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| La marine française au XVIIIe siècle | |
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+5Oberon Saint Laurent Dourakine madame antoine pimprenelle Chou d'amour 9 participants | |
Auteur | Message |
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pimprenelle
Nombre de messages : 40594 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Mar 2 Juin - 14:07 | |
| Excellente idée ! Je vous en prie, Madame de Chimay ! Ouvrez tous les fils que vous jugerez utiles à vos démonstrations ! _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Mar 2 Juin - 18:28 | |
| Merci Pimprenelle, je ne manquerais pas d'ouvrir un fil sur le régent et sur l'Angleterre des Pitt. C'est important pour comprendre combien Louis XVI a été acculé à une situation impossible. Surtout si l'on songe que cette politique absurde de la marine date du début du XVIIIe siècle.
Pourtant , à plusieurs reprises, il y a eu des réformes dans la marine. Louis XIV avait marqué de son empreinte puissante celle-ci , notamment Colbert. En 1689 , il avait créé une ordonnance qui était devenue la bible des armées navales. Je cite Etienne Taillemite : " Celle-ci accordait une prépondérance marquée à l'intendant, autorité administrative, aussi bien dans les ports et arsenaux où le commandant de la marine ne disposait d'aucune autorité sur lui , que sur les escadres où intendants et commissaires n'étaient pas subordonnés aux officiers de vaisseau.
Choiseul , lors de son passage au secrétariat d'état à la marine de 1761 à 1766 , avait amorcé une évolution assez modeste dans le sens du renforcement de l'autorité militaire. L'ordonnance de 1765 prévoyait une " concertation" entre le commandanr de la marine et l'intendant dans les ports , et la préparation du matériel cessait d'être le fait de l'intendant seul. A bord des bâtiments de la flotte , on s'était borné à supprimer le rôle de surveillant des officiers de vaisseau dévolu par Colbert au corps administratif , mais on n'avait pas osé aller jusqu'à établir une unité de commandement. Quant à Bourgeois de Boynes , il avait bouleversé par l'ordonnance du 18 février 1772 l'organisation de la marine en essayant de la calquer sur celle de l'armée de terre . La flotte était divisée en 8 régiments et les officiers se trouvaient affectés à l'un d'eux pendant toute leur carrière. Ils devaient suivre la construction et l'entretien des bâtiments attribués à chaque régiment. Ce système étrange brisait toute unité aussi bien dans le matériel de sorte que dans le personnel de sorte que s'il avait perduré, on aurait abouti à la constitution de huit petites marines qui n'auraient plus eu de lien entre elles. D'autre part, Boynes avait également bouleversé la formation des officiers de vaisseau en supprimant les trois compagnies de garde de la marine de Brest , Rochefort et Toulon pour les remplacer par une Ecole de marine installée Au Havre dont l'accès était théoriquement tout au moins , ouvert sans condition de noblesse." |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Mar 2 Juin - 18:47 | |
| Je continue de citer Etienne Taillemite : " Ces réformes improvisées et très insuffisamment réfléchies avaient provoqué des réactions violentes et une sérieuse crise morale, ce qui rendait la flotte tout à fait inapte à faire face à un conflit. Louis XVI eut la sagesse de s'en rendre compte et de confier à Sartine et à ses collaborateurs la tâche immense de redresser une situation compromise. Le 7 avril 1776 , Vergennes écrivait à Noailles ambassadeur en Angleterre : " Les Anglais s'étonneraient moins de ce qu'ils appellent la grandeur de nos préparatifs maritimes si, mieux instruits de l'état dans lequel se trouvait notre marine à l'avénement du roi, ils savaient qu'il y avait tout à faire. Pas un vaisseau en état , pas un magasin garni, il a fallu pourvoir à tout à la fois et c'est ce qui a donné à ces précautions et à ces travaux un éclat que nous aurions désiré éviter mais que la nécessité rendait inévitable3.
