Nombre de messages : 26592 Age : 66 Localisation : Versailles Date d'inscription : 10/01/2016
Sujet: 10 août 1792: Journée du 10 août 1792 Jeu 8 Aoû - 11:51
prise des Tuileries, massacre des gardes suisses, suspension de SMTC Louis XVI, abolition de la royauté.
Les sans-culottes s'emparent des Tuileries
La famille royale se réfugie à l'Assemblée
Départ de la Famille Royale du château des Tuileries pour le couvent des Feuillants où siège l’Assemblée nationale.
On décrète la création d'une nouvelle assemblée: la Convention nationale
La prise des Tuileries le 10 août 1792 A gauche, les Suisses font feu sur les assaillants. A droite, le pavillon du concierge brûle. Au fond montent les fumées provenant de l'incendie de la caserne des Suisses. tableau de Jean Duplessis-Bertaux
(musée du château de Versailles)
Journée du 10 août 1792
La journée du 10 août 1792 est, après le 14 juillet 1789, l'une des journées les plus décisives de la Révolution française, au point que certains historiens la qualifient de « Seconde Révolution »
(Jean Massin, Robespierre, Club français du livre 1956, p. 120. Nouvelle étape dans la Révolution ? Révolte guidée ? Révolte spontanée ? Jean-Paul Bertaud, La Révolution française, Perrin 1989 (rééd. Tempus 2004), p. 159-160-162)
La préparation de cette journée est organisée et menée par la Commune insurrectionnelle de Paris et par les sections parisiennes.
Après plusieurs assauts, la foule d'insurgés prend le palais des Tuileries, siège du pouvoir exécutif.
C’est aussi la première fois, depuis le début de la Révolution, qu’une journée révolutionnaire est dirigée également contre l’Assemblée.
(Albert Mathiez, La Révolution française, Librairie Armand Colin 1922, p. 211) Cette journée révolutionnaire consomme la chute de la monarchie constitutionnelle.
Sa préparation est trop complexe pour qu’on puisse en attribuer la responsabilité à un individu ou à une faction
(Guy Chaussinand-Nogaret, Madame Roland: une femme en Révolution, Paris, Éditions du Seuil, 1985, 356 p, 1 vol., 22 cm (ISBN 2-0200-8934-3), p. 179)
La journée du 10 août 1792 marque également le début de la première Terreur, (La plupart des historiens s’accordent à reconnaître aujourd’hui que la Terreur, et dans ce cas « la 1re Terreur », commence avec la journée insurrectionnelle du 10 août 1792) dont le point culminant sera les massacres de Septembre.
Cette première période prend fin avec la réunion de la première session de la Convention nationale le 20 septembre 1792 et la « victoire » de Valmy, acquise le même jour (Albert Soboul, La révolution française, vol. 1, op. cit, p. 316) et connue à Paris le lendemain (La Convention nationale prit la décision de faire débuter la République le 20 septembre 1792)
Cette insurrection et ses conséquences sont communément appelées par les historiens de la Révolution française simplement « le 10 août »; les autres désignations sont « journée du 10 août », « prise des Tuileries », « insurrection du 10 août » ou « massacre du 10 août »
En Suisse, cette journée est connue sous le nom de « massacre des Tuileries »
(Alain-Jacques Czouz-Tornare, « Tuileries, massacre des » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du 25 février 2014)
Déjà, lors de la réunion des états généraux le 05 mai 1789, Louis XVI, qui bénéficie d’une belle popularité et du respect de ses sujets, déçoit dans leurs espoirs les représentants du tiers état en se montrant dans l’incapacité de comprendre et de suivre l’importance des changements qui s’opèrent dans son royaume.
(Georges Bordonove, Louis XVI, le Roi-Martyr, Éditions Pygmalion 1983, p. 201-202-203)
L’arrivée du peuple, le 05 octobre 1789 à Versailles, venant de Paris pour ramener la famille royale au Palais des Tuileries où elle demeurera désormais sous la surveillance de celui-ci, a atteint profondément et durablement le prestige de la monarchie.
Après la désastreuse équipée de Varennes le 20 juin 1791, qui constitue l’un des actes principaux de la Révolution (La tentative de fuite de Louis XVI puis son arrestation à Varennes démontre l’incompatibilité d'une coexistence de la royauté et d'une nation révolutionnaire. Par ailleurs, elle précipite le conflit avec les puissances extérieures) , c’est une monarchie sous tutelle, totalement discréditée, n’inspirant plus aucun respect au peuple, qui se réinstalle aux Tuileries, ne retrouvant le pouvoir que par la volonté des députés constitutionnels et royalistes de la constituante
(Il s’agit du club des Feuillants. En désaccord total avec les éléments les plus avancés de la Révolution tels Robespierre, Pétion ou Buzot, la presque totalité des Jacobins modérés (dévoués au roi et à la Constitution) décidèrent de se retirer du club des Jacobins et de créer leur propre Club, situé rue Saint-Honoré au couvent des Feuillants dont ils prendront le nom. Celui-ci comprend notamment le triumvirat constitué par Antoine Barnave, Alexandre de Lameth et Adrien Duport, ainsi que La Rochefoucauld et La Fayette)
À partir de ce moment, Louis XVI, qui n'a jamais accepté la perte de ses pouvoirs absolus(Albert Mathiez, Le dix août, Les Éditions de la Passion 1989, p. 10), ne croira plus ressaisir ceux-ci et restaurer son autorité que par l’aide et la victoire des armées des princes étrangers contre la Révolution.
En moins d’un an, le roi, hésitant, indécis, mal conseillé, laissera aller les événements, ruinant ainsi les dernières chances qui lui auraient permis de sauver son trône.
Contexte
Depuis le début de l'année 1792, la France était entrée dans sa première guerre révolutionnaire.
En avril, évènement sans précédent, le roi forme un cabinet de gouvernement avec les Girondins.
Le 20 avril 1792, la guerre est déclarée contre les Autrichiens
Les premières batailles sont un désastre pour la France, et la Prusse rejoint l'Autriche dans une alliance contre la France.
Au début, le délai nécessaire à sa préparation permet à la France de former une armée.
La Révolution, à cette date, est en train d'entrer dans une phase plus radicale.
L'Assemblée législative fait passer une série de décrets, notamment contre les prêtres réfractaires, qui refusent de prêter serment à la constitution civile du clergé, ce qui entraîne, au début du mois de juin, un conflit entre Louis XVI et ses ministres girondins.
Lorsque le roi envisage de former un nouveau cabinet avec les Feuillants, monarchistes constitutionnels modérés, le fossé s’élargit entre le roi et une grande part des chefs de l'Assemblée, ainsi qu'avec la majorité du peuple parisien.
Le 20 juin, la foule armée envahit le hall de l'Assemblée législative et les appartements royaux aux Tuileries, mais ne s'attaque pas au roi.
L'échec de l'insurrection provoque un mouvement de sympathie envers le roi.
La Fayette essaie d'utiliser cette circonstance pour mettre fin au conflit interne à Paris, mais le peuple, les députés et la Cour le soupçonnent de n'agir qu'en vue de ses ambitions personnelles.
Une dernière proposition des Girondins est refusée et les Feuillants sont renversés.
Les Girondins effectuent alors un tournant à gauche pour s’unir à ceux qui sont prêts à recourir à la force pour renverser la monarchie.
