Nos avis sur le film "Les Adieux à la Reine", avec Diane Kruger de Benoît Jacquot

En ce soir de sortie du film de Benoît Jacquot, j'ouvre ce nouveau sujet afin de recueillir les critiques de chacun -du moins de ceux qui auront daigné aller le voir...

Bien à vous;

J'irai le voir sur Paris dans quinze jours (si il était toujours à l'affiche!)

je vais essayer d'aller le voir cette semaine !

J'ai vu le film il y a une heure. L'étroitesse des prises de vue répond à la promiscuité des lieux. Benoît Jacquot insiste sur les atours de la reine, les métiers à tisser, Rose Bertin. J'ai eu le sentiment que les événements historiques étaient placés coûte que coûte. Benoît Jacquot ne voulait pas d'une chronique.

Pourtant, si le sujet ne s'y prêtait guère, les costumes, les coiffures, et même, le comportement de la reine, auraient mérité un peu plus de soin. J'ai trouvé la neurasthénie de cette dernière appropriée.

Cependant, le sacrifice que la reine demande à sa lectrice m'a choqué. Je serais curieux de savoir si Marie-Antoinette a déjà eu un tel comportement, je le trouve indigne de ce que j'ai lu à son propos.

Enfin, j'ai trouvé les jeux inégaux. Xavier-Beauvois souriait comme un enfant qui joue au roi. Selon moi, les meilleurs rôles étaient ceux de Rose Bertin et Madame Campan. La Polignac m'a semblé trop mûre, aussi rude que certaines servantes. À la fin, quand Sidonie Laborde endosse sa fameuse robe verte, elle est telle que je me représente la favorite: fraîche et candide.

En bref, la détresse Versaillaise est bien filmée. Mais, à quoi bon faire un film historique si l'on ne va pas jusqu'au bout ? L'harmonie, l'homogénéité des costumes et des coiffures, aurait donné une force supplémentaire à ce film sur l'intimité

Merci pour ce retour Zéphyr

Zéphyr a écrit:

Selon moi, les meilleurs rôles étaient ceux de Rose Bertin et Madame Campan.

Je suis tout-à-fait de votre avis !
On penserait les voir en vrai (surtout Mademoiselle _et pas Madame!_ Bertin ).

Citation :

La Polignac m'a semblé trop mûre

Yolande avait tout de même 40 ans en 1789...

Citation :

L'harmonie, l'homogénéité des costumes et des coiffures, aurait donné une force supplémentaire à ce film sur l'intimité

Je suis bien de votre avis : aucune coiffure féminine n'est contemporaine des autres et aucune ne correspond à la Coiffure à l'enfant alors en vogue à l'époque...
Quant à la robe à la Française... ...on était alors à la mode anglaise !

Bien à vous.

Voilà, je rentre du ciné. J'ai aimé le film, beaucoup. On y retrouve l'atmosphère de naufrage présente dans le roman de Chantal Thomas. La saleté est aussi importante, plus exactement l'insalubrité. La caméra voyage plus souvent dans le ventre du palais que dans ses dorures, là où tout un peuple grouille, courtisans et domestiques mêlés dans une même panique croissante.

La reine est magnifique. Tu avais raison, Chou... quelle belle femme, cette Kruger ! Sa force de caractère et son intelligence sous tendent aussi toute son interprétation. Comme l'a remarqué notre Marie Antoinette à nous, parfois, sous certains angles, dans certaines luminosités, l'actrice a presque le profil de la reine... Je déplore toutefois que certaines scènes fortes du roman aient été racourcies, comme celle de l'idole barbare couverte de bijoux ou celle des cadenas.

Le personnage de la petite lectrice est remarquable. C'est l'archétype de la servante, celle qui vit pour servir la reine, jusqu'au sacrifice de sa propre vie. Comment ne pas se projeter dans un tel caractère ? J'ai bien aimé le jeu de Léa Seydoux, boudeuse, silencieuse et parfois frondeuse.

Une mention particulière pour Madame Campan, infiniment touchante... vachement plus que dans la réalité, je le crains. Idem pour Marie Jeanne Bertin et Monsieur Moreau, Honorine et ses maîtres... quelques très beaux croquis, très bien interprétés.

En revanche, j'ai trouvé la relation entre la reine et Madame de Polignac très insuffisante. On la voit si peu, cette Gabrielle, qu'on n'a pas le temps de comprendre pourquoi la reine est tellement attachée à elle. C'est là que le film pêche, pour moi, dans le traitement trop superficiel de cette affection.

