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| Jacques Necker | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Jacques Necker Mar 4 Aoû - 15:14 | |
| C'est vrai, et pourtant curieux : elle a une écriture énergique en même temps que, comment dire? pas assurée. Qu'en pensez-vous ? |
| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40594 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: Jacques Necker Mar 4 Aoû - 15:36 | |
| Il faut aussi garder présent à l'esprit qu'Antoinette a une toute petite écriture. Sur les agrandissements, c'est trompeur, on finit par se faire une fausse idée, mais, en réalité, quand on observe les originaux, son écriture ressemble à de la dentelle. Les GDC et Philippe Delorme rendent compte de certaines réflexions intéressantes : Marie Antoinette a appris à écrire très tard, l'écriture lui est longtemps restée étrangère, peu familière, ça se sent. Elle paraît manier la plume avec quelques difficultés. C'est particulièrement visible dans ses premières lettres à Marie Thérèse. Sa graphie y est liée, mais poussive et malhabile comme celle d'un enfant qui apprend encore à écrire... ce qui est parfaitement le cas. Puis, changement. A force de se faire engueuler, peut-être, ou par snobisme adolescent, Antoinette se met à modifier son écriture. Elle semble imiter celle de Vermond, ce qui serait normal, vu leur proximité. Les GDC sont très assertifs sur ce point. Je le serais moins, parce que l'écriture d'Antoinette reste personnelle. Elle garde des traits de sa graphie d'avant, tout en en adoptant d'autres, notamment cette disjonction des caractères. Son écriture présente aussi des traits communs avec celle de sa mère. C'est pourquoi je pense que les GDC s'avancent trop radicalement... comme d'habitude... Surtout quand ils y voient une volonté de dissimulation. Non, faut pas chercher si loin, à mon avis. Antoinette a fait comme beaucoup d'ados, elle s'est inspirée d'écritures qu'elle connaissait pour s'en trouver une qui lui corresponde, à elle. Cette graphie disjointe et appliquée va évoluer au fil des années, pour gagner en maîtrise et en organisation. Elle sera progressivement plus liée et groupée, même, par moment. Et c'est bien normal... Notre reine se familiarisait de plus en plus avec l'exercice d'écrire, par la force des choses, et elle prenait de la l'assurance, puisqu'elle s'était affirmée dans les affaires. Son assassinat par la révolution est venu mettre un terme à cette évolution. _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jacques Necker Mar 4 Aoû - 16:07 | |
| Oui, l'évolution entre l'écriture des lettres de la Dauphine et celles de la Reine est frappante. Avant l'incarcération au Temple, pendant la période de "résidence surveillée" aux Tuileries, Marie-Antoinette passe des heures par jour à écrire. Son style aussi se transforme, forcément, s'affirme. Elle va toujours droit à l'essentiel quand elle parle des affaires, mais s'attarde toujours longuement pour s'inquiéter des uns et des autres. Son altruisme éclate dans sa très belle correspondance. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jacques Necker Lun 24 Aoû - 11:16 | |
| Pour en revenir à Necker , voici un livre sur la compagnie des Indes. N'oublions pas que c'est cette compagnie qui a permis à Necker de s'enrichir.
La compagnie française des Indes au XVIIIe siècle : deux volumes par P. Haudrere Les Indes Savantes, 2005, 1072 p : 75 euros |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jacques Necker Sam 29 Mai - 14:10 | |
| Voici un lien intéressant sur la fortune de Necker
http://www.persee.fr/.../ahess_0395-2649_1960_num_15_5_420657 - |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jacques Necker Sam 29 Mai - 15:13 | |
| « N’est-ce parce qu’il dut financer la guerre que Necker fut contraint d’emprunter ? Candidat ministre, il soutenait, dans l’éloge de Colbert, que « pour des besoins modérés , il faut toujours préférer l’impôt , tant pour simplifier les opérations et faire plus facilement l’équilibre l’équilibre des finances, que pour ménager le crédit public et le prix de l’intérêt ». Devenu ministre , il expliquera que « la guerre contraignant à rechercher des secours extraordinaires, il faut trouver des capitaux pour y suffire « et que » comme les circonstances sont impérieuses », ces capitaux ne pourront être demandés qu’au crédit.
