Le Boudoir de Marie-Antoinette

Prenons une tasse de thé dans les jardins du Petit Trianon
 
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 Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois

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Chou d'amour
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Chou d'amour
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeDim 31 Juil - 15:22

Je n'ai pas encore lu les mémoires de la comtesse de Boigne Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 683337 Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 405448

Mais connaissant Artois et sa légèreté j'avoue que ça ne me surprend pas vraiment Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 49856

_________________
Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeDim 31 Juil - 16:31

D'autant que j'imagine , lui aussi, ne devait pas se gêner pour lui faire porter des " cornes " ...
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeDim 31 Juil - 19:08

Le sujet a déjà été évoqué ici, deux pages en arrière : https://maria-antonia.forumactif.com/t150p60-marie-therese-de-savoie-comtesse-d-artois Wink

Les Mémoires de la comtesse de Boigne sont à lire ! C’est une langue certes, mais elle écrit si bien... Wink
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeLun 1 Aoû - 13:32

Je vois que notre ami Dominique Poulin on entend encore votre papier   Basketball
Fleurdelys
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeMar 16 Aoû - 17:05

Cet article viendra... Il va venir... et je vous donnerai plein de détails croustillants et inédits avec les sources si vous le voulez... Mais je sais Fleurdelys que vous languissez... Ne languissez pas, ma chère. Very Happy
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeVen 19 Aoû - 0:13

Ne vous en faite pas je suis patiente Wink
Fleurdelys
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeVen 19 Aoû - 0:18

Dominique Poulin a écrit:
Cet article viendra... Il va venir... et je vous donnerai plein de détails croustillants et inédits avec les sources si vous le voulez... Mais je sais Fleurdelys que vous languissez... Ne languissez pas, ma chère. Very Happy

En plus vous nous mettez l'eau à la bouche !
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeJeu 15 Déc - 21:35

Chers amis,
Ce portrait de la comtesse d’Artois est assez peu connu. n-est pas?
Je l'ai trouvé sur le site du château de Versailles.

Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 85fe0d10

Leos
......
Joseph Boze, meilleur pastelliste que peintre, se fit une spécialité du portrait ovale au pastel. Installé à Versailles en 1785, il reçut la même année d’importantes commandes de portraits pour la famille royale. Marie-Thérèse de Savoie, belle-sœur de Louis XVI, alors âgée de vingt-neuf ans, est peinte dans une tonalité gris bleu qui accentue son air mélancolique. Alors que le traitement des étoffes séduit par son aspect précis et illusionniste, la technique du pastel confère un aspect doux à son visage, pourtant décrit comme ingrat par ses contemporains. La comtesse d’Artois sembla satisfaite de son portrait et en commanda deux copies qu’elle offrit à des dames de son entourage.

Ce portrait est désormais à Versailles la représentation la plus tardive de la comtesse d’Artois mais également la plus fidèle et précise de son visage. Il complète le bel ensemble de pastels par Boze déjà conservés au château de Versailles.
.........
http://www.chateauversailles.fr/resources/200F0FC2-5609-102C-8399-000C2991753C/AEDEE69B-83FD-4116-D8D8-E20544707A3AFile.jpg
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeJeu 15 Déc - 21:39

Merci mon cher Léos ! Very Happy
Je ne connaissais pas ce portrait...
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeJeu 17 Mai - 12:51

Maison de la comtesse d'Artois en 1776

Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Artois11
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeVen 18 Mai - 20:04

Je lis Comtesse de Polignac s`agit-elle de Yolande ou c`est Diane ?
Fleurdelys
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeVen 18 Mai - 20:29

Ce doit être Diane car elle était de la Maison de la comtesse d'Artois avant de devenir dame d'honneur de madame Elisabeth quand sa Maison fut créée en 1778.

Il me semble que Yolande n'avait aucun poste à la cour avant d'obtenir celui de gouvernante des Enfants de France en 1782.
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeVen 18 Mai - 20:45

Merci pour ces renseignements Olivia Very Happy
Fleurdelys
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeVen 18 Mai - 20:49

Avec plaisir ! Very Happy
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeLun 4 Juin - 23:17

Voici le message que l'on nous a adressé à nous administrateurs :

Citation :
Vous écrivez que la Comtesse d'Artois a entretenu une riche correspondence avec sa dame d'honneur la Duchesse de Lorge. Pouvez-vous m'indiquer ou trouver cette correspondance?
Je suis très intéressé parce que je suis en train d’écrire une biographie sur la Comtese d'Artois en Italien.
Merci et meilleurs salutations
Carlo

Que la personne concernée par cette citation renseigne Carlo Wink

Bien à vous.
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeMar 5 Juin - 8:51

Je ne suis hélas pas la personne concernée . Sinon, je me serais fait un plaisir de renseigner Carlo .  Very Happy

J'ai une petite référence tout de même ou, du moins plus exactement, une anecdote extraite des Mémoires secrets pour servir à l'Histoire de la République des Lettres, de  Louis Petit de Bachaumont .
Voici !  Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 454943

2 juin 1785.

