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| Bibliographie. Robespierre | |
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+4pimprenelle pilayrou madame antoine Chou d'amour 8 participants | |
Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: X Dim 2 Déc - 19:31 | |
| Voici un livre tout récent sur Robespierre
Robespierre: Portraits croisés de Philippe Bourdin et al. A.Colin, 3 octobre 2012, 288 p : 24,50 euros
Personnage froid et calculateur, monstre dénué de tout sentiment allant jusqu’à sacrifier ses amis, dictateur, voire précurseur « des totalitarismes » du XXe siècle… ou l’un des plus grands hommes d’État français, protagoniste majeur de la Révolution, « Incorruptible », héros maltraité par deux siècles d’une légende noire tenace ?
Maximilien Robespierre ne laisse point indifférent, loin s’en faut, et les querelles historiographiques sont si prégnantes que l’historien Marc Bloch eut ce mot : « Robespierristes, antirobespierristes, nous vous crions grâce ; par pitié, dites-nous simplement : quel fut Robespierre ? ».
Mais comment dire simplement ce qui, par nature, se compose d’évolutions, de contradictions, de combats ? Comment autrement qu’en réinterrogeant en permanence l’homme et l’œuvre pour mieux les appréhender, à la lumière tant des archives que de l’historiographie ?
Loin du panégyrique tout autant que du rejet brutal, le présent ouvrage propose des réflexions synthétiques, consacrées à quinze thèmes essentiels, qui aideront le lecteur à construire, enrichir ou nuancer son opinion.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Bibliographie. Robespierre Dim 2 Déc - 20:36 | |
| Merci pour le tuyau |
| | | Invité Invité
| Sujet: et saint just? Dim 2 Déc - 20:51 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Bibliographie. Robespierre Dim 2 Déc - 23:04 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Bibliographie. Robespierre Lun 3 Déc - 6:21 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Bibliographie. Robespierre Lun 3 Déc - 18:01 | |
| Philippe Lebas et Augustin Robespierre : Deux météores dans la Révolution française de Alexandre Cousin Bérénice (Editions), 2010, 14,25 euros.
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| | | Invité Invité
| Sujet: bibliographie révolutionnaires Lun 3 Déc - 19:08 | |
| N'ayant pas un budget très important mais passionnée par cette époque, j'aimerais une liste des livres sur cette période et ses hommes que je pourrais télécharger gratuitement sur GALLICA. J'ai investi par contre sur une bonne liseuse (Pocket book 912)Merci par avance |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Bibliographie. Robespierre Lun 3 Déc - 19:39 | |
| Chère Clémence ,
Allez sur le fil Révolution, vies de révolutionnaires. J'ai mis six pages de bibliographie sur les révolutionnaires. Prochainement , j'ajouterais les bios que j'ai achetées. |
| | | Invité Invité
| Sujet: biographies Mar 4 Déc - 15:28 | |
| merci à vous, bonne santé à vous et à tous vos chats |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Bibliographie. Robespierre Mer 5 Déc - 5:06 | |
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| | | madame antoine
Nombre de messages : 6903 Date d'inscription : 30/03/2014
| Sujet: Re: Bibliographie. Robespierre Sam 13 Déc - 11:45 | |
| Bonjour, A la liste que nous avons déjà, nous pouvons ajouter ce livre d'Hervé Leuwers sur Robespierre. Robespierre, c’est la Révolution, son souffle épique, et son soufre aussi. L’homme est chargé de tous les maux et couvert de tous les éloges avant même son élection au Comité de salut public, en juillet 1793. Aujourd’hui, beaucoup lui associent la Terreur et les massacres de Vendée ; d’autres soulignent son combat pour le suffrage universel, sa dénonciation de la peine de mort et de l’esclavage, sa défense d’un pays menacé, son rêve d’une république qui offre à tous une égale dignité. Comment dépasser ce paradoxe ?
