Combien de cellules à la conciergerie ?

Je suis d'accord avec vous Pimprenelle!

Malgré les explications claires données plus haut, je garde une certaine réserve sur la véracité des faits du fait de bon nombre de contradictions sur cet épineux sujet...

pimprenelle a écrit:

Première remarque : la plupart des auteurs situent l'ancienne pharmacie, où l'on devait loger la reine après l'affaire de l'oeillet, au premier étage. Sa localisation n'est donc apparemment pas si claire.

Deuxième remarque : selon la plupart des historiens et spécialistes du sujet, cette pharmacie aurait été la seconde cellule, et pas la première. Encore un point obscur...

Tes deux remarques ne soulèvent qu'un seul problème : c'est l'heure de ma sieste...
Or, fatigué que je suis, je me suis effectivement trompé (la première étant devenue un bureau, voilà le pourquoi de ma confusion...) : c'est donc bien la seconde cellule qui avait été la pharmacie...Au temps pour moi

Bien à vous.

Oui j'ai du mal aussi avec la topograhie de la Conciergerie

D'autant plus que ce qu'on peut visiter à l'heure actuelle ne correspond pas exactement à la situation de l'époque...je pense que ça n'est clair pour pas grand monde en fait...

En effet, il s'agit d'une histoire bien compliquée !

Voici ce que l'on trouve sur la page accompagnant le plan de la Conciergerie à la fin du livre de Paul Belaiche-Danimos Les Soixante-Seize Jours de Marie-Antoinette à la Conciergerie :

PREMIER CACHOT DE LA REINE OU CHAMBRE DU CONSEIL
Du 2 août au 13 septembre 1793.
Dont les fenêtres donnent dans la cour des femmes.

DEUXIEME CACHOT DE LA REINE
Du 13 septembre au 16 octobre 1793
Dont la fenêtre donne sur la cour des femmes.

Je ne peux malheureusement pas vous communiquer le plan, mon scanner est en panne !
Cependant je sais que la cellule reconstituée à la Conciergerie n'est pas véridique mais l'objet de modifications architecturales. De la même façon la seconde cellule qu'occupa la Reine est située à l'emplacement de la Chapelle que fit édifier Louis XVIII et que l'on peut visiter, par ailleurs je crois que tout ça est précisé sur les panneaux guidant la visite mais j'avoue que ma mémoire me fait défaut !

Votre amie,
Madame de Polignac

Citation :

Tes deux remarques ne soulèvent qu'un seul problème : c'est l'heure de ma sieste...

Bonne sieste, alors !

Parce qu'une question reste... pourquoi la plupart des auteurs rapportent-ils que cette ancienne infirmerie était au premier étage ?

Je pense, comme Chou, que la topographie de la conciergerie est tout sauf claire, dans son état actuel. De plus, en lisant sur le sujet, on se rend compte que les difficultés se sont posées dès le XVIIIe siècle. Même les premiers qui ont recherché des informations sur la détention de la reine ont eu des problèmes.

J'ai idée qu'il n'y a pas que la (seconde) cellule de Marie-Antoinette qui a été remaniée...et que donc telle qu'elle est agencée aujourd'huy, il nous est difficile de nous y retrouver par rapport aux description plus ou moins contemporaines de la révolution ...

Bien à vous.

En effet Madame de Polignac, c'est aussi cette base là qui revient le plus souvent et c'est celle que j'imagine, mais...j'ai l'impression que les sources exactes et les plans d'époques font défaut, car les versions sont parfois contradictoires comme l'a dit Pim :s:

Toujours dans le livre que je cite ci-dessus,
L'infirmerie serait située au rez de chaussée, près de la cour des femmes, attenante à la Chapelle des Girondins (qui est celle qui a été transformée je crois en chapelle commémorative) ainsi qu'à un escalier qui permettait d'accéder au Tribunal Révolutionnaire. Voilà qui expliquerait la présence de l'infirmerie dans certains textes.

Votre amie,
Madame de Polignac

Mais pas le fait que beaucoup la situent au premier étage, et qu'on avance l'explication qu'on aurait voulu placer Marie Antoinette à l'étage pour plus de sûreté...

pimprenelle a écrit:

qu'on avance l'explication qu'on aurait voulu placer Marie Antoinette à l'étage pour plus de sûreté...

ça L'aurait aussi protégée de l'humidité insalubre de Sa cellule dont Elle n'a jamais été mise à l'abri ...

Bien à vous.

Tu crois ? Oui... peut-être... à moins que l'humidité ne monte jusque là...

J'ai lu qu'au temple déjà, l'humidité rongeait les vêtements, qui périssaient très vite.

Auriez vous des exemples d'historiens qui disent que l'infirmerie se situait au 1er étage ?
Cela pourrait être très intéressant et pourrait nous éclairer dans cette recherche !

Voici un plan de la conciergerie datant de 1789 qui pourra peut être nous aider, j'ai repéré par les cercles rouges les emplacements successifs des cellules de la Reine :



Votre amie,
Madame de Polignac

Je vais chercher dans mes documents, duchesse. Ca risque de prendre du temps !