Le jour où Madame la duchesse de Lorge donnait à dîner à Madame la comtesse d'Artois, ne sachant comment amuser cette princesse dans la soirée, elle avait imaginé de lui faire voir la maison de Mr. le comte d'Orfay ( Grimod en son nom ) . Ce fils de financier très riche a donné dans les Arts, et en effet possède une des maisons de Paris les plus curieuses à voir pour la richesse, le goût, le luxe, et les singularités qu'elle renferme .
Ayant la faiblesse de rougir de sa naissance qui ne répond pas à ses vues ambitieuses, il a cherché à la couvrir par des alliances de femmes infiniment au-dessus de lui et tenant aux plus grandes maisons .
Mr. le comte d'Orfay, flatté de l'honneur que devait lui faire Madame la comtesse d'Artois, s'était hâté de réunir auprès de lui tous les grands seigneurs dont les deux femmes lui avaient procuré l'alliance . Mais tout cet étalage s'est trouvé inutile : Madame la comtesse d'Artois, qu'on n'avait pas consultée, a préféré d'aller à Bagatelle voir ses enfants qui ne s'y sont pas trouvés, parce que Mr. le comte d'Artois les avaient envoyés chercher pour leur faire rendre les hommages à la Reine, surtout par le duc d'Angoulême, Grand Prieur de France, à qui appartient le Temple, et chez lequel était alors par conséquent Sa Majesté .
Madame la comtesse d'Artois s'est trouvée réduite au spectacle de l'aérostat des sieurs Alban et Vallet, dont on a parlé . Ensuite, elle est revenue à Paris, voir les illuminations et le bouquet du comte d'Aranda .


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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeMar 31 Juil - 17:58

Je vous présente enfin l'étude que j'avais promise sur l'intrigue qui avait focalisé l'attention sur la comtesse d'Artois en 1783 et 1784, intrigue qui à l'époque avait suscité beaucoup de conversations, de diversions et de rumeurs sans fondement. C'est pourquoi, dans un souçi de vérité, j'ai voulu rétablir la lumière sur une affaire privée qui s'est largement répandue dans le public pour prendre rapidement un parfum d'affaire d'Etat.

L’évanescence du temps qui nous échappe et la complexité de cette affaire qui, à ma connaissance, n'a jamais été sérieusement explorée, explique le retard dans la diffusion de cet article. Que les membres du forum veuillent bien me pardonner ce contre-temps que j'ai exploité au mieux par volonté d'exactitude.

Cependant, je souligne le fait que mon manuscrit a été préalablement expurgé de quelques extraits et détails importants. En effet, après réflexion, j'ai préféré retirer quelques parties du texte original, le Net représentant à raison ou à tort, le vivier d'une exploitation souvent désinvolte. Toutefois, je fais la promesse de publier un jour une partie de mes travaux et de révéler ainsi l'intégralité de l'orientation de mes recherches.

Dominique POULIN
.



La Comtesse d'Artois, l'innocente victime d'une calomnie ?




A la fin du XVIIIe siècle, la femme du futur Charles X, troisième dame de la Cour de France, représenta la victime d'une intrigue feutrée ou les fils de la calomnie tentèrent de discréditer son image dans l'opinion publique et son honneur de femme et d'altesse royale.
Marie-Thérèse de Savoie avait épousé le comte d'Artois en 1773 pour remplir le premier de ses devoirs, donner des héritiers à la monarchie française. La comtesse d'Artois donna le jour à deux fils, les ducs d’Angoulême et de Berry, et à deux filles, Mesdemoiselles d'Artois et d’Angoulême, qui moururent la même année en 1783.

De fait, si la comtesse d'Artois avait assuré la relève de la dynastie au début du règne de Louis XVI et de Marie-Antoinette, force est de constater que cette princesse n'a pas suscité l'engouement de ses contemporais ni celui des historiens spécialistes des familles royales !
Pour une grande part, sa nature silencieuse et effacée, son tempérament mélancolique et introverti, et la médiocrité de son intelligence expliquent ce manque d'intérêt dont elle fut toujours l'objet. On lui a même attribué une réputation de laideur qui ne résiste pourtant pas à l'examen de bon nombre de ses portraits, et aux témoignages de Louis XV dans ses lettres à son petit-fils, le duc de Parme, ou à ceux de Madame Campan et de la baronne d'Oberkirch.

La fragilité psychologique et physique de cette princesse de porcelaine devait faire d'elle une cible désignée au sein d'une Cour sans concessions qui n'admettait pas une apparence de la faiblesse trop visible.

Les soupçons du marquis de Bombelles

Délaissée par un mari volage et libertin, avide de plaisirs, la comtesse d'Artois, dans son infortune, s'était enfermée dans une monotonie silencieuse, au point de se faire oublier de la plus grande partie de la Cour de Versailles. Les lettres et les Journaux intimes des contemporains ou les échotiers ne la citent que pour indiquer sa présence aux grands événements de la Cour ou pour souligner la médiocrité de son esprit.
Marie-Antoinette écrivait ainsi à son frère Joseph II, le 20 décembre 1783 : "Pour la comtesse d'Artois, qui ne sent rien, elle n'a pas été plus affligée de la mort de sa fille, que de tout autre chose."

