Mme Tallien et la famille de Chimay

Chou d'amour a écrit:

Si si ça fait une équipe de foot
Sans les remplaçants mais bon...c'est déjà très bien!

Eh bien, bravo à Madame Tallien d'avoir produit une équipe de foot !

A Paris, Tallien a retrouvé son ancien collègue et néanmoins ami, Fouché, en disgrâce lui aussi auprès de Monsieur Propre, et viré de Lyon comme Tallien de Bordeaux. Fouché lui explique combien la situation est favorable pour débarrasser la France de Robespierre . Il n'a plus que des ennemis : les athées outrés par l'avènement de l'Etre Suprême, le Comité de Sûreté Générale muselé, le Comité de Salut public gangréné par Billaud-Varenne, Barère, Collot d'Herbois .... C'est bien simple, Robespierre n'a plus que son alter ego, l'archange de la Terreur, le glacial Saint-Just .
Il faut neutraliser Robespierre avant qu'il n'envoie toute son opposition à la guillotine, selon sa bonne habitude .
Fouché essaye de persuader Tallien qui a de la prestance et de l'éloquence de prendre la tête de l'opposition .... en vain : Tallien est courageux mais pas téméraire : très peu pour lui !
Fouché se concerte avec Taschereau, qui travaille au service de la police : faire arrêter et emprisonner la citoyenne Cabarrus et le seul moyen de rallier Tallien . Y'a plus qu'à !!! Un petit détail douche leur enthousiasme : voilà que la police, en même temps que sur les domestiques de Teresa, met la main sur le jeune Guéry planqué dans une armoire ! Tallien, cocu et furax, va t-il laisser tomber la conjuration qui doit abattre le tyran ???

Chou d'amour a écrit:

Tu déconnes?

Oh que oui !!!

Ah mais j'étais prêt à te croire en plus, même si c'était difficile

Je ne savais pas que Fouché avait conspiré ainsi contre "Monsieur propre" (joli surnom ), c'est vraiment déplorable quand on sait ce que lui a fait...

Oui, tu vois comme il fait son trou, le petit futé !!!

De ce fait on pourrait presque comprendre la paranoïa de Robespierre, car si tous les révolutionnaires avaient cette tendance à retourner leur veste en cas de déconvenue, il y avait de quoi s'inquiéter :s:

Comment cela, en cas de déconvenue ? Tu as bien le droit d'avoir tes propres idées et de ne pas forcément t'aligner sur celles du voisin, du copain, du tyran en place .....
Entre Robespierre et les gens qui pensait autrement que lui, ce n'était même pas la lutte à mort : il n'y avait pas lutte; il y avait seulement un billet aller-simple dans la voiture à trentes portières .
En somme, c'était eux ou lui ! Bizarrement, ils avaient envie de vivre . Donc, il fallait zigouiller Robespierre , sans aucune autre alternative .

Déconvenue dans le sens où Fouché a été réprimandé publiquement par Robespierre Et de ce fait il s'est retourné contre lui, juste parce qu'il a été désavoué, alors que juste avant il était son petit toutou. En gros c'est de l'hypocrisie pure et dure, et je n'aime pas du tout ce concept
Au moins Robespierre n'a jamais caché ses idées

Disons que les "idées" ont évolué à une telle vitesse, depuis la convocation des Etats Généraux jusqu'à Thermidor, que je ne suis pas sûr que l'on puisse féliciter l'un des intervenants politiques de l'époque d'avoir changé d'opinions sur tel ou tel sujet.
Robespierre lui même s'est défait de certains concepts, et de quelques anciennes affinités...
Tu connais l'expression : ce ne sont pas les girouettes qui tournent, mais le vent.
Sûr que certains ont eu la faculté d'être sur des bases idéologiques disons plus...mobiles (Fouché, Cambacérès, Talleyrand ; ou encore, dans un autre genre, Sieyès qui répondra lorsqu'on lui demanda ce qu'il avait fait pendant la Terreur : J'ai vécu).
Et nous l'avons dit, il s'agissait-là surtout de sauver sa tête.