Commençons par les descriptions que j'ai sous la main : celle du très beau catalogue publié par le Musée Carnavalet, La famille royale à Paris, pp 73 sqq, chapitre La conciergerie, par François Macé de Lépinay.

Il semble qu'aucune cellule n'ait été prête pour la recevoir. Les Goncourt affirment qu'elle avait tout d'abord été retenue quelques heures dans la chambre du concierge Richard (en fait le directeur de la prison) et d'autres auteurs ont même affirmé que cette situation provisoire aurait duré plusieurs jours. Bientôt cependant - et cette fois la plupart des témoignages concordent - Marie-Antoinette se voit enfermée dans l'«ancienne chambre du conseil des guichetiers» qui aurait été occupée avant elle par le général Custine (arrêté le 22 juillet et guillotiné le 28 août 1793).
C'est Montjoye, qui dès 1794, nous en donne la description la plus précise et sans doute la plus fiable (car, à l'en croire, il visitait souvent la Conciergerie). Il indique tout d'abord que cette cellule se trouve à gauche du corridor central de la prison (en venant de l'entrée) et avant d'arriver à la chapelle, actuellement dite «des Girondins» ; puis il poursuit: «Ce réduit était coupé en deux parties égales par une cloison en planches qui laissait dans son milieu un intervalle que Richard (le concierge) ferma par un méchant paravent; vis à vis de l'entrée était une croisée garnie de barreaux de fer, qui donnait sur la cour qu'on appelle des femmes, parce que c'est elle qu'habitent les prisonnières. Dans cette partie, à gauche, on plaça deux gendarmes [...] qui, la nuit dressaient un lit de camp [.. .] la reine occupait la partie à droite; on avait placé son lit à une extrémité vis à vis de la croisée qui donnait également sur la cour des femmes. A côté de cette croisée était une chaise où la reine se tenait pendant la journée. Le pavé de ce réduit était en brique posées de champ. Un cadre de bois régnait sur toute la longueur et la largeur du mur. On avait toutefois cloué à ce cadre une toile sur laquelle était collé un papier peint à fleurs de lys. Depuis, ce papier avait été arraché, et, en l'arrachant, la toile s'était déchirée...»
Cette description relativement précise est complétée par un plan gravé avec une échelle en toise. L'ensemble permet de confirmer que l'emplacement considéré comme celui de l'ancienne cellule de Marie-Antoinette, bien que radicalement transformé sous la Restauration, à toute chance d'être exact.
Lafont d' Aussonne décrit le pauvre mobilier de la pièce: «Dans la portion de droite réservée à la reine était un lit de sangle et le traversin, une cuvette de propreté, un siège amovible, une petite table commune à tiroir, un tabouret d'étoffe ordinaire et deux petites chaises de la prison.» C'est donc dans cette cellule, encore étrangement ornée de lambeaux de papier fleurdelisé, que Marie-Antoinette s'installe.

Après l'affaire de l'oeillet, l'auteur se contente d'un laconique : C'est à la même époque que l'on envisagea sérieusement de transférer Marie Antoinette dans une cellule plus sûre. Mais il ne précise pas si ce fut fait... ni où...

Code:

Je vais chercher dans mes documents, duchesse. Ca risque de prendre du temps !

Ne vous inquiétez pas, nous avons tout notre temps ! ^^

Je crois comprendre que votre texte traite de la première cellule qui fut occupée par la Reine (celle qui est en bas sur le plan).

Votre amie,
Madame de Polignac

Voici à présent la version du Marquis de Ségur dans son Marie Antoinette, éditions Calman Lévy, 1920, pp. 392 sqq :

On écroua la Reine dans le cachot qu'on avait préparé. Il était occupé par le général de Custine, qu'on délogea pour Marie-Antoinette. C'était une pièce de rez-de-chaussée, basse de plafond, humide, froide, pauvrement meublée, située à l'extrémité d'un couloir. On l'appelait la "Salle du Conseil"; c'est celle qui sert aujourd'hui de cantine à la prison de la Conciergerie.

Enfin, le 11 septembre, on la fit sortir de sa chambre et on la transporta dans un autre local, qui fut jugé plus sûr.

On montre de nos jours ce second cachot de la Reine, et il est peu de Parisiens, qui n'aient fait ce pieux pèlerinage. Mais si, selon toute apparence, la pièce que l'on visite ainsi est véritablement située sur l'emplacement ancien, l'aspect des lieux est différent. Ce sont bien les mêmes murs, l'aménagement est autre. La chambre où fut placée la Reine servait jadis de pharmacie. Assez vaste, carrée, elle avait deux croisées, l'une donnant sur la cour des femmes et l'autre sur l'infirmerie. On grilla la première de fils de fer serrés et résistants; l'autre, qui fut alors murée, a été remplacée depuis par la porte massive et garnie d'énormes serrures qui clôt maintenant la pièce. C'est dans cette partie du cachot que se tenaient les deux gendarmes, derrière un simple paravent, qui leur permettait de tout voir. Dans ce misérable réduit, la Reine passa trente-cinq journées, les dernières de sa vie.