Hervé Leuwers s’est lancé sur les traces de l’enfant d’Arras devenu mythe, en véritable historien, bousculant les présupposés, analysant des sources jusqu’à aujourd’hui inédites, creusant les archives pour faire jaillir le portrait d’un juriste et homme de lettres, d’un orateur hors pair, d’un politique intransigeant et désintéressé. Un homme d’état, certes, comme la France en a peu connu dans son histoire, mais aussi une personnalité complexe, dérangeante, et pourtant souvent généreuse. Cette biographie de référence invite à redécouvrir un homme d’exception qui fascine dans le monde entier. Professeur à l’université Lille 3, Hervé Leuwers est spécialiste de la Révolution française et de la société judiciaire des xviie et xviiie siècles. Il a notamment publié Un juriste en politique : Merlin de Douai (APU, 1996), L’Invention du barreau français (Éd. de l’EHESS, 2006, prix Limantour) et La Révolution française et l’Empire (PUF, 2011).http://www.fayard.fr/robespierre-9782213671567 madame antoine _________________ Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)
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| | | madame antoine
Nombre de messages : 6903 Date d'inscription : 30/03/2014
| Sujet: Re: Bibliographie. Robespierre Dim 14 Déc - 10:49 | |
| Voici une entrevue avec l'auteur dont je viens de parler plus haut.
http://www.humanite.fr/herve-leuwers-les-combats-de-robespierre-se-rejoignent-dans-ses-references-au-peuple-559942
madame antoine _________________ Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)
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| | | madame antoine
Nombre de messages : 6903 Date d'inscription : 30/03/2014
| Sujet: Re: Bibliographie. Robespierre Sam 14 Fév - 19:02 | |
| « Le seul tourment du juste a son heure dernière Et le seul dont alors je serai déchiré C’est de voir en mourant la pâle et sombre envie Distiller sur mon front l’opprobre et l’infamie De mourir pour le peuple et d’en être abhorré »
Plus de deux siècles après sa mort, ô combien tragique ! la figure de l’Incorruptible suscite toujours les plus vives controverses. Aujourd’hui encore, deux camps continuent de se faire face : depuis son passage sur le billot le 28 juillet 1794, ses partisans et ses détracteurs ne manquent jamais une occasion de se combattre. Robespierre, c’est en effet la Révolution, son souffle épique, et son soufre aussi. L’homme est chargé de tous les maux et couvert de tous les éloges avant même son élection au Comité de salut public, en juillet 1793. Aujourd’hui, beaucoup lui associent la Terreur et les massacres de Vendée ; d’autres soulignent son combat pour le suffrage universel, sa dénonciation de la peine de mort et de l’esclavage, sa défense d’un pays menacé, son rêve d’une république qui offre à tous une égale dignité. Que penser de ce Révolutionnaire dévoré par la Révolution ? Comment dépasser ce paradoxe ?
http://toutelaculture.com/livres/essais/biographie-herve-leuwers-rehabilite-robespierre/
madame antoine _________________ Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)
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| | | pilayrou
Nombre de messages : 716 Age : 63 Localisation : (Brest) Guilers Date d'inscription : 22/12/2014
| Sujet: Re: Bibliographie. Robespierre Dim 15 Fév - 10:58 | |
| Tout me laisse à penser que Robespierre s'empara de Louis XVII.
-Tout d'abord, il a une envergure politique. Il n'est pas un obscur élu de la Convention.
-Au cours de la Monarchie Constitutionnel, des députés voudraient le voir gouverneur de l'héritier du Trône. De quoi lui donner des idées. Quelle meilleure place pour faire du futur roi un démocrate ! L'affaire ne se fera pas.
- Il semblerait que Robespierre aimait se promener dans les jardins de Trianon (si quelqu'un a des informations). J'ai trouvé des ouvrages où l'on parle de cela. Or, la jardinière en chef à Trianon est Marie-Louise Belleville, marraine du régicide Louvel ! Se sont-ils rencontrés ?
- Robespierre, pour se rendre à la Constituante en 1789 (à Versailles), passe à proximité, pour ne pas dire devant le logement des Louvel. Ceux-ci demeurent rue au Pain ou rue des Deux-Portes (suivant les rapports de police de 1820). Il loge dans l'actuelle avenue Maréchal-Foch et son trajet le plus court est le marché Notre-Dame, puis la rue des Deux-Portes. Aurait-il rencontré cette famille en faisant un achat de mercerie dans son échoppe ?
