Beaumarchais

J'ouvre un sujet sur cet homme de théâtre, dont la pièce "Le mariage de Figaro" a fait tant de bruit à la cour, et aussi tant de mal à la couronne selon certains

En fait je viens de lire un truc sur lui que j'ignorais, d'où ce sujet aussi

Il paraît qu'il aurait été emprisonné, avec un de ses amis Angelucci, à Vienne par Marie-Thérèse, pour des pamphlets de chantage qu'ils négociaient à l'étranger, des pamphlets contre Marie-Antoinette bien sûr :s:

Comme quoi....Beaumarchais semblait depuis bien longtemps avant la révolution contre la Reine et le Roi :s:

Le voici, le sieur Caron de Beaumarchais :



Il est né le 24 janvier 1732 et mort le 18 mai 1769.

Louis XV l'avait déjà chargé de détruire des pamphlets contre Madame du Barry. Donc, en 1775, quand paraît l'immonde Avis à la branche espagnole sur ses droits à la couronne de France à défaut d’héritiers, d'Angelucci, c'est lui qu'on envoie.

L'affaire n'est pas claire. Il s'est rendu pour la régler un peu partout, en Angleterre, aux Pays Bas... et à Vienne. Mais, là, Marie Thérèse l'a trouvé suspect. Il a été incarcéré sous motif d'espionnage, nous rapporte wiki. Ce n'est pas beaucoup plus clair ici.

Il n'est pas impossible qu'il y lui-même pris part à l'affaire...

Chère PIM,

Juste une précision Beaumarchais est mort en 1799.
Concernant son séjour à Vienne, celui-ci a été retenu dans sa chambre en août 1774.
Petite Chronologie :

1774


avril : séjour en Flandres et à Londres. A la demande de Louis XV, Beaumarchais a obtenu la destruction d'un libelle contre Mme Du Barry (maîtresse du roi).
Juin : Louis XV est mort le 10 mai, c'est donc à Louis XVI que Beaumarchais remet son mémoire sur sa mission d'avril. Il obtient de Louis XVI une nouvelle mission à Londres.
Juillet : Beaumarchais parvient, à Londres, à faire détruire un pamphlet visant la famille royale française, après en avoir rencontré l'auteur (Angelucci : "Avis à la branche espagnole [...]"). Il séjourne aussi en Hollande pour cette affaire.
Août : Beaumarchais part à Vienne (toujours pour la même affaire), mais on le trouvera suspect à la Cour : il est retenu prisonnier dans sa chambre du 21 août au 23 septembre.
Octobre : revenu à Paris, Beaumarchais rédige pour les ministres "Idées élémentaires sur le rappel des Parlements" (qu'il publiera en 1788). Le parlement Maupéou sera chassé le 12 novembre (les ennemis de Beaumarchais le suspectent d'avoir inspiré cette mesure).
Novembre : l'arrêt de blâme du 26 février et visant Beaumarchais est cassé.
Décembre : Mémoire du comte de La Blache contre Beaumarchais.
29 décembre : Le Barbier de Séville est approuvé par le censeur Crébillon fils.

Citation :

Juste une précision Beaumarchais est mort en 1799.

Oh, oui, bien sûr ! En plus, sur wiki, ils disent bien "à 67 ans" ! Je sais ni recopier, ni calculer !

Pour la chronologie, comte Axel, c'est bien celle que j'avais mise en lien. J'ai été étonnée de son laconisme sur l'épisode de Vienne. J'ai vu quelques explications plus détaillées au hasard de livres... mais lesquels...

Si quelqu'un en a un sous la main qui développe davantage l'affaire... ?

En effet cette affaire est loin d'être claire...pourquoi Marie-Thérèse l'a trouvé suspect? Et comment a-elle fait pour s'en rendre compte?

En tout cas ses ""Idées élémentaires sur le rappel des Parlements" monter aussi ses idées politiques

Il l'aurait peut-être plus ou moins jouée perso avec Angelucci... Louche, en tout cas.

Tiens, voilà encore quelques petites infos :

