La duchesse de Polignac

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Un coeur peut aimer plusieurs personnes, et se briser à la perte de l’une d’entre-elles.
Si une maladie grave se colle là-dessus, et que le malade n’a plus ni le temps de s’en remettre, ni la possibilité, ni l’envie alors....  

Soit je n'ai pas bien compris ton propos, soit nous disons à peu près la même chose, en définitive : la duchesse de Polignac n'éprouvait pas pour Vaudreuil un sentiment exclusif.  

Je ne vois toujours pas le rapport.    Que serait un sentiment exclusif ?  Qu'elle aime Vaudreuil à l'exclusion de sa famille, ses enfants, Marie-Antoinette elle-même ??? Non, décidément, je ne comprends pas .

C'est pourtant simple : quel que fût le sentiment de Madame de Polignac pour Vaudreuil, il n'a pas suffi à la maintenir en vie. Vaudreuil n'était donc pas l'air qu'elle respirait ni l'eau qu'elle buvait.

La petite duchesse, comme tu le dis, aimait beaucoup d'autres gens, à commencer par ses enfants. La reine, le roi, les enfants royaux, Madame d'Andlau... A propos, comment exliquer le silence de Marie Antoinette à la mort de cette femme, qui était pourtant comme une mère pour son amie ?  

Pour Geneviève Haroche-Bouzinac, auteur de la dernière biographie sur madame Vigée-Lebrun, il ne fait presque aucun doute que Vaudreuil et l'artiste étaient amants. De plus Vaudreuil était connu pour ses bonnes fortunes.

Cela pourrait peut-être expliquer un certain ressentiment de Marie-Antoinette envers celui qui ne méritait pas la totale confiance de madame de Polignac.

olivia a écrit:

Pour Geneviève Haroche-Bouzinac, auteur de la dernière biographie sur madame Vigée-Lebrun, il ne fait presque aucun doute que Vaudreuil et l'artiste étaient amants. De plus Vaudreuil était connu pour ses bonnes fortunes.

Ah, tiens ? Intéressant... Nous savions que le sentiment de Vaudreuil non plus n'était pas exclusif, puisque son prince occupait tant de place dans son coeur, son âme, sa pensée et son temps. Mais il y avait donc d'autres femmes, aussi.

olivia a écrit:

il ne fait presque aucun doute que Vaudreuil et l'artiste étaient amants.

Moi je ne l'ai pas ressenti de cette manière.

Les poètes les réunissaient en couple dans leurs chansons.

Madame Vigée-Lebrun le décrit comme l'homme idéal, le parfait gentilhomme, presque toujours présent à ses soupers. Quand il ne se rendait pas dans des parties fines où évidemment l'artiste n'allait pas.

Une correspondance a existé entre les deux quand Vaudreuil est parti pour le siège de Gibraltar en 1782. Correspondance qu'Elisabeth conservait encore en 1789. Mais détruite pendant la Terreur par son mari, semble-t-il assez complaisant.

Une légende raconte aussi que les deux auraient gravé leurs initiales sur un arbre du domaine de Moulin-Joli où se rendaient l'artiste et tous ses proches régulièrement.

Elle tient le domaine de Gennevilliers comme la maîtresse de maison.

Et madame de Staël en 1786 écrit : "M. de Vaudreuil est toujours plus occupé que jamais de madame Le Brun."


A relire ces passages, comme me le rappelle le Comte, rien n'atteste d'une véritable liaison entre les deux. Mais je trouve que les indices sont assez nombreux. Après, tout est question d'interprétation.


Difficile aussi d'expliquer que madame Vigée-Lebrun et madame de Polignac semblent s'être beaucoup appréciées. Et aient fermé les yeux sur les autres maîtresses, comme une comtesse de Caumont.


Je souhaite surtout à cette femme remarquable qu'était la peintre d'avoir connu un jour l'amour. Il apparaît à la lecture de cette biographie que Vaudreuil était l'homme pour qui elle avait le plus d'admiration et de relation, hors sa famille ou d'autres artistes.

Et l'auteur consacre un seul chapitre entier à Vaudreuil...

Vigée et la duchesse s'entendaient bien ?

pimprenelle a écrit:

Vigée et la duchesse s'entendaient bien ?

Comme elle faisait tout pour créer un climat amical pendant ses séances de pose et qu'elle a peint plusieurs portraits de madame de Polignac, cela atteste d'une certaine cordialité entre les deux.
Et madame Vigée-Lebrun appartenait pleinement à la fameuse coterie Polignac : une de ses meilleures amies s'appelait madame de Sabran , un de ses meilleurs amis étaient incontestablement Vaudreuil et elle sera nettement accusée d'être la maîtresse de Calonne.

