Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes)

La fuite de Varennes

« Notre position est affreuse ! Il faut absolument la fuir le mois prochain. Le Roi le désire encore plus que moi. »

C’est Marie-Antoinette qui parle . En fait, il s’agissait de se rendre à Montmédy , forteresse proche de la frontière et de tenter de reprendre les choses en main , en rassemblant autour de sa personne les troupes fidèles. On sait comment la malheureuse équipée échoua à Varennes.

Madame Royale raconte : « Le 20 de juin 1791 , mon père et ma mère me parurent très agités et fortement occupés sans que j’en connusse la raison. Ils voulurent se soustraire par la force à la violence sous laquelle ils se trouvaient. Mon frère et moi devions passer pour les deux filles de Mme de Korff appelées Amélie et Aglaé.
…A Etoges, nous fûmes sur le point d’être reconnues.
….A Châlons sur Marne , on nous reconnut tout à fait. Les habitants paraissaient bien intentionnés , grand nombre d’entre eux étaient charmés de voir leur roi et faisaient des vœux pour le succès de sa fuite.
A Clermont , un des officiers reconnaissant le roi , s’approcha de la voiture et lui dit tout bas qu’il était trahi. Nous continuâmes notre route dans l’agitation et l’inquiétude.
Ainsi chaque étape sera marqué par un nouvel incident. Puis ce fut Varennes où tout va se jouer.

« Entrés dans ce village , nous fûmes frappés de cris affreux autour de la voiture : Arrête, Arrête !
Ils nous répétèrent de descendre ou qu’ils nous tireraient tous et au même instant, nous vîmes tous les fusils dirigés vers les voitures. Nous fûmes donc forcés de descendre.
Le Roi voyant qu’il n »y avait plus moyen d’échapper , prit le parti de se faire reconnaître lui-même et ayant dit qu’il était le Roi , tous se jetèrent aussitôt à ses pieds et lui baisèrent la main…
Malgré les marques de dévouement à mon père , ils dirent qu’il ne passerait pas , que c’était affreux de sa part qu’il abandonnât son peuple et qu’il devait retourner à Paris. Nous ne vîmes pas du tout durant cette catasrophe le peureux Drouet qui a fait tant de bruit pour le rôle qu’on lui a fait jouer.

…A travers cette foule, il faisait excessivement chaud : nous trouvant six dans la voiture et en plus environnés d’une multitude , nous étions accablés de chaleur autant que d’inquiétude.
A Ste Menehould , la foule criait : « Mais pourquoi avez-vous voulu nous quitter ? On avait beau leur dire que mon père ne voulait point les quitter mais seulement se rendre à Montmédy , ce qui était réellement son projet , les gens n’écoutaient rien et ne pouvaient s’apaiser .

A Châlons , nous fûmes bien logés et bien traités. Les habitants de cette ville se montrèrent assez bien disposés , surtout le maire M. Rose et le commandement militaire…Ma mère trouva même dans sa chambre un homme qui lui proposa de s’enfuir , ce qu’elle refusa , craignant une trahison et voyant d’ailleurs beaucoup de difficultés .
Toute la matinée, il y eut beaucoup de monde qui vint voir mon père et cela avec intérêt et aucunement par insulte comme on avait fait ailleurs.

A Epernay, mon père connut le plus grand danger de toute la route. Qu’on se représente la cour de l’hôtel où nous devions descendre remplie de gens furieix et armés de piques, tournées toutes contre la voiture et dont la foule était si grande qu’il ne fut pas possible d’y faire rentrer la voiture . Il fallut donc absolument descendre dehors et traverser cette cour à pied, au milieu des huées de ces gens qui disaient hautement qu’ils voulaient nous tuer.
Voici les injures dont on abreuva le Roi : « Capet est assez gras pour ce qu’on veut en faire …Nous allons confectionner des cocardes avec les boyaux de Louis et d’Antoinette et des ceintures avec leurs peau. Nous voulons « leurs cœurs et leurs foies » pour les manger.
Marie-Thérèse poursuit : « De tous les moments affreux que j’ai vécus depuis , ce fut un de ceux qui me frappe le plus et dont l’horrible impression me restera toujours.

