Voici un cliché de Pierre de Fontanieu de CDV daté du 07/11/2011 qui permet de se rendre compte du dispositif de mise à distance du public.
On voit le pédiluve bleu de Sèvres déposé par le Louvre.
Je respecte tous les avis mais je rends grâce aux conservateurs qui se donnent un mal de tous les diables pour retrouver, identifier des meubles, et aux architectes qui ne sont pas en reste pour rétablir les états anciens disparus Ils doivent éprouver un sacré malaise à mêler leur travaux scientifiques à des productions d'étalagiste distinguée.
Que l'on me permette d'élargir le sujet au devenir de Versailles. Qu'on me pardonne ce billet d'humeur
Bien sûr que Versailles est à tout le monde. mais est-il louable de niveler vers le bas les présentations de Versailles en les rendant attractives pour les jours de fermeture de Disneyland?
Je pense que la pédagogie et la proposition d'une belle leçon d'Histoire est le devoir et la mission de l'État quand il présente Versailles au public du monde entier que l'Unesco convient en classant le site au patrimoine mondial de l'humanité.
Je ne parle pas d'intellectualisme. Il y a des expositions qui régulièrement répondent aux demandes d'un public plus averti et/ou cultivé, comme Sciences et curiosités, ou les Tables royales en Europe ou le Mobilier d'argent, dont on ne profite vraiment sans avoir un bon niveau de connaissance.
Mais les efforts considérables et pas si récents que cela, qui s'amplifient ces dernières années,
pour mettre un lit dans le salon de Mercure,
ou un fauteuil de trône dans le salon d'Apollon même si une solution durable est toujours en devenir),
ou dresser la table du Grand Couvert, pour le couple royal et sa famille, montrant qu'il ne pouvait accepter de convives en public,
la salle de bains de
ne sont-ils pas des présentations parlantes, mais encore scientifiques?
L'autre message de Versailles est la chasse qui fut sa raison d'être. Rien ne l'évoque, sauf peut-être la restitution des têtes de cerf dans la cour éponyme.
Un message fondamental est le rôle un peu gaullien que Louis XIV voulut donner au château on mettant presque partout en balance dans les Grands appartements l'antiquité et l'Italie avec la France qu'il gouvernait.
Peintures, bustes et statues antiques d'origine italienne sont mise en concurrence, avec des œuvres produites par des français.
Dans le salon de Mars, la Tente de Darius, un peu réduite pour être placée là, est mise en concurrence avec les Pèlerins d'Emmaüs de Véronèse (ici évoqué par une copie ancienne)
Le buste du Bernin, commande française au maître italien, est destinée à rivaliser avec les bustes antiques du Grand Appartement éclairée par des vitres de Saint-Gobain et non de Venise, sur des tapis de la Savonnerie et des murs tendus de tapisserie des Gobelins et plus des Flandres.
Cela passerait aujourd'hui pour du nationalisme et du protectionnisme mais, alors il s'agissait de l'indépendance française et de son rayonnement.
Voilà des thèmes qu'il faudrait rendre lisibles aux visiteurs d'aujourd'hui au lieu de brouiller le message par une confrontation du troisième type avec l'art contemporain.
Celui-ci est source de grandes émotions artistiques mais on aimerait qu'ils puissent les produire par lui-même et autrement que par réaction avec les trésors du passé.
C'est pourquoi je juge où l'enseignement de l'Histoire et de nos racines est une chose devenue fragile. Il faudrait conserver un minimum de sérieux et présenter le temps passé de façon authentique, ce qui n'exclut nullement, par exemple l'aspect ludique que procurent les ressources nouvelles de l'interactivité, grâce à l'informatique si riche et que nous n'avions pas autrefois, dans ma jeunesse.
Mais la facilité de transformer un lieu historique en vitrine de Noël, sans la moindre rigueur (jamais de coiffeuse dans les salles de bains, celles-ci demeurant dans les chambres pour les longues séances de coiffures, et la toilette sèche : onguent, esprit de vin, pommade), la salle de bain ne servant qu'à la baignade et au repos quand la place manquait pour un lit de repos ailleurs.
On rétorquera comme d'habitude, que cela ne durera pas! On en est là à Versailles : viser entre Bernar Venet et la fin d'une expo de papier.
On ne peut plus contempler régulièrement les peinture de Cotelle au Grand Trianon, si riches en détails, mais pour une exposition de costumes anciens et de hautes coutures (d'ailleurs intéressante, on a su trouver les gardiens en nombre suffisant.
Je n'ai qu'un vœu, pas bien compliqué à exaucer : voir pendant une année Versailles sans aucune manifestation dans les lieux intérieurs (appartements et galeries historiques) ou extérieurs (jardins seulement) ouverts à la visite.
Pour finir, si le Grand public ne s'intéresse qu'aux secrets d'alcôves et à l'hygiène, n'est-il pas démagogique de leur brosser le poil dans ce sens-là au lieu de pousser les gens à chercher à mieux connaître leur Histoire.