Découvertes d'objets royaux

olivia a écrit:

Je regrette de ne pouvoir illustrer mes propos.
Si certains pouvaient s'en charger...

Quelques meubles Bennemann pour la reine :

à Fontainebleau, dans la chambre


Compiègne, salon des jeux

Ah, Diphildor, ce fauteuil ;

Où se trouvait il ?

Il est toujours dans la chambre de la reine au petit Trianon. (Georges Jacob) Photo RMN.

Mais il n'a pas le même tissu ....

Marie-Antoinette présentait l'essentiel de ses collections dans ses cabinets de Versailles ou Saint-Cloud.

A la suite des journées d'octobre, Marie-Antoinette confia le 10 de ce mois ses collections versaillaises aux marchands-merciers Dominique Daguerre et Martin-Eloi Lignereux.

Il y avait 142 pièces déposées :
_6 objets en cristal de roche ;
_6 en bois pétrifié ;
_7 de diverses matières ;
_13 de pierres colorées ;
_14 porcelaines ;
_ 96 laques essentiellement du Japon.

50 de ces dernières, ainsi que quelques porcelaines venaient de sa mère. Mais nous ne pouvons que constater qu'il s'agissait bien plus qu'un hommage à sa mère puisqu'elle a considérablement augmenté le legs maternel.












Etc.

Citation :

Mais il n'a pas le même tissu ....

Celui que nous voyons aujourd'hui recouvre l'ancien comme protection.

diphildor a écrit:

A chaque fois que je vois la version originale du mobilier aux épis, il me faut absolument mes sels.

Ce mobilier aux épis m'enchante au plus haut point...Quelle merveille absolue !

Bien à vous.

Citation :

Mais il n'a pas le même tissu ....

Le tissu d'origine est houssé dans la chambre afin de ne pas souffrir d'être exposé et afin de créer une belle harmonie avec celui du lit (refait).

Marie-Antoinette appréciait les marchands-merciers et les foires.

En 1773, Dauphine, elle reçut 12 000 livres en supplément de ce qui lui était habituellement accordé pour s'amuser à la célèbre foire Saint-Germain. Comme le firent avant elle la duchesse de Bourgogne et son beau-père le Grand Dauphin.



Toujours la même année, sa première année de liberté puisqu'enfin elle pouvait se promener à Paris, elle visita le marchand-mercier Charles-Raymond Granchez à l'enseigne "Au petit Dunkerque".

A partir de l'année suivante, il semble que son statut de souveraine lui interdit d'entrer directement dans des boutiques.


En décembre 1782, lors de la vente de la succession du fastueux duc d'Aumont, elle chargea Jean-Baptise-Pierre Lebrun de l'achat d'un brûle-parfum de jaspe sanguin monté en bronze (Wallace collection).

En 1783-85, la reine acquit une cassolette d'agate ornée de camées peints en trompe-l'oeil (Louvre).

Le 15 décembre 1785, Philippe-François Julliot lui fournit "un gobelet de cristal de roche uni, d'une belle eau, avec son couvercle, garni du haut et du bas d'un cercle en or, posé sur plateau quarré long à huit pans, aussi de cristal de roche uni garni d'un cercle en or avec pied en bronze doré d'or mat" pour 960 livres (Louvre).

En avril 1787, Julliot lui présenta "un boite ovale de cornaline, montée en or émaillé t enrichie sur le dessus d'un très beau camée à trois couches aussi en cornaline."
Comme on ne le retrouve pas sur les inventaires dressés de ses collections, on peut penser qu'elle offrit cet objet.


Marie-Antoinette semblait aimer particulièrement le cristal car elle protégea dès 1785 la manufacture de Saint-Cloud travaillant cette matière.
D'ailleurs le 12 février 1785, celle-ci lui fournit "un pot à l'eau et la jatte avec son goblet (orthographe d'origine) en crystal anglais de la manufacture de la Reyne à St. Cloud", pour 1 200 livres.