Dans un discours à l'Assemblée, Pierre Victurnien Vergniaud questionne directement le roi sur des questions rhétoriques: « La Constitution vous laissa-t-elle le choix des ministres pour notre bonheur ou notre ruine ? » (Guillaume Lallement, Assemblée nationale, Choix de rapports, opinions et discours prononcés à la tribune nationale depuis 1789 jusqu'à ce jour, recueillis dans un ordre chronologique et historique, vol. IX: Année 1792 (second et dernier volume de l’Assemblée législative), Paris, Alexis Eymery, 1820, VIII-422 p., In-8°, 1[sup]e série XX vol., 2e série III vol (https://books.google.fr/books?id=1_ovAAAAMAAJ&pg=RA1-PA154#v=onepage&q&f=false), Livre 1er, « Opinion de M. Vergniaud sur la situation de la France », p. 154)[/sup]
Brissot est encore plus direct: « Et moi je dis que frapper sur la cour des Tuileries c’est frapper ces prêtres d’un seul coup ! On vous dit de poursuivre partout les intrigants, les factieux, les conspirateurs… Et moi je vous dis que tous disparaissent si vous frappez sur le cabinet des Tuileries, car ce cabinet est le point où tous les fils aboutissent, où se trament toutes les manœuvres, d’où partent toutes les impulsions ! La nation est le jouet de ce cabinet, c'est-à-dire de quelques intrigants qui le dominent ; voilà le secret de notre position, voilà la source du mal, voilà où il faut porter le remède, et un remède vigoureux […] » (Guillaume Lallement, Assemblée nationale, Choix de rapports, opinions et discours prononcés à la tribune nationale depuis 1789 jusqu'à ce jour, recueillis dans un ordre chronologique et historique, vol. IX, op. cit. (https://books.google.fr/books?id=1_ovAAAAMAAJ&pg=RA1-PA199#v=onepage&q&f=false), Livre 1[sup]er, « Discours de M. Brissot sur les causes du danger de la patrie », p. 199)[/sup]
Jérôme Pétion de Villeneuve
La Nation « en danger »
Le 05 juillet, l'Assemblée déclare la nation « en danger »
Tous les citoyens en mesure de prendre les armes et de servir dans la Garde nationale sont placés en service actif.
Des piques sont distribuées à ceux qui ne peuvent se procurer d'armes, et des drapeaux sont placés dans les espaces publics, avec ces mots: « Citoyens ! La Patrie est en danger ! »
Le 14 juillet (troisième anniversaire de la prise de la Bastille), des festivités patriotiques sont organisées.
Pétion, démis de ses fonctions de maire de Paris à cause de sa conduite durant les évènements du 20 juin, est réintégré dans ses fonctions.
Les grenadiers monarchistes constitutionnels du bataillon des Filles-Saint-Thomas affrontent les fédérés de Marseille, mais c'est le dernier acte de résistance de la faction monarchiste modérée.
Le club des Feuillants, les compagnies de grenadiers et chasseurs de la Garde nationale qui forment la force de la bourgeoisie sont dissous.
Pendant ce temps, les armées alliées autrichiennes et prussiennes arrivent le long des frontières.
La plupart des soldats « constitutionnels » (monarchistes), ainsi qu'une part des régiments suisses, stationnent à Paris.
Au même moment, la Garde nationale, formée de la bourgeoisie, est ouverte au recrutement dans les classes plus basses.
La déclaration du duc Charles-Guillaume-Ferdinand de Brunswick-Wolfenbüttel, militaire prussien, le 25 juillet 1792, annonçant que les Alliés entreraient en France pour restaurer l'autorité royale, investiraient militairement l'Assemblée et la ville de Paris au moindre outrage envers le roi -, est connue à Paris le 1er août et excite la fureur et les aspirations républicaines des révolutionnaires.
Vers l'insurrection Georges Jacques Danton
Le grand esprit de cette nouvelle révolution est Danton, un avocat âgé de 32 ans seulement, qui ne siège pas à l'Assemblée, mais dirige le club des Cordeliers, un des plus républicains, et dispose d'un grand ascendant sur le petit peuple parisien.
Danton et ses amis et alliés — Maximilien de Robespierre, Camille Desmoulins, Fabre d'Églantine, Jean-Paul Marat, entre autres — sont aidés dans leur tâche par la crainte de l'invasion. Jean-Paul Marat
Les volontaires et fédérés arrivent sans cesse à Paris et, alors qu'un grand nombre désire rejoindre l'armée, les Jacobins enrôlent ceux qui acceptent leur invitation, notamment environ 500 Marseillais emmenés par le girondin Barbaroux.
François-Auguste Mignet écrit que « leur entreprise fut plusieurs fois projetée et suspendue.
Le 26 juillet, une insurrection devait éclater mais elle était mal ourdie et Pétion l'arrêta.
Lorsque les fédérés marseillais arrivèrent pour se rendre au camp de Soissons, les faubourgs devaient aller à leur rencontre, et marcher avec eux à l'improviste contre le château.
Cette insurrection manqua encore. Cependant l'arrivée des Marseillais encouragea les agitateurs de la capitale23 »
Il est alors décidé de porter le coup décisif le 10 août.
Les clubs politiques discutent ouvertement du détrônement du roi, et le 03 août, Pétion parle à l'Assemblée, demandant la fin de la monarchie au nom de la commune et des sections.
Le 08 août, la mise en accusation de La Fayette est discutée.
« Il fut absous; mais tous ceux qui avaient voté pour lui furent hués, poursuivis et maltraités par le peuple, au sortir de la séance » (François-Auguste Mignet 1824, p. 257), dont Vincent-Marie Viénot de Vaublanc et Quatremère de Quincy.
Ce harcèlement s'accompagne de menaces de mort ou d'invasion de leur domicile. Étienne de Joly, le ministre de la justice, écrit au président de l'Assemblée, « J'ai dénoncé ces attaques à la cour criminelle; mais la loi est impuissante, et je suis tenu par l'honneur et la probité de vous informer que sans une prompte assistance du corps législatif, le gouvernement ne pourra pas être longtemps responsable »
Insurrection
Le peuple ne veut pas attendre le résultat de la dernière proposition de Pétion pour poursuivre le travail par la voie législative.
La "journée" fut préparée par les sections, en particulier par celle des Quinze-vingts et son chef Santerre.
Gravure par Delpech. Santerre était un grand brasseur de la rue du Faubourg Saint Antoine à Paris ; il participa à la prise de la Bastille et fût le principal organisateur de la journée du 20 juin 1792. Il conduisit la famille royale au temple et plus tard Louis XVI à l'échafaud. Il commandera la garde nationale et l'armée des côtes de La Rochelle.
Le 09 août au soir le tocsin se mit à sonner.
C'était le signal: les sections envoyèrent des commissaires à l'Hôtel de Ville, où une Commune insurrectionnelle s'installa, éliminant le Conseil général.
La section des Quinze-vingts déclare le 09 août que, si le détrônement n'est pas prononcé le jour même, à minuit elle sonnera le tocsin et attaquera la résidence royale des Tuileries.
La totalité des quarante-huit sections de Paris, sauf une, la suit.
Pétion informe l'Assemblée législative que les sections ont « repris leur souveraineté » et qu'il n'a pas d'autre pouvoir sur le peuple que celui de sa persuasion.
Dans la nuit du 09 une nouvelle Commune révolutionnaire prend possession de l'Hôtel de ville de Paris, siège du gouvernement.
Le plan des Jacobins de l'Assemblée, soutenu par l'armée des fédérés, est de dissoudre le département de Paris, pour démettre Pétion, et instituer une commune insurrectionnelle (un gouvernement municipal) et prendre les Tuileries d'assaut.
Comité provisoire Pierre-Louis Roederer
À minuit, le tocsin sonne.
Les insurgés nomment un comité provisoire de la Commune, qui dirige l'insurrection depuis l'Hôtel de Ville.
Pétion est aux Tuileries, où il est convoqué par le roi, qui voulait s'assurer par lui de l'état de Paris, et reçoit l'autorisation de répondre à la force par la force.
Une partie de l'Assemblée, réveillée par le tocsin, a démarré une session d'urgence sous la présidence de Vergniaud.
Apprenant que Pétion est aux Tuileries, ils pensent qu'il a été arrêté et veulent le faire délivrer.
Ils lui font demander, comme l'avait fait le roi auparavant, de donner un état de Paris.
Il vient, à cette requête. Une députation de l'Hôtel de Ville s'informe de lui auprès de l'Assemblée, supposant également qu'il est prisonnier des Tuileries.
Il part avec elle et devient en fait prisonnier de la commune insurrectionnelle, sous la garde de trois cents hommes.
La nouvelle commune somme alors le marquis de Mandat, commandant de la Garde Nationale, de protéger les Tuileries.
Ne connaissant pas le changement de régime à l'Hôtel de Ville, il obéit à cet ordre.
Il a été accusé d'avoir autorisé les troupes à tirer sur le peuple. Alors qu’il est envoyé à l'Abbaye, la foule le tue lorsqu'il quitte l'Hôtel de Ville.
La commune confère immédiatement le commandement de la Garde nationale à Santerre.
Pierre-Louis Roederer, le greffier du département de Paris, passait la nuit aux Tuileries.
Les préparatifs des Jacobins étant connus, un certain nombre de mesures de défense avaient été prises.
