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Sujet: Re: Claude Chauveau-Lagarde Lun 17 Mar - 19:03
Retour au récit:
«Dans ce cas, me dit la Reine, je ne crains plus que Manuel,» Et l'officier de gendarmerie de Busne étant alors remplacé, il parut par la suite que ces mots de la Reine avaient été entendus par les gendarmes qui les rapportèrent au tribunal..
Il est, au reste, bien facile de comprendre le véritable sens de ces paroles.
Assurément la Reine était si pure de tous les reproches absurdes qu'on lui faisait dans son accusation, qu'elle n'aurait eu rien à redouter de la justice, dans la supposition où elle eût pu se trouver appelée devant la justice elle-même; et s'il lui avait été possible de croire que les prétendus témoins produits contre elle au procès eussent été dignes de croyance, elle n'aurait, à cet égard, eu lieu de manifester aucune crainte.
Mais elle n'avait que trop l'affreuse expérience du contraire; et comme elle savait la conduite qu'avait tenue Manuel en sa qualité d'homme public, elle supposait que dans sa bouche la calomnie pourrait avoir plus d'influence sur le tribunal; elle craignait, en conséquence, qu'à l'exemple de beaucoup d'autres témoins qui avaient déposé dans la séance précédente, il ne vînt aussi à la calomnier comme eux; et c'est là l'espèce d'inquiétude que la Reine avait manifestée.
Ce qui est encore également certain, c'est que cette question et cette réponse annoncent que la Reine, tranquille avec elle-même, se livrait à l'espérance; et que néanmoins il lui fallait bien du sang froid pour s'occuper ainsi de l'appréciation des hommes et des choses; et par conséquent UN GRAND COURAGE JUSQUE DANS LA MANIFESTATION MEME DE SES CRAINTES.
Ah, si cette mascarade avait été un véritable procès, en toute justice, elle aurait été acquittée...
Elle devait l'être, son esprit logique et son instinct le lui disaient...
... mais on n'était plus en pays civilisé, on avait déjà franchi les bornes de la Terreur.
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Chou d'amour Administrateur
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Sujet: Re: Claude Chauveau-Lagarde Lun 17 Mar - 19:16
Merci Pim, ces extraits sont vraiment top
Oui Marie-Antoinette avait certainement encore une once de confiance en la justice révolutionnaire, sachant pourtant qu'elle n'avait plus aucune confiance aux factieux comme elle disait.
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pimprenelle
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Sujet: Re: Claude Chauveau-Lagarde Sam 12 Avr - 10:06
Claude Chauveau Lagarde est loin d'être au bout de son récit. Reprenons-en le cours...
Dans la séance suivante, la Reine donna de sa présence d'esprit et de sa force d'âme, une marque encore plus signalée.
Au moment le plus pénible des débats, où elle venait d'éprouver les plus violentes émotions, et après l'une de ses plus belles réponses à une affreuse interpellation de l'un des jurés, elle avait excité dans l'assemblée un mouvement d'admiration qui fit suspendre un instant les débats. Elle s'aperçut de l'impression qu'elle venait de produire, et m'ayant fait signe de monter aux gradins pour m'approcher d'elle, Sa Majesté me dit, à voix basse: N'ai-je pas mis trop de dignité dans ma réponse ?
« Madame, lui répondis-je, soyez vous-même, et vous serez toujours bien; mais pourquoi me faites-vous cette question ? »
« C'est, reprit la Reine, que j'ai entendu une femme du peuple dire à sa voisine:
Vois-tu, comme elle est fièrel »
Cette observation de la Reine fait voir encore qu'elle espérait; et prouve aussi que, dans la pureté de sa conscience, il fallait qu'elle fût bien maîtresse d'elle-même PUISQU'AU MILIEU DES PLUS GRANDES AGITATIONS DE L'AME, elle entendait tout ce qu'on disait autour d'elle, et qu'elle cherchait , dans l'intérêt de son innocence, à régler sur sa situation, et son silence et ses paroles.
extrait de L'Autrichienne de Granier-Deferre
J'interromps un instant le compte-rendu de l'avocat, parce qu'il m'inspire plusieurs remarques.