Sartine entreprit donc , avec l'approbation totale du roi , une oeuvre non seulement de rétablissement mais surtout de rénovation profonde des structures mêmes de l'institution maritime. Le ministre et peut-être même le roi, qui eut le mérite de laisser faire sinon de donner l'impulsion-s'était enfin aperçu que la marine n'était pas seulement une administration qui se devait d'être rigoureuse et efficace, mais aussi et surtout qu'il était urgent de renforcer sensiblement les pouvoirs des officiers de vaisseau. Une flotte valant avant tout par ses hommes, Sartine commença par rétablir les institutions formatrices des officiers . Le 2 mars 1775 , il obtenait du roi la signature d'une ordonnance supprimant l'école de marine Du Havre et rétablissant les trois compagnies de garde de la marine avec quelques nouveautés. La sélection était renforcée car les jeunes gens, admis désormais comme aspirants gardes entre 14 et 18 ans , risquaient d'être renvoyés s'ils ne réussissaient , au bout de deux ans, l'examen d'entrée aux gardes. La formation mathématique était améliorée en prenant pour base le cours d'Etienne Bézout, membre de l'Académie des sciences qui présidait aux examens. On ne négligeait pas toutefois la formation pratique et les futurs officiers embarquaient en grand nombre dans les escadres d'évolution et sur les bâtiments en campagne. Le système ne donna toutefois pas entière satisfaction et après la guerre d'Amérique, le maréchal de Castries le modifia en partie. " |
| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 42 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Mar 2 Juin - 18:57 | |
| De quand date la grande victoire française (de la "Belle Poule" je crois...) contre un navire anglais déjà? Avant ou après tout ce remaniement? _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Mar 2 Juin - 19:19 | |
| C'est le 17 juin 1778 qu'eut lieu l'affrontement entre la frégate française Belle Poule et la frégate anglaise Aréthuse. Ce combat, qui s'est traduit par une incontestable victoire française. Donc suite aux réformes de Sartine. Vraiment on ne peut que remercier Louis XVI de nous avoir donné un tel ministre !
Voici quel fut l'apport de Sartine à la marine. Je cite Etienne Taillemite : " l'oeuvre principale de Sartine consista en une réforme radicale des bases de l'administration maritime. c'était le but des sept ordonnances du 27 septembre 1776, qui transformèrent radicalement le système colbertien et donnèrent à la marine des structures si modernes que Bonaparte les reprendra sans grand changement lorsqu'il créera , en 1800 , les préfets maritimes que nous connaissons encore aujourd'hui. Sans entrer dans les détails , il importe d'analyser ces textes que Louis XVI , s'il n'en fut sans doute pas l'inspirateur, approuva sans leur apporter aucune retouche, ce qui montre qu'il était capable , dans ce domaine de la marine, de comprendre la nécessité d'une évolution des fondements même de l'institution.
Le texte essentiel était la première ordonnance concernant l'administration générale et particulière des ports et arsenaux. Il apportait une innovation complète en renversant l'édifice colbertien. Le personnage principal, le véritable chef n'était plus l'intendant , mais le commandant de la marine dans le port, officier général issu du corps des officiers de vaisseau, qui disposait de l'autorité sur tous les services du port et sur tout ce qui concernait la direction et l'exécution des travaux. Il était secondé par quatre officiers de vaisseau : un directeur général de l'arsenal, un directeur des constructions, un directeur du port et un directeur de l'artillerie. L'intendant ne venait plus qu'en second et se trouvait limité à des attributions financières et comptables.
