Claude Chauveau-Lagarde

Tout ce que j'essaie de mettre en évidence, c'est que le "bord" ne devait pas être aussi clair à cette époque que maintenant. Maintenant, on dirait qu'on est forcé de choisir son camp, en France. Mais je me dis souvent que, au moment de la révolution, les opinions devaient être beaucoup plus floues. On n'avait aucun recul, après tout...

Oui, mais à l'époque, la France était en pleine guerre civile. Vous aviez plutôt intérêt à choisir votre camp. A mon avis, il y avait ceux qui participaient activement aux événements, dans un camp ou dans l'autre, et ceux qui suivaient le plus fort pour ne pas être victimes de la Terreur. Et comme nos deux avocats avaient pris des risques considérables pour défendre la Reine, je les vois plutôt comme des gens ayant donc bien choisi leur camp, en l'occurence celui du Roi.

Vous avez peut-être raison, cher ami. Franchement, je n'en sais rien. Ils n'ont pas défendu que la famille royale, objecterai-je cependant.

C'est un peu le même débat que pour les prêtres jureurs...allez savoir de quel bord ils étaient vraiment :s:

Moi je pense que c'était juste des avocats remarquables et consciencieux, qui avaient une certaine vision de la profession, et si ils ont aussi bien défendu la Reine c'est qu'il y avait matière à le faire et qu'il étaient juste conscients du manque évident de preuves.....

Je ne sais pas si vraiment leur défense a été optimale, dans le sens où ils n'ont eu qu'un jour je crois pour éplucher les dossiers de l'accusation...ils savaient que les preuves manquaient, mais dans l'ensemble de leur côté aussi le procès a été baclé, même si ce n'était pas de leur fait.
Par contre leur courage et leur volonté est très respectable, car oser défendre une Reine de France dans un tribunal révolutionnaire au début de la Terreur...châpeau

Je rejoins l'avis de Mme Antoine et de Chou. Des avocats remplis de conscience professionnelle. A laquelle s'ajoute certainement l'émotion et la compassion.

Et puis... rencontrer Marie Antoinette, c'est l'aimer, n'est-ce pas ?

Pim a écrit:

Tout ce que j'essaie de mettre en évidence, c'est que le "bord" ne devait pas être aussi clair à cette époque que maintenant. Maintenant, on dirait qu'on est forcé de choisir son camp, en France. Mais je me dis souvent que, au moment de la révolution, les opinions devaient être beaucoup plus floues

Pourtant à l'Assemblée Nationale, auparavant, les deux côtés étaient clairement visibles, députés de gauche et députés à sensibilité royaliste, et à cette époque je croyais qu'on était obligé de porter l'emblème tricolore sur sa personne.

Sur la personne... mais qu'en était-il dans les coeurs ? Je sais pas, ce sont des questions que je me pose.

Il y avait des gens à l`époque qui s`affichaient ou faisaient semblant d`être du côté des révolutionnaires mais dans leur coeur ils étaient royalistes, par craintre d`être pourchassés.
Fleurdelys

Tout a fait,notamment pendant la terreur,bon nombre de royalistes se faisaient passer pour des révolutionnaires,la répression était telle qu'ils ne pouvaient faire autrement...

Il serait intéressant de connaître les opinions et les tendances de gens du peuple habitant hors de Paris...car à Paris les manipulations étaient plus que courantes

Inutile de détailler l'opinion des Vendéens et des Bretons (les Chouans), je pense que vous la connaissez. Marseille, Toulon, Lyon, Bordeaux, Avignon se sont révoltées et ont tenté de secouer le joug républicain, ce qui leur a coûté très cher. A Caen, patrie de nombreux Girondins dont Charlotte Corday, les Girondins traqués par la Montagne ont tenté de trouver un écho à leurs manoeuvres dans la population, mais celle-ci restait attachée au Roi et ne les aimait pas plus que les Jacobins.
N'oubliez pas non plus, avant que n'éclate la Terreur, les signes d'attachement donnés au Roi par les provinciaux. Il y a eu bien sûr la Fête de la Fédération le 14 juillet 1790, et la signature de 60 départements sur 83 en faveur du Roi après l'émeute du 20 juin 1792. La France de ce temps-là pliait sous le joug d'une poignée de Parisiens.

