Caroline de Brunswick

La Reine envoya le message suivant à la Chambre :

« La Reine juge nécessaire d’informer la Chambre des Communes qu’elle est revenue en Angleterre pour s’opposer aux mesures qui avaient été prises contre son honneur et sa tranquillité, et elle déclare qu’elle est décidée par tous les moyens possibles à combattre ses adversaires. »

Au Roi , elle écrivit :

« Si le sacrifice de ma vie pouvait satisfaire Votre Majesté , je l’aurais fait volontiers à la seule condition qu’une place me fût réservée dans le tombeau à côté de ma fille , mais puisque vous voulez me déshonorer , je vous déclare que je m’y opposerai de toutes mes forces » .

A ces moments, il dépendait véritablement de la Reine de déclencher la Révolution menaçante. Elle était acclamée dans l’Armée et dans la Flotte comme dans la rue. Un Régiment des Gardes se révolta contre les Officiers qui voulaient l’empêcher de crier « Vive la Reine ! « Il fallut le licencier et ensuite le transporter dans une garnison de province.
Dans la Flotte , on craignit de voir se renouveler les rébellions …
Le Roi était si méprisé que, même si la Reine était coupable , le peuple ne lui reconnaissait pas le droit de la punir.

De plus , la situation financière allait de mal en pire. Les taxes augmentaient sans cesse et devenaient intolérables . L’accaparement des blés par les grands propriétaires et le contraste de leur vie somptueuse avec la misère générale entretenaient contre le Gouvernement une exaspération grandissante . Autour de la Reine qui représentait l’opposition , le peuple se groupait comme autour d’un drapeau rouge.

La Reine à la tête de la Révolution ...tiens, tiens...

Lord Holland dit , à la Chambre des Lords : « Personne n’a plus que moi le respect de la Royauté , mais je déclare que ces événements contribuent à sa ruine . Je vois avec un profond regret que nous avons une Famille Royale qui ne tient aucun compte de ce que l’on dit ni de ce que l’on pense d’elle . Ses membres semblent être les seules personnes du pays qui ne prennent pas souci de leur honneur. Il ne faut pas que la royauté se fasse illusion. Elle se flatterait vraiment de sortir saine et sauve de ce scandale. «

Dans Pall-Mall et Bond Street , aux vitrines des marchands de gravures s’étalaient des caricatures violentes contre le Roi signées par le célèbre caricaturiste du « Punch » Gilray. Partout la Révolution ricanait ou grondait.

Cependant , Georges IV poussé par la marquise d’Hertford , sa maîtresse , s’entêtait et , le 8 août les membres de la Chambre des Pairs reçurent cette communication du chancelier Eldon :

« [i] J’ai le mandat de la Chambre des Lords de prévenir Votre Seigneurie que la Chambre compte sur sa présence mardi, dix-septième jour du mois d’août à dix heures du matin pour entendre lecture du Bill d’accusation contre Sa Majesté la Reine. L’ordre de la Chambre des Pairs est qu’aucun des nobles Lords ne puisse s’absenter pendant cette lecture et les débats qui la suivront , sous peine d’encourir un blâme de la Chambre.
Je suis Milord , l’humble serviteur de Votre Seigneurie. [/"

Eldon, chancelier d’Angleterre


Le duc d’York aurait bien voulu se faire dispenser d’assister à ces cruels débats contre une belle-sœur dont il avait été ami. Mais il n’y parvint pas. Le duc de Sussex fut plus heureux ainsi que soixante pairs excusés , sous prétexte d’infirmités , de voyage ou parce qu’ils professaient la religion catholique.


Dès lors , le Procès était inévitable ...

Georges IV ( surnommé Prinny )

C'est un comble : faire un procès à sa femme sous le prétexte qu'elle est adultère alors que lui-même l'est . C'est la poire qui se moque du chaudron !
Regardez bien ce visage . Il porte bien la méchanceté . Et il est encore plus fou que son père !

Roi adultère, bigame, débauché . Il a été à deux doigts de perdre son trône .
Il a préféré suivre la voie de son propre plaisir plutôt que d'assurer la succession de la monarchie . Si l'un de ses frères n'avait pas eu une fille , le trône d'Angleterre serait revenu à une autre dynastie ...
Je n'ai pas de mots assez dur pour qualifier ce roi .