Pour assurer la coordination indispensable, l'ancien conseil de construction établi par l'ordonnance de 1689 , et dont les attributions avaient été élargies par celle de 1765 qui l'avait nommé conseil de marine, devenait permanent avec au minimum une réunion tous les 15 jours. Véritable Conseil d'administration du port , ses compétences étaient définies en plus de 20 pages de l'ordonnance. En cas de confli entre le commandant et l'intendant, le ministre arbitrerait. La prédominance du militaire sur l'administratif était donc consacrée d'une manière qui ne serait plus jamais remise en cause. Il en était de même à bord des bâtiments et escadres où intendants, commissaires et écrivains étaient supprimés ( on entend par écrivains le premier grade du corps des officiers dits de plume. Ils étaient chargés de la gestion administrative à terre et à bord des navires de la flotte ). Le major d'escadre ferait office d'intendant en escadre et à bord de chaque bâtiment , un officier de détail remplaçait les écrivains, de sorte que les officiers d'administration disparaissaient. Le corps était dissous et remplacé par celui des commissaires des ports et arsenaux, chargés de la comptabilité financière et de la gestion des magasins et par celui des commissaires des classes , chargés du recrutement des matelots.
C'était une véritable révolution dans la conception même de l'administration et du commandement que le ministre justifiait en démontrant que les pratiques valables en 1680 ne l'étaient plus un siècle plus tard. Pour Sartine, les officiers disposaient de compétences techniques et pratiques ( de par leur formation ) qui les rendaient aptes à assurer la gestion des escadres. Il aurait aimé aller plus loin dans le sens de la militarisation , ce que fera Bonaparte. " |
| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 42 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Mar 2 Juin - 19:29 | |
| Merci! Cette victoire montre donc que les mesures prises ont été efficaces! Cela dit, avec 57 millions de plus dans le budget, ça pouvait Napoléon a donc bénéficié de tout ça _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Mar 2 Juin - 23:44 | |
| Absolument. Et Sartine ne s'est pas arrêté là si je puis dire. C'est quand même incroyable que son ministre le plus efficace ait eu un parcours tout à fait atypique. Waouh, quel homme ! Mais je crois bien que Sartine , confronté par le passé à son métier de policier, avait le sens des réalités. C'était un homme pratique et compétent . Lui , qui ne connaissait rien à la marine, a su s'y intéresser et il a réussi dans ses réformes grâce à l'écoute des gens de métier. Maurepas , lui , était si je puis dire un homme du sérail, issu d'une lignée de grands serviteurs de l'état. On a vu avec quelle incurie il a conçu son service. Faire la politique de l'autruche n'a jamais servi à rien, sauf à l'Angleterre peut-être. Je me pose beaucoup de questions sur lui.
Pour en revenir à M. de Sartine , il a réorganisé le corps des contrôleurs de la marine aussi. Jusqu'alors , ils étaient recrutés uniquement parmi les officiers d'administration. Sartine rattache directement ces contrôleurs à lui, c'est à dire au ministre auxquels ils doivent présenter leurs rapports. Cela inaugurait bien une conception moderne du contrôle. Ce fut Fleurieu qui joua un rôle important dans la préparation de cette série de réformes. En récompense, il fut promu chef du bureau des ports et arsenaux .
Comme le dit Etienne Taillemite : " Sartine ne se consacra pas uniquement aux problèmes administratifs. Les problèmes de matériel retinrent aussi son attention et en particulier les fabrications d'artillerie. C'est ainsi qu'il fit décider par le roi l'acquisition de la fonderie de Ruelle , près d'Angoulême, dont la production était de bonne qualité. En 1778 , Ruelle était au service de la marine. Cela permit d'accélérer l'homogénéisation des fabrications, laquelle jusque là tributaire de petites forges laissait à désirer.
