La biographie de Marie-Antoinette par Jean Chalon

Posté par Majesté :

_"Chère Marie-Antoinette" ( plus controversé ) par Jean Chalon, Perrin , 1988

C'est la première biographie  que j'ai lue. Elle est bien faite mais je préfère pour l'instant celle d'Antonia Fraser.

J'en garde aussi un bon souvenir, mais disons que je reproche à l'auteur une grand partialité ainsi qu'un point de vue franchement orienté en ce qui concerne la duchesse de Polignac.  
Mais son amour pour Marie-Antoinette est très prenant!

D'ailleurs, n'est-ce pas lui , qui le premier a contribué à réhabiliter l'image de Marie-Antoinette ?

On en a notamment parlé autour de Madame de Polignac que Jean Chalon n'épargne guère...

Bien à vous.

Chou d'amour a écrit:

une grand partialité ainsi qu'un point de vue franchement orienté en ce qui concerne la duchesse de Polignac.
!

Oui, on peut le dire !!! Qu'est-ce qu'elle prend !
On a l'impression que l'opinion de l'auteur n'est entièrement basée que sur les médisances de Mercy ou bien la propagande révolutionnaire .

Moi aussi j'en garde plutôt un bon souvenir. Il m'avait vraiment donné l'impression de la vie fragile que Marie Antoinette a eue, une certaine mélancolie. Au sujet de Mme de Polignac, c'est vrai comme c'était la première fois que je lisais une biographie de Marie Antoinette, cela donnait l'impression que c'était une personne que Marie Antoinette devait éviter.
Belle biographie tout de même!

Oui si je m'étais arrêté au livre de Chalon j'aurais eu aussi une mauvaise image de Polignac, que j'ai eue pendant un certain temps d'ailleurs, jusqu'à ce que je lise autre chose

Citation :

C'est la première biographie  que j'ai lue. Elle est bien faite mais je préfère pour l'instant celle d'Antonia Fraser.

Vous trouverez une assez bonne analyse dans l'ouvrage de Berly, Marie Antoinette et ses biographes. Chalon est un écrivain "inspiré", qui se laisse habiter par son sujet. Il l'appréhende donc par le biais, notamment, de l'astrologie.

Je trouve que sa biographie, si elle est empathique, pêche par un excès de manichéisme. Dès le début, d'ailleurs, le ton nous est donné, puisque l'auteur compare la vie de notre reine à un conte de fées...   Vision réductrice où la pauvre Madame de Polignac tire le rôle du mauvais génie.  

Le travail d'Antonia Fraser apporte un renouveau grâce à ses sources et sa vision anglo-saxonne. Elle présente l'avantage de se mettre en recul par rapport aux traditionnels clivages des historiens français.

Madame de Chimay a écrit:

D'ailleurs, n'est-ce pas lui , qui le premier a contribué à réhabiliter l'image de Marie-Antoinette ?

Zweig l'avait précédé, à mon avis. Et, surtout, Nesta Webster et son "Marie Antoinette intime". Mais cette historienne n'a aucune aura dans les pays francophones. Chalon la suit d'ailleurs souvent, notamment dans son analyse de la relation avec Fersen.

Et pour en rajouter sur la bio de Chalon, son amour -réel - pour Marie Antoinette lui fait dire -comme sur madame de Polignac- aussi de belles âneries sur le roi qui rend malheureusement la lecture assez indigeste. et agaçante..dommage car le style est plaisant mais les sources trop aléatoires

Oui il faut le lire en ayant conscience de ça, ou alors il faut vite lire autre chose derrière. Chalon est un des rares à s'investir émotionnellement dans un livre, ce qui a ses inconvénients comme ses avantages

Pour avoir rencontré Jean Chalon ( je l'ai déjà avoué dans le Boudoir ), j'ai été conquise par sa gentillesse : il est absolument charmant, ce monsieur !
Du reste, notre Marie-Antoinette me l'avait-elle dit auparavant . Je ne puis que confirmer ! Même s'il tire au bazooka contre ma petite duchesse . Nous en avons parlé ..... Je lui pardonne !

Ah si tu lui pardonnes pour ça alors nous pouvons tous lui pardonner

Quoiqu'il en soit j'ai toujours quand même gardé un bon souvenir de son livre

cecile a écrit:

Et pour en rajouter sur la bio de Chalon, son amour -réel - pour Marie Antoinette lui fait dire -comme sur madame de Polignac- aussi de belles âneries sur le roi qui rend malheureusement la lecture assez indigeste. et agaçante..dommage car le style est plaisant mais les sources trop aléatoires

Toutes proportions gardées, c'est un peu comme Zweig. Le romancier se substitue trop souvent au biographe.

