Oui cela est incontestable. Marie-Thérèse ressemblait tant physiquement que moralement à son père.
Quant à Louis-Joseph, il est évident que l'enfant était d'un sérieux extrême, tout à fait comme son père aussi.
Louis-Charles était drôle, charmant, câlin... Avec quelques petits défauts. Par exemple, jouer sur la cajolerie pour éviter une leçon.
Beaucoup plus proche de sa mère en caractère.
A-t-elle souhaité voir en sa benjamine la petite fille que ne sera jamais l'aînée ?
Les deux aînés lui ont échappé : ils lui ont été retirés dès leur naissance, elle n'a eu aucune prise sur leur prime enfance. Ils étaient en quelque sorte des "commandes d'Etat".
En 1782, elle se rend compte du sale caractère de sa fille aînée et tente de s'en rapprocher. L'enfant est installée dans l'appartement du rez-de-chaussée mais très vite repart au bout de l'aile du Midi. La colocation ne semble pas avoir fonctionnée...
Mais surtout, la même année, Louis XVI et Marie-Antoinette nomment leur meilleure amie gouvernante de leurs enfants. La décision est claire : Marie-Antoinette veut avoir son mot à dire dans l'éducation de ses enfants. Malheureusement, c'est presque trop tard, du moins pour Marie-Thérèse. Elle est aux mains des sous-gouvernantes et l'on sait que celles-ci n'hésitent pas à critiquer la reine. Elle tente néanmoins des recours pour atténuer l'orgueil insupportable de l'enfant.
Marie-Antoinette n'a pas eu non plus son mot à dire dans la nomination du duc d'Harcourt comme gouverneur du dauphin. Les tensions seront vives entre la reine/Madame de Polignac d'un côté et le clan du gouverneur de l'autre.
Nous savons qu'à l'aube de la mort, le pauvre petit avait été plus ou moins monté contre sa gouvernante et sa mère.
Il faut dire aussi qu'il existe des preuves que Marie-Antoinette ne souhaitait pas non plus être "bouffée" par ses enfants : quand le dauphin prend possession de son appartement au rez-de-chaussée du corps central, Marie-Antoinette n'hésite pas à lui grignoter de l'espace pour agrandir les pièces de son appartement du rez-de-chaussée.
De même qu'elle s'attribue sans aucun scrupule le premier mobilier des couches qui appartenait au Garde-meuble de la Couronne et ne lui était donc pas personnel. Et naturellement réservé aux enfants royaux. Par conséquent pour ses troisièmes couches, il a fallu en commander un nouveau, celui que nous connaissons aujourd'hui.
C'est qu'elle avait aussi ses petits défauts !
Tout ceci n'empêche pas des merveilleuses promenades à Trianon, le dauphin installé au Grand et Madame Royale auprès de sa mère au Petit.
Mais là ce sont des moments "vacances" qui ne correspondent pas au quotidien.
Tandis que pour les deux derniers, Marie-Antoinette les a eus pleinement. Madame de Polignac les a reçus dès leur naissance.
Et peut-être qu'avec eux, elle s'est sentie réellement mère. Les deux premiers lui ont été imposés. Ils étaient une obligation. Elle les désirait vivement, c'est sûr, pour de multiples raisons. Mais au moins, les deux derniers étaient non seulement "gratuits", un supplément à ce qui lui était commandé depuis 1770, mais en plus, avait-elle certainement mûrie.
Les années 1785-1786 sont indéniablement un tournant dans l'état d'esprit de Marie-Antoinette.
On lui aurait laissé le temps, nous n'aurions eu que cette image d'une reine qui s'occupe pleinement de ses enfants, celle qu'elle voudra donner au public en 1787. Une reine rangée, sérieuse, consciente de ses devoirs. Les folies de ses vingt ans étaient du passé.
Malheureusement c'est cette image qui lui collera pour toujours à la peau. C'est bien également Marie-Antoinette. Mais qui ne prend pas en compte son évolution.
Il est faux de croire que c'est seulement la période Conciergerie qui la révélera.