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| "Un roi sans lendemain" | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: "Un roi sans lendemain" Dim 8 Aoû - 19:01 | |
| Je n'avais pas aimé ce roman. Tout le flan médiatique lors de sa parution était, à mon humble avis, assez injustifié. Néanmoins, quelques passages intéressant sur Hébert, et encore... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: "Un roi sans lendemain" Lun 9 Aoû - 11:55 | |
| Je ne suis jamais le flan médiatique, ce qui fait que je découvre tout après. Je n'en suis encore qu'au début du livre mais pour le moment , cela va et j'aime bien . Est-ce parce qu'il parle d'Hébert et d'Alençon, l'une des nombreuses villes où j'ai vécu ? Peut-être. Alençon , c'est une atmosphère particulière et c'est vrai que la nostalgie m'envahit. Les lieux qu'Hébert a fréquentés , je les ai connus et je les ai aimés, en particulier la bibliothèque d'Alençon qui était sous l'Ancien Régime le collège des Jésuites. Et c'est peut-être aussi pour cela que j'ai voulu me pencher sur la vie d'Hébert. Ceci explique peut-être cela. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: "Un roi sans lendemain" Lun 9 Aoû - 12:18 | |
| - Madame de Chimay a écrit:
- Je ne suis jamais le flan médiatique, ce qui fait que je découvre tout après. Je n'en suis encore qu'au début du livre mais pour le moment , cela va et j'aime bien . Est-ce parce qu'il parle d'Hébert et d'Alençon, l'une des nombreuses villes où j'ai vécu ? Peut-être. Alençon , c'est une atmosphère particulière et c'est vrai que la nostalgie m'envahit. Les lieux qu'Hébert a fréquentés , je les ai connus et je les ai aimés, en particulier la bibliothèque d'Alençon qui était sous l'Ancien Régime le collège des Jésuites.
Et c'est peut-être aussi pour cela que j'ai voulu me pencher sur la vie d'Hébert. Ceci explique peut-être cela. Mais oui, cela tient à peu que l'on aime ou pas. J'espère que la lecture continuera à être plaisante pour vous... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: "Un roi sans lendemain" Lun 9 Aoû - 12:38 | |
| Mais oui et je vous fais partager. Sa lecture de la révolution et de la famille Hébert est assez détonnante :
A partir de la famille Hébert, Donner donne une explication des causes de la révolution française :
« Jacques Hébert a été élevé par les jésuites du collège d’Alençon , comme son père l’avait été par les jésuites de Grenoble , et il a bien l’intention de voir son fils Jacques-René soumis au même dressage. Les jésuites lui ont enseigné le goût du travail, le respect de l’autorité, mais aussi l’esprit de contradiction et l’humour. Ils l’ont rendu intelligent, c’est ce qu’il dit et il n’a pas tort : la France des Jésuites , c’est le jardin des belles connaissances, ils ont sorti le pays de l’analphabétisme, ils en ont fait une nation d’intellectuels. Même les Anglais qui voyagent en France n’en reviennent pas : « Enfants , femmes et vieillards , cochers , ouvriers au repos, marquis en promenade, les Français ont tous un livre, un journal à la main. »Je ne sais plus quel anglais a écrit ça , mais ce qui est sûr, c’est que l’expulsion des jésuites a tout cassé. Elle a fait le lit de la Révolution.
-Je croyais que les origines de la Révolution étaient dans la violence. -Mais c’est de la violence pure , l’expulsion des jésuites. En 1766 , quand la persécution bat son plein, Talleyrand a 12 ans, Sieyès 18, Hébert 9, comme Robespierre , comme Barnave. Les jésuites chassés de tous les collèges , de toutes les universités , fuient en Hollande, en Angleterre , abandonnant l’éducation aux mains des disciples de Rousseau , de Lanjuinais , ces ratés du séminaire. Tu ne connais pas Lanjuinais. Personne ne connaît son premier livre , Le Monarque accompli. Il est introuvable , il n’est même pas dans l’Enfer de la Bibliothèque Nationale. Sans me vanter, je dois être un des rares à l’avoir lu. Et encore , je ne connais que les extraits repris dans les attendus du procès. Le livre , imprimé à Lausanne en 1774 , était un véritable appel à la guerre civile. En substance , expliquait-il , il faut exterminer les tyrans, c’est le devoir du peuple, un moment terrible , sanglant , mais qui sera le signal de la liberté. 25 ans avant la Révolution , c’était assez bien vu. Mais je suppose qu’il n’était pas le seul à écrire des choses pareilles, il n’y a pas d’inventeurs dans ce domaine, pas de précurseurs.
Lanjuinais a été condamné, son livre fut lacéré et brûlé sur la place publique, les éditeurs interdits , mais ça n’a pas empêché, le mal était fait . A partir du moment où un écrivain comme Lanjuinais , qui était à l’époque principal de collège, parle de la nécessité de la guerre civile et de la nécessité pour le peuple d’assassiner ses monarques , qu’est-ce qu’on peut faire ?
