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| Chateaubriand, précurseur du romantisme | |
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+4Chateaubriand cassos globule Chakton 8 participants | Auteur | Message |
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Chakton
Nombre de messages : 1263 Date d'inscription : 22/10/2017
| Sujet: Chateaubriand, précurseur du romantisme Mar 4 Sep - 10:16 | |
| On ne saurait laisser passer sans le souligner, en cette année 2018, le 250e anniversaire de naissance de François-René, vicomte de Chateaubriand, un des grands noms de la littérature française, qui se classe avec Molière, Rousseau, Balzac, Racine, Corneille et bien d’autres dans les programmes d’étude de la littérature française de par le monde. Ses Mémoires d’outre-tombe ont fait le tour du monde, que ce soit dans la version française ou dans une traduction, en anglais, italien, japonais, néerlandais, par exemple. Il est considéré comme le précurseur du romantisme. Saint-MaloChateaubriand est né le 4 septembre 1768 dans la célèbre ville bretonne de Saint-Malo, une ville touristique qui nous intéresse particulièrement puisque c’est de cette ville dont il est natif qu’est parti Jacques Cartier (1491-1557) pour découvrir le Canada. François-René est le fils cadet d’une famille de six enfants. Mais il commence sa vie loin de ses parents, chez sa grand-mère maternelle, madame de Bédée, à Plancoët où il est placé en nourrice et qui le conduit souvent chez son oncle, au manoir de Monchoix. Il a trois ans lorsque son père, réussissant dans les affaires, peut acheter en 1771 le château de Combourg en Bretagne, où la famille Chateaubriand s’installe. François-René y passe une enfance qu’il décrit plus tard comme «souvent morose auprès d’un père taciturne et d’une mère superstitieuse et maladive, mais gaie et cultivée». Le château de Combourg, où Chateaubriand a passé son enfance.L’Almanach des MusesIl commence ses études à 9 ans au collège de Dol-de-Bretagne, de1777 à 1781, puis à celui de Rennes en1782 et de Dinan en 1783. Il obtient un brevet de sous-lieutenant au régiment de Navarre à 17 ans, sous les ordres de son frère Jean-Baptiste, puis est nommé capitaine à 19 ans. Il arrive à Paris en 1788 et se lie d’amitié avec des écrivains comme Jean-François de La Harpe, Louis de Fontanes et d’autres auteurs de l’époque. Il fait alors ses débuts littéraires en écrivant des vers pour l’ Almanach des Muses. Mais la politique l’intéresse aussi. En janvier 1789, il participe aux États de Bretagne et, en juillet de la même année, il assiste à la prise de la Bastille avec ses sœurs Julie et sa préférée Lucile. Portrait de Chateaubriand par Anne-Louis Girodet-Trioson, musée d’Histoire de la Ville et du Pays Malouin (Saint-Malo).Voyage en AmériqueEn avril 1791, il s’embarque pour l’Amérique et y voyage quelques mois. Il en rapporte de volumineuses notes qui lui serviront ultérieurement dans ses textes, et tout particulièrement dans son Voyage en Amérique (1826). De retour à Saint-Malo en 1792, il se marie puis rejoint en Allemagne l’armée contre-révolutionnaire. Blessé, malade, il se réfugie ensuite en Angleterre (1793) où il passe sept années misérables. À Londres, il publie Essai historique, politique et moral sur les révolutions anciennes, considérées dans leurs rapports avec la Révolution française (1797). Statue de François-René de Chateaubriand à Saint-Malo.ChrétienRevenu en France en 1800, la mort de sa mère et de l’une de ses sœurs affecte l’écrivain, qui se tourne vers le catholicisme qu’il avait abandonné et rédige Les Natchez, publié tardivement, et Atala, ou les Amours de deux sauvages dans le désert (1801), dans le cadre de la Louisiane, qui est un succès. En 1802, il publie Le Génie du christianisme, une apologie de la religion à laquelle Chateaubriand se rattache. Mais l’écrivain voyage, prend des notes et rédige ensuite un nouveau livre. C’est ainsi qu’est publiée en 1809 son œuvre Les Martyrs dans laquelle «il s’agit de démontrer, c’est une parenté de nature entre deux moments historiques que les siècles séparent». Or Chateaubriand est parti en 1896 avec sa famille pour le Moyen-Orient, visitant la Grèce, la