- Le père Louvel amène deux de ses fils en institution à Paris le 20 juin 1791. Ce jour-là, Robespierre est à Versailles. Il est reçu par les patriotes de la ville. N'aurait-il pas prêté son carrosse de fonction au père Louvel pour aller à Paris ?
- Enfin, Robespierre tombe malade (assez fréquent) début février 1794; immédiatement après l'enfermement de Louis XVII "dans la chambre ou l'on ne rentrait jamais" (cuisinier Gagnié). Pour ma part, je n'ai jamais voulu croire à cet enfermement lugubre d'un précieux otage pour la Nation. Robespierre aurait-il laissé faire cela ? La Raison d'Etat va plutôt dans le sens inverse : le garder en bonne santé à tout prix !
Le Comité de Salut Public ayant décidé que le gardien Simon ne serait pas remplacé, "ON" isola l'enfant. Personne ne sait qui est ce "ON". |
| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40594 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: Bibliographie. Robespierre Sam 31 Déc - 17:50 | |
| Quelques pistes d'ouvrages, dont... - Spoiler:
https://booknode.com/robespierre_421867 _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | madame antoine
Nombre de messages : 6903 Date d'inscription : 30/03/2014
| Sujet: Re: Bibliographie. Robespierre Jeu 18 Oct - 7:11 | |
| Nous ajouterons cet ouvrage. Robespierre reste une énigme, et une énigme qui soulève les passions. Il a ses admirateurs inconditionnels et ses détracteurs farouches. À la ferveur pour l' «Incorruptible» des uns répond la répulsion pour le «Tyran» sanguinaire des autres. Cette division reflète l'antagonisme des mémoires de la Révolution française. 1789 et 1793 continuent de symboliser les deux faces contrastées de notre événement fondateur : le glorieux avènement de la liberté, d'un côté, et la dérive terroriste, de l'autre. Or Robespierre a pour originalité de faire le lien entre ces deux visages. Le champion des droits du peuple à la Constituante est aussi le pourvoyeur de la guillotine de la Convention montagnarde.
Comment passe-t-on de l'un à l'autre ? Rupture ou continuité ? C'est cette question classique que reprend ce livre. Il s'efforce d'y répondre en scrutant minutieusement l'itinéraire de pensée que l'abondant discours robespierriste permet de reconstituer. Un parcours qui éclaire le sens de l'événement révolutionnaire lui-même. Robespierre apparaît dans cette lumière comme l'homme qui a le plus intimement épousé le principe de la «révolution des droits de l'homme» qu'a été la Révolution française. Il est également celui qui a érigé la Terreur en instrument du règne de la Vertu, dans la tourmente de 1793-1794, en échouant, pour finir, à procurer une fondation durable au régime politique que les droits de l'homme appelaient comme leur traduction. En quoi ce parcours donne exemplairement à comprendre le problème que la Révolution a légué à la France et que, plus de deux siècles après, elle n'a toujours pas fini de résoudre.https://www.librairiedialogues.fr/ Bien à vous madame antoine _________________ Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)
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| | | Shibboleth
Nombre de messages : 141 Date d'inscription : 25/02/2018
| Sujet: Re: Bibliographie. Robespierre Sam 20 Oct - 10:29 | |
| La parole à l'auteur : Gauchet: "Il y a une thématique populiste chez Robespierre" Son nom suscite querelles et passions. L'historien Marcel Gauchet se penche sur "l'homme qui nous divise le plus". Rédacteur en chef de la revue Le Débat, le philosophe raconte le personnages qui divise le plus dans l'histoire de France : Maximilien Robespierre. Erudit, limpide et inattendu, son nouveau livre va marquer les esprits. Car Marcel Gauchet cherche à penser par quelle métamorphose le "champion des droits du peuple à la Constituante" a été, quelques années plus tard, le "pourvoyeur de la guillotine de la Convention montagnarde". Troublant et passionnant. L'EXPRESS. Votre livre sur Robespierre est le premier d'un projet éditorial sur les personnages "qui ont fait la France". Pourquoi avez-vous choisi Robespierre ? Quels "liens" aviez-vous avec lui, que vous n'aviez pas avec Jeanne d'Arc ou Napoléon, par exemple ? - Marcel Gauchet : J'ai rencontré Robespierre il y a longtemps, et je dois dire qu'il m'a surpris. C'était dans les années 1980, lorsque je travaillais avec d'autres, autour de François Furet, sur ce qu'allait être le bicentenaire de 1789. Mon objet, à l'époque, était l'irruption, avec la Révolution, des droits de l'homme dans la tradition politique française. Et c'est dans ce contexte, donc, que j'ai rencontré un Robespierre très différent de celui auquel je m'attendais, et très différent de celui que les historiens portraituraient à l'époque.
