Marie-Antoinette connaissait-elle bien l'italien?

Je viens de lire une chose intéressante et au demeurant étonnante dans "Les princes du malheur" de Philippe Delorme :  

"Il est vrai que Louis-Charles est un garçon doué. Entendant sa mère parler italien, il exprime le désir d'apprendre cette langue. Il fait si bien qu'en peu de temps, il est capable de déchiffrer une traduction de Télémaque."

Cela se passe en 1791-1792, aux Tuileries donc.  
Je savais que Marie-Antoinette, ayant appris dès sa jeunesse l'italien, correspondait parfois dans cette langue avec Fersen, mais c'était par écrit. Par contre je ne pensais pas qu'elle le parlait encore  
Avec qui pouvait-elle parler italien aux Tuileries? Elisabeth, Tourzel ou son mari?  :s:

Chou d'amour a écrit:

Avec qui pouvait-elle parler italien aux Tuileries? Elisabeth, Tourzel ou son mari? :s:

La princesse de Lamballe peut-être ?

Ah oui j'ai oublié de mentionner la pauvre Princesse

Peut-être en effet...mais c'est étonnant tout de même
Peut-être parlaient-elles en italien pour tromper les gardes, c'est aussi possible

Marie Antoinette avait appris l'italien dès son enfance. C'était la troisième langue de la famille, après l'allemand et le français. Elle a approfondi cette connaissance par les opéras.

Elle maîtrisait si bien l'italien qu'elle l'avait proposé à Fersen comme langue code.

Oui il me semblait bien aussi qu'elle écrivait encore en italien sous la révolution, avec Fersen, par contre je pensais qu'elle ne l'avais plus reparlé depuis son départ de Schönbrunn

Elle a proposé l'usage de l'italien à Fersen, mais elle n'a pas écrit en italien. Du moins n'existe-t-il pas de lettre à ma connaissance.

Ah oui? Ma mémoire est vague alors

A ce propos ebay propose un ouvrage qui confirme les goûts linguistiques de Marie-Antoinette :

La bibliothèque de la Reine

QUENTIN BAUCHARD (Ernest). Bibliothèque de la Reine Marie-Antoinette au Château des Tuileries.
Catalogue authentique publié d’après le manuscrit de la Bibliothèque Nationale.
Paris, Damascène Morgand, 1884.

Edition Originale tirée sur grand papier.
Un des 300 exemplaires tirés sur Hollande, seul grand papier.
Exemplaire N° 38.

Cette publication complète le catalogue rédigé précédemment par Paul Lacroix en 1863 pour les livres de la

Bibliothèque de Marie-Antoinette au Petit Trianon.

D’après le publiciste Millin, chargé du séquestre des livres des Tuileries, la collection de livre la plus considérable était celle de Marie-Antoinette, supérieure en nombre à celle du Roi : « Elle consiste principalement en grand nombre d’ouvrages de littératures française, anglaise, italienne.
Les livres étaient reliés en maroquin, avec l’écusson de France et le sien propre, à l’exception des ouvrages anglais qui ont une reliure anglaise.

On y remarque aussi une belle collection de cartes sur toile de la France, rangées par provinces ; beaucoup de beaux exemplaires d’ouvrages sur différentes parties des sciences, qui lui avait été offerts par les auteurs, ou qui lui venaient des souscriptions faites par la Cour ; une collection considérable de pièces de théâtre ; une suite très curieuse de partitions d’opéra des grands maîtres italiens et principalement de Gluck.
Les ouvrages de Lavater et d’autres écrits singuliers se trouvent dans cette bibliothèque qui annonce un esprit curieux et cultivé. Ce qui nous a étonné, ça été de n’y voir que très peu de livres écrits en allemand, langue du pays de Marie-Antoinette ».

Millin écrit que le Roi, dont la bibliothèque aux Tuileries était peu importante, faisait de fréquents emprunts à celle de la Reine.

Bien à vous.

Le même vendeur propose d'ailleurs cet autre ouvrage :

Les livres du boudoir de la Reine

LACROIX (Paul, dit le Bibliophile Jacob). Bibliothèque de la Reine Marie-Antoinette au Petit Trianon,d’après l’Inventaire original dressé par ordre de la Convention Nationale.
Catalogue avec des notes inédites du Marquis de Paulmy
Paris, Jules Gay, 1863.

