Comprendre la Terreur et ses enjeux au lycée

La période de la Terreur, généralement fascine les élèves, tout l'intéret est donc de réussir cette séquence de cours en évitant à la fois trop de clichés et en captivant les élèves afin qu'ils dégagent les notions essentielles qui dominent la République à cette période.

J'ai commencé par un bref cours magistral replaçant le contexte, les personnages essentiels et les dates et les définitions importantes.
Puis on s'est penché sur l'étude d'un personnage: Robespierre à travers des portraits, des extraits bibliographiques et des textes politiques.
Je souhaitais que les élèves connaissent ce personnage dans son intimité afin de comprendre les rouages de la Terreur qu'il va mettre à l'ordre du jour.
Ainsi à travers des tableaux, des documents d'archives, des extraits de films. Les élèves ont étudié la Terreur à travers les yeux de Rosbespierre (en le suivant dans ses relations sociales, son culte de l'être suprême) et les aidant à comprendre sa mégalomanie et sa soif de pouvoir.
A la fin le 9 Thermidor fut compris beaucoup plus facilement avec cette façon d'aborder l'Histoire.

En module, j'ai souhaité qu'ils comparent avec un personnage tout en retenu et farouchement opposé à cette violence montagnarde, les élèves ont donc construit un exposé sur Charlotte Corday, après avoir fait des recherches au CDI du lycée (recherche livresque et multimédia)

Bravo pour votre sens de la pédagogie et l'approche de l'Histoire à laquelle vous conviez vos élèves !!! Parler de Robespierre, c'est poser la question "la fin justifie t-elle les moyens?" , interrogation que Robespierre balayait d'un revers de main.
Eh bien, qu'est-ce que ces jeunes ont pensé de l'homme Robespierre, chère Alexandra ?

Eh bien, c'est comme cela que je me suis rendu compte à quel point leur mémoire est surtout visuelle, car lorsque j'ai évoqué l'échec de Robespierre et sa terrible blessure à la machoire, des élèves se sont écriés: "Ah c'est pour ça qu'on le voit souvent représenté avec un bandage !". J'en ai conclu que même si ils ne retiendront pas tout, le simple fait d'avoir résolu le mystère du bandage leur aura apporté une réponse !

J'ai également constaté qu'ils connaissaient beaucoup d'informations en vrac sur la Terreur, le fait d'avoir parcouru cette période en zoomant sur un personnage aura, je crois, remis un certain ordre dans leurs connaissances.

Encore un angles très intéressant pour aborder une période ! Ici aussi, je me demande si les élèves avaient des a priori au début de la séquence, et, si oui, lesquels ? En faveur ou non du personnage ?

Qu'en ont-ils dit, comment le débat a-t-il évolué ? Ont-ils abordé cette question si cruciale de ce "la fin justifie les moyens" ? Ils sont si radicaux, à l'adolescence, souvent, qu'il peut leur arriver d'épouser sans nuance le point de vue de Robespierre.

Il faut souhaiter aussi que cette étude du passé et d'un personnage clé de la Terreur leur permette d'affûter leur regard sur l'histoire du présent : mettre leur nouveau savoir et connaissance pour analyser aussi le présent.
Bref que l'exemple Robespierre leur fasse comprendre qu'on obtient rien par la violence, en voulant faire le bien des autres sans eux et contre eux...
C'est effectivement une figure de proue pour tous les mégalomaniques du pouvoir et dictateurs en cours...

Pour ce qui est du visuel, je crois aussi, qu'ils gardent gravés en eux quelques "flashs" qui font tilt plus que de longs discours. La concentration demandée par un cours magistral n'est pas aisée à obtenir.
il est bien de savoir jouer de cette facilité et capacité là pour attiser leur envie d'apprendre d'une part et leur donner des repères justes à garder ensuite pour la vie...

Oui cette période se comprend mieux avec des images surtout pour cette génération où le visuel tient une place prépondérante dans leur quotidien.
En outre, le personnage de Robespierre et un des seuls personnages dont ils ont entendu parler pour cette période mais ils sont incapables de vraiment retracer son parcours. Leur faire découvrir cette période à travers l'étude de Robespierre se comprend un peu comme un organigramme. Robespierre au centre et autour de lui un agrégat de personnage et d'évènement. C'est d'ailleurs pour cela qu'ils ont pu compléter leur connaissance en étudiant Marat parallèlement en module.