La Chronique des Cinquante jours de Roederer rapporte que, vers quatre heures du matin, la reine Marie-Antoinette l'avait appelé, et qu'il avait alors été prévenu que le roi et la famille royale voulaient se réfugier à l'Assemblée Législative. « Vous proposez, dit Dubouchage, de livrer le roi à l'ennemi »
Roederer remarqua alors que seulement deux jours auparavant, les deux-tiers de l'Assemblée s'étaient prononcés en faveur de La Fayette, et avaient soutenu que son plan était le moins dangereux.
La reine décide néanmoins de résister par la force, et Roederer y consent.
Lachesnaye, qui commandait les troupes en l'absence de Mandat, dit que les troupes de la Garde Nationale sont prêtes à la défense, mais il proteste contre la présence d'aristocrates « irréguliers »
Mandat avait auparavant conseillé la reine de disperser ces gentilshommes, en vain, arguant que leur présence décourageait le zèle des constitutionnels.
Comme Mandat avant lui, Lachesnaye est contredit par la reine: « Je réponds d'eux où qu'ils soient; ils avanceront en premier ou en dernier, dans les rangs, comme vous le voulez; ils sont prêts à tout ce qui est nécessaire; ce sont des hommes sûrs »
Joly, ministre de la justice et Champion, ministre de l'intérieur sont envoyés à l'Assemblée pour s’informer du danger, et pour solliciter son aide et celle des commissaires.
La revue des troupes par le roi à cinq heures du matin montre que celui-ci ne peut pas compter sur tous ses protecteurs officiels.
Les cris de « vive le Roi ! » mêlés aux cris de « vive la Nation ! » et parfois « vive Pétion ! » retentissent.
Les bataillons armés de piques sont ouvertement hostiles, criant « à bas le veto ! » et « à bas le traître ! »
Lorsque Louis XVI rentre, ils quittent leurs positions pour se placer près du Pont Royal et tournent leurs canons contre le château.
Deux autres bataillons, qui stationnent dans la cour, les imitent et se placent sur la place du Carrousel en position d'attaque.
Marche sur les Tuileries Louis XVI traversant les rangs des troupes défendant le Palais des Tuileries avec Augustin-Joseph de Mailly, maréchal de France avant les combats de la journée du 10 août 1792 (par Yan' Dargent)
Pendant ce temps, les insurgés avaient forcé l'arsenal, s'étaient armés et avançaient en plusieurs colonnes.
La colonne forte de 15 000 personnes du faubourg Saint-Antoine sur la rive droite et la colonne de 5 000 insurgés du faubourg Saint-Marceau sur la gauche entament leur marche vers six heures; leur nombre augmente au fur et à mesure de leur progression.
Les artilleurs se sont placés sur le Pont-Neuf avec la consigne du département d'empêcher la jonction de ces colonnes, mais Manuel, le greffier de la ville, leur demande de se replier et le passage est alors libéré.
Tôt dans la matinée du 10 août, les insurgés assaillent les Tuileries.
L'avant-garde des faubourgs, composée de fédérés marseillais et bretons se déploie sur le Carrousel, tournant ses canons contre le château.
Joly et Champion reviennent de l'Assemblée, considérant que les soixante ou quatre-vingts membres présents ne sont pas suffisamment nombreux et que leur proposition n'a pas été entendue.
Les membres du « département », menés par Roederer, le chef du département, se présentent eux-mêmes devant la foule, faisant observer qu'une si grande foule ne pourrait accéder au roi, ou devant l'Assemblée nationale, et leur conseillent d'envoyer vingt députés avec leurs requêtes, mais ils ne sont pas écoutés.
La foule se tourne vers la Garde Nationale, lui rappelant l'article de loi qui lui demande de répondre à la force par la force s'ils sont attaqués.
Une toute petite part de la Garde Nationale semble disposée à agir ainsi; et une charge de canon est la seule réponse des artilleurs.
Roederer, voyant que les insurgés sont toujours triomphants, car ils sont maîtres du terrain, et qu'ils disposent de la force du nombre et de troupes, retourne précipitamment au château, à la tête du directoire exécutif.
Outre quelques aristocrates armés et un certain nombre de membres de la Garde Nationale (y compris les officiers ayant récemment démissionné), le palais est protégé par les Gardes suisses, soit environ 950 hommes.
Seule une compagnie de ces gardes est normalement stationnée aux Tuileries, mais le retour du régiment (moins un détachement de 300 hommes restés pour escorter un convoi de grains en Normandie peu de jours auparavant) avait consigné dans leurs quartiers les hommes durant la nuit du 09 au 10 août.
Cependant, le départ de Mandat et des morts significatives affectent la situation.
La Garde Nationale voulait probablement (comme le prévoyait l'accord avec Mignet) obéir aux ordres de Mandat pour employer la force contre la foule mêlée de gardes provinciaux et de parisiens, mais ils se trouvent eux-mêmes côte à côte avec les nobles et les royalistes et manquant d'un commandement propre, ils sont alors dispersés et fraternisent avec les assaillants.
Départ du Roi
Louis XVI et sa famille se rendant à l'Assemblée le 10 août 1792
L'Encyclopædia Britannica de 1911 affirme que sans la Garde nationale, la disparité des forces n'était pas assez grande pour rendre la résistance tout à fait désespérée, mais que Louis XVI se laissa persuader de trahir sa propre cause et de se retirer sous la protection de l'Assemblée. Mignet rendit un compte plus circonstancié basé sur les mémoires de Roederer:
Citation :
« Le roi convoqua un concile comprenant la reine et les ministres. Un officier municipal venait juste de sonner l'alarme en annonçant que les insurgés étaient en train de s'avancer sur les Tuileries. — Eh bien, que veulent-ils ? demanda Joly, garde des sceaux.— L'abdication, répondit l'officier.— Et qu'elle soit prononcée par l'assemblée, ajouta le ministre.— Et qu'est-ce qui s'ensuivra de l'abdication ? s'enquit la reine. L'officier municipal garda le silence. À ce moment-là Roederer arriva, et intensifia l'état d'alerte en annonçant que le danger était extrême ; que les insurgés ne négocieraient point, qu'il n'était pas possible de se reposer sur la Garde nationale. — Sire, dit-il dans l'urgence, Votre Majesté n'a pas cinq minutes à perdre; il n'y a de sûreté pour elle que dans l'Assemblée nationale ; c'est l'opinion du département que vous devez y revenir sans délai. Il n'y pas assez d'hommes dans la cour pour défendre le château; et nous ne sommes pas sûrs d'eux. À la mention de défense, les artilleurs déchargèrent leur canon. Le roi répondit, en premier, qu'il n'avait pas remarqué grand-monde sur la place du Carrousel; et la reine approuva vivement, disant que le roi avait des forces pour défendre le château. Mais, devant l'état d'urgence ravivé par Roederer, après l'avoir attentivement fixé pendant quelques minutes, le roi se tourna vers la reine et lança: — Marchons.— Monsieur Roederer, dit Madame Élisabeth, s'adressant au greffier, répondez-vous de la vie du roi ?— Oui, madame, sur la mienne, répondit-il. Je marcherai immédiatement devant lui. »
Du fait de l'absence dans le château du colonel Louis-Auguste d'Affry, colonel du régiment des Gardes suisses, qui reste à son domicile toute la journée étant malade, le major Karl Josef von Bachmann prend le commandement du régiment des Gardes suisses.
Voyant la foule qui menace d'envahir les Tuileries, il propose au roi de l'accompagner à l'Assemblée nationale, qui siège à côté. Aussi, traversant le jardin des Tuileries, il accompagne Louis XVI et sa famille jusque dans la loge du greffier de l'Assemblée nationale, où la famille royale reste toute la journée.
Dans ses mémoires, Madame de Tourzel, gouvernante des enfants de France, raconte ainsi la scène: « Nous traversâmes tristement les Tuileries pour gagner l'Assemblée. MM. de Poix, d'Hervilly, de Fleurieu, de Bachmann, major des Suisses, le duc de Choiseul, mon fils et plusieurs autres se mirent à la suite de Sa Majesté mais on ne les laissa pas entrer »
(Louise-Élisabeth de Croÿ de Tourzel et François-Joseph des Cars (éditeur scientifique), Mémoires de madame la duchesse de Tourzel : gouvernante des enfants de France pendant les années 1789, 1790, 1791, 1792, 1793, 1795, vol. 2 (reproduction), Paris, E. Plon, 1883, (814 vues) XXIV-404, 355 p., 2 vol. (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k468411/f672.item), chap. XXIII (« Année 1792 »), p. 215 (vue 672 / 814))
Traversant le jardin des Tuileries et marchant sur des feuilles tombées des arbres, Louis XVI aurait dit:
« L'hiver arrive vite, cette année »
La foule envahit la cour du château et cherche à gagner les étages supérieurs. Revenu dans le château, Bachmann demande un ordre précis du roi, et cet ordre ne venant pas, il organise la défense des Gardes suisses qui font face à l'envahissement des émeutiers.