Après épernay, d’autres villes furent traversées , autant d’étapes tout aussi pénibles .

« A Dormans , nos fenêtres donnaient sur la rue qui, toute la nuit , fut remplie d’une populace qui criait et prétendait nous faire partir au milieu de la nuit…Mon frère avait été malade toute la nuit et avait eu presque le délire , frappé comme il était de tout ce qu’il avait vu d’affreux dans la précédente journée.

A La Ferté Sous Jouarre , mon père y fut bien reçu par le maire , nommé Renard.

Nous allâmes coucher à Meaux à la maison de l’évêché , remplie de prêtres jureurs , mais assez honnêtes et l’évêque lui-même nous servit. …A Bondy…Toute la populace témoignait vouloir à toute force massacrer les 3 gardes du corps ; mon père fit tout son possible pour les sauver et il faut avouer que les députés qui étaient avec nous le secondèrent vivement …Les injures dont nous étions accablés furent notre seule nourriture pendant toute cette journée.

Puis ce fut Paris et le retour pitoyable aux Tuileries, toujours entourés de la même foule haineuse et hurlante. Paris désormais où la famille royale sera prisonnière.
« Sur la place Louis XV se trouvait M . De La Fayette , paraissant être au comble de la joie (tiens , tiens ! )de la réussite du coup hardi et horrible qu’il venait de faire : il était là , entouré d’un peuple soumis à ses ordres et qui l’adorait. Il aurait pu pendre mon père sur le champ mais il aima mieux le conserver encore pour le faire servir à ses desseins. On nous fit traverser le jardin des Tuileries en voiture, toujours entourés d’armes de toutes sortes et de fusils qui nous touchèrent presque. Si les députés n’avaient pas été avec nous , il est vraisemblable que nous aurions été mille fois assassinés.

Quant à moi, comme je devais aller avec ma tante , dès que je fus descendue de voiture , un député me prit dans ses bras pour me porter en haut ; j’avais beau crier après ma tante , au bruit affreux qui se faisait, elle ne pouvait m’entendre. …On avait donné des gardes à toute la famille , qui devait la garder à vue…Mon père et ma mère ne pouvaient sortir de leurs chambres , pas même pour aller à l’église …Tel fut l’état de captivité de mes parents pendant plus de deux mois jusqu’à l’acceptation de la Constitution. «


Source :Marie-Thérèse , duchesse d'Angoulême , la Vertu et le malheur
de Michel Cartron
Communication et Tradition, 1999? 341 p

Quand je pense que drouet a été échangé contre madame Royale en 1795, finalement ce petit monsieur aura servi à quelque chose, même si il eut été préférable qu'il n'eusse jamais existé

La pauvre gosse a vécu ça à douze ans. Elle a dû en être marquée à vie.
A priori elle n'a pas du tout appréciée être prise dans les bras du député. Avait-elle peur d'être séparée de sa famille ? On peut comprendre qu'elle criait au secours auprès de sa tante. Elle devait se dire qu'elle n'avait plus qu'elle, ses parents et son frère pouvant se retrouver au secret.

Bravo chère princesse pour votre enquête!

olivia a écrit:

Peut-être. Il avait l'air sincère aussi. Mais bon...

Il l'était vraiment je pense

Ce n'est pas sa sincérité que je mets en doute. C'est son idéal, comme celui de Robespierre d'ailleurs, qui me fait peur.

Son idéal était le bon je dirais, comme celui de Robespierre, mais c'est dans les moyens mis en oeuvre pour l'atteindre qu'il a fortement déconné

Oui je suis d'accord.
Excusez-moi mais je suis légèrement énervée à cause d'une certaine personne.

Ce livre de Michel Cartron est une mine d'or. Il donne aussi le témoignage de Mme Royale des journées révolutionnaires d'octobre et de la chute du 10 août.
Je recommande ce livre !