Mais dans la perspective d'une guerre prochaine, Ruelle ne pouvait suffire à tout. C'est pourquoi Sartine décida, au début de 1777, de créer une autre fonderie à Indret , près de Nantes, où l'on produirait de la fonte obtenue grâce à des fours chauffés au charbon et non plus au bois. Le ministre réussit à convaincre deux spécialistes anglais, John et William Wilkinson , inventeurs d'un nouveau type de four dit à réverbère, de venir travailler en France. Les travaux furent menés avec une remarquable rapidité puisque les premiers canons sortirent au début de 1778. Ignace de Wendel, capitaine d'artillerie issu d'une famille de maîtres de forge lorrains, vint rejoindre l'équipe avant de créer une nouvelle usine au Creusot. Les cadences de fabrication prirent vite un bon rythme. Dès 1780, l'usine d'Indret parvenait à fondre 4 pièces de canon par jour dont 2 de gros calibre. La marine se trouvait donc à la pointe du progrès technique dans le domaine de la métallurgie et faisait preuve d'un souci de rationnalisation et de réduction des coûts très moderne. Pour superviser l'ensemble, Sartine fit nommer un de ses anciens lieutenants particuliers du Châtelet, Daniel Chardon, au poste de Commissaire du Roi chargé des forges et fonderies avec autorité sur les usines d'Indret, de Ruelle et de Guérigny. Ces dernières forges, crées en 1724 près de Nevers par Babaud de la Chaussade , fabriquaient des ancres et les pièces métalliques de plus en plus nombreuses qui entraient dans la construction des navires. Sartine souhaitait faire acheter cette usine par le roi, mais l'affaire ne sera réglée qu'en 1780, sous le ministère suivant." |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Mer 3 Juin - 0:06 | |
| Cependant l'Angleterre avait si je puis dire une longueur d'avance, surtout au niveau de l'artillerie. Etienne Taillemite nous apprend ceci : " La marine anglaise avait adopté en 1774 un canon court tirant à boulet ou à mitraille dénommé caronade car il était fabriqué à Carron en Ecosse. Cette pièce à courte portée , installée à plat pont sur les gaillards des vaisseaux et des frégates, allait se révéler, pendant la Guerre d'Amérique , une arme redoutable, faisant des ravages parmi le personnel comme dans les voilures et les gréements. En France , on eut le tort de ne pas imiter cette invention et de suivre l'avis de Gribeauval qui considérait que les obusiers en service dans l'armée suffisaient. On en embarqua sur les frégates en 1779, mais l'expérience montra qu'ils étaient loin d'atteindre l'efficacité des caronades. Il fallut attendre la défaite de Saintes , le 12 avril 1782, pour que l'on mesure l'impact de cette arme nouvelle, qui n'eut d'ailleurs pas un effet immédiat puisque la caronade ne fut adoptée par la marine française qu'en 1806.
La marine française avait aussi un certain retard technique dans le doublage des coques en cuivre , adopté par la marine anglaise en 1760. La métallurgie du cuivre n'avait pas atteint en France la maîtrise qu'elle connaissait en Angleterre , ce qui explique sans doute le décalage. L'utilisation de cette technique , qui présentait le double avantage de faciliter l'entretien des coques et d'améliorer sensiblement les qualités nautiques et la vitesse des marins, constitua un net avantage pour les marins anglais pendant la guerre d'Amérique.
En tout cas, un fait demeure certain : Sartine avait réussi en un temps record à redresser une situation matérielle et morale sérieusement dégradée. L'ennemi anglais le reconnaissait et en juin 1779 , un journal de Londres pouvait écrire : " Peu de temps a suffi à un ministre éclairé qui voulait rétablir la marine pour la porter au point où elle est. Nous sommes forcés d'admirer son génie et nous ne pouvons que gémir de n'avoir pas eu un homme comme lui à la tête de la nôtre".
De ce résultat largement positif, Sartine sera récompensé par une disgrâce à laquelle Louis XVI se résignera , comme souvent par contrecoeur. Cet épisode , dans lequel le roi donna une fois de plus la mesure de son indécision et de sa faiblesse , fut provoqué par un conflit entre le secrétaire d'état à la marine et le directeur des finances , Necker. On vit à cette occasion le souverain sacrifier un homme dont il appréciait les talents et les succès à un autre pour lequel il n'éprouvait aucune sympathie, c'est le moins que l'on puisse dire." |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Mer 3 Juin - 11:16 | |
| J'en viens à l'objet de la dispute entre Sartine et Necker. Voici ce que dit Etienne Taillemite à ce sujet : " Nous sommes en octobre 1780, la guerre dure depuis deux ans et coûte évidemment fort cher. Le budget de la marine, du fait des circonstances, s'est gonflé dans des proportions importantes. Sartine , pour faire face à des échéances pressantes, avait émis des billets sans en prévenir Necker. Celui-ci s'en était irrité et avait menacé de démissionner le 4 juillet 1780 mais Maurepas avait réussi à l'en dissuader. Selon Véri, le directeur des finances aurait souhaité diriger lui-même le département de la marine, mais ni le roi, ni Maurepas n'étaient disposés à lui confier.
