen Michaunis?
R. Je ne m'en suis pas apperçue.
D. N'êtes vous pas dépositaire d'un papier qui vous a été remis par un gendarme, lequel était piqué et venait de la veuve Capet?
R. Que Gilbert, l'un des gendarmes commis à la garde de la veuve Capet, m'a remis ce papier et qu'il m'a recommandé de le remettre au citoyen Michaunis, en m'avertissant que les personnes qu'il amenait ici, pouvaient me compromettre, et de suite j'ai remis le papier au citoyen Michaunys qui est venu ici le même jour et presque dans le même moment.
Lecture faite de l'interrogatoire et des réponses, a signé : Femme RICHARD, AMAR, CAILLIEUX, J. SÉVESTRE, BAX, secrétaire commis.
(1) Richard (Toussaint), concierge de la maison de justice, et sa femme, Marie-Anne Barassin, furent tous deux incarcérés à la suite de l'affaire de l'œillet. Ils furent mis en liberté et reprirent leur service à la Conciergerie le ler frimaire an II, ainsi que le prouve la pièce suivante : Comité de sûreté générale et de surveillance de la Convention nationale. « Du ter frimaire, l'an ne de la République française, une et indivisible. « Le Comité de sûreté générale de la Convention, vû la lettre du citoyen accusateur public près le tribunal révolutionnaire, arrête que le citoyen Richard, concierge, sa femme et leur fils, seront mis en liberté, ne s'étant trouvé aucune charge contre eux dans l'affaire de Michonis et autres officiers municipaux. « Les membres du comité de sûreté générale de la Convention nationale, « Signé : M. BAYLE, GUFFROY, VADIER, DAVID, Louis (du Bas-Rhin), PANis et LAVICOMTERIE. » (Arch. de temp., collection Rondonneau. Bullet. du tribunal révolutionnaire, u° 53.) Madame Richard, qui se fit remarquer par son humanité sous la terreur, périt assassinée, dans les dernières années du siècle deruier, par un des détenus de la Conciergerie.
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| | | madame antoine
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Dim 9 Nov - 9:21 | |
| Pièce n°13, Second interrogatoire du citoyen Michaunis
D. Avez vous connaissance du billet qui a été remis par Gilbert gendarme à la concierge?
R. Oui.
R. Où est ce billet?
R. Le voici tel que la citoyenne Richard me l'a remis.
D. Savez vous d'ou venait ce billet?
R. J'ai l'honneur de vous observer que c'est madame Richard qui me l'a remis, je n'en sais pas d'avantage.
D. Quel jour vous a-t-on remis ce billet?
R. Le lendemain ou le surlendemain du jour ou je suis entré avec un particulier dont il a été déjà parlé dans mon précédent interrogatoire.
D. Vous avez déclaré que vous n'etiez jamais venu ici qu'avec une seule personne à la fois, et cependant il est établi que vous avez introduit deux ou trois personnes à la fois?
R. Cela peut etre.
D. Vous avez déclaré que vous ne connaissiezpas particulièrement celui que vous aviez introduit dans l'appartement de la veuve Capet, et il est apris que vous vous trouvez assez fréquemment avec lui, et qu'aujourd'hui encore vous avez diné ensemble chez le citoyen Fontaine?
R. J'ai été à trois heures chez le citoyen Fontaine, et j'ai trouvé le particulier dont il est question à table.
D. Comment est-il possible que vous ignoriez le nom, tandis que vous l'avez vu plusieurs fois?
R. Je vous jure que je ne le sais pas.
D. N'avez vous point eu de relation particulière avec lui ou des conversations particulières pendant le tems ou vous l'avez vu chez le citoyen Fontaine?
R. Je n'ai jamais eu de conversation particulière et secrete avec lui, car je ne le connais pas et nous nous sommes vus que publiquement que devant tout le monde qui était là.
D. Dans les discours qu'a pu tenir ce particulier n'avez vous pas soupçonné que c'était un contre révolutionnaire ou un homme incivique?
R. Je ne l'ai jamais entendu rien dire, et il n'a parlé que des choses générales, et s'il avait dit quelque chose de contraire à la révolution, je ne l'aurais pas souffert.