On était en pleine vague antitotalitaire, qui a trouvé son point d'aboutissement en 1989 dans une extraordinaire coïncidence de calendrier, avec l'écroulement du mur de Berlin et du système soviétique. Le Robespierre que l'on racontait alors était en quelque sorte le fondateur de la tradition des dictateurs modernes. Or le Robespierre que j'ai rencontré en travaillant dessus était beaucoup plus singulier. Depuis lors, je n'ai cessé de garder ce thème de recherche en tête. Vous venez de dire plusieurs fois "j'ai rencontré Robespierre". C'est tout de même intéressant comme formulation... - Oui, c'est une rencontre au sens où Robespierre est un personnage mystérieux et un cas fascinant. Il y a un élément de sa personnalité qui est parfaitement insaisissable, et son mystère est décuplé par ce qui se joue durant la Révolution : c'est le même homme qui passe de chantre de toutes les libertés, entre 1789 et 1791 - j'oserais dire que c'est le premier vrai libéral de l'Histoire française - à l'homme du comité de Salut public et de la Terreur deux ans plus tard. Comment bascule-t-il de l'un à l'autre alors que, par ailleurs, quand on regarde de près son propos et ses discours, on voit que c'est le même homme ? Il garde une continuité d'inspiration, mais, en même temps, il change du tout au tout. C'est pour le moins troublant.
Un autre élément qui m'a frappé dans le personnage, c'est que Robespierre, dans sa période Salut public, est le contraire d'un dictateur ordinaire : il ne règne que par la parole. Et il ne se préoccupe pas, au fond, des vrais moyens du pouvoir. Alors qu'en général les dictateurs commencent par s'emparer de la police, de l'armée, de la propagande... Robespierre, lui, exerce une manière de dictature dans un temps très court, quelques mois, par son prestige et le fait qu'il donne à ses compères le sentiment que toute la crédibilité politique de leur projet repose sur lui. J'ai eu beau chercher, il n'y a rien qui ressemble à cela. Robespierre est unique en son genre. Est-ce cette dissonance entre les deux Robespierre qui explique que, deux cente quarante ans après, il continue à cliver les imaginaires français ? - Bien sûr. Il est le fondateur de notre clivage principal. Celui qui s'enracine dans les principes de la liberté et de l'égalité. Quelles conclusions politiques en tire-t-on ? Ces principes alimentent contradictoirement une version libérale et une version "ultradémocratique", presque despotique. Robespierre, lui, fait le grand écart. Il incarne successivement les deux.
Comment expliquez-vous qu'il alimente des querelles aussi vives autour de son seul personnage ? Michel Onfray justifie sa dispute avec Jean-Luc Mélenchon par le fait que ce dernier est robespierriste ! - D'abord, justement parce qu'il est d'une certaine façon une ombre. On ne sait pas qui il est. Dans la plupart des livres qui ont été écrits sur lui, on voit qu'il fonctionne comme un test de Rorschach : l'image est tellement floue qu'on peut tout projeter sur elle. Dans le cas de Mélenchon et d'Onfray, on voit bien quelles peuvent être ces projections. Pour le leader de La France Insoumise, il y a une projection vertueuse, si je puis dire, et, pour le girondin Onfray, la projection du jacobin paranoïaque et homicide. L'un le verra comme un personnage sanguinaire, l'autre comme un ami des hommes et du peuple. Parce qu'il se prête aux deux !