En réalité , il semble bien que le conflit Sartine Necker ne tenait pas uniquement à des questions financières. C'était beaucoup plus grave , puisqu'il s'agissait de la direction même de la guerre. Sartine souhaitait soutenir les opérations avec vigueur pour atteindre le but fixé et obtenir l'indépendance des Etats-Unis. Necker, au contraire, qui avait des intérêts en Angleterre , penchait pour l'ouverture de négociations avec Londres. Vergennes soutenait Sartine car il appréciait peu le génevois et estimait à juste titre qu'il était "préférable de laisser partir M. Necker que de lui laisser prendre le ton d'un maître et mettre le marché à la main de chaque volonté qu'il aurait". C'était la voix de la sagesse mais Louis XVI , comme toujours ,hésitait. Le 2 octobre, il écrivit à Maurepas : "Je ne suis pas mécontent de celui-ci ( Sartine ). Je crois que Necker nous est plus utile". Le 7 , le ministre demanda audience au roi " qui l'éluda", mais réussit à rencontrer Maurepas dont il n'obtint que des "réponses vagues".
Le 11 octobre 1780, Louis XVI renvoya son ministre de la marine, cédant en cela au chantage de Necker qui présentait la situation financière du royaume sous un jour catastrophique alors qu'elle l'était bien moins que celle de l'Angleterre. Cette décision fut prise contre le sentiment profond du roi qui, chose inhabituelle , écrivit au disgrâcié cette lettre étonnante : " Les circonstances actuelles me forcent, Monsieur, de vous retirer le portefeuille de la Marine mais non mes bontés sur lesquelles vous pouvez compter , vous et vos enfants dans toutes les circonstances."
Et le lendemain, il s'adressait en ces termes à Maurepas : " Consolez M. De Sartine du mieux que vous pourrez". Ce renvoi fut certainement une lourde erreur car elle gonfla de vanité le genevois qui se crut désormais tout permis. Louis XVI sacrifia ainsi un de ses meilleurs ministres au profit d'un homme qui possédait sans doute des talents financiers, mais se révélerait dépourvu de tout sens politique, ce qui serait lourd de conséquences à l'avenir.
Le roi se laissa aussi pièger concernant la désignation du successeur de Sartine. Necker, aiguillonné par Choiseul et soutenu par la reine, réussit à imposer son candidat, le marquis de Castries, en faisant croire au souverain que Maurepas approuvait ce choix dont personne ne lui avait parlé. Comme Louis XVI éprouvait de la sympathie pour Castries , il céda et par chance, le choix était heureux. Dans toute cette affaire, le roi s'était laissé mener, avait finalement agi contre ses sentiments profonds. En somme, le roi a " lâché " son ministre de la Marine sous prétexte de dépassements financiers mais ceux-ci étaient liés à la conduite de la guerre , de sorte que Sartine n'en était pas le seul responsable.
