Journée du 10 Août 1792

Incroyable ce sujet n'existait pas encore!

Et pourtant cette journée reste une des journées noires pour la famille royale et la monarchie, une journée où les Tuileries ont été attaquées par une foule en furie, une foule parisienne aidée par des marseillais venus en masse. C'est lors de cette journée que la famille royale a été obligée de se réfugier en hâte dans la loge du logographe de l'Assemblée nationale avant d'être transferée au Temple 3 jours après.
Les gardes suisses, qui avaient reçu l'odre de Louis XVI de ne surtout pas tirer sur le peuple, ont été massacrés ce jour là.
Selon la plupart des sources, ce serait la manifeste du Duc de Brunswick qui serait à l'origine de cette attaque des Tuileries : un manifeste dans lequel ce général Prussien menace les parisiens des pires représailles militaires s'il est fait malheur à la famille royale. Ce que n'ont pas du tout apprécié les parisiens évidement (quel manque de tact et de diplomatie aussi de la part du Duc de Brunswick... :s: ), qui l'insurrection commençant aux faubourg Saint-Antoine.
Cependant, selon Hüe, ces violences ont aussi été en parallèle organisées et prévues bien avant la publication de ce manifeste, rendant donc au jour une sorte de complot contre la famille royale...

Contrairement aux journées du 6 Octobre 1789 et du 20 Juin 1792, qui restaient plus spontanées et subies, celle du 10 Août 1792 semble avoir été prévue et organisée bien à l'avance.
La date était fixée bien avant, ainsi que les moyens à mettre en oeuvre pour arriver à ses fins : s'armer et prendre les Tuileries d'assault. La foule était telle (aidée par les Marseillais) qu'effectivement il fallait s'organiser un minimum.
Et Hüe soulève là un fait important qui m'avait échappé jusqu'alors : l'Assemblée nationale n'a strictement rien fait (sauf peut être des paroles inutiles) pour défendre les Tuileries et la famille royale. A savoir que l'Assemblée nationale, au courant de ce qu'il allait se passer ce jour là, n'a pas chercher à appliquer son propre décret qui prétend conserver l'inviolabilité du Roi. Les députés ont préféré passer à l'ordre du jour, qui concernait un tout autre sujet, quand l'un d'eux a abordé le sujet....

Par contre, lorsque la famille royale arriva en toute hâte à l'Assemblée pour s'y réfugier, là les députés ont sorti les bonnes paroles en se souvenant du fameux décret et en disant que leur devoir était de protéger le Roi...belle hypocrisie....

Cher Chou d'amour

Voici un tableau qui retrace cette journée, il se trouve à l'attique de Chimay.



Cordialement

Ce tableau est célèbre...est-ce là la seule version qui existe où le connaît-on par un musée moins excentré?

Bien à vous.

Ah merci chère Marquise!

Il est vraiment impressionnant et il rend bien compte du carnage que ça a été, surtout pour les gardes suisses que l'on voit bien ici avec leur tenue rouge

Voici comment ce pauvre Hüe a pu échapper aux assaillants des Tuileries : peu après le départ de la famille royale pour l'Assemblée nationale, une fois les assaillants en train d'en découdre avec les Suisses et les canons utilisés à plein régime, il se précipita dans les jardins au milieu des cadavres, qu'il traversa en toute hâte, pour ensuite se jeter dans la Seine.
Il dit avoir heureusement été recueilli par un bateau peu après, ses forces l'abandonnant...j'ignorais cela...et ce qui m'impressionne c'est que Hüe explique cela en note en bas de page. Il préfère se concentrer sur la famille royale et oublier ses propres peines...grand homme que ce Hüe

Peu après le 10 Août 1792, lors du transfert au Temple de la famille royale, il y eut des émeutes sur la place Vendôme de Paris, où une statue fut renversée : il s'agissait de la statue de Louis XIV ou de Louis XV? :s:

Chou d'amour a écrit:

il s'agissait de la statue de Louis XIV ou de Louis XV? :s:

La statue de Louis XV étant sur la place du même nom (rebaptisée Place de la révolution... ) , je présume qu'il s'agit de celle du Roi Soleil...