Pourtant, en cette fin d'année 1783, la comtesse d'Artois est dans l'intimité feutrée de la famille royale, l'objet de conversations ou pointent l'inquiétude et un relent d'indignation et d'incrédulité. Une affaire de moeurs venait d'entacher sa réputation alors qu'en cette même année 1783, ses deux filles décédaient, la cadette le 22 juin à 6 mois, et l'aînée le 5 décembre à 7 ans. Or, il apparut que des rumeurs de grossesse partirent de la Cour témoignant que la princesse était enceinte d'un cinquième enfant qui n'était pas de son auguste épux ! Qui l'eut cru, la belle-soeur de Louis XVI et de Marie-Antoinette est devenue le point de mire des siens !

Le marquis de Bombelles, courtisan averti, note tous les faits et gestes de la Maison régnante dans son Journal. Il écrit le 16 novembre 1783 :
"Il y a du trouble dans l'intérieur de la famille royale. Depuis longtemps, on parle beaucoup, quoique fort bas, de la conduite de Mme la comtesse d'Artois. Ces propos furent tenus dès sa dernière grossesse, et M. le comte d'Artois ne s'est pas caché pour dire à ses tantes et à ses frères et soeurs que sa femme l'avait de nouveau tourmenté pour vivre avec elle il y a trois mois et qu'il s'y était à nouveau refusé. Aujourd'hui, il transpire que Mme la comtesse d'Artois est enceinte. Cela peut-être une calomnie s'il est prouvé que son mari n'a pas habité avec elle, ou la chose du monde la plus simple, si M. le comte d'Artois a vu sa femme.
Mais ce qui est positif, c'est que cette princesse, après avoir pleuré, sangloté toute la nuit dernière, a été saignée du bras ce matin et a gardé le lit ; que la reine, peu liée à Monsieur, lui a donné une audience de plus d'une heure et demie après la messe ; que M. le comte d'Artois, étant venu chez la reine, a fait demander avant d'entrer, s'il ne serait pas de trop ; que les deux frères, en sortant de chez la reine, avaient l'air fort occupés et chagrins ; que Madame, soeur de Mme la comtesse d'Artois, a eu souvent les larmes aux yeux dans le courant de la journée ; que la reine a prié Madame Elisabeth de ne pas aller sans elle chez la comtesse d'Artois ; et qu'enfin des avis venus de La Muette portent que la duchesse de Polignac, en recevant une lettre de la reine, a dit dans un premier mouvement : "Voici une lettre qui me cause une peine affreuse
."
Le lendemain, Bombelles ajoute : "Mme la comtesse d'Artois s'est levée, mais son état est surement extraordinaire, à en juger par tout ce qui revient et par la manière dont sa famille parait être avec elle."

Pour bien comprendre les enjeux que soulèvent les informations de Bombelles, il est nécessaire de faire un recul en arrière de quelques mois.
Le 6 janvier 1783, la princesse accouche de son quatrième enfant, Mademoiselle d’Angoulême. La petite fille parait très chétive dès sa naissance et succombe au berceau dès le 22 juin. Or, le 23 juin, Bombelles renseigne son Journal en notant ce deuil, mais il ajoute surtout qu'un "sentiment douloureux" étreint la mère, et qu'"on ne conçoit pas ce qu'elle peut regretter en cet enfant... On parlerait pendant huit jours de la touchante douleur d'une femme qui aurait perdu un enfant qui lui serait venu de son amant" !!! En l'occurrence, quelques mois avant le scandale qui éclaboussa Marie-Thérèse de Savoie, des bruits et des doutes couraient déja sur la validité du ménage du couple princier et la fidélité de la comtesse d'Artois.
On en était là, lorsque le 16 et le 17 novembre, le marquis note une suite de détails concomittants concernant la belle-soeur du roi. Le ton sibyllin du narrateur permet également de supposer que la famille royale ne fait pas fête à la comtesse d'Artois, et que la princesse est soumise à une sorte de quarantaine dans ses appartements de Versailles. Ainsi, si effectivement un incident gênant touchant de très près Marie-Thérèse de Savoie s'était produit en novembre-décembre 1783, il est primordial de juxtaposer tous les renseignements disponibles en notre possession afin de démêler le vrai du faux, et vice-verça. L'entreprise est loin d'être aisée, et les informations recueillies , parfois difficilement, ne permettent pas de rétablir toute la vérité sur cette affaire. Toutefois, sur plusieurs points importants, notamment la trame chronologique de la fin de 1783 au printemps de 1784, nous pouvons éclairer plusieurs questions.

A suivre demain ou après-demain.

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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeMar 31 Juil - 20:29

Miam ! Ce n'est que l'introduction, et je languis de lire la suite ! Very Happy Et quel beau style Wink
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeMer 1 Aoû - 16:12

Extrêmement intéressant et j'attends la suite avec beaucoup d'impatience.
N'est-ce pas Madame Adélaïde qui déclarait avec le franc-parler qu'on lui connait que tout un régiment lui était passé dessus ou quelque chose du genre. Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 49856
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeJeu 2 Aoû - 18:03