« Il s’agissait de payer les frais d’une guerre …Eh bien ! –s’exclame Mme de Staël –aucun peuple ne fait la guerre avec son revenu habituel…Il fallait donc faire partager aux générations futures le poids d’une guerre qui avait leur prospérité pour objet. «
Un des titres de gloire de Necker sera donc que, grâce à lui , la France aura pu faire la guerre sans impôts. C’est ce que lui reproche Mirabeau : « Il a fait la guerre sans impôts ! C’est un Dieu ! Voilà le cri universel . Mais il s’élève un impie qui dit : ce que vous lui imputez à sa gloire est son crime. Ce que vous regardez comme un bienfait est l’aggravation de vos maux. Emprunter sans imposer , c’est livrer une nation aux usuriers, car eux seuls prêtent sans gage : c’est tromper tout un peuple sur sa véritable situation …C’est rejeter sur les générations à venir le poids des iniquités d’un ministre qui ne voit que sa gloire personnelle et ses succès présents…L’emprunt n’a de vrais gages que l’impôt : ces deux fléaux doivent toujours marcher ensemble. »
Evitant de créer des impositions extraordinaires , Necker eut recours à des emprunts à intérêts élevés . »C’est peut-être –concluait Cambon , dans son rapport du 3 Germinal an II –à l’existence de ces emprunts que nous devons le commencement de la Révolution. Le gouvernement , embarrassé pour acquitter les engagements qu’il avait contractés , convoqua les Etats Généraux pour y pourvoir. »
Il est inexact , enfin, que Necker n’ait emprunté que pour financer la cause de l’Indépendance américaine. Le crédit lui servit également pour boucler le budget des dépenses ordinaires.
Lorsqu’ils tenteront de vider à coups de brochures leurs lourdes querelles d’administrateurs des finances, Calonne reprochera à Necker d’avoir emprunté pour un montant de 439 millions de livres. Non ! répliquera Necker : pour 530 millions. Et il disait vrai…
Necker qui fut également contraint d’emprunter par l’entremise de la Ville de Paris et des pays d’état , c'est-à-dire du Languedoc, de la Provence, de la Bourgogne et de la Bretagne , obtint du clergé que « le subside appelé don gratuit « fût porté de 16 à 30 millions, étant précisé , toutefois , que 14 millions furent , en réalité , prêtés et remboursés par annuité d’un million. Depuis longtemps , l’imposition des biens écclésiastiques était réclamée par des pamphlétaires au nombre desquels se rangeait Voltaire. « Cela serait fort raisonnable, mais c’est une affaire bien délicate… » constate , en mars 1780, la Correspondance Métra qui, quelques mois plus tard , amplifiera : « Deux seules sources s’offrent à M. Necker pour faire face au vide et aux engagements de son administration : le clergé et les domaines. Des deux côtés , il y a bien des gens à combattre . Il faut pourtant que les grands , les prêtres ou le directeur général soient abattus ». En réalité , il y eut place encore pour un certain nombre d’années d’altermoiements. A un moment , on verra le directeur général des finances prendre contre les curés le parti des évêques.
Pressé par le besoin , Necker eut recours à des expédients. Le moins curieux n’est pas celui qui consista à dénaturer la portée de l’obligation faite aux préposés et receveurs des fermes et des régies de fournir des cautionnements. Est légitime « une garantie soit contre des divertissements de deniers, soit contre des abus de fonction « pour « Sa Majesté…ce serait un moyen de se procurer un secours à un intérêt modéré, et qui, étant extrêmement divisé, ne prendrait rien sur les fonds de la circulation ordinaire. »
Quant à la dette flottante et à la négociation des anticipations, Necker préféra s’adresser exclusivement aux banquiers.En faisant appel au public qui achetait directement aux caisses du contrôle général, Turgot, au contraire, avait réussi à placer ses billets de crédit à un taux avantageux. Mais, outre que Necker entendait plaire aux banquiers, il se refusait à imiter Turgot. Force lui fut, pourtant d’emprunter à son adversaire. »
Source : Necker de Pierre Jolly Les œuvres françaises, 1947, 365 p |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jacques Necker Sam 29 Mai - 18:47 | |
| « Malgré ses attaques contre Turgot, il fera assez souvent figure de quasi-libéral. Il ne se prononcera pas en faveur d’une intervention systématique de l’état. On n’a peut-être pas assez remarqué que Necker prit comme conseil Montaran , intendant du commerce , un colbertiste modéré et qu’il ne dédaigna pas de faire appel à Dupont de Nemours. S’assigant des manufactures, le dessein de Necker –dès qu’il eût succédé à Taboueau –fut d’arrêter un « régime intermédiaire » entre la réglementation tâtillonne et le « système d’une liberté indéfinie ».