A mon humble avis, l'erreur la plus grave de la Restauration a été de ne pas avoir établi le suffrage universel, car la royauté avait le soutien du petit peuple, tandis que les élites nobles et bourgeoises, soit parce qu'elles étaient séduites par les idées libérales, soit parce qu'elles aspiraient à un retour pur et simple à l'Ancien Régime et ne se satisfaisaient pas de la Charte, étaient beaucoup plus hostiles.

Voici un portrait post-révolution de Chauveau-Lagarde que j'ai trouvé sur Ebay :


Bien à vous.

Ah je connais cet ancien magazine "Les contemporains", j'avais pu en trouver un exemplaire qui contenait une petite biographie de Marie-Caroline

On a là un avocat bien courageux, et très professionnel

Merci, Majesté ! C'est le premier portrait que je vois de lui !

Je suis allé cet après midi au cimetière Montparnasse à Paris pour y trouver la tombe de Chauveau Lagarde.
Vous pouvez la trouvée dans la première division dans l'allée à son nom en bordure à quelques pas de celle de Serge Gainsbourg.

Grand merci cher Osterreich !

Merci !

Etrange cette épitaphe, sans ses prénoms ni ses dates de naissance et mort.

La tombe est en excellent état, je pense qu'elle a surement été restaurée à une certaine époque (?)
Mais ce que je trouve encore plus étrange, c'est l'information : "Avocat de la Reine au procès de 1793"
à ma connaissance la Reine n'a eu qu'un seul procès...
De plus Marie-Antoinette n'est pas nommée...

Je crois que "techniquement", elle a eu un premier procès, celui du Collier... Elle y a été nommée, elle était victime et au final accusée... Enfin plus que concernée. Mais à l'époque encore, il était hors de question qu'elle soit véritablement prévenue. Bien que certains auraient aimé...

olivia a écrit:

Je crois que "techniquement", elle a eu un premier procès, celui du Collier... Elle y a été nommée, elle était victime et au final accusée... Enfin plus que concernée. Mais à l'époque encore, il était hors de question qu'elle soit véritablement prévenue. Bien que certains auraient aimé...

M’oui mais cela n’a pas de rapport me semble-t-il.
Pour le procès du collier, elle ne répondra pas même aux questions qu’on vient lui poser en tant que témoin ; et c’est Louis XVI qui porte l’affaire devant la Justice, pas elle (en son nom).
La date sur l’épitaphe est davantage un rappel historique, je pense.
Elle est ignorée de beaucoup.
Comme le souligne Osterreich c’est étonnant que le nom de Marie-Antoinette ne soit pas précisé, tout comme, pourquoi pas, toutes les autres personnes « célèbres » dont il a été l’avocat.
Enfin, étrange qu’on ne lise ni ses prénoms, ni ses dates de naissance ou de mort.
Je penche donc plutôt pour un réaménagement de la tombe : avec une stèle moins ancienne, et une épitaphe originale de la part d’un commanditaire qui ne soit pas forcément de la famille de l’avocat.
Enfin, je ne sais pas... 

Citation :

Comme le souligne Osterreich c’est étonnant que le nom de Marie-Antoinette ne soit pas précisé, tout comme, pourquoi pas, toutes les autres personnes « célèbres » dont il a été l’avocat.
Enfin, étrange qu’on ne lise ni ses prénoms, ni ses dates de naissance ou de mort.

C'est que le marbrier fait payer chaque lettre !
Et cela revient cher ...surtout si ...

Citation :

Je penche donc plutôt pour un réaménagement de la tombe : avec une stèle moins ancienne, et une épitaphe originale de la part d’un commanditaire qui ne soit pas forcément de la famille de l’avocat.  

Ce qui explique l'absence du nom de Marie-Antoinette qui comporte plus de lettres que la Reine  

Bien à vous.

Majesté a écrit:

C'est que le marbrier fait payer chaque lettre !

Tu as raison.
Eh bien, le mystère est peut-être levé pour une banale histoire d’héritiers radins.

Oui à mon avis Majesté a découvert la solution !