Fortune et infortune de Pierre Desgranges


A travers la comtesse d'Artois, un obscur personnage sortit de l'ombre pour soudain susciter la colère de Louis XVI qui n'admettait pas à ce que l'on attentat à l'honorabilité de la famille royale.
Ce personnage avait pour identité Pierre Desgranges. On le connait également sous d'autres pseudonymes comme Loquet-Desgranges ou encore Des Granges. Né à Barbezieux dans la province d'Angoumois le 5 juin 1754, il obtint l'honneur de conduire l'équipage du comte d'Artois jusqu'au relais de Reignac en juillet 1782. A ce moment, le frère cadet du roi traversait le sud de la France pour assister au siège de Gibraltar. Or, en raison de sa belle prestance et de ses qualités viriles, Desgranges fut remarqué par le prince, ou du moins par son entourage, qui le fit entrer dans sa compagnie de gardes du corps le mois suivant.
Issu d'une famille de maîtres de poste, l'état social de ce jeune angoumoisin correspondait à la fin du XVIIIe siècle à la moyenne bourgeoisie. Il avait probablement reçu une éducation et une instruction lui permettant de se présenter à son avantage dans des milieux au-dessus de sa condition. Pour entrer aux gardes du corps dans la Maison du roi ou dans celle des princes de la famille royale, il fallait etre "haut de cinq pieds quatre pouces au moins, bien fait, bien facé, d'un âge mûr, de famille noble ou du moins hors du commun". Pour cet Angoumoisin de vingt-huit ans, cette faveur correspondait à un sésame inespéré de gratifiantes promesses dans le cénacle de Versailles. De fait, avec le recul du temps, on peut comprendre l'étendue du bouleversement intérieur qui s'opéra dans la tête de ce jeune provincial !

L'année suivante, selon une tradition historique, Pierre Desgranges sauva le comte et la comtesse d'Artois de la mort ou du moins d'un accident très grâve, lorsque les chevaux du carosse princier s'emballèrent subitement, et que de sa seule force qualifiée "d'herculéenne", il parvint à maitriser l'équipage. Le frère du roi le récompensa généreusement en lui obtenant un grade de capitaine de cavalerie au régiment des cuirassiers du roi le 31 mai 1783. Ainsi, de juillet 1782 à l'automne 1783, tout va pour le mieux pour la fortune de Pierre Desgranges. Il assure la sécurité du comte et de la comtesse d'Artois et moins d'un an après sa première faveur, il obtient une substantielle promotion grâce à un courage indéniable lorsque ses maitres encouraient un danger certain.
Hélas ! les mirages annonciateurs d'un brillant avenir s'écroulèrent pour lui le 30 novembre 1783 lorsque Louis XVI en personne délivra une lettre de cachet à son encontre :
"M. le marquis de Launay, Je vous fais cette lettre pour vous dire de recevoir dans mon château de la Bastille le sieur Desgranges et de l'y retenir jusqu'à nouvel ordre de ma part. "
De son coté, le lieutenant de police de Paris, M. Lenoir écrit ce billet le 2 décembre 1783 : "Je vous prie Monsieur de faire veiller nuit et jour M. Desgranges et de placer avec lui l'homme le plus sûr qui puisse répondre de sa personne."

Le témoignage de Madame d'Oberkirch

De quelle faute s'était donc rendu coupable "le sieur Desgranges" pour que ce dernier encore l'hire du roi au point de le faire arréter pour l'incarcérer à la Bastille ?
Deux cent vingt-huit ans après cette mystérieuse affaire, il est délicat de faire le lien entre ce provincial d'origine charentaise et l'évanescente comtesse d'Artois dont il assurait la sécurité. Cependant quelques rares contemporains ont cité sans équivoque le nom de Desgranges dans leurs Mémoires, leurs Journaux intimes ou leurs correspondances. C'est dire, combien un parfum de scandale a dû souffler de bouche en bouche de Versailles à Paris dans les milieux de la Cour et de la haute société Parisienne... Il s'agit principalement des témoignages de la comtesse de Boigne et de la baronne d'Oberckirch. La première était issue d'une famille vivant à la Cour, mais son témoignage est malheureusement largement rétrospectif de cet épisode de la vie de la comtesse d'Artois, et d'autre part Mme de Boigne ne s'appuie que sur des confidences vraisemblablement erronées par la déformation de la rumeur. Plusieurs de ses informations relatives à cette affaire se révèlent effectivement fausses, notamment à propos des conséquences de cet événement dans la vie de Desgranges les années suivantes.