En faisant conférer « aux villes disposées à en faire usage « , l’autorisation de remplacer , par des fonctionnaires, les collecteurs, c'est-à-dire les contribuables préposés, par roulement, à la rentrée de la taille, Necker reprit une initiative de Turgot, intendant du Limousin. Devenu ministre, Turgot n’avait pu, faute de temps, transformer la taille où l’arbitraire régnait en maître et qui était regardé comme le plus dur de tous les impôts. Necker s’apitoya sur le sort des « pauvres contribuables » mais se contenta , après avoir simplifié le contentieux de l’impôt, de soumettre à la formalité de l’enregistrement l’augmentation des accessoires de la taille. Ce n’était de sa part qu’un coup de chapeau donné aux parlements en remerciement de l’accueil bienveillant que ceux-ci réservaient aux édits d’emprunt. Necker fit abolir la mainmorte mais seulement dans les domaines royaux. Il ne put se résoudre –et cette demi mesure lui fut reprochée –à réaliser la suppression générale de ce droit.
Non seulement , il ne désavoua pas la caisse d’Escompte , une des dernières créations de Turgot-si critiquée dans son principe même-mais il l’officialisa après en avoir, il est vrai , modifié quelque peu la structure. Necker ne manquera pas , d’autre part , de s’inspirer de Turgot en déclarant au roi : « Je me suis convaincu qu’il est à désirer que les moyens de supprimer la corvée soient favorisés. »
Source : déjà citée
Quel culot ce Necker ! Il ne fait que reprendre les instruments de Turgot en les agrémentant à sa sauce ! On peut y voir un manque total d’originalité et de créativité ! Pour le coup, ce serait intéressant d'étudier l'oeuvre de Turgot ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jacques Necker Sam 29 Mai - 19:04 | |
| Voici une référence sur Necker :
Necker, fourrier de la révolution de E. Lavaquery Plon, 1933, 385 p |
| | | Invité Invité
| Sujet: JACQUES NECKER Sam 29 Mai - 19:06 | |
| NECKER n'a jamais été un génie. Sa seule bonne idée fût de rendre publique les comptes du royaume, ce qui lui assura une formidable publicité, et la sympathie populaire. Mais autrement, il ne fait que reprendre les idées de ses prédécesseurs, il ne fait que du neuf avec du vieux. Son discours aux Etats-Généraux (chef d'oeuvre d'ennui et de pompeux verbiage pendant deux heures) a déçu tout le monde. Esprit féodal, à demi conservateur, il respecte tous les privilèges, à commencer par ceux qu'il n'a pas. Enfin, il est complétement influencé par sa femme, qui assure sa communication via son salon... MIRABEAU ne s'y est pas trompé : "NECKER ? Une horloge qui retarde" ! GOUVERNEUR MORRIS non plus : "Les promesses de monsieur NECKER sont si impudentes qu'elles finiront par persuader même ceux qui n'y croient pas"... Enfin, le Roi lui-même, qui a bien discerné le vrai NECKER : un homme figé, creux, pompeux, incapable de s'adapter et d'innover. NECKER n'a fait qu'avancer des solutions qui étaient inévitables de toutes façons. D'ailleurs, la Révolution l'a vite oublié... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jacques Necker Sam 29 Mai - 19:11 | |
| Tout à fait mon cher Calonne ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jacques Necker Sam 29 Mai - 19:14 | |
| Tout à fait!
Incroyable qu'on provoque la prise de la Bastille pour le remettre en place et moins d'un an après, il part du gouvernement sans qu'il n'y est un seul remous dans l'opinion. Et plus rien durant la Révolution. Lui qui en est en grande partie responsable!!! Même indirectement. Bref un homme creux. Du vent. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jacques Necker Sam 29 Mai - 19:20 | |
| Comme vous avez raison chère Olivia. Pour le coup, cela vaudrait le coup d'étudier la vie et l'oeuvre de Turgot justement. En actionnant la touche recherche, j'ai vu qu'il n'y avait aucun fil qui lui était consacré... |
| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 42 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: Jacques Necker Sam 29 Mai - 23:37 | |
| Exact, il faut dire que son cas est assez ciblé, mais si certains le connaissent suffisamment je suis partant Pour Necker son cas est assez difficile, et pour prendre sa défense je dirais qu'il aurait presque fallu qu'il soit magicien pour relever la France du gouffre dans lequel elle était financièrement parlant _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jacques Necker Sam 29 Mai - 23:50 | |
| J'ai un livre sur Turgot. Dès que j'ai fini Necker, je m'y attelle ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jacques Necker Dim 30 Mai - 0:55 | |
| Quel rendement en lecture!!! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jacques Necker Dim 30 Mai - 18:16 | |
| Croyez-vous , chère Olivia, je lis à la vitesse d'un petit escargot ...