L'arrivée du roi à l'Assemblée
Le député Vincent-Marie Viénot de Vaublanc raconte dans ses mémoires l'arrivée du roi à l'Assemblée: « Un instant avant l'entrée du roi, les députés qui siégeaient à l'extrémité gauche s'aperçoivent que des hommes portant des uniformes, sont prêts à entrer dans la salle par le côté même qu'ils dominaient; ils se lèvent […] ils s'écrient qu'aucun militaire ne peut entrer. M. Roederer se rend à la barre, demande à faire entrer les gardes nationales qui accompagnent le roi, pour faciliter son passage. L'Assemblée est dans la plus grande agitation […] » (Vincent-Marie de Vaublanc, Mémoires sur la Révolution de France : et recherches sur les causes qui ont amené la révolution de 1789 et celles qui l'ont suivie, vol. 2, Paris, G.-A. Dentu, 1833, III-450 p., 4 vol. ; in-8 (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k116237c/f237.item), Suite du livre III, chap. IX, p. 231)
« Enfin, un grenadier, […], entre, tenant le dauphin dans ses bras, et le dépose […] sur le bureau des secrétaires. Le jeune prince, […] n'entendit retentir que les plus vifs applaudissements, et ne vit que l'expression du plus tendre intérêt. […] La reine entra avec beaucoup de dignité. Un ministre lui donnait la main. […] Madame et Mme Élisabeth étaient avec elle. Elles se placèrent au banc des ministres […] » (Vincent-Marie de Vaublanc, Mémoires sur la Révolution de France : et recherches sur les causes qui ont amené la révolution de 1789 et celles qui l'ont suivie, vol. 2, op. cit., (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k116237c/f238.item), Suite du livre III, chap. IX, p. 232)
Le roi parut, et tous les yeux se tournèrent vers lui.
Il était vêtu d'un habit de soie violet, parce qu'il portait le deuil. Placé auprès du président, il parla ainsi: « Je suis venu ici pour éviter un grand crime, et je me croirai toujours en sureté avec ma famille, au milieu des représentants de la nation »
Ces mots furent suivis des plus vifs applaudissements.
Il ajouta: « J'y passerai la journée » […]
( Vincent-Marie de Vaublanc, Mémoires sur la Révolution de France: et recherches sur les causes qui ont amené la révolution de 1789 et celles qui l'ont suivie, vol. 2, op. cit, (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k116237c/f238.item), Suite du livre III, chap. IX, p. 232)
Guadet, qui présidait en ce moment, lui répondit:
« L'Assemblée nationale connait tous ses devoirs. Elle regarde comme un des plus chers le maintien de toutes les autorités constituées. Elle demeurera ferme à son poste. Nous saurons tous y mourir » (Vincent-Marie de Vaublanc, Mémoires sur la Révolution de France: et recherches sur les causes qui ont amené la révolution de 1789 et celles qui l'ont suivie, vol. 2, op. cit., (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k116237c/f238.item), Suite du livre III, chap. IX, p. 232-233)
Attaque des Tuileries Estampe du siège des Tuileries, (musée de la Révolution française)
Maîtresse de Paris, la Commune allait diriger le mouvement.
Le château était alors gardé par 800 ou 900 Suisses, 200 gendarmes, quelques centaines de gentilshommes et plus de 2 000 membres de la Garde nationale, peu sûrs.
Le chef de celle-ci, Mandat, un modéré, convoqué à l'Hôtel de Ville, fut déclaré déchu de son commandement, puis les émeutiers l'abattirent.
Ainsi, la défense était paralysée.
Dès l'aube, les bandes armées commencèrent à cerner les Tuileries. Le roi, qui s'était endormi après une nuit blanche, fut réveillé vers 6 heures du matin.
Il descendit dans la cour du Carrousel pour passer la Garde nationale en revue, mais ne trouva pas de mots pour galvaniser ses troupes.
Déjà de nombreux canonniers pactisaient avec les assaillants.
Charles-Léodegar, Baron Bachmann, major des Gardes Suisses (1732-1792), Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon
Avant les premiers coups de feu, le procureur-syndic Roederer persuada le roi d'aller se réfugier avec les siens au Manège, au milieu des députés.
La famille royale fut installée en dehors de la salle des séances, dans la loge du "logographe", et attendit, pendant de mortelles heures, les nouvelles de la bataille qui faisait rage aux Tuileries.
Les premiers assauts avaient été repoussés par les Suisses, mais les émeutiers revinrent avec des renforts.
Les défenseurs manquèrent vite de munitions.
Sur les instances de l'Assemblée, le roi signa un billet leur ordonnant d'arrêter le feu.
Les Suisses obéirent et furent massacrés, ainsi que la plupart des serviteurs du roi.
Gardes Suisses massacrés par la populace.
On poursuivit les malheureux à travers les jardins et les pièces du château, qui fut mis à sac. Devant le succès des insurgés, l'Assemblée, affolée de l'évolution des événements, déclara le roi suspendu.
Elle le laissa enfermé par la commune à la tour du Temple et annonça la prochaine élection d'une nouvelle assemblée constituante, ou Convention nationale.
C'était la fin de la monarchie.
Affrontement entre les Suisses et les insurgés (dessin d'Henri-Paul Motte, 1892)
Certains assaillants avancent amicalement, et les Gardes suisses jettent quelques cartouches à la fenêtre en gage de paix.
Cependant, le feu est ouvert, sans que l'on sache de quel côté le coup est parti en premier, ni s'il a été intentionnel.
La Garde suisse, régiment discipliné et professionnel ayant une tradition de service de la monarchie française (en vertu de traités anciens dénommés "Capitulations"), a d'abord l'avantage, mais est largement dépassée en nombre par les forces adverses, soutenues par des canons.
Progressant depuis la cour faisant face au Palais, les Suisses sont pris sur le flanc depuis la galerie du Louvre et se replient à l'entrée principale du Palais.
La Garde nationale des insurgés se rallie et retourne à l'attaque.
Le roi avait envoyé une note (préservée à ce jour) ordonnant aux Suisses de cesser le feu et de se retirer à leur Caserne Charras de Courbevoie ( Alphonse de Lamartine, Œuvres complètes de Lamartine publiées et inédites, vol. 10, t. 2: Histoire des Girondins, (Paris), L’auteur, 1861, 456 p., 6 vol; in-8 (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k210089s/f441.item), Livre vingtdeuxième, chap. XVIII (« Le jeune Charles d’Autichamp »), p. 440)
Il semble que son intention était d'épargner d'ultérieures effusions de sang, mais les officiers des Suisses aux commandes jugèrent inutile un tel ordre au milieu d'une bataille lourde et n'obtempérèrent pas immédiatement à la réception de l'ordre
Cependant, la position de la Garde devient de plus en plus difficile à tenir, leurs munitions diminuant tandis que les pertes augmentent.
La note du roi est alors exécutée et l'on ordonne aux défenseurs de se désengager.
Le corps principal des Gardes suisses bat en retraite à travers le Palais et se retire à travers les jardins à l'arrière de l'édifice.
À ce moment-là, ils sont dépassés en nombre, près de la fontaine centrale, morcelés en petits groupes et taillés en pièces.
Les Gardes suisses restés dans le Palais sont pourchassés et tués, de même qu'un certain nombre de domestiques et courtisans ne pouvant se mêler à la foule.
Des actes d'anthropophagie seraient commis lors du massacre des gardes suisses et du personnel du palais. (Paul de Vallière et Pierre Olivier Walzer (dir. coll.), Le 10 août 1792: grandeur helvétique: la défense des Tuileries et la destruction du régiment des gardes-suisses de France à Paris, Lausanne, Éditions L'Âge d'Homme, coll. « Poche suisse » (n[sup]o 117), 1992, 146 p, 18 cm (ISBN 2-8251-0345-4), chap. IV (« Le 10 août. L’attaque et la prise des Tuileries »), p. 124)[/sup]
Le roi sacrifie les Suisses en leur ordonnant de rendre les armes en plein combat.
