Belvédère de Vienne

C'est en 1754 que le prince Eugène de Savoie, qui vient d'imposer la paix de Rastatt à Louis XIV,  décidant qu'il a bien mérité de se reposer enfin sur ses lauriers, projette la construction sur une pente douce proche de la porte de Carinthie de deux palais reliés par un jardin ponctué de massifs, bassins, statues ..... un délice où je vous convie maintenant, puisque nous y sommes ( encore !!! ) chez Marie-Thérèse !

En effet, lorsque Eugène de Savoie meurt à Vienne, en 1736, sans hoirs, ses biens sont mis en vente .
Marie-Thérèse achète le Belvédère en 1742 .

Elle y entreprend des travaux d'embellissement .  Certains éléments de décoration destinés au Belvédère seront installés à Schönbrunn .
Au rez de chaussée du Belvédère supérieur, on peut admirer deux magnifiques statues grandeur nature de Marie-Thérèse et Franz Stefan semble t-il encore tout jeunes . L'Impératrice n'est pas encore gagnée par l'embonpoint de la maturité . (    )
C'est ici, cher M. de Calonne, que vous verrez le Baiser de Klimt que vous aimez tant .......







Un élève de Lenôtre, le parisien Dominique Girard, a dessiné pour le prince Eugène, le jardin à la française:

Devant le Belvédère supérieur des alignements de minuscules pieds de buis dessinent de grandes arabesques remplies de petits cailloux de couleur,
comme voici :





L'effet est un peu singulier quand on a le nez dessus, mais il est plutôt heureux quand on le regarde des plus hautes fenêtres du château . La photo est penchée parce qu'elle est prise à la sauvette ...

Voici:

De là nous embrassons tout le jardin qui descend doucement vers le Belvédère inférieur que vous voyez au bout de l'allée principale .

Ce qui n'a pas laissé de nous inquiéter, c'est la mauvaise mine des petits pieds de buis ..... Ils sont maigrelets, clairsemés, pas farauds pour deux sous ....
Il y a vraiment quelquechose qui les contrarie, peut-être une taille assassine .....

Le Belvédère est dans mes projets de promenade.
J'ai toujours cru que le Belvédère était situé sur une butte (pour l'instant c'est logique), au bout du parc de Shoenbrun. Or vos photos m'indiquent que je me suis toujours trompée!
D'où puis-je sortir une telle idée ?
Je sais bien qu'il a été construit par le prince Eugène fin XVIIème-début XVIIIème siècles et que Shoenbrun date de Marie-Thérèse. A moins qu'il existe un état pré-marie-thérésien ?

Schönbrunn et Belvédère sont au sud de Vienne, mais le Belvédère est plus à l'Est .
Vous aurez facilement le temps de faire les deux .
Laxenburg, au contraire, est à 20 minutes de bus, en dehors de la ville, à raison d'un bus toutes les demi-heures, je crois, et la visite est plus longue car le park est très vaste.
Il faut réserver une journée à Laxenburg . Cela va vous fera un peu juste ......
La petite visite d'amitié à Cléry n'est pas non plus très très simple à exécuter: il faut aller d'abord à Hietzing, puis prendre un bus en face de l'église . Il faut être très motivé, ou avoir beaucoup de temps ...... Nous l'avions avec dix jours sur place !
Quant à la Hofburg qui est, avec Saint Etienne, le coeur de Vienne, elle m'a très heureusement surprise .
Je m'attendais à un édifice carré, sombre ....
Je la trouve bien belle !

Merci pour vos renseignements!

J'organise mon petit plan grâce à vous et aux conseils de notre Marie-Antoinette qui connaît parfaitement les lieux.

Les parterres de broderies des parcs impériaux russes ont la même technique de cailloux colorés , datant du XVIIIème siècle : le climat rude de ces pays les avaient obligés à être inventifs , et leur goût de la couleur et du roccoco a fait le reste  

Citation :

J'ai toujours cru que le Belvédère était situé sur une butte (pour l'instant c'est logique), au bout du parc de Shoenbrun. Or vos photos m'indiquent que je me suis toujours trompée!
D'où puis-je sortir une telle idée ?  

Vous confondez avec la gloriette, sans doute.

