Broderies et tapisseries de la reine

A firescreen set for Marie Antoinette’s apartments at Saint-Cloud, embroidered by Marie Antoinette.
From the Met:
“According to the 1789 inventory the set was originally upholstered in a white-twilled cotton with rows of individual flowers embroidered by the queen herself. When the three pieces came to the Museum in 1941 only the fire screen’s show cover had survived. Although the cotton ground is much discolored, Marie Antoinette’s interlaced initials, composed of blossoms embroidered in satin stitch, are in remarkably good condition.”
http://houseofversailles.tumblr.com/post/3372309218/vivelareine-a-firescreen-set-for-marie

Magnifique pièce.   

Je m'interroge sur la tapisserie réalisée par la Reine Marie-Antoinette et Mme Elisabeth. Cette tapisserie-ci occupait un pan de mur lors de l'exposition Mme Elisabeth, Une princesse au destin tragique, 1764|1794. L'ayant vue, c'est un ouvrage de grande dimension.

https://maria-antonia.forumactif.com/t5302-expo-madame-elisabeth-montreuil-versailles#322106



Voici la traçabilité de cette pièce.

On connaît l’importance des travaux d’aiguille dans l’éducation et la vie des dames de la cour. Après leur départ de Versailles pour les Tuileries en 1791, Marie-Antoinette et Madame Élisabeth commencent un grand ouvrage qu’elles continuent probablement lors de leur emprisonnement au Temple. Il s’agit d’un tapis pour la salle du trône des Tuileries qu’elles brodent avec de la laine sur de petits carrés de canevas. Le dessin est très simple avec ses fleurs sur fond brun. Mademoiselle Dubuquoy-Lalouette, qui fournit la laine et le canevas, récupère et conserve ces carrés jusqu’à la Restauration. Elle les fait alors assembler pour former deux grands tapis et ajoute les bordures décoratives.

Voici un détail.



http://elisabeth.yvelines.fr/

D'autres exemplaires de ces tapisseries réalisées par la Reine et Mme Elisabeth au Temple circulent encore dans des collections privées. Citons ce fragment de tapisserie passé en vente et actuellement en collection privée et dont la simplicité correspond à ce que nous pouvons imaginer des conditions de travail au Temple.



Marie-Antoinette, reine de France. Important fragment de la tapisserie réalisée par la reine et sa fille, Madame royale lors de leur captivité à la prison du Temple. Représentant un semis de fleurs sur un fond noir. Une inscription manuscrite autographe signée Dubuquoy-Lalouette figure au bas de l'encadrement et stipule: « S.M. La reine et madame Elisabeth ont fait pendant les deux dernières années de leur vie une tapisserie de 50 pieds destinée à la salle du trône des Tuileries. Cet ouvrage est passé miraculeusement chez Mme Dubusquoy-Lalouette qui l'a conservé jusqu'à ce jour. S.A.R. Madame la Duchesse d'Angoulême en a fait disposer deux tentures pour l'église Expiatoire, une au Temple et à Ste Geneviève. Il en est resté plusieurs petits morceaux dont celui-ci offert à Monsieur de Montamant par Melle Dubuquoy-Lalouette, le 25 mars 1824 ». Conservé dans son cadre d'époque en bois doré à décor de fleurs de lys dans chaque angle. Au dos figure l'étiquette de la maison Souty, célèbre encadreur de l'époque et une inscription manuscrite : « Mon arrière grand-père Théodore Bethery de la Brosse avait épousé Mademoiselle de Montamant, veuve en première noce de Mr Viau de la Garde »
A vue : H.: 33 cm - L. : 28 cm. Encadrement : H.: 55 cm - L.: 45 cm.

Provenance : ancienne collection de Madame Théodore Bethery de la Brosse, née Laure de Montamant (1790-1868), et conservé depuis dans sa descendance. De plus, cette tapisserie fut exposée au château de Versailles du 16 mai au 2 novembre 1955, lors de l'exposition « Marie-Antoinette, archiduchesse, dauphine et reine », voir en référence le descriptif du catalogue publié à cette occasion, page 242, lot 779.

http://www.auction.fr/_fr/lot/marie-antoinette-reine-de-france-important-fragment-de-la-tapisserie-1928490

On citera également cette pièce passée récemment lors de la vente de Souvenirs Historiques à Drouot.