Le premier volume de cette monumentale biographie évoquait l'irrésistible ascension de Beaumarchais, tour à tour horloger, maître de musique, homme d'affaires, journaliste, auteur à succès... et agent secret. Ce tome II nous entraîne dès les premières pages dans un tourbillon digne du meilleur roman d'aventures. Pour sauver l'honneur de Marie-Antoinette, menacé d'un virulent pamphlet, voici notre héros lancé à travers la Hollande, la Prusse et l'Autriche, affrontant tous les dangers, échappant de justesse à une tentative d'assassinat (c'est du moins ce qu'il raconte...) avant d'achever son équipée dans les geôles de l'impératrice Marie-Thérèse. Envoyé spécial de Louis XVI à Londres, il est alors chargé de négocier avec le célèbre chevalier d'Eon, dont le sexe incertain fait l'objet de paris dans la capitale anglaise. Rien de plus singulier, de plus cocasse, de plus riche en rebondissements que ses relations avec l'intraitable travesti. Mais bientôt, la grande Histoire lui ouvre enfin ses portes. Enflammé pour la cause des Insurgés d'Amérique, et la naissance de cette jeune République, Beaumarchais persuade le ministre Vergennes et le roi de France d'intervenir en leur faveur. Lui-même organise un trafic d'armes à grande échelle - sa société affrète quarante navires ! Son emploi du temps donne le vertige. Il est partout, pense à tout, s'occupe de mille choses à la fois. Outre les rendez-vous d'affaires, les visites aux arsenaux, les achats, les ventes et les expéditions de matériel, les rapports (parfois tendus) avec le Congrès des Etats-Unis, il trouve encore le loisir d'entretenir avec Mme de Godeville une correspondance érotique, de subir les scènes de sa ménagère , d'entreprendre au fort de Kehl une colossale édition des OEuvres complètes de Voltaire. Sans oublier l'âpre combat qu'il mène contre la toute-puissante Comédie-Française, en vue d'obtenir la reconnaissance du droit d'auteur, et d'instituer la toujours vivante SACD... Rien ne semble devoir résister à ce diable d'homme ! Après des années de lutte, il triomphe de la censure et de l'opposition du roi lui-même, et finit par imposer sur scène les audaces de son Mariage de Figaro qui connaît un triomphe mémorable en 1784. Figaro a tué la noblesse ! dira Danton.

C'est celui de la bio faite par Maurice Lever.

Encore un peu ici:

Another expedition to England and Holland to seize a pamphlet attacking Marie Antoinette led to a series of incidents more amazing than the intrigues in Beaumarchais' own plays, but his own account must be received with caution. Beaumarchais pursued the libeller to Germany and overtook him in a wood near Neustadt. After a struggle he had gained possession of the document when he was attacked by brigands. Unfortunately the wound alleged to have been received in this fight was proved to be self-inflicted. The Austrian government regarde Beaumarchais with a suspicion justified by the circumstances. He was imprisoned for some time in Vienna, and only released on the receipt of explanations from Paris.

Waaaa merci!

C'est donc bien Louis XVI qui à la base l'a chargé de missions...incroyable...ses tendances ne devaient pas être encore connues de la cour
Mais il faut croire que Beaumarchais s'est mis à changer ses ordres de missions de lui-même

Et voici enfin le fin mot de l'histoire, donné par Catriona Seth :

Beaumarchais est envoyéà Londres par Louis XV pour acheter et détruire un brûlot contre la favorite. À son retour, le nouveau règne a débuté et Louis XVI paraît peu enclin à récompenser les efforts de l'agent de son grand-père. L'envoyé extraordinaire propose ensuite d'intervenir pour empêcher la circulation d'un pamphlet contre la reine. Il aurait réussi à obtenir la suppression d'éditions anglaise et hollandaise du texte mais se serait retrouvé au corps à corps avec l'imprimeur, le Juif Angelucci, au fond d'un bois à Nuremberg. Blessé, il part pour Vienne avec l'espoir d'obtenir une récompense de l'impératrice. Kaunitz, le soupçonnant d'être l'auteur du texte controversé, le jette en prison. Marie-Thérèse le fait libérer et récompenser pour tenter de s'acquérir ses bonnes grâces et éviter un incident diplomatique. En janvier 1775, ses activités de secrétaire du cabinet du prince de Conti causent à nouveau du souci à l'impératrice. L'année le verra triompher au théâtre et face à Goëzman. L'écrivain n'en fournit pas moins le sujet de conversations entre Malesherbes et Mercy sur la source des libelles contre le roi et la reine.

Ah! Cet écrit de Catriona Seth change la donne...Beaumarchais aurait donc été accusé par erreur :s:

Ce serait donc kaunitz qui l'aurait suspecté...connaissant ce dernier il faut se méfier en effet :s:

Citation :

C'est donc bien Louis XVI qui à la base l'a chargé de missions...incroyable...ses tendances ne devaient pas être encore connues de la cour

La version de Catriona Seth est plus détaillée : Beaumarchais était l'agent de Louis XV, mais pas celui de Louis XVI. C'est lui-même qui s'est proposé pour détruire un écrit dont Kaunitz pensait qu'il était à l'origine... Personnage peu recommandable, en tout cas. Ensuite, toujours d'après Seth, il aurait envoyé des armes aux insurgents tout en trafiquant pour son propre compte.

Citation :

Ah! Cet écrit de Catriona Seth change la donne...Beaumarchais aurait donc été accusé par erreur

Par erreur... ? Je n'en suis pas si sûre. Il entrait tout à fait dans la manière du personnage de jouer sur différents tableaux...

De plus, la suspicion a continué de peser sur lui...