Citation :

Je crois comprendre que votre texte traite de la première cellule qui fut occupée par la Reine (celle qui est en bas sur le plan).

Oui. Macé est l'auteur qui, dans l'ouvrage "Marie Antoinette du temple à la conciergerie", remet en doute l'existence d'un deuxième cachot. De là son laconisme sur le sujet dans cet article-ci, sans doute !

Autre ouvrage sérieux, celui de Pierre Sipriot, Les soixante derniers jours de Marie Antoinette, Plon, 1993, pp 26-27 pour la première cellule :

A droite de l'infirmerie, Marie Antoinette franchit quatre guichets. A gauche, il y a la chapelle, puis sa cellule. Une cloison en planches, ouverte au milieu, délimite une petite chambre basse d'environ cinq mètres de long et de large.
D'un côté, il y a la pièce des gendarmes armés de sabres et de fusils qui veillent jour et nuit. De l'autre, il y a la chambre de Marie-Antoinette avec, au ras du sol, une lueur, une ouverture donnant sur la cour. Le sol de ce réduit est en briques «posées de chant». La Reine se plaindra de patauger dans cette poussière rouge qui souille ses chaussures.

Et pp 62-63 pour la seconde :

Le 11 septembre, les municipaux installent Marie-Antoinette dans un autre cachot, toujours à deux pas de la cour. C'est l'ancien local du pharmacien à qui on a vite fait comprendre qu'il devait vider les lieux. Les architectes, les maçons, les menuisiers, les serruriers ont découpé, scié, raboté, forgé, agencé le tout afin d'aménager la chambre la plus sourde, la plus sûre, la plus confinée qui soit. Une seule croisée donne sur la cour. Elle a été bouchée jusqu'au cinquième barreau avec de la tôle. Tout le reste est aussi impénétrable. A droite, c'est un grillage à mailles très serrées. Au milieu, l'ouverture qui donne sur l'infirmerie a été condamnée par des contre-vents. La croisée qui devrait ouvrir sur le corridor est murée. Pour entrer, il faut passer deux portes. L'une est en bois épais, elle a deux verrous; l'autre est fermée avec un verrou de sûreté. A l'extérieur, sous la fenêtre de la cour, on a posté deux gardes à qui l'entrée est interdite. Seul le concierge, qui a la charge de nourrir la prisonnière, peut pénétrer dans la cellule deux fois par jour sous l'escorte de deux gendarmes.

Chalon, lui, choisit de suivre pour le premier cachot les informations données par le journal de Fersen :

Sa chambre était la troisième porte en entrant à droite, vis-à-vis de celle de Custine; elle était au rez-de-chaussée, la fenêtre donnait sur la cour, [...]. La chambre était petite, humide et fétide, [...]. Le lit de la reine était, comme celui des autres, de bois; une paillasse, un matelas et une couverture de laine sale et trouée, qui servait depuis longtemps aux prisonniers; les draps étaient de toile grosse et grise comme ceux des autres.

Voici ce qui concerne le second cachot :

Ce 11 septembre, les administrateurs de police reviennent à la Conciergerie «à l'effet d'y choisir un local pour la détention de la veuve Capet, autre que celui où elle est maintenant détenue». La cellule - d'où la reine aurait pu s'évader - ne leur paraît plus sûre. La «pauvre femme» sera enfermée dans une pièce qui sert de pharmacie et que l'on transforme en cachot en bouchant les croisées avec des tôles et des planches, en augmentant le nombre de verrous, en supprimant la gargouille qui sert à l'écoulement des eaux. On ne dit pas si l'on a bouché les trous à rats par lesquels l'Autrichienne pourrait s'échapper. Elle s'y étiole.

Citation :

Vos textes sont tous plus interessants les uns que les autres !
Merci de nous les faire partager !

Mais de rien, duchesse ! J'essaie simplement que les choses soient plus claires... et j'avoue qu'elles ne le sont toujours pas pour moi !

Merci Pim!

Oui ça me confirme aussi que la disposition des cellules de la Reine n'est pas claire

Ah, mais je suis loin d'avoir fini ! Et je n'ai pas encore répondu à la question de la duchesse !

Voici le plan de la seconde chambre de Marie-Antoinette à la Conciergerie :

et des vestiges des derniers atours de Marie-Antoinette :


Bien à vous.

Merci ! Ce plan est bien clair !

Tiens, j'ai complétement oublié de chercher d'autres descriptions...  

Et bien ton livre est vraiment une mine d'or 

Il manque plus qu'un plan complet de la Conciergerie!  

Madame de Polignac a écrit:

Auriez vous des exemples d'historiens qui disent que l'infirmerie se situait au 1er étage ?
Cela pourrait être très intéressant et pourrait nous éclairer dans cette recherche !

Voici un plan de la conciergerie datant de 1789 qui pourra peut être nous aider, j'ai repéré par les cercles rouges les emplacements successifs des cellules de la Reine :



Votre amie,
Madame de Polignac

Attention, le plan que vous proposez est celui du premier étage du Palais.