Le départ de Sartine fut unanimement regretté dans le corps de la Marine qui comprenait mal que le roi se sépare d'un ministre qui n'avait nullement démérité. "
On croit rêver ! Est-ce à dire que Louis XVI était sensible au chantage et qu'on pouvait le mener par le bout du nez ? Et Necker qui avait des intérêts en Angleterre ! Louis XVI aurait mieux fait de mettre M. de Sartine aux finances, de mettre un adjoint de Sartine à la Marine et de renvoyer définitivement Necker. Un fil sur Necker s'impose donc ! |
| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 42 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Mer 3 Juin - 11:37 | |
| Je ne savais pas que Necker avait cette opinion vis à vis de l'Angleterre et qu'en plus il prenait position C'est un beau conflit d'intérêt ça non? _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Mer 3 Juin - 11:39 | |
| Peut-on dire pour autant que Necker était un agent des Anglais ? Je me pose la question. Qu'en pensez-vous ? |
| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 42 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Mer 3 Juin - 11:42 | |
| Je n'irais peut-être pas jusque là tout de même, j'imagine que si ça avait été le cas il aurait carrément vendu la France en divulgant les plans de bataille _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Mer 3 Juin - 11:51 | |
| Quoi qu'il en soit, il me faut avoir le coeur net. Dès que j'aurais fini le livre de M. Taillemite, j'ouvrirais un fil sur Necker car j'ai un livre sur lui dans ma bibliothèque. C'est un livre que je n'ai pas encore lu et bien, ce sera l'occasion. C'est un livre ancien mais on besoin, je complèterais par un livre plus récent. De quel " bois" était fait ce Necker pour oser faire du chantage sur Louis XVI ? Fallait-il qu'il soit assuré de toute impunité quand même ? Et mentir comme cela au roi sur la situation réelle financière de la France ! Quel était son intérêt si ce n'était celui des Anglais ? Sartine commençait à donner du fil à retordre aux Anglais et ceux-ci ne sont-ils pas parvenus à s'en débarrasser via Necker ? Cela fait beaucoup de questions.... |
| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 42 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Mer 3 Juin - 11:55 | |
| _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Mer 3 Juin - 22:50 | |
| Madame de Chimay vos récits et explications sont passionnants , ils m'éclairent sur un sujet sur lequel je suis ignare mais qui m'intéresse beaucoup Vous qui vous intéressez à la Marine française du XVIIIème siècle , avez-vous visité le chantier de l'Hermione dans l'ancien arsenal de Rochefort ? C'est fabuleux ! http://www.hermione.com/ Bon voyage !
Dernière édition par Madame Sophie le Jeu 4 Juin - 1:02, édité 1 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Jeu 4 Juin - 0:20 | |
| Non, je n'ai pas encore visité. Mais ce serait effectivement intéressant de le visiter. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Ven 5 Juin - 18:30 | |
| Voici des références bibliographiques sur le chevalier Jean-Charles de Borda ( 1733-1799 ). Cet homme joua un rôle déterminant pour l'évolution de la marine française dans le monde au cours de la seconde moitié du 18ème siècle.Il fut une des figures les plus marquantes du mouvement scientifique dans la marine à l'époque des Lumières.
La vie et les travaux du chevalier Jean-Charles de Borda (1733-1799).: épisodes de la vie scientifique au XVIIIe siècle Par Jean Mascart, Denis Lieppe, Étienne Taillemite Édition: 2 Publié par Presses Paris Sorbonne, 2000 ISBN 2840501732, 9782840501732 817 pages |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Ven 5 Juin - 18:46 | |
| Et voici une adresse électronique sur la marine française sous Louis XVI et un peu après :
http://www.histoire-empire.org/persos/louis_thomas_villaret_de_joyeuse.htm - |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Dim 7 Juin - 21:08 | |
| Et pour répondre à Madame Sophie , voici un livre sur l'Hermione. En voici les références :
L'Hermione : Frégate des lumières par Robert Kalbach , Jean-Luc Gireaud Dervy, 2004, 332 p : 23 euros
Selon le résumé d'Amazone.fr , L'Hermione est la frégate qui, en 1780, convoya le marquis de La Fayette, chargé par Louis XVI d'aller porter à Georges Washington la nouvelle de l'arrivée des renforts français pour aider les insurgés dans leur lutte pour l'indépendance des futurs États-Unis."