Le second document est celui de la baronne d'Oberkirch. Née dans le sein de la noblesse Alsacienne, elle s'était liée dans sa jeunesse avec la princesse Sophie-Dorothée de Wurtemberg qui épousa en 1776 le tsarévitch Paul de Russie. Or en 1782, l'héritier du trône impérial et son épouse sous les titres de Comte et Comtesse du Nord, entreprirent un grand voyage qui les transporta dans un grand nombre de Cours d'Europe. Versailles les accueillit fastueusement et la baronne ne se fit pas faute de revoir son auguste amie. Notre mémorialiste devait faire trois longs séjours à Versailles et Paris en 1782, 1784 et 1786. Au crépuscule des dernières années de la monarchie française d'Ancien Régime, Mme d'Oberkirch cotoya une foule de personnages influents et célèbres. Femme d'esprit, elle compila un grand nombre d'informations et d'anecdotes. De fait, si son témoignage relatif à l'affaire qui touche Marie-Thérèse de Savoie n'est peut-être pas exempt d'inexactitudes, il parait à tout le moins beaucoup plus solide par rapport à celui décrit par la comtesse de Boigne.
C'est pourquoi, il m'a parut intéressant de reproduire une partie de l'extrait qui concerne directement cette troublante intrigue :
"On parlait beaucoup alors d'un scandale qui venait de se produire à la Cour, et qui prenait alors des proportions fort désagréables. M. le comte d'Artois avait alors un gentilhomme ordinaire, nommé Desgranges ; c'était un homme de peu et fort déplacé chez le frère de Sa Majesté. Il était d'une beauté fabuleuse, beauté qui passait en proverbe et qui servait de point de comparaison. Cette beauté lui avait servi peu-être à lever les obstacles, mais il parvint d'abord, je ne sais comment, malgré sa basse extraction, à entrer dans les gardes d'Artois. Il a de l'esprit, beaucoup d'intrigue, une grande bravoure et l'envie de parvenir à tout prix.
...........Il eut l'infortune de calomnier sa bienfaitrice. Madame la Comtesse d'Artois s'intéressait à lui comme à un homme ayant sauvé la vie à son mari et à ses enfants. Elle le combla de bontés ; pure et vertueuse à l'égal de son auguste famille, elle ne songea point à la calomnie. Mais ce Desgranges, fat de garnison, osa se vanter d'avoir plu à Son Altesse Royale, parla à ses camarades de prétendus rendez-vous donnés, montrer des lettres supposées, et parvint enfin à répandre d'infâmes bruits sur une princesse que son rang et sa conduite devaient placer au-dessus de pareilles atteintes.
M. le Comte d'Artois en fut instruit, il alla trouver le roi. Desgranges fut arrété, interrogé, sommé de produire des preuves de ses calomnies, et finit par se rétracter honteusement, faisant à genoux amende honorable. Madame la comtesse d'Artois eut bien du chagrin de cette aventure et de tout le bruit qui en résulta. Personne, cependant, même les esprits les plus malveillants et les plus mal faits, n'a songé à l'accuser. Elle a été fort applaudie à l'opéra la première fois qu'elle y a paru ensuite. Tout le monde s'est combien cette princesse est attachée à ses devoirs et à son époux. Une fois, au moins, la calomnie qui ménage si peu les princes et les rois n'a pas été écoutée."


Ombres et lumières chez les gardes du corps

Ainsi, si dans un premier temps, Pierre Desgranges avait su profiter habilement mais de façon honnête et à priori à son honneur de la faveur du comte d'Artois, l'épouse du prince aurait elle-même surenchéri en le comblant de "bontés". N'avait-il pas sauvé le couple princier dans un accident de carosse ? Aussi, il faut souligner que les "bontés" de la princesse de Savoie ne sont pas à prendre sous un sens trivial ou péjoratif. Il faut savoir que la société des princes reposait sur leurs Maisons qui regroupaient leur entourage curial et leur domesticité. Toutes ces personnes à des degrés et des niveaux très divers constituaient les services qui régissaient les vies officielles et privées de leurs maîtres. Le service de la garde qui assurait la protection des princes et princesses aux portes de leurs appartements ou dans leurs déplacements en faisait partie.
Toutefois, il ne semble pas que le sieur Desgranges se fut trouvé dans la proximité immédiate de la comtesse d'Artois au château de Versailles car il ne portait pas l'appellation de "garde de la porte" mais bien celle de "garde du corps", relative aux allées et venues de la princesse, à pied, en chaise à porteurs ou en carosse. Il appartenait aux "troupes montées", c'est-à-dire à cheval. D'ailleurs, son grade de capitaine de cavalerie confirmerait cette orientation.
Gilbert Bodinier dans son ouvrage "Les Gardes du Corps de Louis XVI" précise à cet égard : "L'officier de service ne quittait jamais le roi, de son lever à son coucher. La nuit, il couchait dans un logement attenant à la maison du monarque. A six heures du soir, les gardes du corps relevaient les gardes de la porte. Ils accompagnaient la famille royale au cours de ses déplacements. Ce service leur permettait d'approcher le roi, la reine et les menbres de la famille royale, aussi était-il envié et recherché...". Il l'était également, quoique à un niveau moins prestigieux, dans les maisons des frères du roi.

L'affaire "Comtesse d'Artois-Desgranges" fit apparement beaucoup de bruit, du moins à la Cour et à Paris dans les cercles de l'aristocartie et les salons.
Les Mémoires Secrets prirent le relais en écrivant que Desgranges avait été "arrété avec un grand mystère et beaucoup de rigueur" et en ajoutant que "c'est un très beau cavalier qui se vantait d'être entretenu par les femmes, et on veut qu'il ait découvert qu'il avait mérité les bontés d'une grande princesse dont il avait fait le portrait qu'il a prétendu tenir d'une femme de chambre. Tout cela a l'air très romanesque, très calomnieux et très obscur. Il faut attendre d'autres éclaircissements."
Puis très vite, les Mémoires Secrets commentent : "Personne ne doute aujourd'hui que les bruits répandus sur Mme la comtesse d'Artois, avec un éclat scandaleux, ne soient une calomnie, mais provenue sans doute d'une cabale assez puissante pour n'en pas craindre les suites. Quoi qu'il en soit, on assure que le roi et M. le comte d'Artois redoublent d'attentions envers elle depuis ces bruits infâmes."Quant à l'ex-garde du coprs, la Chronique émet plusieurs hypothèses sur le lieu de son incarcération : 'les uns le mettent à la Bastille, les autres à Pierre-Encize, d'autres aux îles Sainte-Marguerite, d'autres au cabanon de Bicêtre...". La forteresse de la Bastille était la bonne.