Aaaaaah merci Pim pour cet avis  
Tout cela donne envie de le voir donc, bonne nouvelle!  

Citation :

La reine est magnifique. Tu avais raison, Chou... quelle belle femme, cette Kruger !

Ah je suis content qu'elle te plaise aussi  

Ah, oui, elle est tout à fait à la hauteur. Très belle, hiératique, parfois pulpeuse... et ce petit accent...

Ah! Je ne pensais pas te lire si vite

pimprenelle a écrit:

En revanche, j'ai trouvé la relation entre la reine et Madame de Polignac très insuffisante. On la voit si peu, cette Gabrielle, qu'on n'a pas le temps de comprendre pourquoi la reine est tellement attachée à elle. C'est là que le film pêche, pour moi, dans le traitement trop superficiel de cette affection.

Eh oui ! Pendant la première moitié du film, Madame de Polignac est quasiment muette, on se demande donc ce en quoi se compose la complicité qu'elle peut avoir avec Marie-Antoinette... Cela rend leur lien plus superficiel...et donc pourquoi pas charnel puisque Virginie Ledoyen est charmante...seulement elle ne rend pas sa Gabrielle si charmante que ça tant elle semble planer plus haut que les autres et d'une manière hautaine qu'on ne lui imagine pas...

Bien à vous.

Oui, déjà dans le roman, Madame de Polignac flirtait avec le personnage de l'intrigante. Mais le film va encore un pas plus loin dans ce sens. Chez Chantal Thomas, le chagrin qui s'abat sur la petite duchesse dès qu'elle quitte la reine la rachète de son indifférence. Ici, elle ne pleure pas. C'est pour moi une égoïste peu intéressante et je ne comprends pas ce que Marie Antoinette lui trouve.

Le film a perdu la finesse d'analyse qui avait permis à Chantal Thomas de rendre sa Gabrielle attachante.

Par contre, la lectrice a gagné en chair. Je la préfère de loin à celle du roman, trop évanescente à mon goût. J'ai aimé son opposition aussi discrète que constante à l'autorité de Madame Campan. C'est présent dans le roman, mais mieux encore à l'écran.

À mon goût, ce film n'arrive pas à la cheville de L'Anglaise et le Duc, d'Éric Rohmer.

Je rentre aussi de la projection !

Comme j’ai lu le livre il y a plusieurs années maintenant, et que je ne l’ai pas relu depuis, ma critique portera davantage sur le film.
Oeuvre indépendante du roman, malgré tout.

J’ai aimé :

- L’envers du décors, bien sûr ! Très bien filmé par le cinéaste : les couloirs obscurs, les communs des domestiques.
En bref, l’autre vie du Versailles tant de fois magnifié au cinéma.

- Le regard des petites gens sur la vie de la cour, celle des « grands », sur les évènements politiques dont ils n’ont que de vagues informations, ou partielles.

- Diane Kruger : magnifique, fébrile, tourmentée, fragile mais impérieuse, borderline, esseulée, désemparée mais réactive, prête à s’écrouler ou a bondir...
Un grand jeu d'actrice !  

- Léa Seydoux : très convaincante !
Tout comme la plupart des personnages secondaires (Mme Campan en tête), à l’exception de ce pauvre Louis XVI, décidément.    

Petit bémol pour :

- Le rythme du film.
Parfois, des longueurs. J’ai regardé l’heure, deux fois, ce qui est très mauvais signe chez moi !  

- Les prises de vues flottantes et approximatives, même si, bien sûr, elles participent d’autant mieux à l’atmosphère générale du film, je le conçois.

- L’emprise de l’histoire, la vraie. A mon goût, trop absente.
Mais là aussi, ce n’est pas vraiment le propos du film. Dommage, c’est ce que j’aime.

Je n’ai pas aimé :

- Le personnage de la duchesse de Polignac : ni le jeu de l’actrice (qui pourtant ne parle pas   ), ni ce que l’on pourra retenir d’elle après avoir vu ce film (si l’on ne connait rien d’elle).
En effet, on ne comprend pas pourquoi la reine est si proche de cette femme, qui semble n’être vraiment pas à la hauteur de cette affection.