D'abord, c'est à nous de préciser le contexte, vu que Chauveau se montre trop pudique. Il s'agit en effet de l'horrible accusation d'Hébert, comme vous pouvez le voir sur la vidéo que je vous ai postée plus haut.
Comme vous le voyez aussi, non seulement la reine est maîtresse d'elle-même, pour reprendre les termes de son défenseur, au moment où elle lance sa réponse, mais aussi dans tous celles qui précèdent, car sa réplique ne suit pas directement l'immondice proféré par Hébert. C'est vraiment intéressant, regardez.
Le procès en entier est consultable sur gallica. Les pages sur lesquelles nous travaillons pour le moment sont à partir d'ici: http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6211467t/f47.image
Après l'épouvantable intervention d'Hébert, le président s'adresse à la reine:
Le Président à l'accusée. Qu'avez-vous à répondre à la déposition du témoin ?
R. Je n'ai aucune connaissance des faits dont parle Hébert; je sais seulement que le cœur dont il parle a été donné à mon fils par sa sœur; à l'égard du chapeau dont il a également parlé, c'est un présent fait à la sœur du vivant du frère.
Voilà. Je trouve ça fascinant. Quel empire sur soi, en effet, je rejoins tout à fait l'opinion de Chauveau Lagarde. La reine prend ce fatras d'insultes en pleine face, et détourne immédiatement l'attention. Manoeuvre? Mépris? Un peu des deux, comme toujours, sans doute. Elle agit comme elle le faisait face aux pamphlets, elle ignore superbement. Je pense que cette attitude fait profondément partie du caractère de Marie Antoinette, car elle est récurrente, que ce soit avec la Du Barry, la littérature de caniveau, Rohan, les calomnies: la reine nie l'existence de ce qui lui déplaît.
Y a-t-il eu aussi une part de calcul? Ce n'est pas impossible, car je crois que Marie Antoinette avait cette capacité de sentir instantanément comment retourner une situation à son avantage. C'était aussi, à mon avis, un trait de caractère inhérent à sa nature.
Toujours est-il qu'à partir de cette réponse qui détourne le tribunal de l'ignominie lancée par Hébert, les débats portent sur Michonis, les administrateurs, les municipaux, le traitement de Charles en roi, l'oeillet, le 20 juin, le 10 août... jusqu'à ce qu'un juré revienne sur le vif du sujet. Et, qu'alors, la reine s'exprime enfin sur ce point:
Un juré. Citoyen président, je vous invite a vouloir bien observer à l'accusée qu'elle n'a pas répondu sur le fait dont a parlé le citoyen Hébert, à l'égard de ce qui s'est passé entre elle son fils.
Le président fait l'interpellation.
L'accusée. Si je n'ai pas répondu, c'est que la nature se refuse à répondre à une pareille inculpation faite à une mère. (Ici l'accusée paroît vivement émue). J'en appelle à toutes celles qui peuvent se trouver ici!
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madame antoine
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Sujet: Re: Claude Chauveau-Lagarde Sam 12 Avr - 19:56
Bonjour,
Je dévore le récit de Me Chauveau-Lagarde, que je ne connaissais pas. Il fait preuve d'un sens de l'observation et de la psychologie tout à fait remarquable. Et il est assez troublant de lire qu'il souligne à plusieurs reprises la force et l'espoir dont faisait preuve la Reine. Son récit contraste en ce point avec les témoignages qui disent que la Reine était mortellement malade et très affaiblie lors de son procès.
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pimprenelle
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Sujet: Re: Claude Chauveau-Lagarde Jeu 17 Avr - 20:48
N'est-ce pas? Quelle force de caractère montre la reine qu'a connue son avocat!