Néanmoins, si Pierre Desgranges fit "l'actualité" pendant quelques temps, un autre de ses condisciples partagea son sort ! Il s'agissait d'un deuxième garde du corps du comte d'Artois, François de Bordes, chevalier de Sarradas. Une lettre de cachet l'expédia lui aussi à la Bastille le 3 décembre 1783 : "Le sieur chevalier de Sarradas, garde du corps, de M. le Comte d'Artois, conduit à la Bastille par le sieur Saubois, inspecteur de police, le 3 décembre 1783, à deux heures et demie du matin."
Sur ce point, on a invoqué parfois le nom d'un garde du corps nommé Loquet, mais il semblerait vraisemblablement qu'une erreur ait été commise.
Car ce Loquet ne cachait rien moins que Desgranges ! En effet, l'Angoumoisin portait alternativement le nom de Loquet, nom patronymique de l'une des branches de sa famille, et de Desgranges. Par ailleurs, dans certains textes, le nom de Desgranges se lit Des Granges ! Au XVIIIe siècle, l'identité des personnes n'était pas aussi explicite que de nos jours, loin s'en faut, et son cas n'est pas isolé. L'on verra même par la suite que notre personnage se fera appeler Des Barrières...
En l'occurrence donc, il s'agit bien du sieur de Sarradas qui fut associé dans la disgrâce avec Desgranges, le comte d'Artois selon toute apparence ayant voulu épurer sa maison militaire des éléments qui portaient atteinte à son honneur et à celui de son épouse. Cependant, comme pour Desgranges, le motif de l'incarcération de Sarradas est resté secret. Mmes de Boigne et d'Oberkirch et le marquis de Bombelles n'ayant évoqué ni son nom, ni encore moins son existence. Seules les Archives publiques prouvent la prise de corps de Sarradas, attaché comme Desgranges à la sécurité du couple princier Artois, les deux jeunes gens ayant été arrêtés à un jour d'intervalle. Le fait, il est vrai, est étrange et les questions qui s'ensuivent ne manquent pas. Quel était leur niveau de complicité si un lien patent ou fortuit entre eux était établi avec la princesse de Savoie ? Qui était le plus compromis des deux et pour quels motifs directs ? Il est impossible de le dire, les deux hommes ayant été emprisonnés sur lettre de cachet et ces lettres signées du roi demeuraient par définition muettes sur leurs mobiles et cela d'autant plus qu'ils n'appartenaient pas à de grandes familles comme les marquis de Mirabeau et de Sade qui furent incarcérés sur lettre de cachet pour excès de libertinage.

La suite dans quelques instants...
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeJeu 2 Aoû - 18:42

C'est palpitant ! Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 405462
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeJeu 2 Aoû - 21:15

Des éléments qui innocentent la comtesse d'Artois

Au centre de la question, à l'instar des deux officiers, et plus particulierement de Desgranges, quelle était la situation de la comtesse d'Artois, l'état de son esprit et de son corps ? Comme nous le savons, cette princesse a toujours vécu dans une discrétion farouche et si quelquefois on a parlé d'elle, ce fut bien contre son gré.
Trois mois après l'incarcération de l'impertinent garde du corps, le marquis de Bombelles note dans son Journal le 15 février 1784 : "Pour Mme la comtesse d'Artois, elle ne parait nulle part, et depuis Fontenaibleau, ne sort que pour aller le dimanche chez le Roi et les autres jours, à la messe ou à la promendade." Faudrait-il en déduire que la belle-soeur du roi avait quelque chose à cacher ? Une grossesse malencontreuse dont Pierre Desgranges aurait été le père biologique et dont quelques contemporains dont Mme de Boigne se sont hâtivement empréssés de faire le lien ? A l'examen des sources dont nous disposons, autant à propos de cette affaire que pour la vie de la comtesse d'Artois, l'existence d'une grossesse "honteuse" puis la naissance d'un enfant adultérin, ne résistent pas à la réalité historique qui à travers cette question se révèle bien plus prosaîque !

Ainsi quand Bombelles dit que la comtesse d'Artois "ne parait nulle part", cela ne signifie pas qu'elle ne sort jamais de son appartement Versaillais, mais qu'elle ne parait plus à cette période aux réceptions, bals et fêtes de la Cour. Le marquis dit bien qu'elle va chez le roi le dimanche, certainement pour y diner ou y souper avec la reine et la famille royale, qu'elle se rend à la chapelle du château pour assister à la messe et que ses promenades se poursuivent à leur rythme ordinaire.
Si certes Marie-Thérèse de Savoie n'a jamais figuré comme un astre à la Cour comme le furent la comtesse Du Barry ou Marie-Antoinette, force est de constater que lors du premier semestre de 1784, elle vivait beaucoup plus retirée qu'auparavant. Il y a à mon avis deux raisons mais aucune qui ne tient lieu à une pseudo-grossesse cachée !