J'aime beaucoup ce Belvédère

D'ailleurs à ce propos , le numéro de mai du magazine l'Estampille-l'Objet d'art consacre un article au prince Eugène de Savoie , fondateur de ce palais au début du XVIIIème siècle

Madame Sophie a écrit:

J'aime beaucoup ce Belvédère

D'ailleurs à ce propos , le numéro de mai du magazine l'Estampille-l'Objet d'art consacre un article au prince Eugène de Savoie , fondateur de ce palais au début du XVIIIème siècle

Eh bien, ce qui est cocasse, c'est qu'Eugène de Savoie, gentilhomme français, avait commencé par déposer son épée, sa vaillance et son intelligence aux pieds de Louis XIV qui l'a dédaigné .....
Il a donc rengainé sa déception et offert ses services à l'Empereur ..................

Oui car Louis XIV se méfiait de ce prince étranger ( la Lorraine était encore indépendante à l'époque ) mais il s'en mordra les doigts et le reconnut sincèrement , ce qui est très rare de la part du Grand Roi

Le roi-soleil déclarera notamment à propos du prince Eugène : " Ce prince est un modèle que les gouvernants et les hommes d'État ne peuvent égaler ...Je ne pleurerai jamais assez sa perte pour la France . "

Étonnant non ?

En effet

C'est surtout qu'il est le fils de la sulfureuse Olympe de Soissons, née Mancini que Louis XIV a laissé fuir lors de l'Affaire des Poisons dans laquelle elle a été compromise (bien plus que madame de Montespan). Elle a été sa maîtresse dans son adolescence et pour ces doux souvenirs, il n'a pas souhaité la faire juger comme n'importe qui (en plus d'être devenue princesse du sang par son mariage).
Mais il en était largement dégoûté. Elle a lutté durement contre sa sœur Marie, puis elle a été celle qui a eu la gentillesse d'annoncer à la reine (elle était sa surintendante) que le roi prenait du bon temps avec Louise de La Vallière. Et en plus Marie-Thérèse était enceinte!

C'est donc sûrement pour ça qu'il a eu dû mal à accepter Eugène. Les souvenirs de la mère étaient bien trop cruels.

Par contre je ne sais plus trop comment les Soissons, branche cadette des Bourbons sont devenus alliés de la famille savoyarde.

Voici un livre pour en savoir plus sur le prince Eugène de Savoie :

Le prince Eugène (1663-1736) : Le philosophe guerrier de Henri Pigaillem
Edition du Rocher, 2005, 298 p : 20 euros

"Une véritable somme. Tel est l'ouvrage d'Henri Pigaillem consacré au prince Eugène (1663-1736), somme d'informations, somme d'érudition. Une érudition que l'auteur sait rendre accessible à tous, dans un livre à l'écriture nerveuse qui ne connaît pas de temps mort. Aussi aucun aspect de la vie d'Eugène de Savoie-Carignan n'est-il laissé dans l'ombre, de ses jeunes années d'enfant chétif dans le Paris du début du siècle de Louis XIV à son rôle
de mécène dans la Vienne de Léopold Ier. Complément qui, d'évidence, s'imposait pour le constructeur du célèbre palais du Belvédère, collectionneur avisé de tout ce que l'art de son temps pouvait offrir de plus beau. Car le prince Eugène fut bien plus qu'un des plus glorieux hommes de guerre de l'Histoire, bien plus que le vainqueur de Blenheim, cette bataille où les Impériaux alliés aux Britanniques infligèrent à la France une de ses plus
grandes défaites de la guerre de succession d'Espagne. Une biographie d'autant plus bienvenue que, depuis un demi-siècle, aucun ouvrage de cette envergure n'avait été écrit en français et par un Français sur ce personnage capital du siècle de Louis XIV."

Résumé d'Amazone

Oui et ce sont ces mêmes Soissons-Mancini qui s'empresseront de dilapider la fabuleuse fortune accumulée par le prince Eugène à sa mort , notamment ses inestimables collections de peintures ( en partie à Turin aujourd'hui ) et de livres ( qui constituent une partie de la bibliothèque Albertina à Vienne ) et aussi de vendre ses châteaux , que la Couronne impériale rachètera heureusement .

Une petite photo de l'intérieur de ce bâtiment qui j'espère vous plaira :