Des 950 Gardes suisses présents aux Tuileries, environ 300 sont tués au combat ou massacrés en tentant de se rendre aux attaquants après avoir reçu l'ordre du roi de rendre les armes en plein combat, furieux à cause des coups de feu tirés sur la foule, qu'ils mettent sur le compte des Gardes.
Environ 60 sont faits prisonniers à l'Hôtel de Ville et sont massacrés là-bas.
D'autres meurent en prison des suites de leurs blessures, les officiers et sous-officiers seront tués durant les massacres de Septembre qui s'ensuivent dont Karl Josef von Bachmann, le commandant de la garde lors de la prise du palais des Tuileries le 10 août, guillotiné.
Une centaine de Gardes aurait survécu.
Les gentilshommes en armes, dénombrés à environ 200, passèrent inaperçus en habits civils et furent pour la plupart capables de s'échapper lors de la confusion.
Parmi les hommes restants, 350 transitent par les armées républicaines, dont beaucoup rejoignent les Vendéens.
En 1817, 389 rescapés reçurent officiellement de la Diète la médaille commémorative Treue und Ehre (Fidélité et Honneur) (Alain-Jacques Czouz-Tornare, « Tuileries, massacre des [archive] » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du 25 février 2014)
Le lendemain de ces massacres, c'est rue du Faubourg-Poissonnière, près de la barrière Poissonnière, dans une vaste tranchée creusée à cet effet, que les cadavres des gardes suisses tués dans les escaliers, les cours et les jardins des Tuileries furent jetés pêle-mêle. ( Eusèbe Girault de Saint-Fargeau: Les 48 quartiers de Paris page 196)
Demande de déposition du roi
À l'arrivée des insurgés victorieux, l'Assemblée émet une proclamation demandant au peuple de respecter la justice, leurs magistrats, les droits de l'homme, la liberté et l'égalité. Mais la foule et ses chefs ont tout le pouvoir entre leurs mains, et sont déterminés à l'utiliser. La nouvelle municipalité vient affirmer leur autorité, précédée de trois bannières portant les inscriptions « Patrie, liberté, égalité ». Ils exigent la déposition du roi et l'institution d'une Convention nationale. Le corps des députés se joint à cette exigence.
Un reste de l'Assemblée législative, à majorité jacobine, se sent contrainte de céder, sans prendre sur elle de déposer le roi. À la place, à l'initiative de Vergniaud, ils votent à l'unanimité la convocation de la Convention exigée, la révocation des ministres et la suspension du roi (et non pas sa déposition).
Un concile exécutif ad hoc est établi. Environ quatre mille prêtres, qui refusent de prêter serment, sont exilés. Les membres de la commission sont répartis dans le corps des armées afin de s'en assurer. Louis XVI passe avec sa famille les trois premières nuits dans quatre pièces du couvent des Feuillants; la journée, ils sont tenus d’être présents dans une loge derrière le bureau de l‘Assemblée. Puis, ils sont transférés en tant que prisonniers à la Tour du Temple, par la Commune au pouvoir absolu32.
Suites et mémoire des faits
La fin de la monarchie et le remplacement de l'Assemblée législative par la Convention sont suivis de six semaines d'instabilité politique. Durant cette période, la commune parisienne insurgée concentre un plus grand pouvoir que l'Assemblée. Elle exige et reçoit la garde de la famille royale, obtient un pouvoir illimité d'arrestation. Elle ne s’oppose pas aux massacres de Septembre au cours desquels 1200 à 1400 personnes arrêtées sont tuées en prison.
Le Conseil exécutif ad hoc de l'Assemblée n'a pas de statut juridique et un faible appui de l'opinion publique. La Fayette, devant le refus de ses troupes à le suivre dans la défense de la Constitution de 1791, choisit de s'exiler et est fait prisonnier par les Autrichiens.
Les élections pour la Convention sont faites au suffrage universel, mais la participation se réduit de 10 à 25 % selon les régions. Plusieurs des députés de l'Assemblée nationale constituante et de la Législative sont reconduits. La Convention se réunit le 20 septembre et devient de facto le nouveau gouvernement français. Une de ses premières mesures est d'abolir la monarchie.
En 1824, François-Auguste Mignet écrivit que le 10 août 1792 « fut l'insurrection de la multitude contre la classe moyenne et contre le trône constitutionnel, comme le 14 juillet avait été l'insurrection de la classe moyenne contre les classes privilégiées et le pouvoir absolu de la couronne. Le 10 août vit commencer l'époque dictatoriale et arbitraire de la Révolution. […] La question alors changea entièrement de nature ; elle n'eut plus pour but la liberté, mais le salut public ; et la période conventionnelle, depuis la fin de la Constitution de 1791 jusqu'au moment où la Constitution de l'an III établit le Directoire, ne fut qu'une longue campagne de la Révolution contre les partis et contre l'Europe33. ».
En 1821, le Lion de Lucerne, sculpture monumentale de Bertel Thorvaldsen et Lukas Ahorn, est dédié aux garde suisses massacrés.
nomination par acclamation par l'assemblée législative d'un conseil exécutif provisoire, remplaçant le Conseil du roi, composé de six ministres: Danton à la Justice, Roland à l'Intérieur, Joseph Servan à la Guerre, Clavière aux Finances, Lebrun aux Affaires étrangères et Monge à la Marine.
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yann sinclair
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Sujet: Le massacre des Gardes Suisses Jeu 8 Aoû - 11:52
Le massacre des Gardes Suisses
Assassinat des Gardes Suisses à Paris le 10 août 1792 qui défendaient notre roi Louis XVI, ces 100 gardes suisses aidaient les rois de France, depuis François Ier, date à laquelle la Suisse ne fit plus jamais la guerre ! La journée du 10 août 1792, décisive pour la Révolution, est, après le 14 juillet 1789, la plus importante des grandes journées révolutionnaires. La plupart des historiens la qualifient de seconde Révolution.
La préparation de cette journée, lourde de conséquences pour l’avenir du pays et de la Révolution, est organisée et menée par la Commune insurrectionnelle de Paris et par les sections parisiennes ; après plusieurs assauts, le peuple prend le palais des Tuileries, siège du pouvoir exécutif. Mais c’est aussi la première fois, depuis le début de la Révolution, qu’une journée révolutionnaire est dirigée également contre l’Assemblée. Cette journée révolutionnaire consomme la chute de la monarchie constitutionnelle. Sa préparation est trop complexe pour qu’on puisse en attribuer la responsabilité à un individu ou à une faction. C’est aussi le début de la première Terreur, dont le point culminant sera les massacres de Septembre. Cette première période prend fin avec la réunion de la première session de la Convention nationale le 20 septembre 1792 et la victoire de Valmy, acquise le même jour et connue à Paris le lendemain. Cette insurrection et ses conséquences sont communément appelées par les historiens de la Révolution française simplement « le 10 août » ; les autres désignations sont « journée du 10 août », « prise des Tuileries », « insurrection du 10 août » ou « massacre du 10 août » IN MEMORIAM Massacre des Gardes suisses lors de la prise des Tuileries
Il n’est pas un touriste passant à Lucerne qui ne soit allé visiter le Lion dit de Lucerne, élevé à la mémoire des officiers et des soldats suisses de la garde de Louis XVI tués au 10 août 1792.
On sait que cette œuvre magnifique du sculpteur Thorwaldsen est placée clans une paroi de rocher au bord d’une pièce d’eau ombragée d’arbres et de saules pleureurs. Au-dessous du Lion mourant, et dont la tête s’incline sur un bouclier portant les trois fleurs de lys de France, on a gravé sur le marbre les noms des officiers et des soldats morts pour le Roi, avec cette inscription: Helvetiorum fidei ac virtuti (Au courage et à la fidélité des Suisses)
En face du monument se trouve un Musée où ont été recueillis des armes et des uniformes de ces martyrs de la fidélité dont on parle rarement, surtout à notre époque.
Entre autres livres curieux sur la journée du 10 août 1792, celui du colonel suisse Pfyffer d’Alitshoffen intitulé Récit de pièces relatives au monument de Lucerne consacré à la mémoire des officiers et soldats suisses morts pour la cause du roi Louis XVI, les 10 août, 2 et 3 septembre 1792, avec un récit de la conduite du régiment des Gardes suisses (1821) fournit une narration très complète dont voici quelques extraits.