De plus, dans ses Souvenirs, elle décrit madame de Polignac et sa fille comme les plus belles dames de la cour.

Elles vivaient donc dans le même entourage et aucune jalousie ne transparaît.


Un détail aussi qui m'a surpris : si madame Vigée-Lebrun voyait dans l'aristocratie ses mécènes car détenant l'argent, elle n'a aucune idée de différence de classe, pour elle mentalité complètement démodée. L'un d'eux qui aurait évoqué la supériorité de sa naissance lui serait paru complètement incongru.
Elle se sentait donc presque sur un pied d'égalité avec ses fréquentations nobiliaires. Presque, car il ne faut pas exagérer non plus...

Un détail frappant !

Est-ce un hasard si Vaudreuil détenait ces deux portraits qu'un public non averti pourrait confondre (pas plus tard que la semaine dernière justement par ma mère) :



Je veux bien que madame Vigée-Lebrun ait réitéré les compositions réussies mais là...

Oui, la ressemblance entre ces deux tableaux m'a toujours frappée aussi. Ce n'est pas un hasard, et c'est peut-être plus qu'une convenance picturale.

Mais, comme pour la relation avec Vaudreuil, et celle avec les souverains mêmes, quelle frustration pour nous de n'entendre jamais le point de vue de Madame de Polignac !

Si Yolande avait pu prendre l'exemple de sa belle-soeur Diane, on aurait eu bien des éclaircissements en effet !
En plus , on lui sait , sinon le goût, du moins le talent de l'écriture... Quelle frustration !

Bien à vous.

olivia a écrit:

Vaudreuil détenait ces deux portraits qu'un public non averti pourrait confondre

Vaudreuil était un des plus grands collectionneurs et mécènes de son temps.
Il est nommé Gouverneur du Louvre à la Restauration.
De nombreux tableaux conservés dans le musée aujourd’hui proviennent de ses collections.

Vaudreuil n`a t-il pas laissé des mémoires ?
Fleurdelys

fleurdelys a écrit:

Vaudreuil n`a t-il pas laissé des mémoires ?
Fleurdelys

Des mémoires, je ne sais pas, mais une abondante correspondance avec le comte d'Artois.

pimprenelle a écrit:

quelle frustration pour nous de n'entendre jamais le point de vue de Madame de Polignac !

C'est un silence que l'on regrettera éternellement !

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Vaudreuil détenait ces deux portraits qu'un public non averti pourrait confondre

Vaudreuil était un des plus grands collectionneurs et mécènes de son temps.
Il est nommé Gouverneur du Louvre à la Restauration.
De nombreux tableaux conservés dans le musée aujourd’hui proviennent de ses collections.

Oui l'auteur insiste bien sur cet aspect de Vaudreuil. A tel point que je me suis même demandé ce qu'il pouvait bien trouver à cette "cruche" de comte d'Artois, son meilleur ami.  Amitié écornée durant l'émigration, Vaudreuil cherchant à calmer le prince dont l'attitude mettait en danger sa famille restée en France...
Enfin pour en revenir à ses relations avec Elisabeth Vigée-Lebrun, il est incontestable que leur goût commun de l'art les aient rapprochés.

olivia a écrit:

Enfin pour en revenir à ses relations avec Elisabeth Vigée-Lebrun, il est incontestable que leur goût commun de l'art les aient rapprochés.

Et plus, si affinités...comme on dit !

En effet Vaudreuil ( comme Calonne aussi ) a été prêté pour amant à Mme Vigée-Lebrun.  Elle était le peintre de prédilection de Marie-Antoinette, était-ce la raison pour que les langues se soient déchaînées contre elle aussi ?
Elle le suppose quand elle écrit :
....  des libelles affreux pleuvaient sur mes amis, sur mes connaissances, sur moi-même, hélas ! et quoique , grâce au Ciel, je n'eusse jamais fait de mal à personne, je pensais un peu comme celui qui disait :  " On m'accuse d'avoir pris les tours de Notre Dame, elles sont encore en place; mais je m'en vais, car il est clair que l'on m'en veut . "

La rumeur avait déjà attribué Vaudreuil à Marie-Antoinette, alors pourquoi pas à Mme Lebrun qui était une amie de la coterie Polignac ?  Elisabeth n'est pas épargnée par le scandale, par exemple, quand elle donne chez elle une soirée costumée à l'antique pour Vaudreuil et Boutin,  quelques autres joyeux convives ...  Ce devait pourtant être un dîner fort
convenable puisque la petite Julie, sa fille, y est présente, vêtue en esclave .