Turquie, Jérusalem. Rentré en France après s’être aussi enthousiasmé pour les paysages italiens, il se retire dans sa maison de la Vallée-aux-Loups, près de Sceaux, et commence les Mémoires d’outre-tombe dont la rédaction allait durer une trentaine d’années. Ambassadeur et ministreEn 1811, il est élu à l’Académie française et il publie son Itinéraire de Paris à Jérusalem. Durant les Cent-Jours, la période de 1815 au cours de laquelle Napoléon Ier a repris le pouvoir, le roi Louis XVIII, réfugié en Belgique, le fait ministre de l’Intérieur. Après la bataille de Waterloo perdue par les Français et l’exil définitif de l’empereur à Sainte-Hélène, Chateaubriand devient Pair de France et ministre d’État, mais, en 1816, il est privé de son poste. Par après, il est nommé ambassadeur puis, en 1822, ministre des Affaires étrangères. Mais il abandonne la vie politique après une tentative de coup d’État contre le roi Louis-Philippe (1834). Il compose la Vie de Rancé (1844). Mais sa santé décline et il meurt à Paris le 4 juillet 1848, il y a 170 ans. Il avait 80 ans. Il est inhumé le 19 juillet sur le rocher du Grand-Bé, dans la rade de Saint-Malo, selon ses dernières volontés. Le tombeau de Chateaubriand sur l’îlot du Grand Bé.Gabriel Racle https://l-express.ca/ _________________ X est la force deux fois pure
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| | | globule Administrateur
Nombre de messages : 2236 Date d'inscription : 04/10/2017
| Sujet: Re: Chateaubriand, précurseur du romantisme Mer 5 Sep - 18:58 | |
| Maintenant, suivons-le en Amérique ! Pourquoi l’Amérique ? Chateaubriand ne déteste pas les républiques et il est curieux de voir celle des Etats-Unis. Fidèle à Louis XVI, il rêve d’ouvrir le fameux passage du Nord-Ouest qui devra attendre le réchauffement climatique pour devenir une réalité. Il s’aperçoit vite que c’est un songe creux de jeune homme de 23 ans. Le beau gosseMais le lecteur de Rousseau qu’il est tient bon. Au moins va-t-il tenter de courir les bois, de s’ensauvager, de retrouver, loin des villes et même des chemins… l’état de nature. Le beau gosse en AmériqueLe retour, faute d’argent, intervient dès janvier 1792 : « je reviens, dit-il, sans esquimaux mais avec deux sauvages d’une espèce inconnue, Chactas et Atala ». Deux indiens de papier qui feront le succès du premier livre qui le rendra célèbre, en 1801. Le parcours en Amérique, somme toute assez bref, irradiera ensuite l’œuvre entière – Atala, Les Natchez mais aussi L'Essai sur les révolutions – Le Génie du christianisme et bien sûr Les Mémoires d’outre-tombe. Les réminiscences d’outre-Atlantique surgissent un peu partout, Chateaubriand les met sans cesse en correspondance avec sa mémoire d’autres voyages. Avec les années, Chateaubriand ne sait plus très bien lui-même ce qui tient de son expérience de jeunesse, des notes qu’il a prises, de ses brouillons littéraires ou de ses lectures. En 1827, le voilà qui insère dans ses Œuvres complètes un texte intitulé Voyage en Amérique qui, paru quasi le dernier, est sensé rendre compte au plus près de l’expérience première mais il se fait un malin plaisir d’y mêler au témoignage du jeune homme ses réflexions d’ancien ministre des Affaires étrangères. Quand paraît le Voyage en Amérique, ses cheveux blanchissent déjà et il médite sur le paysage et le voyage. Pendant le voyage, le reflet des images qui défilaient devant lui s’est inscrit dans sa pensée. En même temps, il a laissé de sa vie dans les lieux où il est passé et depuis, il vit encore des regards qui se sont portés sur lui. https://www.franceinter.fr/ _________________ - Je ne vous jette pas la pierre, Pierre -
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| | | cassos
Nombre de messages : 320 Date d'inscription : 31/10/2017
| Sujet: Re: Chateaubriand, précurseur du romantisme Jeu 6 Sep - 8:24 | |
| Merci pour ces exposés sur ce monument de notre littérature. |
| | | Chakton
Nombre de messages : 1263 Date d'inscription : 22/10/2017
| Sujet: Re: Chateaubriand, précurseur du romantisme Dim 4 Nov - 12:05 | |