Les circonstances de la Révolution allaient toujours croissant de gravité !
Chaque jour augmentait les fatigues des troupes fidèles, et il n’était personne qui ne prévît une catastrophe inévitable et prochaine.
Cette considération détermina les officiers qui étaient, autorisés à aller jouir de leur semestre en Suisse à y renoncer, pour rester auprès de la personne du Roi et partager le sort de leurs camarades: on leur fit connaître que l’intention formelle de Sa Majesté s’y opposait. Tous insistèrent, tous chargèrent M. le colonel d’Affry d’émettre de nouveau au ministre de la Guerre leur vœu formel à cet égard; mais ces instances ne produisirent qu’un ordre positif du roi, que tous les officiers portés sur la liste des semestriers eussent à partir ! Le malheureux prince cherchait à écarter l’ombre de ce qui eût pu donner du soupçon.
A mesure que le danger devenait imminent et que l’on approchait de la crise, le caractère de loyauté du régiment se prononçait davantage. Le sort qu’on devait attendre était connu de chacun, mais tous voulurent mourir plutôt que de compromettre l’honneur et la réputation des Suisses, et de souiller des drapeaux sans tache ! De tous côtés, il arrivait des rapports sur les intentions hostiles des Marseillais, et l’on manquait de munitions ! Depuis longtemps, les canons du régiment avaient été livrés sur ordre supérieur, contre lequel le corps des officiers avait en vain protesté. Les menaces des fédérés obligèrent les chefs à consigner les soldats dans les casernes ; on voulait éviter des querelles qui pouvaient avoir des suites fâcheuses et fournir des prétextes à la malveillance. Les officiers profitèrent de ce temps de retraite pour retracer aux soldats leurs devoirs ; ils le tirent avec confiance et simplicité, ils leur montrèrent l’approche de l’orage, ils leur dirent que le temps était venu où leur fidélité serait mise à la plus rude épreuve ! Il faut le dire à l’honneur de ces braves, les exhorter était chose inutile; pas un seul n’hésita.
(...)
Le 4 août, le régiment reçut ordre de se porter sur Paris (l’on savait alors que les fédérés et les faubourgs devaient attaquer les Tuileries). Le régiment partit la nuit des casernes de Courbevoie et de Rueil, après avoir enterré une partie des drapeaux. Le marquis de Maillaidoz, lieutenant-colonel, et le baron de Bachmann, major, vinrent au-devant. Le corps marchait dans le plus grand silence, avec les précautions usitées en temps de guerre en pays ennemi. Ce silence même, un ordre admirable, la contenance ferme et froide des soldats, imposèrent sans doute aux factieux. Tout fut tranquille au château et la même nuit le régiment retourna aux casernes. Le lendemain, on en détacha trois cents hommes qu’on envoya en Normandie.
(...)
Le 8 août, sur les huit heures du soir, M. d’Erlach, capitaine de garde, remit à M. de Glutz, aide-major, un ordre conçu en ces termes: « Monsieur le Colonel ordonne que le régiment soit rendu demain, à trois heures du matin, aux Tuileries. » M. de Maillardoz avait reçu cet ordre de M. Mandat, alors commandant de la garde nationale de Paris. On fit le partage des cartouches aux casernes, et l’on ne put pas en distribuer trente par homme ! Tout le monde marcha: ceux qu’un âge avancé dispensait du service voulurent le faire ce jour-là. Il ne resta aux casernes qu’un petit nombre de malades et les fourriers. A la porte Maillot, une ordonnance venant de Paris remit au commandant un laissez-passer, signé Pétion. La nuit suivante (celle du 9 au 10 août), MM. Mandat, de Maillardoz et de Bachmann firent occuper les divers postes du château par la garde nationale et par les Suisses.
(...)
A minuit, l’on entendit sonner le tocsin et battre la générale. M. de Bachmann s’assura que tout était en ordre ; il donna des instructions aux officiers ; il envoya des officiers de l’état-major visiter les postes. Depuis ce moment, cet officier ne quitta pas le roi un seul instant. L’Europe sait qu’il a eu le même sort que ce prince. Le son lugubre du tocsin, loin de décourager les soldats, les animait toujours davantage. A deux heures du matin, quatre bataillons des faubourgs étaient déjà arrivés sur la place du Carrousel pour exécuter leur horrible projet; ils n’attendaient que leurs complices.
Entre quatre et cinq heures, M. Mandat recul l’ordre de se rendre à la Commune. On l’attendait pour l’égorger sur les degrés de l’Hôtel de Ville : on savait qu’il avait en sa possession un ordre, signé Pétion, de repousser la force par la force ; on supposait faussement qu’il le portait sur lui, et l’on voulait par le meurtre soustraire celle pièce à la publicité.
Vers six heures du matin, le Roi tenant par la main Monseigneur le Dauphin, descendit dans la cour royale, accompagné de quelques chefs de division et de commandants de la garde nationale, et de MM. de Maillardoz et de Bachmann. Il passa d’abord devant la garde nationale, puis devant les Suisses, qui crièrent : Vive le Roi ! Au même instant, un bataillon armé de piques, qui entrait dans la cour, criait à tue-tête : Vive la Nation ! II en résulta une discussion très vive, à laquelle les canonniers de la garde nationale surtout prirent beaucoup départ. M. de Dürler parvint néanmoins à les calmer, en leur représentant, dans son singulier langage, que le Roi et la Nation ne faisaient qu’un. Le bataillon qui venait d’entrer dans la cour reconnut qu’il n’était pas à sa place et ils allèrent se ranger parmi leurs pareils.
(...)
A sept heures, les murmures recommencèrent, et des bataillons entiers de gardes nationaux se retirèrent : les uns allèrent rejoindre les factieux, un grand, nombre rentrèrent dans leurs foyers. Ce fut alors qu’une députation de la garde nationale, conduite par M. Roederer, M. de Baumez et un troisième membre du département de Paris, vint solliciter le Roi, qui rentrait dans l’intérieur du château, de se rendre dans le sein de l’Assemblée nationale. M. de Bachmann, témoin des instances par lesquelles on cherchait à arracher la détermination du monarque, se retourna vers M. de Gibelin et lui dit : « Si le Roi va à l’Assemblée, il est perdu. » Ce sont les dernières paroles que les camarades de ce chef vertueux aient recueillies de sa bouche. La reine fit d’inutiles efforts pour empêcher ce funeste départ, après lequel la plus héroïque résistance ne pouvait plus avoir un heureux résultat, puisqu’elle était devenue sans objet.
C’est à peu près vers neuf heures que le roi se décida à venir dans l’Assemblée nationale avec toute la famille royale et quelques gentilshommes. Deux bataillons de la garde nationale et les gardes suisses de garde, en tête, MM. de Maillardoz, de Bachmann, de Salis-Zizer, aide-major, Chollet et Allimann, adjudants, escortaient Sa Majesté. Ce départ fut décisif pour la garde nationale qui occupait l’intérieur du château et les cours. La plus grande partie abandonna les Suisses ; les uns se réunirent aux bataillons des faubourgs et les autres se dispersèrent. Mais tous ne partagèrent pas cette honteuse défection, et parmi ceux qui restèrent fidèles, il faut citer à la postérité la presque totalité des braves grenadiers des Filles-Saint-Thomas [bataillon faisant partie de la Garde nationale, créée le 13 juillet 1789]. L’armée des faubourgs se mit en mouvement, ses canons en tête, et bientôt on la vit s’avancer vers les portes du château.
(...)
Toute la colonne ennemie étant entrée, elle plaça ses canons en batterie : on égorgea les sentinelles suisses placées au pied du grand escalier, et les premiers Marseillais essayèrent de monter au poste de la chapelle le sabre à la main. MM. de Dürler, de Réding, Joseph de Zinimermann et de Glutz, aide-major, firent placer à la hâte une barre de bois en travers de l’escalier. M. de Boissieux crut le moment favorable pour haranguer les Marseillais, mais d’affreux hurlements couvrirent sa voix.
Un peu moins de huit cents Suisses, les deux compagnies qui accompagnaient le roi n’ayant pu prendre part au combat, deux cents gentilshommes dont le courage était sans armes, un assez petit nombre de gardes nationaux intrépides et fidèles, tous sans commandant en chef, sans munitions sans canons... voilà l’état des choses au moment où le combat allait commencer ! Et cette poignée de braves, répartis sur plus de vingt postes, étaient attaqués par (...) une populace exaltée jusqu’à la fureur, qui avait avec elle cinquante pièces d’artillerie, qui disposait delà municipalité de Paris et qui se sentait encouragée par le Corps législatif.