On occulte trop rapidement que quelques mois auparavant la princesse a perdu coup sur coup ses deux filles, d'abord un nourrisson de cinq mois le 22 juin 1783, puis sa fille aînée à l'âge de sept ans le 5 décembre 1783. Par conséquent entre le 5 décembre 1783 et le 15 février 1784, le jour ou Bombelles dit qu'elle "ne parait nulle part", trois mois se sont écoulés, et il ne faut pas chercher plus loin pour dire que la comtesse d'Artois est en plein deuil et que pour cette raison elle ne se montre plus dans le monde officiel. Son existence est désormais privée, elle vit dans "la retraite", comme l'on disait alors en langage de Cour.
De plus, le peu de goût qu'avait Marie-Thérèse de Savoie pour la Cour, en raison de ses insuffisances intellectuelles, qui représentait pour elle un milieu frelaté et perfide, a probablement conditionné cette ligne de conduite. La mort de la petite Mademoiselle en décembre, lui a donné outre le temps nécessaire à l'observation du deuil, en l'occurrence un an pour le décès d'un enfant, une circonstance de plus pour vivre dans la retraite auquelle elle aspirait.
Cette première constatation faite, une deuxième apparait. Une relation proche a t-elle existé entre la princesse de Savoie et l'officier Pierre Desgranges ?
Aucun document étayé ne permet d'avancer une hypothèse tangible sur cette question, et si la princesse esseulée apres les écarts de son mari, a peut-être contemplé d'un oeil concupiscent son garde du corps à 'la beauté fabuleuse" selon Mme d'Oberkirch, nous le le saurons jamais.
D'autre part, j'ai avancé plus haut que Desgranges ne portait pas l'appellation de garde de la porte, mais celle de garde du coprs qui consistait à protéger les personnages illustres dans leurs déplacements, mais pas à demeurer à la porte des appartements royaux et princiers, ou à surveiller les entrées directes et indirectes, en sentinelles. Par ailleurs, sur un plan pratique, il était impossible à un officier d'entrer dans l'appartement dit privé de la princesse, sa place sulbalterne vis-à-vis de la belle-soeur du roi le lui interdisant formellement par l'étiquette. Il ne faisait pas partie à proprement parler de la Maison de la comtesse d'Artois et il relevait au contraire directement de celle du comte. En revanche, les grands officiers de la princesse de Savoie comme le Premier Aumonier, le Chevalier d'Honneur ou le Secrétaire des Commandements avaient eux un accès privilégié auprès de Marie-Thérèse de Savoie. Sur ce point précis, les comtes de Provence et d'Artois, possédaient des Maisons militaires, cependant beaucoup plus réduites par rapport à celle considérable de Louis XVI. Les gardes qui étaient appelés à la protection des princes pouvaient servir alternativement tant à la sécurité de leurs maîtres qu'à celles de leurs épouses. C'est pourquoi Pierre Desgranges est toujours considéré comme "garde du corps du comte d'Artois".

La suite probablement demain ! Cool
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeVen 3 Aoû - 13:46

Une princesse très fragile

Toujours est-il que les remous autour de la comtesse d'Artois rapportés par le marquis de Bombelles les 15 et 16 novembre 1783 projettent un doute sur la question d"un quelconque lien, parce qu'il dit "qu'il transpire que Mme la Comtesse d'Artois est enceinte" en soulignant toutefois qu'il pourrait s'agir d'une calomnie.
Il remarque que la princesse est dolente au point d'avoir été saignée et de garder le lit. L'agitation gagne la famille royale : Marie-Antoinette s'entretient avec les comtes de Provence et d'Artois pendant plus d'une heure, ; la comtesse de Provence, soeur de Marie-Thérèse, pleure ; Madame Elisabeth qui entretient des relations cordiales et affectueuses avec la comtesse d'Artois se voit interdire la porte de l'appartement de la princesse si elle ne se trouve pas chaperonnée par la reine ! Tous ces détails sont intriguants ! De même les très officiels Mémoires Secrets qui ne le sont oas, déclarent que "Le Roi et M. le Comte d'Artois redoublent d'attentions envers elle (la comtesse d'Artois) depuis ces bruits infâmes."

Pour déméler la vérité des informations sans fondement et des on-dits, il suffit de dégager quelques remarques simples à partir de faits irréfutables pour trouver une cohérence historique :

1.
Dans la quinzaine du mois de novembre 1783, le marquis de Bombelles évoque la comtesse d'Artois sur un ton circonspect au sujet de rumeurs de grossesse et de l'agitation de la famille royale à ce sujet.


2.
Le 30 novembre 1783, Louis XVI signe une lettre de cachet à l'encontre de Pierre Desgranges, garde du corps du comte d'Artois.

3.
"Le mardy 2 décembre 1783 à huit heures du soir" Desgranges, escorté de trois inspecteurs de police est incarcéré à la Bastille.

4.
"Le 3 décembre 1783, à huit heures et demie du matin", le chevalier de Sarradas, autre garde du corps du comte d'Artois, est lui aussi incarcéré à la Bastille sur l'injonction d'une lettre de cachet.

5.
Dans leurs Mémoires, Mmes de Boigne et d'Oberkirch citent explicitement Desgranges, qui pour la première aurait eu une relation équivoque avec la comtesse d'Artois, mais pour la deuxième aurait flétri honteusementi l'honneur de la princesse.