En tout cas, Vive La Reine Caroline de Brunswick !!!

Ainsi donc deux reines ont été traînées en procès : Marie-Antoinette et Caroline de Brunswick .
L'une devant le tribunal révolutionnaire , l'autre devant le Parlement sur demande de son mari.
Rien ne leur a été épargné à toutes les deux !

Madame de Chimay a écrit:

Ainsi donc deux reines ont été traînées en procès : Marie-Antoinette et Caroline de Brunswick .

Et Marie Stuart? Et Marguerite de Bourgogne?

Bien à vous.

Je parlais de la fin XVIIIe siècle-début XIXe siècle...

Quant aux témoins italiens que la Commission de Milan avait fait venir pour déposer contre la Reine, il avait fallu les mener par la Tamise dans des bateaux escortés de canonières jusqu'à Cotton Garden devant la chambre des Lords.
Là , ils furent logés dans des baraques qui avaient été construites au moi de mai pour les cuisines du banquet du Couronnement retardé par l'arrivée de la Reine.
A Douvres, ils avaient été houspillés et quelques uns violemment étrillés par la population. On les conduisit à la Chambre des Lords par un passage souterrain.

C'est qu'il avait préparé son coup depuis longtemps , Georges IV.
Il a fait à sa femme un procès pour adultère alors qu'il était lui-même bigarre et adultère .
Quel salaud ! Je viens de lire ceci , à savoir qu'il avait fait un bâtard à Grace Dalrymple Elliott ( en l’occurrence une petite bâtarde baptisée dans l'église de Marylebone ).

sur Georges IV, l'archétype du parfait salaud !

Madame de Chimay a écrit:

Quel salaud ! Je viens de lire ceci , à savoir qu'il avait fait un bâtard à Grace Dalrymple Elliott ( en l’occurrence une petite bâtarde baptisée dans l'église de Marylebone ).

sur Georges IV, l'archétype du parfait salaud !

C'est notre chère Grace Elliot qui a bien été la maîtresse de celui qui n'était encore que le prince de Galles puis maîtresse du duc d'Orléans.
Sa fille lui avait été retirée.
L'étonnant est que cette femme charmante à lire ses mémoires avait des goûts spéciaux en matière d'hommes.

C'est à dire?

Chou d'amour a écrit:

C'est à dire?

D'après la description que nous fait la Princesse de George IV, ce prince ne semble pas avoir droit au qualificatif de charmant. Et je ne parle pas du duc d'Orléans.

Cette charmante anglaise ne collectionnait que les pervers...

Madame de Chimay a écrit:

Cette charmante anglaise ne collectionnait que les pervers...

On peut se poser la question.

Ok je vois

C'est par le fait qu'il est pervers que Georges IV m'apparaît plus fou que son père encore.
Chez Georges III, c'est la folie et depuis le Moyen Age, les fous sont considérés comme des innocents ...
Chez Georges IV, c'est la méchanceté à l'état pur, la perversité , la volonté délibérée et manifeste de faire souffrir.
Il fait souffrir Caroline de Brunswick en la rejetant à la fois comme Reine, comme Femme et comme Mère. A aucun moment , il ne lui rend les hommages dûs à son rang . Le jour de son mariage, il est ivre mort . La Nuit de noces , c'est un cauchemar. Après il invite chez lui tous ses potes pour insulter et faire insulter Caroline de Brunswick.
Il rejette aussi sa fille Caroline et veut s'en débarasser au plus vite. C'est pour cela qu'il veut la marier tout de suite à n'importe qui . Le premier prince venu fera l'affaire.
Et non, Charlotte, c'était un fameux caractère et plus d'une fois , le père et la fille se sont affrontés.
Et heureusement pour elle que le Prince Charmant s'est présenté tout de suite, en l'occurence Le Prince Léopold.
Et qu'elle a eu droit à un peu de bonheur avant de mourir en couches.