La troupe des faubourgs fit une décharge qui blessa quelques soldats : les grenadiers des Filles-Saint-Thomas ripostèrent, les Suisses suivirent leur exemple : les Marseillais répondirent par une décharge générale d’artillerie et de mousqueterie, qui coûta la vie à beaucoup de monde. Ce fut dans ce moment que M. Philippe de Glutz, lieutenant des grenadiers, fut tué, et que M. de Castelberg eut la cheville du pied fracassée. L’action, devenue générale, se décida rapidement en faveur des Suisses : le feu des croisées et celui de la réserve de M. de Dürler furent très meurtriers. En peu de temps, la cour royale fut évacuée ; elle resta jonchée de morts, de mourants et de blessés.
(...)
Les détachements réunis portèrent l’épouvante et la mort parmi les assaillants : la cour royale fut couverte de leurs morts. Les Suisses enlevèrent une partie des canons de leurs adversaires et ils réussirent à les conserver ; malheureusement, ils n’avaient point de munitions et ils ne purent faire qu’une seule décharge des canons conquis sur l’ennemi, les Marseillais ayant emporté dans leur fuite les cartouches, les mèches et les lances à feu ; c’est ce qui fit que les Suisses tentèrent toujours en vain de faire taire un feu de mitraille qui, d’une petite terrasse placée vis-à-vis du corps de garde des Suisses, plongeait dans la cour royale. Ces admirables soldats de la fidélité essuyèrent un feu meurtrier avec le sang-froid et la tranquillité du vrai courage. Les détachements étaient criblés, ils se ralliaient toujours de nouveau, après des efforts qui tenaient du prodige.
Les Suisses restèrent maîtres du champ de bataille : les officiers et les soldais s’attelèrent aux canons pris aux ennemis et les traînèrent ; partout on se battait avec un égal acharnement, partout l’ennemi était repoussé, et les Marseillais, qui formaient les têtes de colonnes d’attaque, s’éclaircissaient par des pertes immenses. Mais les Suisses voyaient avec anxiété qu’ils touchaient au moment où l’épuisement des munitions allait les exposer au feu de l’ennemi, sans moyen d’y répondre.
Dans cet instant critique, M. d’Hervillé, tué depuis glorieusement pour la cause royale à Quiberon, arrive sans armes, sans chapeau, à travers les coups de fusil et de canon. On veut lui montrer des dispositions qu’on venait de faire du côté du jardin. « Il s’agit bien de cela, dit-il ; il faut vous porter à l’Assemblée nationale, auprès du Roi. » Il fallut chercher à se rallier ; on réunit les tambours qui n’avaient pas péri, on fit battre l’assemblée, et, malgré une grêle de balles qui tombaient de toute part, on parvint à ranger les soldats comme dans un jour de parade... On partit. La traversée du jardin fut excessivement meurtrière... L’on arriva enfin dans les corridors de l’Assemblée nationale... Un membre de l’Assemblée vint ordonner au commandant des Suisses de faire mettre bas les armes à sa troupe ; le commandant refusa de le faire. M. de Dürler s’avança vers le roi et lui dit : « Sire, on veut que je pose les armes. » Le roi répondit : « Déposez-les entre les mains de la garde nationale ; je ne veux pas que de braves gens comme vous périssent. » Un moment après, le Roi envoya à M. de Dürler un billet de sa propre main conçu en ces termes : « Le Roi ordonne aux Suisses de déposer leurs armes et de se retirer aux casernes. »
Cet ordre fut un coup de foudre pour ces braves soldats... Ils savaient que cet ordre de quitter leurs armes les livrait sans défense à des tigres altérés de leur sang : tous obéirent. Ce fut le dernier sacrifice qu’on exigea des Suisses... Le château n’était plus défendu ; les assaillants y entrèrent, massacrant lâchement les blessés et tous ceux qui s’étaient perdus dans l’immensité du palais.
(...)
Ainsi finit le régiment des gardes suisses du roi de France, comme un de ces chênes robustes dont l’existence a bravé les orages de plusieurs siècles et qu’un tremblement de terre a pu seul renverser ! Il comptait un siècle et demi de fidèles services rendus à la France; il est tombé le jour même où l’antique monarchie française s’écroulait.
La postérité dira d’eux: C’étaient des braves.
Le massacre des Gardes Suisses
Documentaire sur le tragique épisode du massacre des Gardes Suisses de Louis XVI, massacrés au château des Tuileries, alors qu'ils défendaient la famille royale, par des révolutionnaires fanatiques enragés et avides de sang. Sous Louis XVI
1769-1792 : Louis-Auguste d’Affry, Gouverneur militaire de Paris. Des problèmes de santé l'empêchent d'être au palais des Tuileries, lors de la journée du 10 août 1792. Il est arrêté, jugé et acquitté par le tribunal révolutionnaire et reprend ses fonctions pour superviser le licenciement de toutes les troupes suisses au service de la France.
Louis-Auguste-Augustin d'Affry (Louis-Auguste d'Affri)(Augustin d'Affry) 1er comte d'Affry Gouverneur de la Ville de Paris (1791-1792) Membre de l'Académie royale de peinture et de sculpture (membre honoraire, 28 janvier 1786 [associé libre, 10 avril 1779]) Colonel-Général des Gardes suisses
Né le 28 août 1713 à Versailles (Yvelines)
Décédé le 10 juin 1793 au château de Saint-Barthélemy Assens (Vaud, Suisse)
À l'âge de 79 ans
Parents
François d'Affry 1667-1734
Marie-Madeleine de Diesbach-Steinbrugg 1678-1755
Marié le 2 septembre 1738, Vuissens, avec Marie-Elisabeth d'Alt, baronne d' Alt de Prévondavaux1714-1777
dont
Madeleine 1739-1822
Louis 1743-1810
Jean Pierre Nicolas 1751-1782
général de l'ancien régime qui s'est illustré dans l'armée et la diplomatie et a survécu à la Révolution en restant fidèle au roi Louis XVI. Louis Auguste Augustin comte d'Affry, seigneur de Saint-Barthélémy et de Brétigny, est né en 1713, au château de Versailles. Fils du lieutenant général François d'Affry, colonel des gardes suisses des rois Louis XIV et Louis XV, et de Marie de Diesbach Steinbruck, fille du comte de Diesbach Steinbruck, colonel d'un régiment suisse au service de la France. Il épouse Marie Élisabeth Françoise, baronne d'Alt de Prévondavaux Il entre en service le 15 avril 1725, comme cadet dans la compagnie de son père au régiment des gardes suisses, il devient enseigne le 14 août 1729, et capitaine commandant la compagnie colonelle le 25 février 1733. Le 21 janvier 1734, il commande la demi-compagnie de son père, et il se trouve au combat de Colorno, ainsi qu’aux batailles de Parme et de Guastalla le 19 septembre 1734, où son père est tué. Le 29 mai 1740, il est fait chevalier de Saint-Louis. Le 17 juin 1743, il participe à la Bataille de Dettingen, et le 2 mai 1744, il obtient le grade de brigadier. Employé à l’armée des Flandres le 1er avril 1745, il se couvre de gloire sur les champs de batailles, notamment à Fontenoy le 11 mai 1745, ainsi qu’au siège de Tournai la même année. Le 11 avril 1746, il devient lieutenant-colonel au régiment des gardes suisses, et il commande son unité le 11 octobre 1746, à la bataille de Rocourt, ainsi que le 2 juillet 1747, à la Bataille de Lauffeld. Il est promu maréchal de camp le 1er janvier 1748, et le 15 avril il est envoyé à l’armée des Pays-Bas. Il sert lors du siège de Maastricht, et le 30 novembre 1749, il obtient le commandement d’une autre demi-compagnie de garde suisse, ce qui lui en fait une entière. En 1756, il est nommé ambassadeur de Louis XV en Hollande. Il est élevé au grade de lieutenant général le 1er mai 1758, et le 4 juin 1762, il quitte la Hollande pour servir dans le Bas-Rhin. Il est nommé colonel général de tous les régiments suisses au service de la France en 1767 en alternance avec le comte d'Artois, frère du roi, pendant la minorité de ce dernier, puis de 1789 à 1792. Il est créé chevalier des ordres du Roi le 1er janvier 1784. Proche des idées nouvelles, franc-maçon, membre de la Loge "La société olympique" en 1786, il est ami de Voltaire, de Madame de Pompadour, de Madame Adélaïde, de l'Américain Morris. Amoureux des arts, il se fait mécène de Houdon, Vernet et Fragonard. Il donne des fêtes dans ses hôtels particuliers parisiens, rue des Saints-Pères et place Louis le Grand (actuelle place Vendôme), réunissant le Paris des arts, de la pensée et de la politique. En 1791, il est gouverneur militaire de Paris et de la région parisienne, jusqu'à ce que l'assemblée nationale lui demande de choisir entre cette fonction et celle de colonel de la garde suisse du roi Louis XVI. Le 21 juin 1791, il proteste de son dévouement à l'assemblée nationale, et il demande, vu son grand âge, à se faire remplacer à son poste, mais il refuse d’abandonner le Roi tout comme il refuse de participer à un coup d’état fomenté par les armées royalistes. Sa priorité est de maintenir l'alliance avec le nouvel État français et de préserver les intérêts de la Confédération suisse. Sans en avoir le titre, il est, à cette époque, l'ambassadeur des intérêts suisses en France. Après avoir été sauvé de justesse des débordements meurtriers à la Conciergerie par le comité exécutif, le comte d'Affry est acquitté par les tribunaux révolutionnaires. Il se retire en Suisse, dans son château de Saint-Barthélemy, dans le pays de Vaud (alors sous domination bernoise, jusqu'à sa mort le 10 juin 1793. Son fils, Louis d'Affry, est le premier à assurer la présidence annuelle de la Confédération (landaman) issue de l'Acte de Médiation. Son petit-fils Charles-Philippe sera commandant de la garde suisse de Louis XVIII pendant la Restauration.