D. Comment donc, ne connaissant pas le caractère de cet homme, avez vous commis l'imprudence de le mener aussi legerement dans un lieu ou il ne doit entrer que les fonctionnaires publics à qui la surveillance de la veuve Louis Capet spéciale est confiée ?
R. J'ai fait la même chose pour lui, comme j'ai fait pour les autres, et je ni ai pas mis de difficulté attendu que la surveillance est fort bien établie auprès de la veuve Capet.
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| | | madame antoine
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Dim 9 Nov - 9:24 | |
| D. Vous venés de dire que vous avez reproché à ce citoyen de vous avoir compromis, comment et de quelle manière avez vous su qu'il vous avait compromis?
R. Parce que madame Richard m'a dit que c'était un chevalier, qu'il y avait eu un billet qu'elle avait déposé entre mes mains.
D. Comment, sachant que ce particulier vous avait compromis et vous étant trouvé avec lui, vous fonctionnaire public, ne vous etes vous pas informé du nom et de la demeure de celui qu'on vous avait dit etre un chevalier?
R. Comme je 'n'ai pas mis d'importance à la chose, et que j'ai cru que c'était une affaire finie, je n'ai mis aucune suite à cet objet parce qu'il ne m'a pas paru en mériter.
D. Nous vous observons que lorsque la citoyenne Richard vous remit le billet qui venait de la veuve Louis Capet, vous lui repondites qu'il fallait laisser cela la, et n'en point parler; désavoués vous e fait?
R. Je conviens de lui avoir dit ce que vous me repetez, parce que en effet je n'i attachais aucune importance.
D. La citoyenne Richard, en vous déposant ce billet qu'elle était chargée de vous remettre, ne vous a-t'elle point dit que ce billet venait de la femme Capet et qu'il était destiné à ce chevalier dont il est question?
R. Elle ne m'a pas dit qu'il était destiné à ce chevalier.
D. N'était il pas de votre devoir, sachant que ce billet venait de la femme Capet et qu'il était écrit avec une épingle, de vous informer à qui il était destiné et de ce qu'il contenait, et n'était-il pas bien probable qu'en se plaignant de l'entree ici de ce particulier, à l'instant même ou on vous remettait ce billet vous deviez soupçonner que c'était à lui qu'il pouvait être adressé et qu'il y avait la nécessairement une intrigue et qu'il importait à l'interet public de la dévoiler. Comment donc, vous trouvant avec ce particulier n'avez vous pas fait toutes les poursuites qu'une affaire aussi sérieuse exigeait d'un fonctionnaire public?
R. Je vous reitere que j'ai mis si peu d'importance à la chose, et que j'ai cru qu'elle était finie.
D. Vous convenés que madame Richard vous a prévenu que l'homme que vous aviez amené avec vous auprès de la veuve Louis Capet était un chevalier, vous avez senti l'inconvénient et le danger de l'avoir admis, vous lui en avez fait des reproches aujourd'hui, donc vous avez senti qu'un homme pareil était suspect, il faut donc etre ou bien aveuglé ou bien indifférent sur ses devoirs pour n'avoir pas fait arreter cet homme immédiatement après la remission du billet que vous a fait madame Richard?
R. Je vous observe que j'ai regardé la chose comme non avenue et comme finie et ne devant pas avoir de suites, et la chose en est si vraie que je me suis trouvé aujourd'huy sans le savoir puisqu'il est vrai que je ne lui ai pas remis le billet.
D. Sur notre interpellation qui vous a d'abord été faite de déclarer si vous n'avez pas demandé à ce particulier si c'était à lui qu'était destiné le billet, vous avez répondu négativement, et cependant vous venés de nous dire que parmi les reproches que vous lui avés adressés vous n'avés pas oublié celui que ce billet pouvait etre pour lui ?
R. J'ai reproché à ce particulier qu'il avait manqué de me mettre dans le plus grand embarras et qu'il était assez à présumer que le billet qu'on - m'avait remis pouvait etre destiné pour lui.
D. Quelles ont été les réponses de ce particulier à vos reproches ?
R. Il m'a dit qu'il en était bien fâché et qu'il ne l'avait pas fait dans cette vue la.
D. Connaissés vous le domicile de cet homme?
R. Oui, citoyen, il demeure à Vaugirard chez la citoyenne Dutilleul.
D. Savés vous son nom?
R. Je ne le sais pas et je ne l'ai jamais su.
D. Nous vous observons qu'ayant mangé plusieurs fois avec lui chez le citoyen Fontaine que vous connaissés; que sachant le nom et la demeure de la femme chez laquelle il est logé il est bien étonnant que vous ne sachiez pas son nom que toutes les probabilités annonçent devoir vous etre connu.