Et voici un second ouvrage :
L'Hermione, l'aventure de sa reconstruction par Jean-Marie Ballu Editions Gerfaut, 2007, 135 p. : 17 euros. Collection histoire maritime
Voici l'histoire d'une passionnante aventure de reconstitution, un chantier qui ne sera vraiment achevé qu'en 2011 ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Jeu 25 Juin - 15:25 | |
| Habitant à proximité de la ville natale de l'Amiral de Grasse (ce n'est pas Grasse), je trouve ce sujet tout simplement passionant! Vos explications sont d'une grande qualité et vont au fond des choses!!!!! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Jeu 25 Juin - 15:37 | |
| Merci cher Jean Cavalier. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Dim 28 Juin - 17:44 | |
| Coïncidence, j'avais également lu une biographie de Kerguelen dans laquelle l'auteur faisait le même constat que vous: Louis XV ne voulait aucun conflit avec les Anglais, et cédait à tous leurs desiderata.
Il pensait pouvoir ainsi fonder des relation saines et de confiance......
Les anglais qui sont des gens pragmatiques ont bien sûr profité du fait! Mais pourquoi se priver?!!!!!!
Ça m'amuse toujours de voir Louis XVI présenté comme un naïf, car il avait hérité d'une drôle de situation! Ses prédécesseurs lui ont quelque peu savonné la planche!!!!!
Madame de Chimay, avez vous lu L'Ancre de Miséricorde de Pierre Mac Orlan????? J'essaie de retrouver les références de la biographie de Kerguelen..... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Lun 29 Juin - 6:54 | |
| Il est sûr que Louis XVI a hérité d'une drôle de situation... Je crois, cher Jean Cavalier que je dois avoir au fin fonds de ma bibliothèque le livre de Pierre Mac Orlan seulement , il faut que je le retrouve. Et çà , c'est le plus dur... !!! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Lun 29 Juin - 14:18 | |
| Madame de Chimay, en attendant de retrouver Mac Orlan, plongez dans la vie passionante de Kerguelen ! Mon voisin , un ancien ingenieur de l'IGN qui a bourlingué sa vie entiere à faire des cartes (les egouts de Ryad, c'est lui!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!) a été le premier homme à poser le pieds sur le mont Ross (le point culminant de l'archipel)
Bref, j'ai lu ces deux tomes et depuis je n'ai plus qu'une envie: decouvrir ces iles du bout du monde .....
Grand presque comme la Corse, et pas d'habitants.....le reve, non?????
L'auteur emet une forte critique envers la politique etrangere de Louis XV! D'ailleurs j'ai hate de decouvrir la theorie dont vous m'avez parlé! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La marine française au XVIIIe siècle Lun 29 Juin - 16:08 | |
| Vos références sont intéressantes, cher Jean Cavalier et je m'empresse de les mettre sur ma liste. En effet, ce doit être intéressant de découvrir ces îles du bout du monde ...
J'ai retrouvé le livre de Pierre Mac Orlan . Ce livre a été publié aux éd. j'ai lu mais j'ai un copyright d'une édition de 1946. C'est donc un roman. Je vous donne la quatrième de couverture :
" On est à Brest en 1777. Le grand port de guerre résonne des préparatifs du conflit, qui bientôt, en Amérique , opposera la France à l'Angleterre. Morgat, adolescent à l'imagination vive , se lance à l'aveuglette dans une aventure semée d'embûches . Ses guides sont un forçat et un ancien marin qui a bourlingué sur toutes les mers. Tous les départs dans la vie comportent leur part de tragédie ; celle-ci qui est bouleversante , est évoquée dans une langue admirable à la fois forte et poétique."
Brève petite note sur Pierre Mac Orlan sur la 4 ème de couverture :
"Né à Péronne , Pierre Mac Orlan débarqua en 1900 à Paris , sans argent. Il commença par peindre et en 1912, se mit à écrire. Ce conteur de très grand talent entra à l'académie Goncourt en 1952. "
Ce sera sans doute l'un des prochains livres que je lirais. Je vous en dirais mes impressions. |
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