Bonjour,
Nous avons souvent l'impression d'être mitraillés par les publicités et nous pensons peut-être que c'est un mal du siècle. Détrompons-nous, le peuple du XVIIIème siècle à Paris était lui aussi envahi par les annonces diverses. On lira à ce sujet les intéressantes remarques de l'historien Daniel Roche. Pour Daniel Roche, on peut comparer le Paris du XVIIIème siècle à « un livre qu’on lit et qui change chaque matin quand les quarante afficheurs autorisés arrivent avec leur colle et leur pinceau pour fournir une parure neuve au public ». Voici un exemple de ces annonces avec une affiche de 1753 pour signaler une épée trouvée.
Bibliothèque historique de la ville de ParisLouis-Sébastien Mercier est quant à lui l'auteur d'une importante description de Paris parue en 1781. Ses constatations vont dans le même sens. « Les afficheurs crient et vendent les sentences des criminels, et se réjouissent des exécutions qui leur font gagner quelqu’argent, ainsi qu’à l’imprimeur. Ces affiches sont arrachées le lendemain, pour faire place à d’autres. Si la main qui les colle ne les déchirait pas, les rues à la longue seraient obstruées par une sorte de carton grossier résultat du sacré et du profane mêlés ensemble : comme mandements ; annonces de charlatans ; arrêts de la cour de parlement ; arrêts du conseil qui les cassent ; biens en décret, ventes après décès et au dernier enchérisseur ; monitoires ; chiens perdus ; sentences du châtelet… »
Le peuple est le plus souvent la dupe de ces annonceurs, comme le relève un observateur anonyme en 1760 : « A Paris comme ailleurs, et plus qu’ailleurs, on se moque impunément du public, de ce bon public qui ne s’en aperçoit seulement pas. On lui promet un jour les Danaïdes, on s’y porte en foule, l’affiche est changée, c’est Chimène. On annonce “Le Mariage de Figaro”, un ordre arrive, c’est “Rodogune” qu’on substitue. Les auteurs, les acteurs, les marchands les femmes et le gouvernement se font un jeu de tromper et de vexer le Parisien tranquille ou stupide, cela est-il synonyme ? »
Un publicité de 1772 pour des parapluies (Bibliothèque historique de la ville de Paris)Les annonces publicitaires ne sont pas les seules, il y a aussi des affiches politiques, au sujet desquels Daniel Roche écrit : « Rien n’y fait, dès que la température politique monte un peu, les affiches poussent sur les murailles comme des champignons après l’ondée. Des libellistes innombrables font grincer les presses clandestines, les colporteurs les relaient dans la rue, le peuple achète, regarde, commente. »
A cela s'ajoutent les annonces officielles, comme cette annonce des Postes de 1742.
Bibliothèque historique de la ville de Paris
Sources:
http://blogs.rue89.nouvelobs.com/deja-vu/2014/11/27/la-fin-de-la-pub-grenoble-et-les-rues-au-xviiie-siecle-233853
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tableau_de_Paris
http://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel_Roche
http://www.amazon.fr/Daniel-Roche/e/B001HMPE6A
madame antoine