R. Je réponds que je ne le sais pas.
D. Vous n'avez donc pas entendu prononcer son nom chez le citoyen Fontaine, et malgré l'interet que vous deviez avoir à le connaitre, puisque cet homme vous avait compromis, comment n'avés vous pas cherché à le savoir?
R. Je fais la même réponse que j'ai faite auparavant, et je ne croyais pas qu'il fut important pour moi de l'apprendre, puisque je n'attachais aucune importance à cette affaire.
Lecture faite du présent interrogatoire et des réponses, a déclaré contenir vérité et y persister, et nous commissaires avons annexé le billet piqué avec une épingle au présent interrogatoire (1), observant qu'il ne nous parait présenter aucune lettre, ni liaison d'aucun mot, et que nous nous réservons de vérifier par preuve et autres témoignages, si c'est le même billet qui a été remis successivement par la veuve de Louis Capet au gendarme Gilbert, par celui-ci à la femme du concierge, et enfin par cette dernière au déposant qui a signé avec nous.
MICHONIS, AMAR, J. SÉVESTRE, CAILLIEUX, BAX, secrétaire commis.
(1) A l'interrogatoire se trouve en effet attaché avec une épingle un petit morceau de papier jauni par le temps et criblé de trous en tous sens, mais où il est impossible de lire quoi que ce soit.
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| | | madame antoine
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Dim 9 Nov - 9:29 | |
| Nous avons fait appeler la citoyenne Richard, lui avons présenté le billet, et elle a reconnu que c'était le même qu'elle a remis au citoyen Michonis et a signé avec nous.
FEMME RICHARD.
Le citoyen Gilbert appelé pour reconnaitre le billet, l'a également reconnu et a signé, il a déclaré que la veuve Capet vient de lui demander si le chevalier de Saint Louis dont il a été question dans toutes les dépositions ci dessus a été arrêté, il lui a répondu qu'il n'en savait rien et a signé.
GILBERT.
Le citoyen Jean Maurice Francois Brasse (sic) lieutenant de gendarmerie près les tribunaux, étant descendu ce matin dans la chambre de la veuve Capet, il a entendu cette dernière demander aux gendarmes commis à sa garde, si le chevalier de Saint Louis dont il est question dans la déposition ci dessus était arrêté, sur quoi les gendarmes ont repondu qu'ils ne le savaient pas et a signé.
LEBRASSE.
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| | | madame antoine
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Dim 9 Nov - 9:36 | |
| Pièce n°14,Second interrogatoire de Marie Antoinette veuve Capet
Nous avons acquis par les dépositions et par les pièces de conviction qui sont entre nos mains, que dans les faits sur lesquels nous vous avons interrogée et que vous avez niés, vous avez dit faux?
R. Donnés moi la preuve.
D. On vous a demandé s'il n'y avait pas quelque jour que vous aviez vu un ci devant chevalier de Saint Louis que vous aviez reconnu, vous avez dit non?
R. Me rappellant le jour qu'il est venu, je l'ai connu.
D. Nous vous avons demandé si le même homme ne vous avait pas fait tenir un œillet, vous avez répondu non, le contraire a deposé que oui?
R. Je réponds que la seconde fois qu'il est rentré dans ma chambre, j'ai appris qu'il y avait un œillet, je ni avais pas fait assez d'attention pour m'en etre apperçue.
D. Vous convenés donc qu'il y en avail un?
R. Oui.
D. Vous avés nié d'avoir pris et ramassé un billet qui était dans l'œillet?
R. Je l'ai pris et ramassé.
D. Que contenait ce billet?
R. Des phrases vagues : « Que prétendez vous faire, que comptez vous faire, j'ai été en prison, je m'en suis tiré par un miracle; je viendrai vendredy. » D. Etait ce la première ou la seconde fois que vous l'avez vu?
