En pied, par EVLB...
Elle fait aussi le portrait du second, mais sa trace disparaît...Dans ses Souvenirs, elle relate sa rencontre avec les ambassadeurs, les séances de pause, ainsi que le repas qu'elle partage avec eux et Mme de Bonneuil (ma copine : l'espionne ! ).
Ce passage est intéressant, il témoigne du débat -toujours actuel- des représentations humaines dans l'art islamique.
Je cite EVLB :Lorsque le portrait de Davich Khan fut sec, je l'envoyai chercher ; mais il l'avait chaché derrière son lit et ne voulait point le rendre, prétendant qu'il fallait une âme à ce portrait.
Ce refus donna lieu à des fort jolis vers qui me furent adressés, et que je copie ici :
A Madame Le Brun
Au sujet du portrait et du préjugé des Orientaux contre la peinture.
Ce n'est point aux climats où règnent les sultants
Que le marbre s'anime et la toile respire.
Les préjugés de leurs imans
Du Dieu des arts ont renversé l'empire.
Ils ont rêvé qu'Allah, jaloux de nos talents,
Doit, en jugeant les mondes et les âges,
Donner une âme à ces images
Qui sauvent la beauté du ravage du temps.
Sublime Allah ! tu ris de cette erreur impie !
Tu conviendras, voyant cette copie,
Où l'art de la nature a surpris les secrets,
Que, comme toi, le génie à ses flammes ;
Et que Le Brun, en peignant des portraits,
Sait aussi leur donner une âme.
Je ne pus avoir mon tableau qu'en employant la supercherie ; et, lorsque l'ambassadeur ne le retrouva plus, il s'en prit à son valet de chambre qu'il voulait tuer.
L'interprète eut toutes les peines du monde à lui faire comprendre qu'on ne tuait pas les valets de chambre à Paris, et fut obligé de lui dire que le roi de France avait demandé le portrait.
Ces deux tableaux ont été exposés au salon de 1789.
Après la mort de M. Le Brun, qui s'était emparé de tous mes ouvrages, ils ont été vendus, et j'ignore qui les possède aujourd'hui.