Hans Axel von Fersen

Son journal est formel, Fersen écrit qu'il aime Eleonore.

Oui mais là encore le terme "aimer" reste vague en fait, à moins qu'il soit vraiment plus démonstratif et plus clair, après je ne sais pas
Fersen a-t-il vraiment aimé quelqu'un?

Oui, sans hésitation. Sa soeur, Sophie Piper, la seule qu'il estimait à sa hauteur. Celle avec qui il finit ses jours.

Sinon, il a aimé Eleonore suffisamment pour envisager de l'épouser, déjà, et pour passer plein de temps avec elle. Il avait aussi des rapports sexuels avec elle, si on interprète correctement les "resté là" de son journal. C'est beaucoup pour une seule femme...

Comme sa mère ou comme son infirmière ? Parce que cela change tout !
Non, blague à part, il couche avec elle presque ... amicalement. Elle n'est pas l'objet de sa passion.

C'est vrai qu'il a envisagé de l'épouser...c'est un point fort déjà

C'est surtout Eléonore qui désirait ce mariage. C'est elle-même qui le propose.

Là aussi, ça se discute. Eleonore, femme vieillissante, peut craindre le sort qui attend une femme sans alliance légitime. Toujours est-il que, quand Fersen se décide, c'est elle qui refuse tout net. Elle ne veut sans doute pas servir d'infirmière !

Citation :

Comme sa mère ou comme son infirmière ?  Parce que cela change tout !
Non, blague à part, il couche avec elle presque ... amicalement.   Elle n'est pas l'objet de sa passion.

Non. Peut-être est-ce Gustav.

et ta soeur !!!

Vous ne croyez pas si bien dire ! Et sa soeur, la seule femme digne de lui, à ses yeux...  

Vous n'êtes pas convaincue par les arguments de notre amie Marie Antoinette ? J'avoue que, moi, ils m'interpellent...

D'abord parce que le XVIIIe siècle était volontiers bi. Ensuite, et surtout, parce que nous nous étions déjà posé la question, tout naturellement, à la lecture du journal de Fersen.

Des préférences homosexuelles pourraient jeter un éclairage intéressant sur les rapports étranges que Fersen entretient avec les femmes, sa distance, son mépris affiché, souvent, sa froideur. Ainsi que l'espèce de vénération dont Marie Antoinette sera l'objet, à l'image d'une égérie.

Bi, pourquoi pas ? Bien sûr, on ne peut pas rejeter cette hypothèse  (même si Tyrone Power est mon Fersen préféré  )... mais elle ne me satisfait pas.

Ah bon ? Pourquoi ?

Vous savez bien pourquoi, Pim ! Je crois à l'amour (platonique) entre Marie-Antoinette et lui.
Je parie que vous allez me dire que cela n'empêche pas, et là, je ne saurai pas que vous répondre . Sinon, qu'en effet, pourquoi pas !

En fait, je trouve la notion d'amour platonique très discutable, parce qu'elle sous-entend une exclusivité où je ne reconnais pas Marie Antoinette. Je lui préfère celle d'amitié amoureuse, qui rend mieux compte des sentiments explosifs exprimés à travers ses nombreuses lettres à ses nombreux correspondants.

Idem pour Fersen, au coeur répandu tous azimuts.

Répandu tous azimuts, je veux bien ... mais, Marie-Antoinette, Eléonore, Gustav maintenant, et les autres ... cela commence à faire beaucoup, même pour le tombeur de service !

Où je vous suis complètement, c'est quand vous trouvez dans la notion d'amour celle d'exclusivité. C'est ce qui me fait placer Marie-Antoinette, dans le coeur et la vie de Fersen, sur un tout autre tableau que les sus-nommés ...

Je ne sais pas... Je ne voyais déjà pas Fersen occuper exclusivement le coeur de Marie Antoinette... Mais je ne sais pas trop non plus si on peut permettre à Marie Antoinette de prendre toute la place dans celui de Fersen.

Non, dirai-je même, ce serait un contresens qui négligerait Sophie Piper, Taube, Gustav III, Eleonore Sullivan, Quintin Craufurd...

Pour moi, réduire les sentiments qui sont passés entre Fersen et Marie Antoinette à quelque chose d'exclusif, platonique ou non, serait vider ces êtres complexes de toute leur substance.

Or, il ressort de leurs écrits à tous les deux qu'ils existaient indépendamment, et qu'ils étaient bien plus intéressants que cette banale romance dans laquelle on veut à toute force les faire cadrer.

Si amour il y a eu, c'était bien éloigné de la banale romance, et même tout ce qu'on veut sauf une banale romance.
Pourquoi voulez-vous que la première place dans le coeur de Fersen signifie l'exclusion de Sophie, Taube, Gustav, Eléonore, Quentin ? Depuis quand l'amour exclut-il l'amitié ?
En quoi l'amour viderait-il de toute leur substance et leur complexité Marie-Antoinette et Fersen ?
Evidemment, ils existaient indépendamment !

Et quelle est donc la différence ?! Amour, amitié... ? Où se trouve donc la frontière, si ce n'est dans cette exclusivité dont nous parlions précédemment ?

C'est justement dans toute la complexité de leurs relations humaines que réside l'intérêt des personnages, à mes yeux. Tous ces sentiments s'entrecroisant que Marie Antoinette ramenait au nom générique d'amitié.

Justement, avec ces deux-là, nous sommes servies et pouvons tirer des plans sur la comète Psychologie à perte de vue !!!!!

Mais oui !

C'est bien plus intéressant que les conneries qu'ils nous ont racontées dans "Secrets d'histoire".

Oui-da !

Moi je m'en tiens à mon Lignounet qui dit clairement les choses

Quant à ses relations avec Gustave, je mets les mêmes réserves qu'avec Marie-Antoinette : qu'avons nous concrêtement?

Rien, bien sûr !

Ah, si, tout de même, un récit de Fersen qui retrouve son roi. Le style enflammé nous a tous frappés.

Bombelles, Paroy, Vaudreuil ... Ils ont tous des trémolos plein la gorge quand ils parlent de leur Roi ...

Sans doute, mais racontent-ils qu'ils le pressent sur leur coeur et je ne sais plus tout quoi... ?