R. Je ne l'ai reconnu que cette seule fois, et s'il y était venu auparavant, je ne l'aurais pas reconnu.
D. Ce billet ne contenait il pas autre chose et ni avait il point d'offre ?
R. Il y avait un offre d'argent ; mais je n'en ai pas besoin et je n'en accepterai de personne.
D. Il paraît que vous avez reconnu cet homme ; savez vous son nom?
R. Je me rappelle dé l'avoir vu souvent, mais je ne sais pas son nom.
D. Dans quelle occasion l'avez-vous connu?
R. Je l'ai vu aux Tuilleries.
D. N'y a t'il pas une époque remarquable ou vous avez fait plus d'attention de lui?
R. Oui, à l'époque du 20 juin 1792, il était dans la même chambre où j'étais.
D. Y resta t'il longtems ?
R. Tout le tems que ji ai été.
D. D'où venaient les craintes que vous avez eues qu'il ne fut reconnu ?
R. Que tout homme qui vient ici peut se compromettre.
D. Ce même homme vous parla t'il à l'époque du 20 juin?
R. Il me parla comme tout le monde; il y avait huit à dix personnes : c'était dans le moment ou j'étais encore renfermée.
D. Que vous dit il alors? ne vous parla t'il point des événements?
R. Je ne m'en rappelle pas du tout; je n'étais occupée que de mes enfans et de ce qui m'était cher dans le cbateau.
D. Cet homme vous a fil demandé quelque faveur, quelque grâce?
R. Du tout.
D. Pourquoi vous appelle t'il sa protectrice dans le billet qu'il vous a écrit?
R. Cela ni était pas.
D. Qu'est devenu ce billet ?
R. Je l'ai déchiré en mille petits morceaux.
D. Avez vous répondu à ce billet?
R. Répondu, non.
D. Si vous n'avés pas répondu, vous avez écrit, du moins. Que contenait cet écrit ?
R. Avec une épingle, j'ai essayé de marquer : « Je suis gardée à vue, je ne parle ni n'écris. »
D. Reconnaitriés vous le papier s'il vous était présenté ?
R. Oui.
D. Est-ce ce billet la?
R. (Après l'avoir considéré.) Oui, c'est le même.
D. Cet homme vous adressa t'il quelque parole?
R. Des mots vagues.
D. Vous rappelez-vous de ces mots?
R. Dans le moment ou je parlais de sensibilité, il me dit : « Le cœur vous manque t'il » ? et je répondis : « Il ne me manque jamais, mais il est profondément affligé. » D. Cet homme ne versa t'il pas des larmes?
R. Il pouvait etre touché, il pouvait en faire semblant.
D. L'administrateur Michaudis vous a t'il fait quelque proposition?
R. Jamais.
D. Pourquoi témoignés vous tant d'intérêt de le revoir?
R. Parce que son honnetete et son humanité vis à vis de ceux même qui sont malheureux m'avait touchée.
D. Cet interet semblerait cependant avoir un autre motif et provenir de ce qu'il avait introduit dans votre appartement un homme qui vous offrait des services?
R. Il est à croire que Michaudis ne le connaissait pas lui-même; quant au même l'interet, je le lui avais témoigné à l'époque de sa nomination à la municipalité.
D. Ce même homme n'était il point un de ceux qui a servi dans la journée du dix août?
R. Non, je ne li ai pas vu.
D. Ne l'aviés vous point vu du tems que vous etiés au Temple?
R Du tout, il ni venait que des membres de la commune.
D. N'y avés vous pas vu Manuel?
R. Il y est venu trois fois à ce que je crois.
D. N'avez vous eu aucune relation à l'epoque du dix aout avec des députés de l'Assemblée législative ?
R. Non.
D. Etiés vous instruite à l'époque d'avant le dix aout des affaires politiques ?
R. Je n'en savais que ce que m'en disait la personne à laquelle j'étais uniquement attachée?
D. Vous faisait elle part de ses projets?
R. Elle me disait ce que sa confiance lui faisait dire.
D. Approuviez vous ces projets?
R. Tout ce qui pouvait tendre à la tranquillité de tous était son vœu et le mien.
D. Si tels etaient vos sentimens, pourquoi n'avés vous pas puni de la manière la plus exemplaire ceux qui en votre nom et pour vous, ont insulté dans le chateau des Thuileries des soldats fédérés qui chantaient Veillons au salut de l'Empire?
R. Je ne connais pas ce détail la : je jouissais de sa confiance, je partageais vivement ses peines et je ne pressais ni ne demandais de punition.