Tous ces achats n'étaient pas confiés à Bonnefoy du Plan mais à Campan, secrétaire du Cabinet de la Reine.

La cassolette en agate de la reine.

Outre ses achats personnels, Marie-Antoinette puisa dans les collections royales. Evidemment, il était clair pour ces objets qu'ils ne lui étaient que prêtés. Comme les Bijoux de la Couronne, hors de question de se les attribuer personnellement.

Dans sa chambre et son boudoir de Versailles (la Méridienne ? ), elle avait disposé six bronzes :
_ 2 chenets de l'Algarde
_un Rémouleur ;
_un Taureau ;
_un Cheval ;
_un Enlèvement de Déjanire.

Néanmoins, elle ne posséda aucun bronze dans ses collections personnelles.

Elle choisit également des vases de pierres dures aux montures parmi les plus spectaculaires des collections royales.
Parmi elles, la nef de lapis-lazuli et celle d'or de Louis XIV disparue et uniquement connue par sa représentation peinte au plafond u Salon de l'Abondance à Versailles.

diphildor a écrit:

La cassolette en agate de la reine.

Merci !

Voilà, j'ai fini pour l'instant mais comme je vais attaquer désormais Les collections royales d'objets d'art, toujours de Stéphane Castelluccio, je pense que j'apprendrais encore et vous ferais part de mes découvertes !

Merci de vos suppléments au passage !

Le cabinet de la Méridienne

La forme particulière de ce boudoir, avec ses pans coupés, permettait au service de la reine de passer de la grande chambre vers les autres cabinets sans la déranger.

A la mi-journée, Marie Antoinette venait s’y reposer, d’où le nom de Méridienne (mi-journée!).

En 1781, après que la Reine eut donné naissance à un héritier, la pièce reçut son actuel décor de boiseries dont les motifs se retrouvent en bronze appliqués sur les portes vitrées.

Le dauphin évoque l’enfant, tandis que les roses, l’aigle des Habsbourg et le paon, attribut de la déesse Junon, sont des allusions à la personne de la Reine.

olivia a écrit:

Outre ses achats personnels, Marie-Antoinette puisa dans les collections royales. Evidemment, il était clair pour ces objets qu'ils ne lui étaient que prêtés. Comme les Bijoux de la Couronne, hors de question de se les attribuer personnellement.

Qu'importe la possession, dès lors que l'on a la jouissance !

Moui... ne pas trop en abuser... tout de même ...  

olivia a écrit:

Ils n'appartiennent pas en propre au roi. Ils lui sont en quelque sorte prêtés, à l'instar des Bijoux de la Couronne qui seront réunis à cette administration à partir de 1784.

Je lisais justement aujourd’hui un article à ce sujet.
Enfin, plutôt au sujet du débat sur l’inaliénabilité du patrimoine national.
Ce principe est né au XIIIème siècle et demeure aujourd’hui le même, avec dérogations que beaucoup voudraient aujourd’hui se multiplier.
C’est un débat intéressant.

Tout à fait.
Louis XIV a bien établi l'inaliénabilité du mobilier de la Couronne, afin d'éviter les pertes dues aux guerres de religion, mais lui-même n'a pas respecté ses règles !

Citation :

Ce principe est né au XIIIème siècle et demeure aujourd’hui le même...

Avec la notion de continuité de l'Etat construite à l'époque de Philippe-Auguste et renforcée au moment de la minorité de Louis IX...
C'est passionnant, en effet!

olivia a écrit:

Louis XIV a bien établi l'inaliénabilité du mobilier de la Couronne, afin d'éviter les pertes dues aux guerres de religion, mais lui-même n'a pas respecté ses règles !

Avant Louis XIV non ? J’ai lu au XIIIème siècle.
Bref...

Louis XIV a été un très grand collectionneur d’art ; sans doute influencé par sa mère et par Mazarin qui, eux aussi, aimaient collectionner.
Marie-Antoinette avait aussi le goût de la collection, et des belles choses.
Je regrette simplement qu’elle ne s’est que peu intéressée à la peinture...