Pour son biographe, Inès de Kertanguy,  Mme Lebrun a un très gros faible pour Vaudreuil et a peut-être été sa maîtresse, mais sans certitude .
Je n'arrive pas à mettre la main sur le Chère Mme Vigée-Lebrun de Jean Chalon que j'ai aussi quelque part .
Quant aux Mémoires de Mme Lebrun, ils se taisent sur la vie amoureuse de leur auteur .
Elle ne s'y est peinte qu'en pied ...    

olivia a écrit:

Elle tient le domaine de Gennevilliers comme la maîtresse de maison.

Quelle est la source de l'auteur ?  Je n'ai jamais lu cela nulle part .
Au contraire Mme Lebrun, quoique menant sa vie de son côté , habitait toujours l'hôtel du couple, à Paris, rue de Cléry .
Elle y tenait un salon très couru et brillant.  Elle avait ses quartiers, M. Lebrun les siens .

olivia a écrit:

A relire ces passages, comme me le rappelle le Comte, rien n'atteste d'une véritable liaison entre les deux. Mais je trouve que les indices sont assez nombreux. Après, tout est question d'interprétation.

...... une fois de plus !    mais j'avoue pencher pour la probabilité !  

olivia a écrit:

Difficile aussi d'expliquer que madame Vigée-Lebrun et madame de Polignac  semblent s'être beaucoup appréciées. Et aient fermé les yeux sur les autres maîtresses, comme une comtesse de Caumont.

Oui, elles avaient des relations tout à fait amicales, et qui durent encore pendant l'émigration .  Mme Lebrun craignait du reste que cela ne la compromette.
Elles se retrouvent à Rome, d'abord, puis ensuite à Vienne où elles habitent le même faubourg .
Au fait, qui est cette comtesse de Caumont ?

olivia a écrit:

Je souhaite surtout à cette femme remarquable qu'était la peintre d'avoir connu un jour l'amour. Il apparaît à la lecture de cette biographie que Vaudreuil était l'homme pour qui elle avait le plus d'admiration et de relation,
hors sa famille ou d'autres artistes.
Et l'auteur consacre un seul chapitre entier à Vaudreuil...

Elisabeth a tressé les louanges de Vaudreuil. Elle le tenait pour l'homme le plus séduisant de la Cour .  S'est-il laissé tenter par cette jolie femme offerte ? C'est bien possible .  La chair est faible .

Tu dis que Vaudreuil lui écrivait de Gibraltar ( où il était parti dans le sillage du comte d'Artois ) , mais il écrivait aussi à lady Elisabeth Foster ( une ex de Fersinou ) ....   Comme tous ses contemporains, il écrivait énormément .
Dans sa correspondance avec Artois, en émigration, Vaudreuil évoque Mme Lebrun à plusieurs reprises, chic voici Mme Lebrun !  zut, Mme Lebrun s'en va ! mais sans s'appesantir davantage, alors qu'il est capable de parler des pages entières de Mme de Polignac .  
De toute évidence, Elisabeth est une amie très chère, mais évidemment rien à voir avec la passion qui le consume pour Yolande .

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Quant aux Mémoires de Mme Lebrun, ils se taisent sur la vie amoureuse de leur auteur .

Oui. Elle est très discrète sur ces sujets...

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Vaudreuil détenait ces deux portraits qu'un public non averti pourrait confondre

Vaudreuil était un des plus grands collectionneurs et mécènes de son temps.
Il est nommé Gouverneur du Louvre à la Restauration.
De nombreux tableaux conservés dans le musée aujourd’hui proviennent de ses collections.

Oui l'auteur insiste bien sur cet aspect de Vaudreuil. A tel point que je me suis même demandée ce qu'il pouvait bien trouver à cette "cruche" de comte d'Artois, son meilleur ami.

Purée, tu es dure !  
Pauvre Artois, ce n'était pas une flèche, certes, il fera un de nos rois les plus réactionnaires, mais il était charmant, drôle, sincère ( qualité rare de tous temps ! ), en un mot très attachant.

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Amitié écornée durant l'émigration, Vaudreuil cherchant à calmer le prince dont l'attitude mettait en danger sa famille restée en France...