Bien à vous.

Il me semble que la Famille Royale voit aussi la statue de Louis XIV renversée, mais c'est place Vendôme qu'Ils la voient. Pendant Leur transfert au Temple, ce qui ne laisse pas de doute à Louis XVI quant à leur avenir proche, du moins en tant que souverain.

La statue de Louis XV, était sur la place Louis XV, rebaptisée place de la révolution, aujourd'hui dénommée Place de la Concorde.

D'accord merci! Je ne sais pas pourquoi j'ai eu un doute subitement en lisant Simard... :s:
Car il me semblait aussi que la statue de Louis XV a été renversée...

Citation :

Il me semble que la Famille Royale voit aussi la statue de Louis XIV renversée, mais c'est place Vendôme qu'Ils la voient. Pendant Leur transfert au Temple, ce qui ne laisse pas de doute à Louis XVI quant à leur avenir proche, du moins en tant que souverain.

En complément, je vous propose cet extrait d'une lettre de Pauline de Tourzel à la comtesse de Sainte-Aldegonde (depuis les Mémoires de la duchesse de Tourzel) :

Le Roi, la Reine, Mgr le Dauphin et Madame se placèrent dans le fond ; Madame Elisabeth, Pétion et Manuel, sur le devant ; madame la princesse de Lamballe, sur une banquette de portière avec ma mère ; et moi avec Colonges, officier municipal, sur la banquette vis-à-vis.
La voiture allait au petit pas.
On traversa d’abord la place Vendôme, où la voiture s’arrêta.
Et Manuel, faisant remarquer au Roi la statue de Louis XIV qui venait d’être renversée, eut l’insolence d’ajouter ces paroles : " Vous voyez comme le peuple traite les rois. "
Le Roi rougit d’indignation ; mais se modérant à l’instant, il répondit avec un calme angélique : " Il est heureux, monsieur, que sa rage ne se porte que sur des objets inanimés. "
Le plus profond silence suivit cette réponse et dura tout le long du chemin.
On prit les boulevards, et le jour commençait à tomber lorsqu’on arriva au Temple.

Ah oui en effet, cette citation de Louis XVI est souvent reprise dans les livres, merci de nous la rappeler

Lorsque l'on peut lire que la foule des femmes a pénétré jusqu'à la chambre de Marie-Antoinette le matin du 6 octobre 1789, est-ce parce que les auteurs confondent simplement avec la journée du 10 août 1792?


Bien à vous.

Peut-être...car il est vrai que lors de l'assault des Tuileries, la chambre de Marie-Antoinette a été sacagée...les dames de service restées là-bas ont véritablement risqué leur vie.
Je me souviens avoir lu les mémoires d'une personne restée sur place justement, qui disait s'être cachée des Marseillais comme elle pouvait, ces derniers ayant finalement décidé de ne pas tuer les femmes...mais...je ne sais plus de qui étaient ses mémoires   Campan? Elle n'était pas aux Tuileries ,je crois, non? Et Tourzel a fui avec la famille royale ,non?

Citation :

Je me souviens avoir lu les mémoires d'une personne restée sur place justement, qui disait s'être cachée des Marseillais comme elle pouvait, ces derniers ayant finalement décidé de ne pas tuer les femmes...mais...je ne sais plus de qui étaient ses mémoires   Campan? Elle n'était pas aux Tuileries ,je crois, non? Et Tourzel a fui avec la famille royale ,non?