Parmi tous les traits de cette noble fierté de caractère que la Reine a fait éclater dans les débats, je me contenterai d'en rappeler encore un seul.
M. le comte d'Estaing avait déposé, que le 5 octobre il avait entendu des conseillers de cour dire à la Reine que le peuple de Paris allait arriver pour la massacrer; à quoi elle avait répondu:
« Si les Parisiens viennent ici pour m'assassiner, c'est aux pieds de mon mari que je le serai, mais je ne le quitterai-pas. »
Le président du tribunal demanda à la Reine si cela était vrai. La journée du 5 octobre était précisément un des prétendus actes de conspiration qu'on lui reprochait et, pour rendre la Reine odieuse aux Parisiens, il se proposait de lui faire un crime d'avoir pu même les soupçonner.
La Reine s'aperçut bien du perfide objet de sa question ; mais elle n'en répondit pas moins avec assurance :
« Cela est exact : on voulait m'engager à partir seule, parce que, disait on, il n'y avait que moi qui courusse des dangers
C'est avec cette constante fermeté, accompagnée d'une bonté si touchante, que la Reine s'est défendue durant tout le cours de son affreux procès, où, d'ailleurs, elle a montré la pénétration et la sagacité les plus extraordinaires à relever sans amertume, et par la seule force d'une raison supérieure et d'une mémoire imperturbable, toutes les erreurs, tous les anachronismes , et toutes les turpitudes dont son accusation était remplie.
Lorsque les débats furent terminés, nous obtînmes un instant pour nous concerter, mon collègue et moi, sur le plan de nos plaidoiries.
photo provenant de "L'Autrichienne", retravaillée http://milleetuneantoinette.blog4ever.com/photos/la-mascarade
Vous avez entendu ça?! "Par la seule force d'une raison supérieure"?!
C'est évident. Il suffit de lire les réponses que Marie Antoinette a faites pour se rendre compte de sa présence et sa vivacité d'esprit. Mais, là, Chauveau n'y va pas de main morte, il qualifie sa raison de carrément "supérieure".
C'est bon de lire ça.
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Dernière édition par pimprenelle le Ven 18 Avr - 20:44, édité 1 fois
madame antoine
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Sujet: Re: Claude Chauveau-Lagarde Jeu 17 Avr - 21:02
Bonjour,
Il existe vraiment une incroyable différence entre la réputation de Marie-Antoinette (tête-à-vent) et ce témoignage de première main. Je n'en reviens pas.
madame antoine
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Sujet: Re: Claude Chauveau-Lagarde Jeu 29 Mai - 22:28
Je reprends ce récit...
M. Tronçon-Ducoudray se chargea de la défense sur l'accusation de la prétendue conspiration avec les ennemis de l'intérieur, et moi sur l'accusation de la prétendue conspiration à l'extérieur avec les puissances étrangères.
A peine étions-nous convenus de cette division, et nous étions-nous communiqué réciproquement les notes qui pouvaient avoir quelque rapport à la partie de la cause dont chacun de nous était chargé, qu'au bout d'un quart d'heure, nous fûmes rappelés à l'audience, et dès-lors obligés de parler sans préparation.
Sans doule, quelque talent que développa M. Tronçon-Ducoudray dans sa plaidoirie, et quelque zèle que je pourrais avoir mis dans la mienne, nos défenses furent nécessairement au-dessous d'une telle cause, pour laquelle toute l'éloquence d'un Bossuet ou d'un Fénelon n'aurait pu suffire, ou serait restée, du moins, impuissante.
Eh bien... Le moins qu'on puisse dire, c'est que Chauveau Lagarde ne manque pas de lucidité...
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Sujet: Re: Claude Chauveau-Lagarde Jeu 29 Mai - 22:42
Mais comme ici le Moniteur, et après lui quelques écrivains, soit par erreur, soit par toute autre cause, n'ont pas dit la vérité, il importe de la faire connaître.