Ah bien...je viens de lire que Diphil avait répondu à la question.

diphildor a écrit:

Citation :

Ce principe est né au XIIIème siècle et demeure aujourd’hui le même...

Avec la notion de continuité de l'Etat construite à l'époque de Philippe-Auguste et renforcée au moment de la minorité de Louis IX...
C'est passionnant, en effet!

On sousestime souvent la part de tradition monarchique qui a perduré jusqu'à nos jours, car profondément ancrée dans la tradition juridique et politique.

Citation :

olivia a écrit:

Louis XIV a bien établi l'inaliénabilité du mobilier de la Couronne, afin d'éviter les pertes dues aux guerres de religion, mais lui-même n'a pas respecté ses règles !

Avant Louis XIV non ? J’ai lu au XIIIème siècle.
Bref...

Louis XIV a été un très grand collectionneur d’art ; sans doute influencé par sa mère et par Mazarin qui, eux aussi, aimaient collectionner.
Marie-Antoinette avait aussi le goût de la collection, et des belles choses.
Je regrette simplement qu’elle ne s’est que peu intéressée à la peinture...

Pour les meubles c'est bien Louis XIV.  

Je reprends mon Castelluccio.
L'inaliénabilité du Domaine de la Couronne date bien du Moyen-Âge. Le principe reçoit sa forme définitive avec l'ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539 puis  confirmée en 1566 par l'édit de Moulins rédigé par Michel de L'Hospital.

Nous parlons donc ici du Domaine, pas forcément des meubles.

Deux cas seulement permettait d'y déroger : l'apanage des puînés de la famille royale à condition que leur descendance reste mâle, sinon retour à la Couronne et l'obligation de faire face aux dépenses de guerres, une partie du Domaine passantt en gage aux mains d'un particulier payant comptant mais rachetable uniquement par la Couronne.
Cette clause explique les fontes pendant les guerres de religion puis pendant les guerres de Louis XIV en 1689 puis 1709.

De toute façon l'orfèvrerie des collections royales a toujours été considérée comme une réserve monétaire.

Mais les meubles n'entraient pas dans cette catégorie même si rattachés à la Couronne. En effet, ils étaient voués par nature à l'usure donc condamnés d'avance à la destruction. Il n'y avait pas du tout de notion de sauvegarde du patrimoine à leur égard. Leur préciosité éphémère permettait également au souverain et aux membres de sa famille de les utiliser comme présents. Presque une obligation de leur part.

Louis XIV va changer la donne. Il prit conscience que ses collections conservaient entre autres des tapisseries exceptionnelles, certaines datant de François Ier. Considérant qu'elles servaient à la gloire de la monarchie, à l'instar de ses palais qu'elles ornaient, il souhaitait les protéger et les transmettre.
Il changea donc le statut juridique de ces meubles :
[Louis XIV] "sentant que ses meubles souffriraient des diminutions immenses s'il ne fermait les mains à sa propre libéralité en s'interdisant à lui-même la faculté d'en disposer par des dons et présens arrachés pour ainsi dire à sa bonté, établit pour principe que tous les meubles compris dans les inventaires seraient domaniaux, et par conséquent inaliénables."

Les premiers objets que Louis XIV va placer dans cette collection, sera le legs important de son oncle Gaston. Il considère qu'ils doivent revenir à la Couronne et non en ses mains personnelles. D'autres successions viendront par la suite, comme celles de Mazarin puis de sa mère, collectionneurs acharnés.

Suivront ses propres créations que nous savons fabuleuses. Les meubles sous son règne vont véritablement devenir précieux.

Le plus difficile à gérer fut la Chambre des Comptes. Cette cour souveraine estimait que le Garde-Meuble de la Couronne relevant désormais du Domaine, elle devait avoir les inventaires précis. Or Louis XIV s'y refusa toujours, ainsi que ses successeurs.
Il fallait garder une marge afin que certaines pièces puissent encore servir au bon plaisir du roi.