La duchesse de Tourzel accompagne en effet la famille royale à l'Assemblée.
Celles qui restent et se réfugient dans l'appartement de Marie Antoinette sont  dames de la reine, de Mme Elisabeth et de la princesse de Lamballe.
Pauline de Tourzel, madame de la Roche Aymon et sa fille, madame Thibaut, Mmes de Neuville, de Genestoux, Brunier, Navarre, Basire, et la princesse de Tarente sont notamment de celles-ci.
Madame Campan y est aussi, mais elle quitte ce refuge à la recherche de sa soeur (qu'elle retrouve dans le château).
Toutes racontent dans leurs Mémoires cet épisode.
Elles sont, en effet, épargnées. Les révolutionnaires choisissent de ne pas les tuer.
Pauline de Tourzel se souvient notamment du moyen qu'elles pensent user pour ne pas mourir dans la chambre de la reine : elles décident de se regrouper sans hommes pour les protéger, et d'allumer tous les candélabres, girandoles et autres feux de la pièce.
Lorsque les assaillants pénètrent dans celle-ci, ils sont impressionnés par ce groupe de femmes plongé dans toutes ces lumières qui se reflètent sur les dorures et miroirs...
La suite est, pour chacune d'entre-elles : dingue !!  

Citation :

Lorsque l'on peut lire que la foule des femmes a pénétré jusqu'à la chambre de Marie-Antoinette le matin du 6 octobre 1789, est-ce parce que les auteurs confondent simplement avec la journée du 10 août 1792?

Je ne pense pas, non plus, que le lit de la reine ait été éventré le 10 août.
C'est intéressant de voir combien cette symbolique du lit souillé revient sans cesse.
Ce n'est pas un hasard.

C'est fou je suis incapable de me souvenir qui a écrit les écrits dont je parlais      
Pourtant des mémoires de femme j'en ai lu que 3 : Mlle de Mirecourt, Madame Campan et la Duchesse de Tourzel. Ce n'est pas Mlle de Mirecourt, ni Campan je pense. Mais il s'agit peut être de la Duchesse de Tourzel parlant de sa fille Pauline...    Ou alors il s'agit d'un extrait de mémoire dans un tout autre livre...

Chou d'amour a écrit:

Pourtant des mémoires de femme j'en ai lu que 3 : Mlle de Mirecourt, Madame Campan et la Duchesse de Tourzel. Ce n'est pas Mlle de Mirecourt, ni Campan je pense. Mais il s'agit peut être de la Duchesse de Tourzel parlant de sa fille Pauline... Ou alors il s'agit d'un extrait de mémoire dans un tout autre livre...

Cher Chou, j'écris plus haut que Campan, bien sûr, et Pauline de Tourzel (citée par sa mère, qui se trouve, elle, à l'Assemblée) témoignent de cet épisode particulier.
De même que la princesse de Tarente.

Je penche plus vers la Duchesse de Tourzel citant sa fille et non vers Campan, car j'ai lu les mémoires de cette dernière il y a environ 3 ans, c'est même l'un des premiers livres que j'ai lus sur Marie-Antoinette en général, mais les extraits sur ces événements dont je parlais, je les ai lus bien plus récemment. C'est pour cela que j'exclue Campan  
Mais Pauline oui c'est bien possible...

Dialogue de sourds ! Je n'avais pas compris le sens de votre question.

Un Garde suisse au moins a été tué dans la Chambre de la Reine : Simon Bernard CHAULET, valaisan entré au régiment en tant que tambour le 21 février 1768. Nommé tambour major de la compagnie générale le 30 mai 1779, le malheureux est littéralement haché en morceaux dans la chambre de la Reine le 10 août 1792.
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Citation :

Je me souviens avoir lu les mémoires d'une personne restée sur place justement, qui disait s'être cachée des Marseillais comme elle pouvait, ces derniers ayant finalement décidé de ne pas tuer les femmes...mais...je ne sais plus de qui étaient ses mémoires   Campan? Elle n'était pas aux Tuileries ,je crois, non? Et Tourzel a fui avec la famille royale ,non?