- L’insistance qui est faite sur une présumée (plus que ça d’ailleurs   ) relation saphique entre les deux femmes.
A mon avis, c’est trop marqué et ne présente guère d’intérêt. C’est vraiment dommage.
La fascination ambigüe de la petite Sidonie est bien plus intéressante.

Conclusion : m’oui +...
Le + étant porté par Diane Kruger.  

Citation :

 - L’insistance qui est faite sur une présumée (plus que ça d’ailleurs   ) relation saphique entre les deux femmes.
A mon avis, c’est trop marqué et ne présente guère d’intérêt. C’est vraiment dommage.
La fascination ambigüe de la petite Sidonie est bien plus intéressante.

Je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi. Les sentiments présentés dans le film sont très forts, mais rien n'est montré qui puisse nous laisser croire que la reine et Madame de Polignac sont allées plus loin que les enlacements publics filmés dans la galerie des glaces. Jusque là, c'est pour moi conforme à la réalité historique. Les témoignages abondent en ce sens. Quant à ce se passait dans le coeur de notre reine, elle même est sans ambiguité. Madame de Polignac est une femme qu'elle aime infiniment, écrit-elle à sa mère.

J'adore moi aussi le jeu tout en finesse exacerbée de Diane Kruger. Elle sombre dans le chaos, en souffre dans sa chair, fait tout pour le repousser, et, en même temps, ne peut cesser d'être obsédée par l'idée de Madame de Polignac.

Hélas, cette Madame de Polignac, le rayon de soleil de la reine, n'est pas à la hauteur de cette passion, nous sommes bien d'accord. Et ce n'est pas sa démarche à la Calamity Jane qui arrange les choses... En revanche, ce qui est intéressant, c'est le regard oblique que le film pose sur la duchesse, dont on connaîtra ainsi bien plus la réputation que le caractère.

Et, oui, les sentiments de la petite lectrice sont très intéressants. Ils ne sont même pas ambigus, à mon avis, mais participent entièrement de la vénération. Franchement, je me suis projetée à mort.  

C'est pour ça que ce baiser et cette scène de déshabillage qui ont tant choqué s'inscrivent bien dans la suite logique. Ils ont quelque chose de symbolique et de sacrificiel... car, en fin de compte, la reine est bien plus proche de sa petite lectrice que de cette lointaine Polignac.

Bref, c'est vrai, historiquement, ce film ne rend pas justice à la loyauté de Madame de Polignac, ni à, les mots sont de Marie Antoinette, la pureté de son coeur.

En somme , nos avis se rejoignent
Pour moi, c'est dans la première scène dans Sa chambre de Trianon que Diane est la plus Antoinette, au quotidien , telle que je La connais...
Le reste du temps, en effet, tous les nerfs sont pris à vif et la majesté de Diane Krüger porte bien le rôle qui est tiraillé entre politique et affection.

Décidément, notre déception est vraiment unanime quant à Madame de Polignac qui n'a rien de notre Yolande !

Bien à vous.

Citation :

 Pour moi, c'est dans la première scène dans Sa chambre de Trianon que Diane est la plus Antoinette,  au quotidien , telle que je La connais...

Oui, j'aime beaucoup cette scène aussi, qui rend parfaitement l'analyse de Chantal Thomas... Cet esprit de la reine qui voltige d'objet en objet, comme un papillon... A un moment précis, la petite lectrice occupe toute son attention, puis, l'instant d'après, la pensée de la reine se porte ailleurs, la jeune femme disparaît de son champ de vue et la gardienne Campan veille à l'éclipser physiquement.

J'ai adoré cette passion pour les étoffes, qui fait vibrer la reine alors que le bateau prend eau de toute part. It is so Marie Antoinette, in my opinion... Ce mélange irrésistible de profondeur et de futilité où le détail devient l'essentiel, avec toute la frénésie de la fuite en avant...

De même cette scène magnifique entre Marie Antoinette et Gabrielle, juste avant le départ de la duchesse, où les deux femmes, comme des enfants, mettent tout leur coeur dans le nom des couleurs et leurs nuances subtiles. C'est toute l'époque, et si bien notre reine, à mon avis...

pimprenelle a écrit:

Je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi. Les sentiments présentés dans le film sont très forts, mais rien n'est montré qui puisse nous laisser croire que la reine et Madame de Polignac sont allées plus loin que les enlacements publics filmés dans la galerie des glaces. Jusque là, c'est pour moi conforme à la réalité historique. Les témoignages abondent en ce sens. Quant à ce se passait dans le coeur de notre reine, elle même est sans ambiguité. Madame de Polignac est une femme qu'elle aime infiniment, écrit-elle à sa mère.