De fait, au constat de la documentation consultée et des informations déclinées, aucune preuve ne permet de dire que la comtesse d'Artois était enceinte à la fin de 1783.
Sans malice, naîve, Marie-Thérèse de Savoie connaissait sans doute, mais fort mal, ce "fat de garnison" qui la sauva dans un accident de carosse. Mais la temeirité de Pierre Desgranges le poussa à "se vanter d'avoir plu à Son altesse Royale", il abusa de la faiblesse de la comtesse d'Artois dont il avait perçu les carences psychologiques et intellectuelles et sa promotion de capitaine de cavalerie et de gentilhomme du frère du roi lui enlevèrent toute prudence. Ambitieux, de tempérment entreprenant, ses indiscrétions et ses mensonges provoquèrent sa perte.
Quand le scandale éclata, Marie-Thérèse de Savoie sut qu'un des hommes qui la servait avait répandu des calomnies sur sa personne et dans ce contexte, il est possible que le comte d'Artois ait réalisé tardivement la grande fragilité de son épouse. Car manifestement dénuée d'esprit, elle pouvait susciter malgré elle, des malveillances et des nuisances et porter atteinte à son intégrité de femme et de princesse. L'empereur d'Autriche, Joseph II dira crûment qu'elle était "imbécile".... C'est pour cela qu'en raison de sa vulnérabilité, la famille royale "redouble d'attentions envers elle" losque l'affaire Desgranges fut mise à jour. Désormais, on surveillera avec plus de soin son entourage.

En outre, la comtesse d'Artois, de complexion nerveuse, extrêmement émotive,était naturellement encline à l'humeur noire. Les descriptions péjoratives à son endroit ne manquent pas : revêche, triste, inexpressive, elle était probablement sujette à des maux psychiques qui la contraignaient de vivre isolée.
Lors d'une très grâve maladie en 1781 qui faillit l'emporter, elle perdit toute lucidité en poussant selon Angélique de Mackau, marquise de Bombelles "des hurlements affreux" parce que sa soeur la comtesse de Provence n'était pas auprès d'elle. De même, en exil, à la fin de sa vie, elle manifesta un étrange comportement qui alerta son entourage. La santé morale et nerveuse de la famille royale de Savoie dont elle était issue n'était pas très solide car sa soeur Marie-Joséphine et son frère aîné Charles-Emmanuel, Prince de Piémont, souffraient de symptômes psychiques.
Il demeure également un état de fait qui plaide en l'innocence de la comtesse d'Artois avec Pierre Desgranges. La princesse était extrêmement timide, renfermée sur elle-même. Le terme de sauvagerie n'est pas exagéré dans sa pathologie médicale.
Si certes, au début de son mariage, "elle se cachait comme un sylphe dans ses rideaux quand au moment de se lever, il lui fallait s'habiller devant une nombreuse assistance", l'angoisse de Marie-Thérèse de Savoie n'est pas surprenante, elle qui avait vécue son enfance dans une Cour très rigoriste et guindée. A Turin, on maintenait les petites princesses dans une austérité presque claustrale. Sa soeur la comtesse de Provence et la reine Marie-Antoinette abhorraient également l'étiquette de la Cour de France, mais elles avaient plus de facilités pour cacher leurs sentiments. Il n'en était pas de même pour la comtesse d'Artois qui souffrait peut-être d'un syndrôme phobique car elle vécut toujours très isolée, ou du moins dans la mesure ou cet isolement lui permettait de se limiter aux dames de sa suite qu'elle préférait, aux femmes de chambre qui partageait son intimité et en qui elle avait confiance, ou à ses enfants.
Dans ces circonstances, on voit mal cette jeune femme timorée se laisser séduire par un de ces gardes du coprs ! D'autant plus, qu'elle avait la parole rare et son hyper-timidité et son hyper-émotivité lui barraient toute privauté. Le malhonnête officier Desgarnges se contenta probablement d'exploiter le nom de la trop fragile comtesse d'Artois dans le seul but d'assurer l'ascension de sa fortune. Il le paya de six mois de Bastille.

De fait, les déclarations du Journal de l'Abbé de Véri, le 1er mai 1784 restent fortement sujettes à caution au sujet de "l'enfant adultérin" qu'il invoque et pour toutes les raisons déclinées içi :
"L'enlêvement pendant l'hiver 1783-84 de deux gardes du corps du comte d'Artois, l'un réputé pour des faveurs de la comtesse d'Artois, l'autre être son médiateur, avait fait un éclat. Et la naissance le dimanche des Rameaux (4 avril) d'un enfant adultérin aussitôt disparu, était parvenue à la connaissance du public. La comtesse d'Artois avait fait face à la cabale. Elle aurait dit au Roi, ou à la Reine, ou à la Comtesse de Provence : "J'avais encore la meilleure conduite des trois."
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeVen 3 Aoû - 14:26

Merci ! Dominique Poulin
Es ce que ça ce peut que Desgranges aurait profiter ou d`abuser d`elle vu sa fagilité psychique ? Je veux dire de sa bonté envers lui.
Fleurdelys
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitimeVen 3 Aoû - 14:51

Passionnant ! Merci beaucoup Smile
Existe-t-il des biographies sur la Comtesse d'Artois ?
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MessageSujet: Re: Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois   Marie-Thérèse de Savoie , Comtesse d'Artois - Page 5 Icon_minitime

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