"Les Assemblées provinciales de Necker ont une parenté certaine avec le système des municipalités qu’avait élaboré son adversaire. Aux Assemblées provinciales incomberaient la répartition de la levée des impôts , l’entretien et la construction des chemins, le choix des encouragements favorables du Commerce, au travail en général, et aux débouchés de la province en particulier. Le désir de Necker était de voir chaque province dotée d’un système fiscal simplifié qui lui soit particulier car, « La France , composée de 24 millions d’habitants répandus sur des sols différents et soumis à diverses coutumes, ne peut être assujettie aux mêmes genres d’impositions ». Madame de Staël le rappelle : les Assemblées Provinciales semblaient être à son père « le meilleur moyen pour obtenir le consentement volontaire des nobles et du clergé le sacrifice de cette inégalité d’impôts, qui révoltait encore plus la masse de la nation que toute autre distinction ». Et puisque « les grands seigneurs français n’étaient pas assez instruits , parce qu’ils ne gagnaient rien à l’être …Les Assemblées Provinciales auraient , par degrés , amené les grands seigneurs à primer par leur savoir en administration , comme jadis ils l’emportaient par l’épée, et l’esprit public en France aurait précédé l’établissement des institutions libres. Les Assemblées Provinciales n’auraient point empêché qu’un jour on ne demandât la convocation des Etats Généraux ; mais du moins, quand l’époque inévitable d’un gouvernement représentatif serait arrivée , la première classe et la seconde s’étant occupées ensemble depuis longtemps de l’administration de leur pays , ne se seraient point présentées aux Etats Généraux, l’une avec l’horreur et l’autre avec la passion de l’égalité.
Parce « qu’il n’est rien qui ne soit soumis à quelque inconvénient…rien où l’expérience n’ajoute encore à l’instruction et à la confiance… », Necker ne proposait l’essai de l’Administration Provinciale ou Municipale que dans une seule généralité . Le Berry devait servir de champ d’expérience. L’arrêt du Conseil du 12 juillet 1778 précisait à sa manière que l’Assemblée y durerait autant qu’il plairait à Sa Majesté. La noblesse et le clergé auraient une représentation égale à celle du tiers-état. Mais la délibération serait commune aux trois ordres et les suffrages se compteraient par tête. C’était, par anticipation , le doublement du tiers….
Après Le Berry , Necker fit instituer des Assemblées Provinciales dans les généralités de Grenoble, Moulins et Montauban. Mais l’Assemblée du Dauphiné ne put être constituée. Fort de l’appui du parlement de Paris, l’intendant de Moulins s’opposa à la convocation de l’Assemblée du Boirbonnais. "
Si je comprends bien, ces Assemblées Provinciales étaient autant de répétition des Etats Généraux… Il ny a pas à dire , Necker avait en main toutes les cartes pour tout orchestrer. Et il ne s’en est pas gêné , loin de là pour s’en servir ! |
| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 42 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: Jacques Necker Dim 30 Mai - 18:32 | |
| Orchestrer quoi donc? _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jacques Necker Dim 30 Mai - 20:56 | |
| Oh mais attention, ces assemblées provinciales ne sont pas plus à Necker, qu'à Turgot, Calonne ou Loménie. Tous ces minsitres vont placer une pierre à cet édifice mais si l'on voit qu'elles sont toujours projetées durant ces différents ministères, c'est qu'on peut raisonnablement penser que Louis XVI y est pour quelque chose !
Au contraire, elles ne sont pas la répétition générale des Etats-Généraux! Elle devaient définitivement les remplacer par une Assemblée nationale (consultative, attention!) crée sur le même modèle que les provinciales. Déjà celles-ci avait le doublement du tiers, comme le fera Louis XVI pour les Etats-Généraux. Et surtout retirer à jamais les droits législatifs illégitimes que s'étaient octroyés les parlement revenus à leur unique mission judiciaire.