Mais c'est bien cela : il a été désavoué par Robespierre parce qu'ils n'étaient pas sur la même longueur d'onde !
Quelque faux-jeton que Fouché ait été ( et nous connaissons le bonhomme : nous savons qu'il l'était ! ) ce n'est pas parce qu'il y avait désaccord entre Robespierre et lui qu'il fallait qu'il aille de bon cœur au rasoir national . Il préfère se débarrasser de Robespierre . Il cherche des alliés, dont Tallien .

Citation :

Tu connais l'expression : ce ne sont pas les girouettes qui tournent, mais le vent.  

Au même titre, on peut dire que ce n'est pas (toujours) la Reine qui dépensait mais l'Ancien Régime, entendons là l'État , puisque c'est pour Son statut qu'étaient effectuées toutes ces dépenses  

Bien à vous.

Citation :

dans un autre genre, Sieyès qui répondra lorsqu'on lui demanda ce qu'il avait fait pendant la Terreur : J'ai vécu).
Et nous l'avons dit, il s'agissait-là surtout de sauver sa tête.

Mais absolument !!!!!  
Barère disait :   Il faut guillotiner ou s'attendre à l'être .

De même que Paul Reboux, vous ai-je dit, dénie à Teresa son titre de gloire bien mérité de "Notre Dame de Bonsecours", de même il conteste les conditions d'incarcération de la future Mme Tallien à Paris :
L'histoire de la captivité de Teresa dans les geôles révolutionnaires, de son action sur Tallien, de son inspiration généreuse pour stimuler le vainqueur des terroristes ( .... ) tout cela relève de la légende, non de l'histoire. La détention de la reine de Bordeaux fut misérable et sans poésie. Elle ne connut en prison ni Joséphine de Beauharnais ni Mme d'Aiguillon. Elle y vécut en secret, par l'ordre de Robespierre, mangeant du pain noir, et couchée sur de la paille moisie, parmi les rats, les cafards et les poux .¨
Pourquoi diable ???
Tous les historiens s'accordent sur le transfert de Teresa à la prison des Carmes, où là, effectivement, elle partage sa cellule avec deux autres dames, Mme d'Aiguillon et Joséphine de Beauharnais . Avec cette dernière, Teresa se lie d'une fervente amitié. Il faut dire que la malheureuse jolie créole passe son temps, transie de peur, à gémir ou pleurer. Teresa, très forte au contraire, lui insuffle le courage de supporter leur position en l'assurant que Tallien va les faire délivrer tôt ou tard !

A l'extérieur, Fouché et Barras ( fraîchement remonté du Midi et en disgrâce lui aussi ) ont toujours la plus grande peine à rallier Tallien qui se rend même chez Duplay s'humilier, supplier Robespierre de lui rendre sa maîtresse. Immobile, indéchiffrable, effrayant, Robespierre de son oeil vitreux, regarda l'hercule s'incliner, trébucher, sortir comme un homme ivre , écrit Erlanger.
Depuis la fête de l'Etre Suprême, Robespierre se prend pour Dieu lui-même . Il ne se donne même plus la peine d'assister aux réunions des Comités et de l'Assemblée. Invisible et tout puissant, il assène ses ordres à la police et à l'accusateur public . Les têtes volent comme des ardoises .

Citation :

Mais c'est bien cela : il a été désavoué par Robespierre parce qu'ils n'étaient pas sur la même longueur d'onde !
Quelque faux-jeton que Fouché ait été ( et nous connaissons le bonhomme : nous savons qu'il l'était ! ) ce n'est pas parce qu'il y avait désaccord entre Robespierre et lui qu'il fallait qu'il aille de bon cœur au rasoir national .  Il préfère se débarrasser de Robespierre . Il cherche des alliés, dont Tallien .

L'attitude de Fouché après sa déconvenue ne me surprend pas, car oui il n'avait guère le choix s'il voulait vivre. Mais c'est plus son attitude d'avant qui me gène, car il a bel et bien trahi Robespierre sans vraiment de grands bouleversements d'idées. Si Fouché n'était pas d'accord avec lui il n'avait qu'à l'afficher, ou du moins ne pas collaborer d'aussi près avec lui. ça me fait un peu penser à certains membres du PS actuel qui font campagne contre Sarkozy puis qui vont dans son gouvernement dès qu'on leur offre un poste     Robespierre a souvent changé d'opinion c'est vrai, mais il ne l'a jamais caché  

Citation :