MARIE-ANTOINETTE, reine de France et MADAME ELISABETH, princesse de France. Important fragment de la tapisserie brodée par la reine et sa belle-sœur, Madame Elisabeth, lors de leur captivité à la prison du Temple. A décor de poids multicolores sur fond noir, bordé de bandes roses. La tapisserie est faite à partir des bouts de laine que la reine avait sur place. Au dos est brodée une étiquette portant l’inscription manuscrite « Tapis fait au Temple par la Reine Marie-Antoinette et Madame Elisabeth sœur de Louis XVI ». H. : 39 cm – L. : 80 cm.

https://maria-antonia.forumactif.com/t5293-aux-encheres-plusieurs-reliques-a-drouot

On ne pourra qu'être frappé par la simplicité du motif en comparaison avec celui de l'ouvrage exposé dans le cadre de l'exposition sur Mme Elisabeth. On ne souviendra alors que ce dernier ouvrage a été assemblé par Melle Dubuquoy-Lalouette et n'est donc pas entièrement l'oeuvre des Augustes Prisonnières. Ce fait explique certainement la complexité du travail. L'intervention de Melle Dubucquoy correspond au témoignage de Reiset cité en ouverture de sujet.

Chou d'amour a écrit:

Je lis ceci dans la thèse de Jeanne Arnaud-Bouteloup, "Marie-Antoinette et l'art de son temps" :  

"Le comte de Reiset a identifié deux des tapisseries faites par la reine; elle mesure 6m. 25 de long sur 4m. de large et représentant des bouquets de roses, d'oeillets et de volubilis semés sur un fond de laine noire. Elles auraient été l'occupation de Marie-Antoinette au Temple et la reine aurait pu les faire passer secrètement à ses marchandes de laines, les dames Dubuquay. Transportées d'un couvent de Rome chez le comte de Reiset, elles sont fait partie de la vente de 1921. (Catalogue de la bibliothèque du Pavillon de Marsan)."

Enfin, il existe un exemplaire mentionné par la Bibliothèque Nationale de France.



Cette tapisserie a été faite par S.M. Marie Antoinette, reine de France, et M.me Elisabeth pendant les deux dernieres années de leur vie : [estampe] / Planat del.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6949905x

La question reste entière de savoir si toutes ces pièces sont authentiques et, si non, lesquelles et pourquoi. L'intervention postérieure de Melle Dubuquoy-Lalouette permet cependant d'expliquer la relative complexité apportée à l'ouvrage initial, plus frustre dû aux circonstances, et le fait que des fragments aient pu être distribués.

madame antoine

Merci pour cette mise au point, Madame Antoine!

En cherchant des infos sur cette demoiselle Dubucquoy, je suis tombée sur cette anecdote rapportée par la duchesse d'Abrantès:

Madame Bonaparte était à cette même place qu'elle occupait alors comme maîtresse de maison bourgeoise et où depuis elle s'est assise comme souveraine du monde; alors elle était là tout simplement devant un métier à tapisserie, faisant un ouvrage dont les trois quarts sortaient des mains de mademoiselle Dubuquoy, et dont j'ai fort le soupçon que la bonne femme lui avait inspiré le désir de s'occuper en lui répétant combien la reine Marie-Antoinette était habile à ces sortes d'ouvrages.


Voilà qui confirment certains faits: que la demoiselle Dubucquoy, spécialiste en tapisserie, avait en effet travaillé auprès de Marie Antoinette et que, comme Madame Campan, par exemple, elle avait vu ses entrées reportée à la cour de Napoléon.

Que Joséphine était effectivement impressionnée par l'aura de Marie Antoinette, comme le rapporte sa légende. Bienvenue au club, Joséphine!

Que cette Abrantès était vraiment une langue de p...

Remarquons que, si l'on en croit Martial Debriffe, c'était surtout la Reine qui s'adonnait à la tapisserie, Madame Elisabeth préférant la lecture.

L'oeuvre collective sous un autre angle

Madame Antonie a écrit:

Je m'interroge sur la tapisserie réalisée par la Reine Marie-Antoinette et Mme Elisabeth. Cette tapisserie-ci occupait un pan de mur lors de l'exposition Mme Elisabeth, Une princesse au destin tragique, 1764|1794. L'ayant vue, c'est un ouvrage de grande dimension.

Est-ce que cette broderie Marie Antoinette? Ça devait prendre beaucoup de temps.Une telle broderie.
Si elle n'était pas reine, elle pourrait se nourrir de broderie.

Ce sont des reliques. Perso, j'ai des doutes. Les gardiens permettaient-ils ces ouvrages ? Avec des épingles et tout ?
Et puis, par méchanceté ils interdisaient tout.

flower power a écrit:

Ce sont des reliques. Perso, j'ai des doutes. Les gardiens permettaient-ils ces ouvrages ? Avec des épingles et tout ?
Et puis, par méchanceté ils interdisaient tout.

Oui

Il vous intéressera peut-être de voir que la tapisserie dite de Marie-Antoinette et Madame Elisabeth au Temple a été reprise dans une version moderne.



(Marie-Antoinette et Madame Élisabeth Tapisserie Coussin-Sajou Boîte Kit)
https://www.aaronproffitt.com/

C'est très joli

Oui voilà