Et il s'y prête d'autant mieux qu'on n'a aucune idée véritable de ses ressorts. Est-ce quelqu'un qui voulait absolument le pouvoir ? Non. Etait-ce, à l'inverse, un homme de cabinet, désintéressé des conséquences politiques de ses actes et de ses paroles ? Pas du tout non plus. Entre les deux, on peut se promener en donnant des images totalement contradictoires. Ce que j'ai tenté de faire, c'est de sortir de ces projections antagonistes, pour essayer d'approcher le coeur de la trajectoire et ce que cela révèle de la Révolution française et de son héritage. "La promesse robespierriste est toujours vivante" Le robespierrisme est à la fois "une promesse et une impasse", comme vous l'écrivez. Un peu comme le léninisme, auquel vous faites brièvement allusion. D'où la sempiternelle question : la promesse porte-t-elle en elle les germes de l'impasse ou cette dernière est-elle une perversion de la promesse ? - Il est intéressant de contraster Robespierre et Lénine, comme vous venez de le faire. Parce que l'on s'aperçoit immédiatement que ce ne sont pas du tout les mêmes promesses, et que les raisons de l'impasse ne sont pas non plus les mêmes. J'oserais dire : Lénine est mort et enterré, et le léninisme avec. Je crois que cela ne tentera plus jamais personne, hormis quelques nostalgiques. En revanche, la promesse robespierriste est toujours vivante et son impasse a un sens qui nous concerne encore aujourd'hui directement.
Qu'est-ce que la promesse robespierriste ? - Ce n'est pas la promesse d'un avenir radieux ! Mais l'exigence d'une cohérence entre ce que nous admettons comme vérité de base de la vie collective, c'est-à-dire les droits de l'homme, et la manière dont on peut les traduire concrètement. Ce qui apparente Robespierre et Lénine sur un certain plan, c'est la conviction de détenir une clef absolue de la destinée collective. Il y a un fanatisme de la liberté et de la souveraineté du peuple chez Robespierre, et un fanatisme de la science marxiste chez Lénine. Sauf que la promesse du premier demeure, et pas celle du second...
"Le premier Robespierre est libéral" Qu'est-ce qui fait, selon vous, que la promesse robespierriste se transforme, à l'époque, en impasse sanglante ? - Encore une fois, il faut revenir aux deux Robespierre. Le premier est le Robespierre libéral. Et il l'est au sens où, au départ, il insère son projet dans le cadre monarchique. Son idée étant simplement qu'il faut limiter au maximum le pouvoir du roi pour donner la plus grande liberté possible aux individus. Car l'avantage de la royauté, c'est que l'on n'a pas à désigner le roi. Il n'y a donc pas de lutte autour du pouvoir suprême, avec ce que cela entraîne toujours de clivages et de passions. Mais que se passe-t-il quand le roi a été renversé et qu'il se révèle que la liberté exclut la royauté ? Il faut remplir le vide.
Que met-on à la place ? Qu'appelle-t-on, à ce moment, la République démocratique ? C'est à dire la société qui, non contente de faire librement ses affaires, est capable de construire un pouvoir à la mesure de ce vide - un pouvoir qui doit traduire la souveraineté du peuple. C'est à cette question que le deuxième Robespierre est incapable de répondre. Il cesse d'être convaincant. Le régime transitoire qu'est le gouvernement révolutionnaire devait fonder la République, sauf qu'il devint clair, assez vite, qu'il ne la fonderait pas. A partir de ce moment, ce pouvoir s'écroule de l'intérieur. Robespierre était mort avant d'être guillotiné, parce les acteurs sentaient qu'il ne les emmenait nulle part. Faut-il vouloir absolument une vision réconciliée de l'Histoire ? - Tout dépend de ce qu'on met sous le mot "réconciliation"... Si cela veut dire : "On est tous d'accord et toute dispute est absolument à proscrire...", de toute façon, on n'y arrivera pas. Ecartons cette hypothèse. Si l'on entend par "réconciliation" l'accord sur le principe fondamental du pluralisme démocratique, qui est la capacité d'admettre que d'autres points de vue que le sien ont une légitimité, je pense qu'il y a intérêt à assumer les raisons de la dispute. La démocratie est le régime qui permet de sortir de la guerre civile - ce que je crois, sans prétention à l'originalité, préférable...