Oui c'est clair que Beaumarchais reste louche, surtout quand on connaît ses suites, mais je me méfie aussi de Kaunitz :s:

Kaunitz, Marie Thérèse, Mercy, Malesherbes... ça commence à faire nombre...

Je me méfie aussi de Mercy, et Marie-Thérèse a pu se laisser convaincre par le duo Mercy/Kaunitz

Quant à Malesherbes ,par contre oui ,ça commence quand même à faire beaucoup je reconnais

Moi, comme ça, a priori, c'est surtout de Beaumarchais que je me méfierais...

J'ai assisté hier soir à une belle représentation du "Mariage de Figaro" à la Comédie Française, très bien placé dans la Salle Richelieu pour la modique somme de EUR 5.50! En effet j'ai pris un des billets dernière minute au guichet. Je vous le recommande fortement!

En effet ce fut à la Comédie Française qu'avait lieu la première de cette pièce très attendue, qui avait déjà fait couler beaucoup d'encre avant même d'avoir été vue. Le 17 Avril 1784 les gens se pressaient devant les portes de la Comédie Française (à l'époque à l'Odéon) six bonnes heures avant la représentation. On peut parler d'un phénomène de société. Tout ce qui comptait à Paris, dont une bonne partie de la très haute noblesse, se côtoyait dans les loges du théâtre, et ce fut un spectacle de belles robes et de diamants brillants. La pièce fut un triomphe.

La Reine, qui avait joué le rôle de Rosine dans le "Barbier de Séville", aurait soutenu un peu en sous main la pièce contre l'avis du Roi qui l'avait interdit. Y-a-t il eu une représentation dans son petit théâtre? Je l'ignore, ainsi que la vérité concernant ce soutien qu'elle aurait apporté à Beaumarchais, pourtant proche me semble-t-il, des courants réformateurs orléanistes, présents en force à cette "Première" à la Comédie Française.

Je suis allée, samedi soir, après la rencontre avec "les amis de Marie-Antoinette". Comme vous, Baron, nous étions très bien placés (mais pour sensiblement plus cher), et ce fut un pur régal !!!
Il est vrai que la censure royale avait interdit cette pièce dont on organisait des lectures dans tous les salons. Le Roi avait tranché: "C'est détestable, cela ne sera jamais joué: il faudrait détruire la Bastille pour que la représentation de cette pièce ne fût pas une inconséquence dangereuse. Cet homme déjoue tout ce qu'il faut respecter dans un gouvernement."
Vaudreuil a fini par la faire jouer chez lui, à Gennevilliers, devant la société de Mme de Polignac et en présence de Beaumarchais lui-même qui s'est signalé par un coup d'éclat singulier: comme il faisait très chaud, il a bondi de son fauteuil et fait voler en éclats toutes les vitres des fenêtres à coups de canne.
Par la suite, la Reine a intercédé auprès de Louis XVI pour que soit levée l'interdiction.

Décidément Baron vous êtes à l'affut

Alors qu'en avez vous pensé? Cette pièce porte-elle autant atteinte à la monarchie?

Elle est effectivement extrêmement irrévérencieuse et impertinente pour la Noblesse ... Vous vous souvenez, Chou, du fameux "Qu'avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, rien de plus."
Ma fille cadette (qui était placée auprès de vous à table) et moi, l'avons trouvée qui plus est d'un féminisme échevelé !!! Les nobles sont ridiculisés par un homme du peuple, soit, mais les hommes (nobles ou roturiers) sont dominés par les femmes (plus fines, plus perspicaces et intelligentes, mais aussi plus droites et honnêtes).

Ah oui en effet je comprends pourquoi même Louis XVI a fini par interdire cette pièce
Si elle attaquait le droit du sang et en plus le machisme, c'est clair que ça a dérangé...
Au début Marie-Antoinette n'avait rien contre cette pièce...peut-êter parce qu'elle a aimé voir la domination des femmes

Non, Marie-Antoinette commence par être opposée à cette pièce parce que, par principe et respect pour le Roi, elle affecte de ne jamais le contrer.
" La Reine, écrit Mme Campan, témoigna son mécontentement à toutes les personnes qui avaient aidé l'auteur du "Mariage de Figaro" à surprendre le consentement du Roi pour la représentation de sa comédie. Ses reproches s'adressaient plus directement à M. de Vaudreuil pour l'avoir fait jouer chez lui. "

Vous êtes sûre? Car c'est clair qu'une fois cette pièce interdite par le Roi elle s'est rangée de son côté, mais avant que Louis XVI s'en mêle il me semble bien qu'elle n'était pas réfractaire  :s:

Je crois avoir retenu que Marie Antoinette était moins opposée à la pièce que son mari, en effet. Lors de la lecture, le roi marquait constamment sa désapprobation, pour finir par l'interdire purement et simplement. Mais on ne relève pas la réaction de la reine, me semble-t-il.

Par la suite, Marie Antoinette n'a-t-elle pas tellement insisté que la pièce finit par être représentée ?