Chou d'amour a écrit:

Son idéal était le bon je dirais, comme celui de Robespierre,

Le bon !!!!!!! avec combien de bémols ??? Depuis quand la dictature est-elle un bon système ???

olivia a écrit:

Ce n'est pas sa sincérité que je mets en doute. C'est son idéal, comme celui de Robespierre d'ailleurs, qui me fait peur.

C'est ça. D'autant plus sincère qu'il était malade.

Citation :

Citation :

Son idéal était le bon je dirais, comme celui de Robespierre,        

Le bon !!!!!!!     avec combien de bémols ???  Depuis quand la dictature est-elle un bon système ???  

En effet... très dangereux, les gens qui sont persuadés d'être dans le bon...  

Citation :

Citation :

Son idéal était le bon je dirais, comme celui de Robespierre,        

Le bon !!!!!!!     avec combien de bémols ???  Depuis quand la dictature est-elle un bon système ???  

Mais la dictature était-elle la finalité pour lui? Je n'en suis pas sûr du tout, d'ailleurs il a commencé à l'évoquer très tard  

Comme les révolutionnaires évoquent la république fort tard.

Non il me semble bien l'avoir vue très tôt dans les discours de Robespierre

Chou d'amour a écrit:

Mais la dictature était-elle la finalité pour lui? Je n'en suis pas sûr du tout, d'ailleurs il a commencé à l'évoquer très tard  

C'est un écueil qu'il na pas su éviter .
D'ailleurs était-il évitable pour des gens qui se croient détenteur de la Vérité ( la leur ... ) qu'ils veulent imposer par la force ?

Oui, ils ont sali leur idéal peu à peu

Chou d'amour a écrit:

Non il me semble bien l'avoir vue très tôt dans les discours de Robespierre

Avec force circonlocutions apotropaïques...

Chou d'amour a écrit:

Oui, ils ont sali leur idéal peu à peu

Ou peut-être dès le départ. Comme le rappelle Eléonore, les gens qui croient détenir la vérité sont dangereux d'emblée. A la limite, ils sont même plus dangereux encore que les concepts qu'ils prônent. C'est pour ça que ce sont parfois les plus belles idées qui tournent le plus mal.

pimprenelle a écrit:

Chou d'amour a écrit:

Non il me semble bien l'avoir vue très tôt dans les discours de Robespierre

Avec force circonlocutions apotropaïques...

....... un peu trop what what ???

Non avant 1789 je pense que leur idéal était encore clean, d'ailleurs certains écrits de Robespierre étaient magnifiques et font énormément de bien à lire au vu de l'époque. Avant 1789 il était beaucoup moins dangereux qu'un noble qui pompait son petit monde ou qu'un conseiller verreux du roi, alors qu'eux aussi pensaient détenir la vérité. Chacun souhaite défendre ses opinions en les estimant bonnes, c'est un peu le jeu.
C'est bien la parano, la peur et la rapidité des événéments donc le manque total de recul qui ont terni ces hommes là. Cela dit je parle surtout pour Robespierre, car Saint-Just quant à lui n'a pas vraiment eu le temps d'avoir une réelle influence politique.

J'ai déplacé nos quelques messages sur Hérault de Séchelles ici :

https://maria-antonia.forumactif.com/ses-relations-conflictuelles-f7/marie-jean-herault-de-sechelles-t1408-120.htm

Cette info lue sur un site :

"Né à Varennes-en-Argonne en 1874, issu d’une famille de cultivateurs, Monseigneur Aimond se plaisait à répéter que son arrière grand-père, à l’âge de sept ans, avait assisté à l’arrestation de Louis XVI."

http://www.barleduc.fr/rubrique.aspx?... -

Il faut cliquer sur ville et sur Barisiens célèbres.

Votre lien fonctionne mais si j'ai bien le "cadre" du site, pour l'intérieur, je n'ai qu'une méchante icône qui refuse de laisser apparaître toute image.

...... moi aussi !