Voici une analyse du système de défense du territoire proposé en 1790 par le Comte de Guibert dans son traité De la force publique.
Guibert ne s’est jamais contenté du dualisme de l’opposition entre les forces de guerre et de police. La force publique devait, selon lui, reposer sur l’action conjointe de l’armée, de la maréchaussée et de gardes citoyennes (du type de la Garde nationale). Cette complémentarité résultait de l’incapacité structurelle de l’armée à agir dans l’intérieur du royaume en raison du statut des soldats, qui, à la fin de l’Ancien-Régime, n’étaient pas considérés comme des citoyens à part entière.
Le même Guibert considérait que l’état militaire était incompatible avec les principes qui fondent la citoyenneté. Dans le contexte agité du début de la Révolution française, où l’armée était encore sous les ordres du roi, il excluait les militaires du territoire national, parce qu’ils étaient exclus de la sphère civique. Dans les années qui suivirent, toute l’œuvre de la Révolution française fut de concilier l’état de soldat avec celui de citoyen.
Au-delà des circonstances propres à la Révolution française, la question centrale soulevée par Guibert résidait dans l’enracinement de la force publique dans le tissu social, civique et institutionnel du pays. Il faut ainsi se souvenir que, de nos jours, l’assignation exclusive des forces armées aux opérations extérieures s’est accompagnée d’une déprise territoriale, qui a mis fin à plusieurs siècles d’implantation militaire dans certains espaces, en particulier sur les frontières de l’Est.
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madame antoine
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Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)