D. Comment se peut il que si tout le bonheur du peuple était l'unique objet de vos vœux, le peuple était si malheureux, si constamment vexé et tyrannisé par les perfidies de la cour et les trahisons du ministère?
R. Il y a eu beaucoup de trahison ; je ne suis pas à même de les connaitre ni de les dire; ce que je sais, c'est que son cœur ne voulait que le bonheur.
Avant de terminer nos interrogatoires, la déposante déclare que si d'abord elle n'a pas dit la vérité, c'est qu'elle n'a pas voulu compromettre ce particulier, et qu'elle préférait de se nuire à elle même; mais que voyant la chose découverte, elle n'a pas alors balancé à déclarer ce qu'elle savait.
Telles sont les dépositions et déclarations, et a signé avec nous.
MARIE ANTOINETTE, AMAR, CAILLIEUX, J. SÉVESTRE, BAX, secrétaire commis.
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| | | madame antoine
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Dim 9 Nov - 9:40 | |
| Et attendu les faits résultant et réponses dont aux interrogatoires ci dessus, avons arreté provisoirement, sauf l'approbation, pour la réformation, du Comité de Sûreté Generale : Le citoyen Michaudis sera conduit à la Conciergerie pour y demeurer jusqu'à ce qu'autrement soit ordonné (1).
Fait et arrêté à la Conciergerie, ce 4 septembre, à sept heures et demi du matin, l'an deux de la Republique une et indivisible.
Et nous avons fait expédier un double du présent arrêté.
AMAR, J. SÉVESTRE, CAILLIEUX, BAX, secrétaire commis.
(1) Michonis resta à la Conciergerie jusqu'au 8 septembre, époque où un arrêté du comilé de sûreté générale signé Basire, Amar et Julien de Toulouse, ordonna son transfèrement dans la maison de sûreté dite l'Abbaye. (Arch. de l'emp., carton W 297, dossier 261, cote 2e.)
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| | | madame antoine
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| Sujet: Re: Le Complot de l'Oeillet, pièces justificatives Dim 9 Nov - 9:44 | |
| N° 3
CONVENTION NATIONALE
Comité de sûreté générale et de surveillance de la Convention.
Du 5 septembre i793 (1), l'an second de la République française, une et indivisible.
Pièce n°15, interrogatoire de Sophie Dutilleul
D. Comment vous nommez vous?
R. Sophie Le Bon, veuve Dutilleul.
D. Quel âge avez vous ?
R. Vingt trois ans, je suis née à Paris, paroisse Saint-Eustache.
D. Quel est votre état?
R. Je n'en ai pas.
D. Y a t'il longtemps que vous connaissez le nommé Rougeville?
R. Environ huit mois.
D. Quel agc a Rougeville, d'ou est-il, quel est son état, et que faisait il dans l'ancien régime ?
R. Il a trente trois ans, il est d'Arras, il était dans la maison militaire du ci-devant Monsieur, aujourd'hui il n'a plus d'état.
D. Connaissez vous le nommé Fontaine, y a t'il longtemps gue vous le connaissez et Rougeville est il très lié avec lui?
R. Je connais Fontaine depuis un an à peu près, et Rougeville ne le connait que depuis qu'il a été mis aux Madelonnettes. J'ai connu Fontaine chez la citoyenne Étienne qui tient l'hôtel, ci-devant Dauphin, des Quatre-Fils, rue des Quatre-Fils, près l'hotel Soubise.
D. Y a t'il longtemps que vous n'avez vu le nommé Paumier neveu de Fontaine?
R. Je ne le connais pas.
D. Connaissez vous la citoyenne Bridau maitresse de Paumier?
R. Non.
D. Rougeville vous a t'il parlé quelquefois de la ci devant reine?
R. Indifféremment.
D. Vous a t'il témoigné le désir de voir la cidevant reine dans sa prison ?
R. Jamais.
D. Rougeville avait il de grandes liaisons avec Michonis?
R. Je ne lui en connais pas, il n'a vu Michonis que chez moi le jour de la Sainte-Anne, chez Fon- taine le jour de la Saint-Pierre et mardi dernier quand nous y avons diné ensemble.
(1) Arch. de temp., carton W 297, dossier 261, cote 28e.
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