On comprend mieux que les Parlements n'aient pas du tout apprécier cette réforme du pouvoir royal. De plus Louis XVI aurait donné la présidence des assemblées au doyen, même issu du Tiers. Devant la levée de boucliers des privilégiés, il a accepté de l'accorder aux évêques locaux. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jacques Necker Dim 30 Mai - 23:11 | |
| Merci de votre avis éclairant chère Olivia. Ce n'est pas toujours simple de lire une vie comme celle-là. C'est comme Louis-Philippe , il y a certaines pages qui me " prennent la tête " ! Heureusement que je lis d'autres livres à la fois , parce que sinon.... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jacques Necker Dim 30 Mai - 23:18 | |
| Personnellement, les parties finances me barbent aussi pas mal. Quand je peux, je les zappe. Donc Necker, je n'y connais pas grand chose. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jacques Necker Dim 30 Mai - 23:45 | |
| Une fois parvenu à son poste, Necker continue sur la lancée esquissée par Turgot. Tout d’abord, il fait des coupes sombres dans les budgets : « On le verra aux Finances continuer la réforme administrative entreprise par Turgot en s’attachant à réduire le nombre des agents. . La suppression commencée par Turgot des offices alternatifs des receveurs des tailles est étendue aux teritoires qui constituaient les apanages des princes du sang. Cela ne manquait pas de hardiesse.
Dès juin 1777, il s’attaque aux charges des Intendants des finances . La même année disparaissent de nombreux offices de gardes généraux et collecteurs des amendes des maîtrises d’eaux et forêts. Les receveurs généraux des domaines et bois subissent le même sort . En 1778, Necker réalise la diminution du nombre des Trésoriers . « Comme il est hors du pouvoir de l’administration de porter ses regards sur la vie privée d’un trop grand nombre de personnes, il est essentiel pour les intérêts du roi , qu’un ministre des finances n’ait à fixer son attention que sur un petit nombre de comptables. »
L’année suivante, les receveurs généraux sont réduits de 48 à 12 : ‘Ainsi, nous achevions un ouvrage si conforme à nos vues d’ordre et d’économie , si salutaire aux mœurs , par les obstacles qu’il apporte aux progrès du luxe , et qui , en détruisant ces grands et nombreux moyens de fortune auxquels l’espoir de la faveur suffisait pour prétendre , encouragera davantage à suivre ces carrières pénibles, où les talents et l’étude ne conduisent que lentement à des récompenses modérées : entreprise si souvent indiquée par l’opinion publique et jamais exécutée. »
L’affaire des Receveurs Généraux aiguillonna l’opposition. Les critiques prirent un ton plus vif. Sous le titre, Monsieur Turgot à Monsieur Necker , un libelle insinua que la suppression des receveurs généraux n’avait d’autre but que d’asservir le roi aux banquiers et de rendre Necker « irrenvoyable » : n’avait-il en effet, dans son trousseau , « la clef du soutien des banques ? » Les receveurs inspirèrent une réplique : Sur l’administration de M. Necker , par un citoyen français. Ils firent mieux en provoquant l’hostilité de Monsieur, comte de Provence. La réduction du nombre des receveurs généraux violait « le droit honorifique » qui appartenait aux princes du sang de nommer aux places de receveurs généraux dans les provinces de leurs apanages . –« Monsieur, je sais que vous avez beaucoup d’ennemis , qu’on cherche à vous dégoûter et à vous contrarier ; mais continuez vos opérations, et soyez sûr que je vous soutiendrai ; comptez sur ma fermeté » lui disait alors Louis XVI. Encouragement donné de bonne foi , mais à se reporter aux précédents , c’était un mauvais présage….
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jacques Necker Lun 31 Mai - 19:13 | |
| « Les fermiers généraux et leur bureaucratie prolifique n’avaient pas bonne presse . Si la malignité de la légende a noirci non sans abus , la réputation de tous les fermiers , il reste que la para-administration des fermes était , dans son ensemble, frappée d’une imopularité compréhensible . Ses agents étaient arrogants et d’autant plus odieux qu’ils percevaient des droits sur les produits de grande consommation. Pour assurer la défense de ses positions, la para-administration des fermes se retranchait derrière des règlements d’une complication redoutable.