La première réconciliation, en ce sens, dans les démocraties, c'est la réconciliation sur le passé qui nous a faits. On peut ne pas aimer Robespierre, mais on ne peut pas ignorer l'héritage de la Révolution qu'il incarne, et qui mérite d'être compris au lieu d'être simplement rejeté... Notre intérêt n'est pas d'abandonner cet héritage parce qu'il nous divise, mais au contraire de l'assumer pour mieux cerner les raisons de notre désaccord. Voilà la vraie réconciliation. Admettre qu'il existe un désaccord fondamental et insurmontable, avec lequel les sociétés politiques continueront de vivre tout le temps qu'elles existent. Et cela sans que ce désaccord nous amène à réhabiliter l'usage de la guillotine pour le parti d'en face... "Il y a une thématique populiste chez Robespierre. C'est la vertu du peuple contre la corruption des élites" L'exercice de l'histoire est-il toujours idéologique ? - Il tend à l'être, mais la vraie démarche historique consiste précisément à se battre contre cette pente idéologique. Je prends l'exemple du cas Robespierre. Il y a deux options idéologiques dominantes dans le monde dans lequel nous vivons. D'un côté, l'antirobespierrisme spontané qu'inspire le sentiment démocratique - le mot "terreur" n'est plus très mobilisateur, et on ne s'en plaindra pas. Ce rejet est bien compréhensible, mais il contient un danger : celui de vouloir se débarrasser d'un passé jugé encombrant, comme s'il n'avait pas lieu d'être. C'est retomber dans une vision idéologique de l'Histoire.
De l'autre côté, on observe un robespierrisme renaissant qui n'est justement plus le robespierrisme de la Terreur ou du Salut public, mais celui des grands principes, de la vertu. Jean-Luc Mélenchon se reconnaît dans ce thème qu'il réorchestre avec une certaine efficacité, que je comprends dans un contexte où la corruption est devenue l'un des problèmes majeurs de nos sociétés politiques... Dans ce contexte, l'idée du désintéressement public, de la capacité des citoyens à dépasser leurs intérêts particuliers pour s'identifier à l'intérêt général est un thème extrêmement porteur. Il y a une thématique populiste chez Robespierre. C'est la vertu du peuple contre la corruption des élites...
C'est la "Common Decency" d'Orwell avant l'heure ! - Mais c'est le véritable inventeur du thème ! La Common Decency est une version soft de la vertu robespierriste. Cette option parfaitement légitime devient idéologique quand elle conduit à escamoter complètement la terreur et le tribunal révolutionnaire. Quand on balaie tout cela d'un revers de main, pour présenter Robespierre comme une sorte de saint laïc, oui, c'est idéologique. Le vrai combat de l'historien, c'est d'assumer les différentes versions de l'Histoire, d'en chercher les raisons et d'essayer de les dépasser en expliquant ce qui peut alimenter des versions aussi contradictoires. Dans le cas présent, nous avons à comprendre en quoi le double héritage robespierriste nous a façonnés.
Comprenez-vous que certaines villes, comme Paris, préfèrent ne pas nommer de rues d'après Robespierre ? - Cela me semble justifié : que la puissance publique décide de baptiser ainsi une rue aurait inévitablement pour signification aux yeux des gens l'approbation des moyens que Robespierre a été amené à utiliser. Ce serait tout à fait malvenu.