Je ne suis pas étonné que tu ne sois pas d'accord avec moi sur ce sujet.  
Une fois encore, notre perception de ce que tu appelles les sentiments, sans plus de précision, n'est pas la même.  

Jacquot insiste pourtant sur une évidente notion de désir, et sur le lien sensuel, passionnel, qui lient la reine à la duchesse.
Bien sûr, aucune scène hot n'est montrée à l'écran ; et s'il s'agit-là du seul critère qui fait que cette relation n'est pas considérée comme TEES ambiguë, pour ne pas dire assimilable à une relation saphique, alors tu peux sans doute en rester là.
Mais pas moi, qui considère que si le cinéaste avait voulu filmer une affection plus ou moins ambivalente, c’est donc loupé !  
Enfin, nos amis jugeront, car je ne veux pas trop dévoiler ici les mots et attitudes de la reine qui font que j'en tire cette conclusion.

A noter que seule la reine semble être sous l'emprise affective de la duchesse qui, elle, s'en cogne ou en joue.
En bref, un sentiment fort, bien mal ou peu partagé.

Je veux bien ne pas définir la nature des sentiments.
On peut garder le même mot pour tout.
Mais enfin, puisque les notions d'amour, d’amitié et de désirs, existent, ainsi que, en l’occurrence ici, celle d’homosexualité : je ne vois pas pourquoi il faudrait les occulter sous seul prétexte de l'absence de passage à l'acte plus avéré ?  

Ce qui m'ennuie avec cette histoire, et c'est pourquoi je sous-entendais qu'il y avait 10/15 minutes de trop dans ce film autour de ce thème (et du coup, peut-être, ce focus des journalistes et autres excités), c'est qu'elle occulte presque ce qui, personnellement,  m'intéressait.
A savoir : Marie-Antoinette, à cette période précise.
Une femme aux abois, marquée par l'affaire du collier, bouleversée par la mort récente de son fils, projetée dans les affaires politiques, ayant pleinement conscience qu'elle est détestée, formidablement isolée.
Période cruciale, où parce qu'elle touche cette fois le fond, elle donne ce petit coup de talon, avec un peu de panique, pour tenter de sortir sa tête de l'eau.
Diane Kruger rend tout cela admirablement bien, tout comme Léa Seydoux, en témoin fasciné.

pimprenelle a écrit:

Cet esprit de la reine qui voltige d'objet en objet, comme un papillon... A un moment précis, la petite lectrice occupe toute son attention, puis, l'instant d'après, la pensée de la reine se porte ailleurs, la jeune femme disparaît de son champ de vue et la gardienne Campan veille à l'eclipser physiquement.
(...)
Ce mélange irrésistible de profondeur et de futilité où le détail devient l'essentiel, avec toute la frénésie de la fuite en avant..

Oui. Ces passages du film sont réussis !

De retour après une longue absence (en raison d'un tas d'emm... dont je me serais bien passé... bon, on s'en fout !), je livre ici mon sentiment sur ce film, d'autant plus qu'il va à l'encontre de la majorité de vos opinions. Franchement, je n'ai pas vraiment aimé...
D'un point de vue esthétique, je trouve costumes et coiffures vraiment pas terribles. Ayant encore visionné il y a peu "the affair of the necklace", le décalage m'apparaît encore plus grand. Bon, j'ai conscience que le budget n'est peut-être pas le même...
Ce qui m'a vraiment surpris, c'est cette atmosphère... comment dire... "crypto-lesbienne" comme diraient les magazines "tendance". Non pas qu'une histoire d'amour entre femmes (ou entre hommes d'ailleurs) me dérange le moins du monde, mais dans le cas de Marie Antoinette, c'est différent. Car enfin, ce film semble bel et bien relancer la fameuse question qui a tant décrié la reine à l'époque : ses supposés amours saphiques. J'ai eu la désagréable impression de voir remuer la boue de tous ces pamphlets orduriers et salaces, avec une volonté de titiller le spectateur ou de l'amener à se poser fatalement la question : n'y avait-il pas quelque chose de plus entre la reine et Mme de Polignac ? Au final, j'ai trouvé ça malsain... Pour moi, le film dénature l'amitié et l'affection qui a uni ces deux femmes, en laissant planer un doute là où il n'y en a pas.
Si Diane Kruger est assez crédible, je trouve assez "cliché" de lui faire jouer une Marie Antoinette aussi futile et insouciante. On est en 1789, la reine s'est pris dans la figure l'affaire du collier, l'échec de Loménie de Brienne, la banqueroute de la royauté, les Etats Généraux, la mort de son fils... Et on nous la montre aussi frivole et aveugle qu'à l'époque où elle était dauphine.
Autrement, mention spéciale à l'actrice qui joue la brave Campan et surtout à cette vision innatendue d'un Versailles "souterrain", inhabituel, un monde de mansardes, de sous-sols, assez insalubre et parfois sordide, peuplé d'une "faune" assez innatendue, loin du faste des salons et des dorures. C'est pour moi le point fort de ce film qui, autrement, m'a laissé un sale goût dans la bouche...