Ben non justement, pas écornée du tout !    Et c'est d'autant plus remarquable que Vaudreuil ne prend pas beaucoup de gants pour lui remonter les bretelles . Il le tance, le sermonne, le houspille . Il anticipe le danger, l'écueil de l'ambition qui pourrait chatouiller Artois, en lui promettant la rupture de leur amitié si son prince oubliait ses devoirs envers Louis XVI .
Bref oui, Artois pourrait reprocher à Vaudreuil une outrecuidance déplacée .
Je t'en fiche ! Pas du tout .  A chaque fois, au contraire, le prince fait amende honorable et rentre in petto dans le droit chemin, sans moufter .

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Enfin pour en revenir à ses relations avec Elisabeth Vigée-Lebrun, il est incontestable que leur goût commun de l'art les aient rapprochés.

Oui, c'est certain .

olivia a écrit:

pimprenelle a écrit:

quelle frustration pour nous de n'entendre jamais le point de vue de Madame de Polignac !

C'est un silence que l'on regrettera éternellement !

.... ô combien !

Citation :

Citation :

Vaudreuil détenait ces deux portraits qu'un public non averti pourrait confondre

Vaudreuil était un des plus grands collectionneurs et mécènes de son temps.
Il est nommé Gouverneur du Louvre à la Restauration.
De nombreux tableaux conservés dans le musée aujourd’hui proviennent de ses collections.

David voulu faire main basse sur la collection de tableaux de Vaudreuil . Paroy le déjoua en inscrivant au dos de chaque oeuvre " peint par Paroy " .  
Je n'arrive plus à retrouver ce passage, dont je me souviens fort bien, pour le recopier ici ...

pimprenelle a écrit:

Tout cela confirme ce que j'ai dit : nous avons tout, sauf un écrit de la main de Madame de Polignac elle-même.  

Vaudreuil dit et répète à quel point il tient elle. Il peut se servir à l'occasion de ce sentiment pour obtenir de son prince une permission. La cour les prétend amants. Mais Madame de Polignac, elle, se taît sur le sujet.

Bien sûr !  Elle ne va tout de même pas se vanter de cette liaison .  Et sa réputation, donc ? Ils ont tous, toujours, un grand souci des convenances .
Ainsi, Vaudreuil exhorte-t-il Artois à ne pas s'afficher ouvertement avec Mme de Polastron .  A Coblence, ces scrupules ne seront plus de mise .... Il n'y aura plus aucune apparence à sauver !

De même, des années plus tard, Mme de la Tour Landhorte ( soeur de Yolande ) jurera-t-elle ses grands dieux à ses neveux que leur mère et Vaudreuil n'étaient qu'amis  .

olivia a écrit:

Oui l'auteur insiste bien sur cet aspect de Vaudreuil. A tel point que je me suis même demandée ce qu'il pouvait bien trouver à cette "cruche" de comte d'Artois, son meilleur ami.

Dans ce cas entendez "cruche" dans le sens de "tout-fou"!

Je le préfère au Roi qu'il est devenu, contrit et confit en dévotion.

Le jeune comte d'Artois pétille d'une malice qui n'a d'égale que son trop grand coeur!
Il est crédule, c'est vrai, mais d'un enthousiasme communicatif; toujours prêt à inventer de nouvelles extravagances et à commettre des frasques!
Il en fait toujours un peu trop, comme d'ailleurs tous les cadets de famille qui cherchent à attirer l'attention des leurs. Et en l'occurrence, ce n'est pas n'importe quelle famille!

pimprenelle a écrit:

La petite duchesse, comme tu le dis, aimait beaucoup d'autres gens, à commencer par ses enfants. La reine, le roi, les enfants royaux, Madame d'Andlau... A propos, comment exliquer le silence de Marie Antoinette à la mort de cette femme, qui était pourtant comme une mère pour son amie ?  

Je ne l'explique pas du tout, sauf par l'arrêt total des lettres de Marie-Antoinette, déjà avant le décès de Mme d'Andlau. Yolande ne reçoit plus de lettres que du roi .
Il lui présente d'ailleurs ses condoléances, ainsi que Vaudreuil l'écrit à Artois :

Le Roi vient d'écrire une lettre charmante à Mme de Polignac sur la mort de Mme d'Andlau . Pas un mot de la Reine !  
Je n'y conçois rien .

diphildor a écrit:

Je le préfère au Roi qu'il est devenu, contrit et confit en dévotion.

Oh la la, moi aussi !  Et comment !!!