Il est des personnes qui se sont fait une fausse idée de la nature de nos fonctions de défenseurs, ainsi que de l'espèce de dévouement que nous mettions à bien remplir les devoirs qui nous étaient imposés, à cette époque désastreuse.
Chargés de défendre la Reine, n'est-il pas vrai que ses défenseurs durent se bien pénétrer de la nature de leurs fonctions et de l'étendue de leurs devoirs ? c'est ce que nous avions fait, dès le principe, en acceptant notre mission; c'est encore ce que nous fîmes en ce moment difficile, en nous demandant à nous-mêmes le genre de défense que nous allions employer.
La reine et ses défenseurs http://vivelareine.tumblr.com/post/33590034066
Est-il juste de dire, ainsi que l'ont allégué bien légèrement quelques personnes aveuglées par la prévention, que, dès le principe, nous aurions dû conseiller à la Reine de garder silence? ou que du moins nous devions, après les débats, nous borner, pour unique plaidoirie, à récuser le tribunal avec toute l'horreur qu'il nous inspirait?
Récuser le tribunal? Cela aurait-il été possible, à cette période-là? Non, certainement. Je trouve que, là, les gens qui ont adressé ces reproches aux avocats de Marie Antoinette ont été de mauvaise foi.
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Sujet: Re: Claude Chauveau-Lagarde Jeu 29 Mai - 22:47
Nous pensâmes, au contraire, que, sous les dehors d'une raison apparente et d'un courage, affecté, c'eût été, de notre part, un acte de faiblesse et de folie.
Bien envoyé! Décidément, il me plaît, ce type!
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Sujet: Re: Claude Chauveau-Lagarde Jeu 29 Mai - 22:54
Maintenant, Chauveau Lagarde se livre à un petit flashback, il revient aux interrogatoires antérieurs que Marie Antoinette a subis.
Avant que nous fussions chargés de là défense de la Reine, déjà la Reine venait de subir des interrogatoires auxquels elle avait cru devoir répondre, parce que, sans doute, elle s'était rappelé l'exemple du Roi lui-même,qui n'avait point dédaigné de se défendre devant des hommes qui n'étaient pas plus en droit de juger Sa Majesté, que tribunal de juger la Reine; que, dès-lors, la Reine aura voulu, comme le Roi, confondre la calomnie, en montrant, a l'instar de Sa Majesté, un grand caractère; et que du moment où le Roi qui, d'ailleurs, avait pour conseils la vertu, le savoir, et le talent réunis, n'avait pas cru que ce beau triomphe de l'innocence sur le crime fût au-dessous de Sa Majesté, il n'était pas possible que la Reine le regardât comme un triomphe indigne d'elle.
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Chou d'amour Administrateur
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Sujet: Re: Claude Chauveau-Lagarde Jeu 29 Mai - 23:32
Ah il était couillu comme on dit
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pimprenelle
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Sujet: Re: Claude Chauveau-Lagarde Jeu 29 Mai - 23:46
Et sensé et intelligent... et pas mal de sa personne...
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levengeur
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Sujet: Re: Claude Chauveau-Lagarde Mer 5 Avr - 2:35
portrait par David-Mirvault Césarine, debut 19e
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globule Administrateur
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Sujet: Re: Claude Chauveau-Lagarde Mer 6 Déc - 22:36
Du coup, c'est le moment d'en dire un peu plus sur ce fameux portrait. Il a été présenté le 26 mars chez Osenat; estimé entre 4000 et 6000, il est parti pour 5000. Acquis par le Barreau de Paris donc.