Un détail, que j'aime bien : ses titres. "La reine en cage" et tout ça... Bon, "La Sévigné des Tuileries", ce n'est pas du meilleur goût, c'est vrai...

Chou d'amour a écrit:

Oui il faut le lire en ayant conscience de ça, ou alors il faut vite lire autre chose derrière. Chalon est un des rares à s'investir émotionnellement dans un livre, ce qui a ses inconvénients comme ses avantages

Dufour, Zweig, Fraser le font aussi. Et aussi Bertière, mais sans que ça nuise au sérieux de son travail. Fraser aussi est émotionnellement impliquée, c'est même une des seules, si pas la seule, qui ait fait des repérages à Vienne dans l'enfance de son sujet. En tout cas, personne d'autre n'avait remarqué que la façade de Laxenburg ressemble à celle du petit Trianon. Bien vu !

Et Madame Lever, elle ne s'implique pas, elle, quand elle va traduire "colin-maillard" en suédois ?!

Citation :

Pour avoir rencontré Jean Chalon ( je l'ai déjà avoué dans le Boudoir ),  j'ai été conquise par sa gentillesse : il est absolument charmant, ce monsieur !
Du reste, notre Marie-Antoinette me l'avait-elle dit auparavant .  Je ne puis que confirmer !  Même s'il tire au bazooka contre ma petite duchesse . Nous en avons parlé ..... Je lui pardonne !

Il est parti de Webster pour ça aussi, à mon avis.

En quoi la biographie de Jean Chalon est-elle controversée ? Je sais qu'il tire à boulets rouge sur la duchesse de Polignac, la comtesse du Barry et d'autres (il m'a donné la nette impression que Marie-Antoinette et Artois se détestaient), mais sinon ?

Eh bien disons que ce n'est pas très historique. Il commence son ouvrage comme si la vie de Marie-Antoinette était un conte de fées (qui se termine mal). Il a trafiqué des lettres, des témoignages, des paroles rapportées pour étayer ses thèses. Il fait des personnages des véritables stéréotypes. Il s'investit totalement émotionnellement. Pour de l'histoire c'est gênant.

Je ne dis pas non plus que tout est à jeter. Pour une première découverte de la reine, c'est pas mal et il a eu de bonnes intuitions. Je l'ai lu à treize ans et c'est sûrement l'âge idéal pour une telle lecture. Une sorte de biographie de Marie-Antoinette pour enfants.

C'est plus un livre de romancier passionné que d'historien.

D'ailleurs c'est le comte de Provence qu'elle n'appréciait pas du tout. Elle considérait au contraire le comte d'Artois comme un charmant petit frère espiègle avec qui elle aimait bien s'amuser mais qu'elle morigénait quand il le fallait. Ils s'entendront si bien qu'ils partageront la même coterie.

C'est surtout pour se rapprocher de Louise de Polastron et lui faire une cour de plus en plus assidue que le comte d'Artois est devenu l'un des membres de la société de la Reine .
Ce petit cercle, rappelons-le n'était composé que des fidèles ( amis et parents ) de Mme de Polignac .

Oui effectivement. De plus Vaudreuil deviendra son meilleur ami, lui-même étant l'ami fidèle de madame de Polignac meilleure amie de Marie-Antoinette. S'ils ne s'étaient pas supportés, ils n'auraient pas eu les mêmes amis. Enfin logiquement. Même si Marie-Antoinette n'appréciait pas Vaudreuil.
Tandis que je ne vois aucune relation commune avec le comte de Provence.

Je me rappelle très bien de la biographie de Jean Chalon, c'était la première fois que je lisais un livre sur Marie-Antoinette.... en 1993/94 ?. J'y avais décelé, c'est vrai, un intérêt certain pour la Reine, on ne peut pas le lui reprocher.
Je me rappelle aussi que j'avais ressenti un mal être profond, mais aussi une grande empathie à tel point que j'étais presque Marie-Antoinette moi-même. Ici, je fais surtout allusion à l'évocation de son homosexualité. Oui, ce fut très douloureux de lire cela. Il y eut aussi le plaisir presque jouissif à "écouter" parler ces hommes et ces femmes de cette époque dans ce livre charmant. Depuis, j'en ai lu beaucoup d'autres, mais ce n'était plus le même enchantement de la première fois.
A bientôt.
Château

Château a écrit:

Ici, je fais surtout allusion à l'évocation de son homosexualité.

Chez Jean Chalon?
Je ne me souviens pas qu'on y fasse une allusion si particulière...

Bien à vous.

Homosexualité chez Marie-Antoinette ? Oufti !!!