Georges Iv a tout du psychopathe pervers. Il lui faut à tout prix empêcher les autres d'être heureux. C'est un bonheur de persécuter , de faire souffrir. Pour cela, tous les moyens sont bons.
Il n'y a de place sur la scène britannique que pour lui. Monsieur est et paraît grâce aux femmes. Et il lui en faut de plus en plus . Il n'en n'a jamais assez . Mais lui , il peut tout se permettre car n'est-il pas le Roi par excellence ?
Il est un roi haï et détesté . Il a été l'un des rois les plus détestés d'Angleterre et a mis son pays presque au bord de la ruine. Il a été à deux doigts que la révolution n'éclate dans son pays ...

Georges IV ou le portrait d'un psychopathe pervers...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion:Psychopathie

Voilà , tout est dit . Georges IV était un maître dans l'art de la manipulation et n'avait aucune moralité !

Madame de Chimay a écrit:

Chez Georges III, c'est la folie et depuis le Moyen Age, les fous sont considérés comme des innocents ...

Au XVIIIe cependant, cette vision change. En effet, les fous sont vus comme des humains déchus, retournés à un éta mi-homme mi-bête. C'est pourquoi on les mettait en cage pour les exposer comme des phénomènes de foire, à la curiosité scientifique des gens sains, qui venait se rassurer de leur humanité (fait d'être humain j'entends). Et autre conséqence les traitements se dégradent particulièrement, jusqu'à ce qu'à la toute fin du XVIIIe certains commencent à juger ces traitements "inhumains".

Je vais essayer cette semaine de terminer le livre sur Caroline de Brunswick. Ensuite , j'enchaîne sur Georges III avec un parallèle pour Miss Elliott et je termine par Pitt.
Ainsi je bouclerais sur la perfide Albion...

On comprend mieux qu'avec de tels rois sur le trône d'Angleterre , la Monarchie Française n'avait rien à espérer et donc tout à redouter...

La lecture du Bill d'accusation :

Le Bill d’accusation :

« Attendu que Sa Majesté Caroline Elisabeth d’Angleterre , alors Princesse de Galles et maintenant Reine d’Angleterre , pendant qu’elle résidait à Milan prit à son service le nommé Pergami ou Bergami, étranger de basse condition.

Attendu qu’après que le dit Pergami fut entré au service de SAR , il y eut entre eux une intimité inconvenante et dégoûtante et que non seulement SAR l’éleva à un poste éminent dans sa maison et l’admit à des relations confidentielles avec sa personne , mais encore lui conféra les marques les plus extraordinaires de faveur et de distinction en lui octroyant les ordres de Chevalerie et les titres d’un certain ordre de Jérusalem que SAR avait pris sur elle d’instituer , sans en avoir le droit ni le pouvoir.

Attendu que la dite SAR , oubliant encore l’élévation de son rang et ses devoirs envers SA Majesté et n’ayant plus aucun égard à son honneur ni à son caractère , se conduisit avec le dit Pergami tant en public qu’en particulier avec une familiarité indécente et répugnante et qu’enfin elle a eu un commerce licencieux dégradant et adultère avec le dit Pergami , commerce qui continua pendant un grand laps de temps , au scandale et déshonneur de la famille royale et de ce royaume .

A ces causes , voulant manifester notre conviction intime que par cette scandaleuse , déshonorante et vicieuse conduite Sa Majesté la Reine a violé ses devoirs envers Votre Majesté , et s’est rendue indigne du rang élevé de reine de ce royaume.

Voulant témoigner un juste respect pour la dignité de la Couronne et l’honneur de la Nation , Nous , les très soumis et fidèles sujets de Votre Majesté, les lords spirituels et temporels , nous supplions Votre Majesté :

Qu’il soit ordonné par Votre très excellente Majesté avec l’avis et le consentement des lords spirituels et temporels , que la dite Majesté Caroline Marie Elisabeth , dès que cet acte aura passé , sera dépouillée du titre de reine et de tous les droits et privilèges , prérogatives et exceptions qui lui appartiennent , comme reine-épouse de ce royaume et qu’elle sera déclarée incapable d’exercer aucun de ses droits et de jouir d’aucune de ses prérogatives .