Qu’il s’agisse des vins, des fers, les tarifs , d’une variété et d’une inégalité indéfinies , restaient incompréhensibles au plus grand nombre des assujettis. »La Ferme veille sans cesse à la conservation, à la bonification des droits, à leur extension…L’intelligence des règlements est restée pour ainsi dire dans les bureaux de contrôle, et a acquis aux employés un ascendant qui leur assure toujours l’avantage sur les redevables ». Cette appréciation de Dupin, avocat au parlement de Languedoc , donne le même son que les remontrances de la Cour des Aides , publiées en 1778 : « Chaque homme du peuple est obligé de souffrir journellement les caprices , les hauteurs, les insultes des suppôts de la Ferme…Le code de la Ferme est immense et n’est recueilli nulle part. C’est une science occulte que personne , excepté les financiers, n’a étudiée ni pu étudier. En sorte que le particulier à qui on fait un procès ne peut ni connaître par lui-même la loi à laquelle il est assujetti , ni consulter qui que ce soit : il faut qu’il s’en rapporte au commis même, son adversaire et son persécuteur…Les lois de la Ferme ne sont pas seulement inconnues, elles sont aussi quelquefois incertaines. »
Les procès-verbaux, les amendes , les saisies pleuvaient. C’était à qui ne paierait pas. Au point que la contrebande était à l’honneur. Au point aussi, que les traditions survivant aux réformes et aux révolutions, des psychiâtres d’une compétence spéciale, détecteraient, peut-être , dans certains penchants des modernes à la fraude , une hérédité jadis procréée par les méfaits de la Ferme…
La voie à de profondes réformes avait été traée par Turgot qui s’était fait de la Ferme une ennemie redoutable. La suppression des croupes , c'est-à-dire des pensions, des parts d’intérêts consenties par les fermiers généraux au profit des protégés de la Cour fut confirmée par Necker qui éprouva quelque embarras le jour où il s’aperçut qu’une des croupières n’était autre que Madame Cassini, sœur du marquis de Pezay…
Le directeur des Finances n’irait-il pas plus loin ? Ne substiturait-il pas des régies à toutes les Fermes ? Necker cherchait sa voie. Il la trouva dans la direction habituelle . « On ne savait, lt-on dans la Correspondance Métra, s’il penchait du côté des Fermes ou des Régies : il s’était mis des deux côtés ». Les droits d’aides sur les boissons, les droits d’octroi, les droits sur les cuirs, le fer, …, firent l’objet d’une régie . Par contre , les gabelles , les traites intérieures, les douanes et le tabac restèrent à une Ferme générale qui , par certains côtés, affectait la forme d’une régie intéressée. »
C’était complexe comme système et finalement , on se dit que Necker a sans doute bien fait de s’y attaquer pour mieux rationaliser … |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jacques Necker Lun 31 Mai - 19:28 | |
| Il fallait être super-expert pour s'y retrouver dans le fouillis du système financier de l'époque ! Les impôts étaient affreusement mal répartis, avec certaines provinces exonérées, et d'autres qui payaient "plein pot". Le meilleur exemple reste la fameuse GABELLE, impôt sur le sel : certaines provinces ne la payaient pas, d'autres, oui. Il y avaient les impôts officiels, aux mains de la FERME, les impôts de l'Église (la fameuse dîme) et enfin les impôts seigneuriaux, comme le "champart" (partie des récoltes). Sans oublier les "corvées"... Bref, un incroyable fouillis, sans aucun contrôle, où chacun se servait allégrement... On disait que si le Roi demandait 20 millions, les fermiers en récolteraient 50... Ces fermiers, au nombre de quarante, formaient une classe nouvelle, passant souvent pour des parvenus, des magouilleurs aux mains pleines. Pas pour rien que les parisiens surnommaient l'hôtel des finances "l'hôtel du déménagement", tant les ministres s'y succédaient rapidement ! Le problème, c'est que personne ne demandait à ces messieurs de réformer le système. Tout ce qu'on attendait d'eux, c'était de faire en sorte que l'État puisse boucler ses fins de mois... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jacques Necker Lun 31 Mai - 19:43 | |
| Tout à fait. Difficile de s'y retrouver. Bon point pour la Révolution d'avoir voulu rationaliser tout ça. |
| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 42 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: Jacques Necker Ven 4 Juin - 19:10 | |
| Oui il y avait du boulot Je pense qu'on en a trop demandé à Necker en trop peu de temps en fait... _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | | Jacques Necker | |
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