Dans quel moment de l'historiographie de la Révolution s'inscrit votre livre ? - C'est une question capitale pour moi, que je ne me suis posée qu'après avoir écrit mon livre. En fait, je pense que je me suis inscrit, sans m'en rendre compte, dans une nouvelle conjoncture historiographique par rapport à la Révolution. J'ai grandi intellectuellement dans ce qu'on pourrait appeler le moment antitotalitaire, dont le bicentenaire de 1989 a constitué l'apogée. Cela en a fait, à beaucoup d'égards, la "pierre tombale" de la mémoire révolutionnaire. Comme si l'affaire était close.
Or ce qui était clos, en réalité, c'était précisément l'antagonisme entre la mémoire contre-révolutionnaire et la mémoire révolutionnaire. Plus de culte de la Révolution, plus d'attachement contre-révolutionnaire. C'est une formidable ouverture. Trente ans plus tard, je crois que nous sommes dans un nouveau moment de sensibilité, où l'on peut jeter un oeil frais sur la Révolution. J'ai eu l'impression en travaillant et en écrivant ce livre de me libérer moi-même de toute une série de clichés historiographiques hérités, qui m'encombraient la mémoire sans que j'en sois conscient.
https://www.lexpress.fr/ _________________ Tubercule forever
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| | | cassos
Nombre de messages : 320 Date d'inscription : 31/10/2017
| Sujet: Re: Bibliographie. Robespierre Mer 24 Oct - 9:31 | |
| Il y a un autre sujet sur le Robespierre de Gauchet. Je dis ça, je dis rien. |
| | | Terminator
Nombre de messages : 8 Date d'inscription : 18/02/2016
| Sujet: Re: Bibliographie. Robespierre Mer 24 Oct - 10:41 | |
| - cassos a écrit:
- Il y a un autre sujet sur le Robespierre de Gauchet.
Je dis ça, je dis rien. Tant mieux ! On ne parlera jamais assez de l'Incorruptible. _________________ Citoyens, effacez des tombeaux cette maxime gravée par des mains sacrilèges
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| | | Noche de Varennes
Nombre de messages : 285 Date d'inscription : 25/09/2018
| Sujet: Re: Bibliographie. Robespierre Jeu 2 Avr - 8:10 | |
| - madame antoine a écrit:
- Bonjour,
A la liste que nous avons déjà, nous pouvons ajouter ce livre d'Hervé Leuwers sur Robespierre.
- Hervé Leuwers, spécialiste de la Révolution et de la société judiciaire des XVIIe et XVIIIe siècles, est professeur à l’université Lille 3. Il a déjà publié L’Invention du barreau français et La Révolution et l’Empire. Son étude, sobrement intitulée Robespierre, analyse dans le détail le parcours, l’homme et les idées de celui qui plus de deux cents après sa mort continue encore de fasciner.
Vivant et même enterré, Robespierre ne laisse personne ou presque indifférent. L’auteur écrit : « Il y a eu les pour, il y a eu les contre. Il y a ceux qui ont vu en Robespierre un pur démocrate, un ami du peuple prêt au sacrifice suprême, mais injustement calomnié, dont le message reste un espoir pour les générations futures ; ils l’ont perçu comme l’Incorruptible, l’homme qui a revendiqué le suffrage universel masculin, l’abolition de la peine de mort, la reconnaissance du droit à l’existence. A l’opposé, il y a ceux qui l’ont considéré comme un révolutionnaire insensé, un criminel insensible, le premier responsable de la Terreur, un monstre à rejeter dans l’enfer de la mémoire nationale ».