Ce Catalogue, publié avec les notes inédites du Marquis de Paulmy, recense les 175 livres du Petit Trianon.

Ces livres, contrairement aux ouvrages d’apparat, étaient les ouvrages de lecture de la reine Marie-Antoinette.

Chaque volume est parfaitement décrit, complété de notes historiques et bibliographiques. Cette bibliothèque de boudoir fut composée par Moutard et Le Jay, les libraires de la reine, sous l’œil inquisiteur de l’Abbé de Vermond.

Bien à vous.

Merci pour ces précisions ! Voilà qui confirme la maîtrise que la reine avait de l'italien. Quant à l'anglais, elle s'était fait donner des cours.

Considérer comme curieux que celle qui fut stigmatisée sous le nom de "l'Autrichienne" possédât si peu de livres en allemand confine à l'ironie...  

Par contre, il est dommage que le catalogue de la bibliothèque du petit Trianon soit si laconique...

Ah oui ces références sont intéressantes en effet

Bon on peut imaginer que Marie-Antoinette n'a pas ouvert la moitié des livres présents dans sa bibliothèque, mais la présence de livres italiens n'est pas une surprise effectivement!
Elle correspondait par moment en cette langue avec Fersen, une langue qu'elle a donc pratiquée depuis son enfance

On ne sait pas si elle a correpondu en italien avec Fersen, aucune lettre dans cette langue n'a été retrouvée, et les entrées du brevdiarium du comte suédois ne le laissent pas supposer. Mais Marie Antoinette a proposé d'utiliser l'italient comme code, pendant la révolution.

Ah oui tu as raison, elle a proposé

Proposition qui n'a d'ailleurs pas été suivie.

Ah bon? On en est sûr?  

Il n'y a pas de lettre en italien. Ou, alors, il faudrait supposer qu'elles auraient disparu...

Oui je pensais sinon à cette dernière possibilité

Mais bon...sans aucune trace de lettre ça reste hypothétique en effet... :s:

A-t-on la réponse de Fersen à la proposition de Marie-Antoinette?

Il faudra que je vérifie. Si mes souvenirs sont bons, il ne relève pas, ou alors, on n'a pas sa réponse.

Mais l'idée n'est en soi pas très bonne, me semble-t-il. Beaucoup de monde connaissait l'italien, il eût été dangereux d'échanger des considérations politiques dans cette langue.

pimprenelle a écrit:

Mais l'idée n'est en soi pas très bonne, me semble-t-il. Beaucoup de monde connaissait l'italien, il eût été dangereux d'échanger des considérations politiques dans cette langue.

...Surtout lorsqu'on peut user d'encre sympathique
Mais il y avait en plus le code chiffré d'après Paul et Virginie

Bien à vous.

Mais il y avait cette fameuse devise en italien (sur une bague?) "tout m'amène à toi"?

Citation :

pimprenelle a écrit:

Mais l'idée n'est en soi pas très bonne, me semble-t-il. Beaucoup de monde connaissait l'italien, il eût été dangereux d'échanger des considérations politiques dans cette langue.

...Surtout lorsqu'on peut user d'encre sympathique  
Mais il y avait en plus le code chiffré d'après Paul et Virginie

Bien à vous.

Voilà ! Je pense qu'utiliser une langue connue eût constitué un danger.

Citation :

Mais il y avait cette fameuse devise en italien (sur une bague?) "tout m'amène à toi"?

Ce qui montre, mais nous le savons, que la reine comprenait l'italien.  

Citation :

Mais il y avait cette fameuse devise en italien (sur une bague?) "tout m'amène à toi"?

Tutto a te mi guida  

Bien à vous.

Pim a écrit :

Citation :

Mais l'idée n'est en soi pas très bonne, me semble-t-il. Beaucoup de monde connaissait l'italien, il eût été dangereux d'échanger des considérations politiques dans cette langue.

Citation :

Mais l'idée n'est en soi pas très bonne, me semble-t-il. Beaucoup de monde connaissait l'italien, il eût été dangereux d'échanger des considérations politiques dans cette langue.

C'est clair, de plus au pire la langue italienne est reconnaissable, donc facilement traduisible. Ce qui n'est pas le cas d'un code

Cool de se voir cité deux fois... Ca le fait...