En partant , les Jésuites ont laissé l’éducation à ces fous, qui ont formé la génération d’avocats , de journalistes et de députés qui deviendront les chefs de la Révolution. Il y a beaucoup de points communs entre l’expulsion des Jésuites en 1760 et les lois sur la laïcité de l’enseignement en 1880 : les hussards de la République ont enseigné le patriotisme et la germanophobie qui prépareront le terrain pour la guerre de 14. Trente ans , c’est ce qu’il faut pour former une nation de va-t-en guerre .
Comme presque toujours , les idéologues du massacre ne se font pas massacrer et Lanjuinais s’en tirera très bien. A la Révolution, il est élu député. Curieusement , lui qui réclamait la tête du tyran dans son livre , là, au moment de voter la mort de Louis XVI , il se dégonfle. C’est typique. Il réussit à échapper aux purges de Robespierre et après avoir reçu la légion d’honneur sous Napoléon , il devient pair de France sous Louis XVIII.Talleyrand n’est pas le seul à avoir joué au saute-mouton d’un régime à l’autre. Mais bon, on ne fait pas un film sur Lanjuinais, c’est juste histoire de dire . Je reviens à Jacques Hébert. Il veut que son fils soit avocat . D’abord avocat puis juge et avec un bon mariage, il pourra devenir président de chambre. L’enfant ne demande pas mieux. A 8 ans , il a déjà hâte d’y arriver . Il s’exerce avec des écharpes à bout d’hermine , il déclame , seul dans sa chambre , les discours que son père tient à table sur la situation politique, Louis XV et les Anglais. A 9 ans , il pense au jour où il sortira de l’université avec son diplôme , il imagine le regard de son père , il adore son père au-delà de tout, il le vénère. Son père , c’est juste en dessous du Bon Dieu , une montagne d’homme qui représente ce qu’il a de plus heureux, de plus fort. Il le sent terrible pour les autres et doux pour lui , c’est un ours auprès duquel il se blottit tous les soirs , pour faire sa prière , jusqu’à ce qu’un soir , au dîner , le géant s’effondre et meure. "
L'expulsion des Jésuites, cause de révolution ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: "Un roi sans lendemain" Lun 9 Aoû - 14:55 | |
| "Jacques Hébert avait 9 ans quand son père est mort. C’est une catastrophe . D’abord parce qu’il adorait son père et qu’il se retrouve seul au milieu de trois femmes , ses deux sœurs et sa mère , mais aussi parce que son père ne leur a pas laissé un rond. Il a mangé la fortune de son père pour faire de la politique Il a choisi la vertu contre le profit , l’autorité morale contre le pouvoir de l’argent. C’est très joli , mais sa veuve se retrouve sans rien . Le prestige que lui confère la mort de son mari ne lui rapporte pas un sou, elle doit vendre l’atelier et les deux boutiques d’orfèvrerie. Elle cède aussi le jardin et se réfugie au premier étage de la maison que je t’ai montrée ce matin, à trois rues de celle où j’allais passer mes vacances.
Tous les espoirs de la veuve Hébert reposent désormais sur son fils , qui devra un jour aller à l’université. C’est la seule façon de retrouver peut-être ce qu’elle vient de perdre. La dégringolade est cruelle pour cette femme de petite noblesse provinciale qui n’a connu que l’aisance et les honneurs.
Pour l’éducation de son fils , elle ne sait pas quoi faire. Les jésuites ont été expulsés , le collège a été repris par qui on sait. Si le vieux avait vécu , ne serait-ce que trois ou quatre ans de plus, il aurait envoyé Jacques-René en Hollande ou en Suisse , là où les Jésuites se sont réfugiés pour la plupart. Ils s’organisent très vite , d’ailleurs, autour de leur projet de vengeance , de haine des Bourbons , ils commencent à imprimer des libelles qui ridiculisent les ministres, la famille royale. C’est amusant de penser que si le vieux Hébert avait envoyé son fils étudier en Hollande ou en Suisse , celui-ci aurait été élevé par des Jésuites aigris , des calomniateurs de la pire espèce, et finalement , son parcours de pamphlétaire n’aurait pas été différent de ce qu’il a été : il serait devenu , quoi qu’il en soit , l’auteur du Père Duchesne.
Jacques-René entre donc au collège d’Alençon à 11 ans. Il est accueilli sans égards particuliers , comme n’importe qui, ce qu’il prend comme un affront , mais les nouveaux professeurs ne connaissent pas le nom de son père, vu qu’ils ne sont pas du coin, et de toute façon, ils ne connaissent rien à rien. Ils n’ont pas plus d’autorité que de programme , ce sont des professeurs modernes , comme il y en a toujours eu et comme il y en aura toujours. Prétentieux et réformateurs. Obsédés par la mode , dégoûtés par la discipline. Même l’hygiène leur semble une référence dépassée. Le collège d’Alençon bat tous les records du genre , ce n’est qu’une garderie d’ados ramenards , qui ne lisent que Diderot et Rousseau leur prophète. Il n’y a pas à chercher très loin les origines de la moralité de Jacques-René Hébert : c’est l’adolescence d’un orphelin , coincé entre la faillite de son nom et l’incurie de ses maîtres . (…) Ce qui est intéressant aussi, , c’est que Jacques-René a presque le même âge que Louis XVI et qu’ils se retrouvent orphelins tous les deux en même temps, à deux mois près. "
C'est une vision originale de la vie d'Hébert... |
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