Où se situe la vérité ? Pour l’historien ou les passionnés d’histoire, il semble particulièrement difficile de trancher, car souvent, lorsqu’on aborde le passé - notamment les événements survenus dans notre pays à partir de 1789 - le sentimentalisme, l’émotionnel, guident les réflexions, et disons-le sans détour, dans le domaine intellectuel ils sont de biens mauvais conseillers. Leuwers ne tombe pas dans ces pièges grossiers et même grotesques, car il sait rester factuel tout au long de son livre. Les sources s’avèrent nombreuses et variées. La bibliographie se montre tout à la fois d’une grande exhaustivité et remarquablement pertinente et pratique.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, après tant d’années l’aura de Robespierre continue de se maintenir. L’auteur note que « Robespierre a divisé, et divise encore aujourd’hui. Il y a les pour et les contre ». A ce sujet, Leuwers estime que « ces controverses se chargent d’enjeux politiques fréquemment vifs ; s’ils renvoient à la fracture droite-gauche, ils ne peuvent cependant s’y réduire. Ils se nourrissent aussi d’interrogations sur la nature de la république, de perceptions contrastées de ses origines, des mémoires toujours douloureuses de certains événements révolutionnaires comme la terrible guerre de Vendée et la Terreur ». Il n’est pas rare de voir dans l’espace public des hommes politiques se réclamer de sa pensée ou au contraire l’attaquer. En définitive, l’avocat de l’Artois ne cristallise-t-il pas sur lui les nombreux débats ouverts - et non clos - par la Révolution dite française ? Nous le pensons fortement…
Qui fut réellement Robespierre ? Pour certains, il serait la « Révolution incarnée » ou la « Révolution faite homme », pour d’autres il est la « Terreur personnifiée ». L’auteur constate que « Robespierre n’est pas un personnage comme un autre ; il est un acteur de la fin du XVIIIe siècle, certes, mais il est aussi un mythe politique, changeant, protéiforme, dont les images se forment et vivent loin des écrits universitaires ». Leuwers rappelle encore une fois, non sans ironie, une évidence : « Il y a eu, il y a, et il y aura les pour et les contre ». Il ajoute même que les historiens ayant étudié Robespierre « n’ont pas échappé aux débats : longtemps, leur travail a souffert d’enjeux politiques, de polémiques et de partis pris, qui ont gêné une nécessaire prise de distance ». Dans un passage très intéressant, le biographe évoque toutes les difficultés auxquelles sont confrontés les historiens dans leur travail de recherche et d’analyse. Les connaître permet de les éviter, et de mieux comprendre les embûches intellectuelles qui se dressent devant nous quand, avec eux ou à leur suite, nous désirons étudier le passé.
De fait, nous lisons avec intérêt que « l’essentiel des écrits, discours et lettres de Robespierre a été réuni dans les onze tomes de ses Œuvres, patiemment publiées depuis le début du XXIe siècle ; ils forment l’une des bases de ce travail. Pour proposer un autre regard, j’ai cependant souhaité renouveler le plus possible ce matériau biographique, et accorder une place majeure à la recherche et à la lecture des originaux conservés dans les archives, les bibliothèques ou les collections privées ». La volonté de Leuwers est de s’affranchir des mythes, du mythe Robespierre, et de combattre les images forgées par deux siècles de non-dits, de méconnaissance voire même – qui le niera ? – de propagande.
Ainsi, l’auteur ajoute que « bien d’autres inédits et témoignages précieux ont pu être intégrés à l’étude. Ensemble, ils permettent de corriger de troublantes légendes sur l’étudiant de Louis-le-Grand et l’avocat d’Arras ; non, Robespierre n’a pas complimenté le roi au retour de son sacre ; non, il n’a pas été un avocat maudit, au ban de la société arrageoise… » Leuwers a pris le parti « d’accorder une attention forte aux témoignages contemporains des faits, qu’ils soient favorables ou hostiles, de manière à interroger l’étrange diversité des regards portés sur Robespierre : ils ont compté pour l’homme, qui s’est construit en partie par rapport à eux, et ils ont contribué à bâtir sa légende ». Nous reconnaissons volontiers que c’est l’un des points forts du livre.
Leuwers exprime son objectif avec une grande netteté : « Il ne s’agit pas de défendre ou d’accuser. Loin de tout éloge et de toute diatribe, il s’agit d’écarter les légendes noires ou dorées, afin de brosser le portrait d’un homme du XVIIIe siècle aux différents âges de sa vie ». Nous disons, sans flatterie aucune, que l’objectif est parfaitement atteint. Cette excellente biographie nous permet de suivre Robespierre pas à pas et de comprendre comment un député ordinaire a fini par devenir l’un des visages de la Révolution. Leuwers conclut : « Avant de devenir un mythe politique, Robespierre a été un mythe vivant ».
Franck ABED https://www.agoravox.fr/
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