Nous avons aussi abordé la contre-révolution à travers des cartes et des textes afin de reconstituer tout les éléments de l'époque.

Il faut dire que ce n'est pas aisé car le temps nous est compté, alors parfois j'ai l'impression d'aller trop vite et de ne pas approfondir tout ce que je souhaiterais, mais je peins un tableau de l'époque le plus fidèle possible dans la limite des possibilités du programme.

Cette approche est très intéressante, chère Alexandra !

Je pense que si j'avais pu bénéficier à l'époque d'une telle pédagogie, j'aurais sans doute eu moins de lacunes en histoire !

Robespierre n'a pas une trogne comme un Mirabeau ou un Danton. Il a une image très lisse, très clean, dans sa redingote rayée bien coupée, ses fines lunettes, sans doute jamais un cheveu qui dépasse de la perruque ... le gars pas inquiétant que l'on remarquerait à peine en société. Et pourtant, quelle nocivité !!!

Oui Robespierre a toujours été contre le bonnet phrygien et autres tenues révolutionnaires de ce style. Il se devait de soigner son apparence et il y tenait

Etudier la Terreur de son point de vue est je trouve aussi un excellent moyen de découvrir la période tout en étudiant la psychologie de Robespierre qui reste à part, j'aurais aussi aimé avoir un tel cour
Cela permet ausi de ramener Robespierre là où il a véritablement agit penfant la révolution, et donc de le mettre devant ses responsabilités et de recadrer là encore les choses par rapport au Robespierre un peu trop souvent idéalisé.

Bonjour,
juste pour info, voici un livre très intéressant sur la Terreur pour les collégiens :
l'Inconnu de la Bastille, d'Annie Jay et de Micheline Jeanjean chez Hachette en livre de poche



Il a le grand avantage de ne pas être manichéen. Les auteurs ne prennent pas parti, ni pour un camp ni pour un autre.
L'histoire se passe dans l'entourage des Dantonistes, aux côtés de Camille et Lucile Desmoulins. Les deux héros sont une jeune fille noble pauvre, devenue couturière, et un jeune journaliste du Vieux Cordelier.

Les événements sont traités avec un grand réalisme, jusqu'à la chute de Robespierre, et le contexte historique est particulièrement bien rendu.

Merci pour l'info Olympia

J'allais justement demander qui était ce couple sur la couverture

ça à l'air très intéressant en effet! Si je comprends bien il s'agit de l'histoire de ce couple imaginaire, qui se déroule durant un contexte historique réaliste (celui de la terreur) c'est cela?
Le genre de livre que j'aurais aimé lire au collège, au lieu des rasoirs qu'on nous imposait :s:

J'avoue que moi aussi !
J'ai 40 ans, à mon époque, on nous faisait surtout lire des classiques (en plus, sans grande préparation, ce qui provoquait de véritables allergies aux auteurs français des XVII et XVIIIe siècles ! )


Ma fille, qui est en 4eme, vient d'étudier ce roman. Il s'agit bien d'aventures imaginaires, mais très bien documentées. Je crois que c'est une façon tout à la fois ludique et pédagogique d'interesser les jeunes à l'Histoire.
J'avoue que j'ai pris un grand plaisir à le lire aussi ! Cela m'a remis en mémoire bon nombres d'événements.

Marie-Antoinette y est-Elle évoquée et représentée?

Bien à vous.

Non, l'histoire se passe, au début, pendant la prise de la Bastille. Puis tout le reste du roman se déroule en 1794. On ne fait donc qu'évoquer la reine...

Pour les jeunes, il existe une remarquable biographie de Marie-Antoinette, sous forme de série, chez Flammarion (je crois) en trois volumes, de Anne-Sophie Silvestre.
Hyper bien documentée, agréable à lire, et supérieure à bien des ouvrages "pour adultes" (non, je n'exagère pas).