| Perrin ressort judicieusement l'excellente biographie de Chateaubriand par Gislain de Diesbach. Paru pour la première fois en 1995, ce très dense ouvrage offre un des livres les plus éclairants sur le génie des lettres, défenseur insatiable du catholicisme dont nous célébrons cette année les 250 ans de la naissance. (sur cette bio https://maria-antonia.forumactif.com/t25336-04-septembre-1768-franois-ren-de-chateaubriand#361008)On plonge dans ce livre avec délice tant son écriture est à l’avenant du brillant de la vie illustre de son sujet. S’il décortique l’œuvre flamboyante, l’auteur ne tombe heureusement jamais dans l’hagiographie car, malgré l’immense talent, l’homme a aussi ses médiocrités et n’hésite pas à prendre quelques étonnantes libertés avec la vérité. Elles ne sauraient toutefois faire oublier la hauteur de vue et le génie de cet écrivain qui mit toujours au centre de sa vie et de son œuvre sa foi en Dieu. Précurseur du Romantisme qui inspira tout le XIXe siècle littéraire, il s’engagea toute sa vie au service de la monarchie des Bourbons et du catholicisme. La religion mise à mal par les années révolutionnaires ainsi que les massacres de ces temps sombres vont très rapidement l’horrifier et l’amener sur le chemin de l’exil, vers les terres vierges des États-Unis, puis vers la cité brumeuse de Londres. Il assiste de l’étranger alors aux déchirements de la France qui plonge dans la guerre civile après 1789, et dont une partie de la population se détache d’un régime qui souhaite l’éloigner de ses autels et de ses prêtres. C’est dans ses années d’exil qu’il publie ses premiers écrits et qu’il décide d’embrasser cette carrière d’homme de lettres, avec un essai dans lequel il tente d’analyser les origines de la révolution française. Il ne rentre en France qu’en 1800 après le coup d’État du 18 brumaire par Bonaparte. Celui-ci, conscient de la nécessité d’une pacification religieuse, rétablit par un concordat les rapports de l’État français avec l’Église et le Vatican. En 1802, la publication de son flamboyant livre Le Génie du Christianisme entre ainsi en accord avec la politique de pacification religieuse voulue par le Premier consul. Chateaubriand, comme Napoléon, toutefois pour des raisons différentes, souhaite rattacher la France à son héritage chrétien brisé par la Révolution. Il dégage dans ce livre la dimension poétique de la religion et de ses rites avec des lignes empreintes d’une grande sensibilité préromantique. Il y restitue le souffle poétique du Moyen Âge qu’il oppose à la rationalité des Lumières. Le succès du livre est immense et fait écrire à Gislain de Diesbach qu’ « il a réhabilité la religion chrétienne aux yeux d’une génération nouvelle qui s’enthousiasmera pour tout ce qu’il a remis à l’honneur, cérémonies du culte, objets d’art sacré, cimetières de campagne — et prendra des sujets religieux comme thème en littérature et en peinture. » Chateaubriand lui-même résume ainsi sa pensée : « De toutes les religions qui ont jamais existé, la religion chrétienne est la plus poétique, la plus humaine, la plus favorable à la liberté, aux arts et aux lettres. Le monde moderne lui doit tout, depuis l’agriculture jusqu’aux sciences abstraites, depuis les hospices bâtis pour les malheureux jusqu’aux temples élevés par Michel-Ange et décorés par Raphaël. Il n’y a rien de plus divin que sa morale, rien de plus aimable, de plus pompeux que ses dogmes, sa doctrine et son culte ; elle favorise le génie, épure le goût, développe les passions vertueuses, donne de la vigueur à la pensée, offre des formes nobles à l’écrivain et des moules parfaits à l’artiste. » Le succès de l’ouvrage est immense, et après des années de haine anti-chrétienne, il formera pour beaucoup de catholiques une source d’espoir et d’inspiration. C’est un ouvrage qui remue les âmes même si le livre n’échappe pas à la critique de certains catholiques. On lui reproche ainsi le caractère par trop mélancolique du livre dans lequel il défendrait la religion avec la prose du poète et non pas avec les arguments du théologien. Alors apprécié par Napoléon au sommet de son pouvoir, le Premier consul l’envoie en mission à Rome avec son oncle le cardinal Fesch. La relation entre les deux hommes se dégrade très vite, et Chateaubriand quitte Rome sous la pression du