Anecdote
En 1751, Dufort de Cheverny note dans ces mémoires : "À Versailles, j'allais chez Madame la duchesse de Luynes, dame d'honneur de la Reine et son amie chez qui les vieux courtisans allaient régulièrement. La Reine, quand elle vient, défendait toute étiquette, et elle causait en jouant. Le président Hénault, Moncrif l'auteur, M. le comte d'Affry, revenu d'ambassade, y étaient tous les jours, ainsi que le fameux joueur de piquet M. le marquis de Rassilly, capitaine des gardes ; enfin presque toutes les vieilles dames du palais. C'était fort triste, mais c'était le moyen de se faire connaître."
Source
André Louis et Emile Bourgeois, Recueil des instructions données aux ambassadeurs et ministres de France: depuis les traités de Westphalie jusqu'à la Révolution française. Tome XXIII, Hollande (1730-1788), Paris, E. De Boccard, 1924.
« Louis-Auguste d'Affry » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
Pierre Jullien de Courcelles, Dictionnaire historique et biographique des généraux français : depuis le 11e siècle jusqu'en 1822, Tome 1, l’Auteur, 1823, 490 p. (lire en ligne), p. 25.
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yann sinclair
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Sujet: 10 août 1792: Journée du 10 août 1792 Jeu 8 Aoû - 11:53
[Illustration: Garde national, fin XVIIIe siècle]
Antoine Mandat, commandant en chef de la Garde nationale, est le premier mort du 10 août 1792.
Dans les journées insurrectionnelles des 9 et 10 août 1792, Mandat est une figure singulière par son légalisme scrupuleux, son sang-froid et ses capacités stratégiques.
Ancien colonel des Gardes-Françaises, il est responsable de la sécurité des Tuileries et du roi.
Le 9 août, alors que les sections parisiennes appellent les unes après les autres à l'insurrection, il organise la défense du Palais.
Il triple le nombre de gardes nationaux, passant d'un bataillon à trois, auxquels s'ajoutent les Gendarmes et les Suisses.
Peu sûr de ses propres Gardes nationaux, dont il pouvait légitimement se demander s'ils accepteraient d'ouvrir le feu sur d'autres gardes qui fraternisent avec les insurgés et les Fédérés, Mandat lance un appel aux bataillons des Filles-Saint-Thomas et Saint-André des Arts, qui lui dépêchent 500 hommes supplémentaires.
Bon stratège, Mandat fait placer des troupes et des canons sur les ponts pour empêcher la jonction des insurgés.
Il installe également des pièces d'artillerie place de Grève afin de prendre les assaillants à revers.
Légaliste, il tente également d'écarter les gentilshommes qui investissent les Tuileries pour défendre le roi, les considérant comme potentiellement gênants pour les manœuvres.
Inquiet de la mollesse de Pétion, qui sous-estime par naïveté ou par calcul la gravité de la situation, il le fait appeler aux Tuileries: le bruit court aussitôt dans Paris que Mandat a fait arrêter Pétion, ce qui est faux.
Pétion après un bref passage aux Tuileries, où il a rencontré Mandat, Roederer et le Roi, s'est rendu auprès de l'Assemblée.
Dans la nuit du 9 au 10 août, à l'Hôtel de Ville, les commissaires envoyés par les sections substituent leur autorité à celle de la municipalité.
Ils ordonnent le retrait des canons placés par Mandat sur le Pont-Neuf, et convoquent le commandant en chef de la Garde nationale.
Croyant être convoqué par Pétion et la municipalité, Mandat se rend à l'hôtel de Ville.
Accusé d'avoir outrepassé les consignes de défense, d'avoir trahi - notamment en voulant prendre les assaillants à revers - Mandat est destitué par le pouvoir de fait des commissaires, remplacé dans ses fonctions par Santerre, favorable aux insurgés, et arrêté.
Considéré comme un obstacle à la prise des Tuileries, il est abattu aussitôt d'un coup de pistolet.
Mandat est le premier mort du Dix-Août.
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yann sinclair
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Sujet: Re: 10 août 1792: Journée du 10 août 1792 Jeu 8 Aoû - 11:53
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yann sinclair
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Sujet: Louis Jean Baptiste Le Clerc de Lassigny de Juigné Jeu 8 Aoû - 11:54
Louis Jean Baptiste Le Clerc de Lassigny de Juigné
né à Lorgues (Provence, aujourd'hui dans le département du Var), le 22 février 1758 et mort au palais des Tuileries (Paris), le 10 août 1792), est un aristocrate français du XVIIIe siècle.
Député de la noblesse aux États généraux de 1789, il fut tué lors de la prise des Tuileries le 10 août 1792.
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yann sinclair
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Sujet: Re: 10 août 1792: Journée du 10 août 1792 Jeu 8 Aoû - 11:54
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Sujet: Re: 10 août 1792: Journée du 10 août 1792 Ven 5 Oct 2018 - 10:37
Attaque des Tuileries :
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Aglae
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Sujet: Re: 10 août 1792: Journée du 10 août 1792 Jeu 11 Aoû - 15:45
Tragique......
LA LEGENDE DU MARRONIER DES TUILERIES
Le marronnier du 20 mars du Jardin des Tuileries : la légende pour expliquer la double floraison dans l’année Situé dans le Jardin des Tuileries, le marronnier du 20 mars faisait l’objet d’une véritable attraction au XIXe siècle. En effet, l’arbre était d’une vigueur exceptionnelle. Sa floraison était d’une grande précocité, et il arrivait qu’il fleurisse deux fois dans l’année.
La légende des soldats Comme expliquer cette vigueur exceptionnelle ?
Pour certains, c’était dû à un évènement macabre. En effet, l’arbre tirait sa grande santé, de la présence à ses pieds de l’ensevelissement de soldats suisses à la Révolution. Ainsi, lors de la prise des Tuileries, le 10 août 1792, ces gardes auraient trouvé la mort et on leur ait donné une sépulture là.
D’autres sources évoquent que c’étaient d’autres soldats qu’on avait enterrés là : des cosaques en 1815.
Cette seconde est plus probable. Le 20 mars correspond au début des 100 jours, après le rétablissement de l’empire Napoléon en 1815. C’est aussi la date, où la légende évoque le début de la floraison de l’arbre.
Juin 1791
Nombre de messages : 156 Date d'inscription : 04/07/2015
Sujet: Re: 10 août 1792: Journée du 10 août 1792 Sam 8 Juil - 21:49
En savoir plus sur les Gardes Suisses :
Les Suisses, compères du roi de France
Les régiments suisses, ultimes défenseurs de la monarchie française
La vengeance des Suisses
_________________ Si on hésite un instant, le palais s’effondre comme les nuages qu'on voit quelquefois