Merci de nous donner votre avis sur les livres d'Anne Sophie Sylvestre, Olympia. Il me semblait que nous les avions présentés sur ce forum, mais je ne retrouve plus où.  

Je prends donc la liberté de recopier ce message dans la rubrique consacrée aux livres pour enfants, pour qu'il s'y trouve également.  

Voici un article consacré au tome 3 de ces ouvrages :
http://www.passiondulivre.com/livre-57486-marie-antoinette-volume-3-le-printemps-du-regne.htm

Faire découvrir une période aussi délicate que la Terreur à des collégiens est une excellente idée je trouve. On leur apprend le nazisme donc pourquoi pas la Terreur? Au moins on y gagne en objectivité vis à vis de la Révolution
Et plus tôt on découvre ce qu'il s'est passé durant cette période, mieux c'est.

C'est exactement ça, Chou. En histoire, il ne faut pas de tabous. Et, pourtant, il y en a partout, dans tous les pays, dans toutes les civilisations.

C'est comme les religions. Leur plus grand intérêt, c'est d'être comparées, pour voir leurs points communs, sans tabous. Mais, là aussi, ça coince...

Oui pour les religions c'est encore pire :s:

C'est comme si nous étions incapables de prendre le recul nécessaire pour apprendre ces religions, leurs concepts en général du moins, tout en étant compatible avec la laïcité

Encore faudrait-il s'ntendre sur ce que signifie la laïcité...

Oui aussi...mais ces sujets là sont bien trop épineux et risqués pour qu'on puisse les évoquer ouvertement...
Pendant quelques cours de philosophie en Terminale je me souviens avoir un peu abordé le sujet et j'avais beaucoup apprécié, mais c'était bien trop bref, ponctuel et aussi trop tard :s:

Mais bien sûr que si, il faut évoquer ces sujets ouvertement ! Pourquoi les religions seraient-elles tabou ? Et la laïcité ? Toutes ces pensées s'interconnectent intimement, de toute façon.

Oui je suis d'accord il le faudrait, mais dommage pour nous personne ne veut prendre le risque

A quoi servent donc les cours de philo dont vous bénéficiez, en France ?

La Belgique n'est pas un état laïc, ce qui fait que nos malheureux élèves ont le choix entre "religion" et "morale". Au cours de religion, ils voient la religion qui correspond à leurs conviction. Au cours de morale... oh...  

En fait, on a peu de contrôle sur les cours de religion, ce qui gêne quelque part, n'est-ce pas ? Il peut se trouver des profs, par exemple, pour enseigner des trucs pas vraiment opposés au créationnisme, si tu vois ce que je veux dire, avec tous les dégâts que ce genre de pensées peut entraîner.

Quant aux cours de morale, un prof inspiré peut organiser des débats passionnants sur des sujets vraiment moraux, mais ça peut aussi devenir cours de vidéo...  

Le drame, c'est que nos élèves n'ont pas, officiellement, de cours de philosophie ni de religions comparées, alors que, ça, ce serait réellement indispensable.

Nos cours de philo ne servent strictement à rien...
On en a trop peu, et cette matière est très mal enseignée je trouve, car là encore bien trop scolaire alors que ça ne devrait pas l'être.
Apprendre par coeur les pensées d'un philosophe ou des concepts philosophiques juste pour avoir une bonne note ou juste parce qu'on nous le demande sans vraiment nous mettre en situation, c'est complètement inutile

Madame Alexandra K,
Je suis très agréablement surprise du temps que vous avez pu consacrer à faire apprendre la terreur à vos lycéens.
Le programme de seconde est souvent écourté à cause du bac et je me demande comment vous avez réussi le tour de force de passer autant de temps sur la terreur tout en finissant le programme.
Pour ma part j'ai toujours été très frustrée car il ne me semblait pas avoir réellement abordé cette riche période (en tant qu'élève).
J'ai le souvenir que tout devait toujours se faire dans l'urgence, et c'est assez désagréable quand l'on souhaiterais s'attarder un peu plus sur les tenants et les aboutissants d'une politique comme celle de la terreur, où beaucoup de facteurs sont à prendre en compte.