prélat, peu enclin à subir le caractère envahissant de l’écrivain. C’est alors qu’il publie Les martyrs, autre œuvre majeure, écrit à la manière d’un mystère du Moyen Âge, évoquant le triomphe de la religion chrétienne sous le règne de Dioclétien à travers l’histoire du Grec Eudore. Entré dans l’opposition au pouvoir, il décide alors de prendre son bâton de pèlerin et réalise son fameux voyage vers la Terre sainte dont il tirera le fameux Itinéraire de Paris à Jérusalem publié en 1811. Il sera fortement marqué par ces jours passés dans la Ville sainte et par l’accueil reçu de la part des communautés monastiques comme celle de Jaffa, dont la précarité lui fera écrire : « L’état où ils vivent ressemble à celui où on était en France sous le règne de la Terreur ». Toute sa vie durant, il restera ainsi un grand défenseur des chrétiens d’Orient dont il n’oubliera jamais l’accueil chaleureux. Ce retour en France est marqué par une opposition de plus en plus forte à l’encontre du régime de Napoléon et ses dérives dictatoriales, après l’exécution du duc d’Enghien et d’Armand de Chateaubriand, espion de la cause royaliste. C’est à la chute de Napoléon en 1814 qu’il entame une carrière politique sous la Restauration, hantée toutefois par de nombreuses désillusions. On craint son influence et on lui reproche un temps de s’être rapproché de Bonaparte au début de son règne. Il obtiendra cependant quelques places prestigieuses comme les ambassades de France en Prusse, à Londres et à Rome, ainsi que très brièvement le ministère des Affaires extérieures. Des postes qui ne l’empêcheront pas d’écrire sa plus grande œuvre, ses fameuses Mémoires d’outre-tombe, qui couronneront pour la postérité une œuvre littéraire et une vie que Gislain de Diesbach retrace avec la minutie de l’érudit et le talent du grand écrivain. https://fr.aleteia.org/ Très spirituel, tout ça. _________________ X est la force deux fois pure
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| | | Chateaubriand
Nombre de messages : 104 Date d'inscription : 28/10/2022
| Sujet: Re: Chateaubriand, précurseur du romantisme Ven 28 Oct - 14:36 | |
| Merci à tous. C'est en tombant sur ce sujet sur mon auteur favori que j'ai découvert votre magnifique forum. Ah, les bienfaits des moteurs de recherche ! |
| | | betagen
Nombre de messages : 275 Date d'inscription : 26/07/2016
| Sujet: Re: Chateaubriand, précurseur du romantisme Ven 28 Oct - 20:04 | |
| _________________ Il court il court le furet
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| | | nouchette
Nombre de messages : 20 Date d'inscription : 20/08/2020
| Sujet: Re: Chateaubriand, précurseur du romantisme Sam 29 Oct - 12:44 | |
| Bienvenu ! _________________ Au moins je ne fais de mal à personne
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| | | Chateaubriand
Nombre de messages : 104 Date d'inscription : 28/10/2022
| Sujet: Re: Chateaubriand, précurseur du romantisme Sam 29 Oct - 15:06 | |
| Merci pour votre accueil. |
| | | globule Administrateur
Nombre de messages : 2236 Date d'inscription : 04/10/2017
| Sujet: Re: Chateaubriand, précurseur du romantisme Sam 29 Oct - 15:49 | |
| Bienvenu dans le forum, Chateaubriand _________________ - Je ne vous jette pas la pierre, Pierre -
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| | | Aglae
Nombre de messages : 1681 Date d'inscription : 09/10/2016
| Sujet: Re: Chateaubriand, précurseur du romantisme Dim 30 Oct - 10:08 | |
| Bienvenue ! Je rappelle ( ou j'apprends ) à cet aimable forum, que le vicomte François-René de Chateaubriand est Breton !!!!! ( et Happy Halloween, par la même occasion, ou plutôt, bonne fête de Samain, car mesdames, messieurs, l'origine de cette fête est Celte ) chauvine ? allons donc...... |
| | | Dorothy Vallens
Nombre de messages : 53 Date d'inscription : 01/08/2020
| Sujet: Re: Chateaubriand, précurseur du romantisme Mer 14 Déc - 6:50 | |
| Bienvenue à Chateaubriand Le Breton. |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Chateaubriand, précurseur du romantisme | |
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| | | | Chateaubriand, précurseur du romantisme | |
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