Je reprends la note explicative :
Césarine DAVIN-MIRVAULT (1773-1844). « Portrait de trois-quarts de Maitre ChauveauLagarde portant la légion d’honneur et en robe d’avocat ». Huile sur toile. 64 cm x 46 cm. 91 cm x 68 cm avec cadre à canaux en stuc doré à décor de rinceaux. Premier Empire. B.E Biographies: Césarine, Henriette, Flore Davin-Mirvault (1773-1844). Peintre du XVIIIème et XIXème siècle. Elève de Suvée, David et Augustin. Cette dernière exposa de nombreuse fois entre 1798 jusqu’ne 1822 au salon de Paris. Elle obtient une médaille de deuxième classe en 1804 et de 1ere classe en 1804. Maitre Chauveau-Lagarde (1756-1841), grand orateur, célèbre avocat et magistrat sous la révolution. Il se signala par ses nombreuses et courageuses plaidoiries devant le tribunal révolutionnaire, en qualité de défenseur officieux comme Bailly et Mme Roland. Il défendit Charlotte Corday, qui avait assassiné Marat et ne put qu’invoquer l’indulgence du tribunal en alléguant le fanatisme exalté auquel avait obéi sa cliente. Il devient célèbre pour avoir défendue avec courage et dévouement la reine Marie-Antoinette avec Tronson-Ducoudray, en 1793 devant le tribunal révolutionnaire. Il combattit avec force l’accusation pour conspiration avec les puissances étrangères. Après le procès ils furent arrêtés pour connaitre les secrets que la reine avait pu leur confier, mais leurs interrogatoires dissipèrent tout soupçon. Maitre Chauveau-Lagarde fut défenseur lors du procès des Girondins. Ainsi que Madame Elisabeth mais ne fut prévenu que la veille du procès. En 1814, il est nommé chevalier de la Légion d’honneur. Sa carrière fut longue et brillante. En 1826, Chauveau-Lagarde soutint, devant la cour de cassation, la cause des hommes de couleurs libre de la Martinique. Œuvre en rapport : Le musée du Château de Versailles conserve d’elle les portraits d’Asher-Kan, ambassadeur de Perse, et un portrait du Marechal Lefèvre, duc de Dantzig, commandé par l’Empereur Napoléon Ier pour la salle des maréchaux du Palais des Tuileries. Il semblerait que cette œuvre fut longtemps non localisée
Et le portrait en grand
L’exposition que propose cet hiver le musée du barreau de Paris est d’abord l’occasion de s’y rendre pour contempler l’une de ses récentes acquisitions : le portrait de Chauveau-Lagarde, portant la Légion d’honneur et la robe d’avocat. Il y a quelque chose de romantique dans la composition. Le trait est sûr, bien appuyé ; la figure paraît taillée dans la glaise. À y regarder de plus près, ce n’est pas vraiment de l’austérité qui s’en dégage. Ou plutôt l’austérité que l’on croyait déceler dans le visage de celui qui fut l’avocat de Marie-Antoinette et de Charlotte Corday évolue progressivement, à mesure que le regard se pose, vers ce qui semble une attitude pensive, un état de profonde réflexion. Bref, n’échappe pas à sa période qui veut. On est romantique ou on ne l’est pas. Et finalement Césarine Davin-Mirvault (1773-1844), l’auteur de cette jolie composition, offre un beau témoignage de cette période. L’artiste aurait étudié auprès de David et d’Augustin. L’un de ses tableaux est à New York, à la Frick Collection, un autre à Versailles. En voilà désormais un au musée du barreau et c’est une bonne chose. Donc, avant d’arpenter la salle en sous-sol de l’hôtel de la Porte pour s’immerger dans le monde très tangible des pièces à conviction, il faut s’évader avec Chauveau-Lagarde. Lui qui, dans ce fascinant procès de la reine, qui constitue « l’occasion et le moment de la rencontre brutale de deux mondes absolument hétérogènes, l’un en train de disparaître, l’autre qui se fait jour dans la violence » (E. de Waresquiel, Juger la reine, Tallandier, 2016, p. 23), s’est sûrement ému devant la question des pièces à conviction.
_________________ - Je ne vous jette pas la pierre, Pierre -
pimprenelle
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Sujet: Re: Claude Chauveau-Lagarde Dim 26 Aoû - 8:10