Et de plus que le mariage entre Sa Majesté le roi et la dite Caroline Marie Elisabeth soit par le présent acte dissous pour toujours , totalement annulé et réduit au néant sous tous les rapports et dans toutes ses conséquences. «

La reine avait écouté la lecture du bill d’accusation , immobile , sans manifester aucun sentiment . Après la lecture, elle se retira dans l’appartement qui lui avait été réservé . Une discussion suivit , toute de forme d’ailleurs pour la première acceptation ou le rejet du bill d’accusation. Ensuite l’attorney général commença le réquisitoire qui relate tous les faits déjà connus.

A quatre heures de l’après-midi , la Chambre des Lords s’ajourna jusqu’au lundi suivant pour la continuation du réquisitoire . Vers la fin de la séance , l’interrogatoire des témoins commença.

Et je vous passe tous les détails grivois , ceux des taches sur les draps, les appels à des témoins d'immoralité ...
Bref, en un mot , LA REINE DEVAIT ETRE CONDAMNEE ET DESIGNEE COMME COUPABLE...
TOUT DEVAIT ETRE FAIT POUR LA SALIR LE PLUS POSSIBLE !

Le 7 novembre après deux mois d’interrogatoires , Mr Brougham commença sa plaidoirie. Il n’eut pas de peine à montrer l’indignité des témoins à charge , tandis que les témoins à décharge ( le capiaine Flynn , le lieutenant Howman , Sir William Gell… ) qui niaient complètement les faits reprochés à la Princesse de Galles étaient gens de la plus haute moralité.

A ce propos, Mr Brougham lut devant la Chambre des Lords une lettre de Byron , datée de Ravenne dans laquelle le grand poète s’indignait que ses collègues de la Chambre eussent accordé la moindre créance à de misérables individus dont les témoignages n’étaient même pas reçus par les tribunaux italiens .
Enfin , Mr Brougham porta le dernier coup à l’accusation en lisant des lettres du baron d’Omptéda adressées à plusieurs personnes de la maison de SAR pour les engager à déposer contre leur maîtresse.

Après lui , les deux autres conseils de la Reine , Mr Demman et le docteur Lushington n’eurent qu’à répéter ses arguments en faisant appel à la respectabilité de la Famille Royale d’Angleterre.

La Chambre des Lords , sentant la faiblesse de l’accusation proposa alors d’enlever du bill les mots « commerce d’adultère » et la clause du divorce. Mais le Roi insista, en renouvelant sa menace de quitter l’Angleterre ( ce qui au fond n’aurait pas été une grande perte, que du contraire !!! ) si le bill d’accusation n’était pas maintenu intégralement.
Il passa en deuxième lecture et fut voté par une majorité de 108 voix pour et 99 contre.
Dès lors , il était inutile de le renvoyer à la Chambre des Communes qui le rejetterait certainement . Il fut ajourné à six mois, c'est-à-dire renvoyé aux calendes grecques.

La Reine apprit ce résultat dans le petit appartement qu’on lui avait réservé pendant les débats. Pâle, les traits rigides , d’un pas saccadé, elle descendit seule l’escalier de la Chambre des Lords en s’appuyant sur la rampe. En bas l’attendaient ses Conseils.

Dehors, le peuple massé poussait d’énormes acclamations et le soir, Londres fut illuminé comme un soir de fête nationale. On cassa les vitres dans les offices des journaux hostiles à la Reine et dans quelques palais. Toute la nuit, dans les tavernes, on but à sa santé et pendant trois jours les cochers du fiacre , sous peine de voir leurs voitures renversées , furent obligés d’arborer à leur chapeau une cocarde blanche avec une feuille de laurier.
En Province , la même joie populaire se manifesta. Dans les ports, les navires illuminèrent.

Ces jours là , il ne dépendit que de la reine de renverser le gouvernement.

Ce Georges IV ...

Cependant , la Reine ne se trouva pas satisfaite . Le 22 novembre, elle signifia au Roi qu’elle attendait une complète restauration de tous ses droits de Reine et d’Epouse en s’appuyant sur la législation anglaise et les pouvoirs exécutifs du Roi . Mais elle, dès lors , se sentait très lasse et crispait ses dernières forces.