La duchesse de Tourzel accompagne en effet la famille royale à l'Assemblée.
Celles qui restent et se réfugient dans l'appartement de Marie Antoinette sont  dames de la reine, de Mme Elisabeth et de la princesse de Lamballe.
Pauline de Tourzel, madame de la Roche Aymon et sa fille, madame Thibaut, Mmes de Neuville, de Genestoux, Brunier, Navarre, Basire, et la princesse de Tarente sont notamment de celles-ci.
Madame Campan y est aussi, mais elle quitte ce refuge à la recherche de sa soeur (qu'elle retrouve dans le château).
Toutes racontent dans leurs Mémoires cet épisode.
Elles sont, en effet, épargnées. Les révolutionnaires choisissent de ne pas les tuer.
Pauline de Tourzel se souvient notamment du moyen qu'elles pensent user pour ne pas mourir dans la chambre de la reine : elles décident de se regrouper sans hommes pour les protéger, et d'allumer tous les candélabres, girandoles et autres feux de la pièce.
Lorsque les assaillants pénètrent dans celle-ci, ils sont impressionnés par ce groupe de femmes plongé dans toutes ces lumières qui se reflètent sur les dorures et miroirs...
La suite est, pour chacune d'entre-elles : dingue !!  

Citation :

Lorsque l'on peut lire que la foule des femmes a pénétré jusqu'à la chambre de Marie-Antoinette le matin du 6 octobre 1789, est-ce parce que les auteurs confondent simplement avec la journée du 10 août 1792?

Je ne pense pas, non plus, que le lit de la reine ait été éventré le 10 août.
C'est intéressant de voir combien cette symbolique du lit souillé revient sans cesse.
Ce n'est pas un hasard.[/quote]

Oui les Gardes suisses ont subi un véritable calvaire ; j'ai à ce sujet lancé une pétition à la mémoire des gardes suisses en général (1 million d'hommes en quatre siècles au service de la France, 500000 ne reverront jamais leur pays) et des gardes suisses morts les 10 août et 2 et 3 septembre 1792.
La France n'a jamais hélas reconnu leurs services et leurs sacrifices.
Le chant des Gardes suisses est toujours chanté par l'Armée française.
"Honneur et Fidélité", le logo des Gardes suisses est aujourd'hui celui de la Légion étrangère.

Chou d'amour a écrit:

Incroyable ce sujet n'existait pas encore!

Et pourtant cette journée reste une des journées noires pour la famille royale et la monarchie, une journée où les Tuileries ont été attaquées par une foule en furie, une foule parisienne aidée par des marseillais venus en masse. C'est lors de cette journée que la famille royale a été obligée de se réfugier en hâte dans la loge du logographe de l'Assemblée nationale avant d'être transferée au Temple 3 jours après.
Les gardes suisses, qui avaient reçu l'odre de Louis XVI de ne surtout pas tirer sur le peuple, ont été massacrés ce jour là.
Selon la plupart des sources, ce serait la manifeste du Duc de Brunswick qui serait à l'origine de cette attaque des Tuileries : un manifeste dans lequel ce général Prussien menace les parisiens des pires représailles militaires s'il est fait malheur à la famille royale. Ce que n'ont pas du tout apprécié les parisiens évidement (quel manque de tact et de diplomatie aussi de la part du Duc de Brunswick... :s: ), qui l'insurrection commençant aux faubourg Saint-Antoine.
Cependant, selon Hüe, ces violences ont aussi été en parallèle organisées et prévues bien avant la publication de ce manifeste, rendant donc au jour une sorte de complot contre la famille royale...

Merci pour vos lumières MGS !
Elles sont bien utiles pour rendre les honneurs à la mémoires de ces fidèles serviteurs de la couronne de France !

Bien à vous.

MGS a écrit :

Citation :

Le chant des Gardes suisses est toujours chanté par l'Armée française.
"Honneur et Fidélité", le logo des Gardes suisses est aujourd'hui celui de la Légion étrangère.

Ah oui? C'est en effet un minimum, et encore... Mais c'est déjà ça!

On oublie trop souvent les gardes suisses, leur loyauté et leur courage. D'autant plus qu'il me semble bien avoir lu que pas un ce jour là n'a tiré sur le peuple avant de se faire attaquer...
Autant les gardes royales et les gardes françaises se sont retournées en grande partie contre Louis XVI, autant les gardes suisses sont restés fidèles à leurs principes!

MGS, je vais mettre un lien vers votre site depuis le mien, qui est consacré, lui, à la mémoire de Louis XVII.

Voilà, c'est fait.