Désolé si je fait double-emploi mais je j'ai rien trouvé sur cette interminable journée du 10 août 1792. Date fatidique s'il en est, puisque c'est l'une de celle où tout bascula.
- récit -
Les dames de la reine se trouvent toujours dans l'appartement de Marie-Antoinette, tous volets clos, quand un domestique vient dire à la princesse de Tarente qu'on s'embrasse dans les cours et qu'on fait la paix, sans doute après que les suisses aient chassé des émeutiers des cours et du Carrousel.
« Mais dans le même instant, les fusils se mirent à tirer plus fort que jamais. Nous avions avec nous quinze femmes, dont la plupart étaient dans un état horrible. Je priai qu'on fit sortir les hommes qui arrivaient de tous côtés dans notre retraite, et qui n'étaient utiles à rien qu'à nous exposer davantage. Nous nous assîmes toutes contre les murs, et nous attendîmes ce que le ciel voudrait faire de nous. Moi, j'étais toute résignée, et je croyais toucher à mon dernier moment. »
L'obscurité de la pièce donne à Pauline de Tourzel une idée : « Allumons, dis-je, toutes les bougies du lustre, des candélabres, des flambeaux ; si les brigands doivent forcer notre porte, l'étonnement que leur causera tant de lumière pourra nous sauver du premier coup et nous donner le temps de parler. Chacune de nous se mit alors en oeuvre. Et à peine nos arrangements étaient-ils finis que nous entendîmes dans les chambres qui précédaient celle où nous étions des cris affreux et un cliquetis d'armes qui ne nous annonça que trop que le château était forcé et qu'il fallait nous armer de courage. Ce fut l'affaire d'un moment. Les portes furent enfoncées, et des hommes, le sabre à la main, se précipitèrent dans le salon. Ils s'arrêtèrent à l'instant. Une douzaine de femmes dans cette chambre, et ces lumières répétées dans les glaces faisaient avec la clarté du jour qu'ils quittaient un tel contraste que les brigands restèrent stupéfaits. »
Leur stupéfaction ne dure pas longtemps, si l'on en croit Mme de Tarente : — « Des armes et des suisses ! criaient-ils avec fureur. Vive la Nation ! Je m'étais retirée dans le fond de la chambre avec Pauline et Mme Thibault, femme de chambre de la reine ; j'étais associée aux plus braves, et cependant nous tremblions jusqu'à mourir. Un homme d'une figure atroce s'écria : — Point de mal aux femmes ! Des armes et des suisses ! Je ne perds pas un instant, je saisis cet homme par le bras et je lui dis : — Voilà une jeune dame, une vieille et moi, à qui vous allez donner tous vos soins, et vous allez rester avec nous. Il me donna la main, cria : — Vive la Nation !...
« Je pris le garde par un bras, Pauline par l'autre. Arrivés sur le quai — hors du palais — avec Pauline, notre brigand nous quitta. »
Sources - mémoires du temps
http://www.histoire-en-questions.fr/revolution-1789/1789-prise-tuileries-dames.html