Pourquoi diable ???  
Tous les historiens s'accordent sur le transfert de Teresa à la prison des Carmes, où là, effectivement, elle partage sa cellule avec deux autres dames, Mme d'Aiguillon et Joséphine de Beauharnais

Il y aurait donc des divergences d'opinions chez les historiens sur ce point?  :s:

Chou d'amour a écrit:

L'attitude de Fouché après sa déconvenue ne me surprend pas, car oui il n'avait guère le choix s'il voulait vivre. Mais c'est plus son attitude d'avant qui me gène,  

Bof !  Moi cela me gênerait s'il m'était sympathique .  En l'occurrence, comme ce n'est pas le cas, je me contente de constater, sans chaud ni froid !

Chou d'amour a écrit:

Citation :

Pourquoi diable ???
Tous les historiens s'accordent sur le transfert de Teresa à la prison des Carmes, où là, effectivement, elle partage sa cellule avec deux autres dames, Mme d'Aiguillon et Joséphine de Beauharnais

Il y aurait donc des divergences d'opinions chez les historiens sur ce point?

Je crois surtout Reboux de parfaite mauvaise foi ! Pour lui, Mme Tallien est une dépravée, point barre !

Citation :

Bof ! Moi cela me gênerait s'il m'était sympathique . En l'occurrence, comme ce n'est pas le cas, je me contente de constater, sans chaud ni froid !

Oui moi aussi je m'en moque au final de Fouché je te rassure, mais c'est le concept qui m'agace

Citation :

Je crois surtout Reboux de parfaite mauvaise foi ! Pour lui, Mme Tallien est une dépravée, point barre !

Eh pourtant, à vouloir lui donner des conditions de détention difficile il en fait une victime tragique

Chou d'amour a écrit:

Citation :

Bof ! Moi cela me gênerait s'il m'était sympathique . En l'occurrence, comme ce n'est pas le cas, je me contente de constater, sans chaud ni froid !

Oui moi aussi je m'en moque au final de Fouché je te rassure, mais c'est le concept qui m'agace

C'est affaire de circonstances et d'opportunisme !!!!! Ces gens-là étaient agrippés à leur survie dans un monde où il y avait queue-leu-leu devant l'échafaud, et au pouvoir quand ils ne croyaient pas le péril imminent !

Oui voilà tu résumes très bien la chsoe je trouve

Chou d'amour a écrit:

Eh pourtant, à vouloir lui donner des conditions de détention difficile il en fait une victime tragique

N'est-ce pas ? Je suis bien d'accord avec toi . Nous ne dirons pas que les condamnés menaient joyeuse vie en prison, mais c'est tout juste . Il fallait tromper l'angoisse atroce de la mort ! Quand ils étaient riches, les condamnés pouvaient s'offrir de festoyer ( comme Lauzun devenu Biron qui déguste des huitres arrosées d'un petit blanc sec, au moment où l'on vient le chercher .... ) et tout le monde couchait avec tout le monde ( j'exagère un peu mais à peine ... ), les dames parce que s'il elles étaient grosses, elles avaient la vie sauve, et les messieurs parce qu'une dame qui s'offre, cela ne se refuse pas . ( Imbert de Saint-Amand ) Aux Carmes, Joséphine devient la maîtresse de Hoche . Gageons que Teresa, pragmatique, fait dans l'efficacité et séduit à bon escient qui peut lui être utile dans l'immédiat .

Ah bon? Je ne pensais pas que les conditions de détentions des riches pouvaient se rapprocher de telles orgies
C'est vrai que les femmes enceintes étaient libérées? Autant d'humanité est étonnant

Je pense que le statut de mère représentait quelque chose sous l'Ancien Régime et que les révolutionnaires ont eu peur d'y toucher.

J'ai peine à croire à un grand souci d'humanité .... N'y avait-il pas plutôt un interdit moral ou religieux de tuer un enfant (ou espoir d'enfant) non baptisé ???
Je ne sais pas , je dis peut-être n'importe quoi ...

Ah peut-être...mais même ça j'ai du mal à le croire

Mais c'est tellement vrai que je rapportais ailleurs un témoignage de Pauline de Noinville, sur de faux ventres de femme enceinte que l'on trouvait dans le commerce à Spa .