Citation :

Je ne suis pas étonné que tu ne sois pas d'accord avec moi sur ce sujet.
Une fois encore, notre perception de ce que tu appelles les sentiments, sans plus de précision, n'est pas la même.

C'est que, perso, je ne classifie pas les sentiments en hétérosexualité, homosexualité, bisexualité... y'en a d'autres, j'en oublie ? Pour moi, les gens aiment, et donc désirent être près de l'objet de leur affection, lui parler, boire ses paroles, les toucher, l'embrasser...

Après, tu mettras le curseur qui t'est cher pour en mesurer l'intensité, mais la nature du sentiment est toujours la même. On aime, donc on touche, même du bout des yeux... C'est ce qu'exprime ce film, pour moi... Du moins, de la part de la reine, prise entièrement par sa passion, de tout son coeur.

En revanche, la Polignac du film est bien plus froide, elle ne se donne jamais, à personne. C'est une vision que nous savons fausse, mais qui correspond assez à la réputation de l'époque.

Maintenant, si les journalistes et autres critiques veulent coller la notion anachronique d'homosexualité sur ce film, on ne peut les en empêcher. Mais, pour moi, ce n'est pas ce que Jacquot a fait. Son propos se situe au delà de cette notion réductrice. D'ailleurs, les hommes ne sont pas absents, la Polignac se taperait un gondolier, la reine brûlerait les lettres de ses amants...

Moi, j'vais te dire... Seul m'importe que Marie Antoinette aimait, et, quand elle aimait, c'était toujours d'amitié. Elle non plus ne classifiait pas beaucoup.

Je copie/colle, ici, les premiers commentaires de nos amis qui avaient eu la chance de voir ce film avant la date de sortie officielle...

Citation :

Alors...Très bon film !      
Les extraits en donnent sans doute une mauvaise impression car au final tout est vu par Sidonie Laborde au travers de sa condition de lectrice qui vit au milieu des domestiques du château de Versailles...Un peu à la manière de Gosford Park de Robert Altmann...Et au revers des couloirs on entre dans le monde de la cour où l'on côtoie Marie-Antoinette et Ses proches.
On découvre d'ailleurs la Reine au lit, et c'est là la scène qui Lui ressemble le plus car Elle y est tendrement attentionnée pour Sa lectrice comme Elle le fut avec Elisabeth Lebrun quand elle fit tomber ses pinceaux lors de sa grossesse ...
Les seconds rôles sont parfaits : mention spéciale à Noémie Lovsky en Henriette Campan et à l'interprète de Mademoiselle Bertin (qu'on appelle Madame pendant tout le film...) : on dirait notre ministre de la Mode dans ses portraits qui aurait pris vie!
En somme, c'est surtout un film d'ambiance, où le brouhaha met en scène ou plutôt défait tout ce qui est en train de disparaître... un film comme sait les faire Benoît Jacquot (cf: Sade). L'homosexualité de la Reine avec Madame de Polignac est suggérée (et même avec insistance) mais rien n'est montré, ce ne sont que les allusions qu'on voit sur youtube, déjà... Et la Gabrielle de Polignac semble presqu'un masque muet...toutes les premières scènes la montrent sans qu'elle ne prononce un seul mot...
Louis XVI me paraissait bien choisi, il est plutôt caricaturé quand même... ...non pas gros, mais lourdaud...
J'ai eu un échange d'environ sept minutes avec le réalisateur, que j'ai enregistré et que je vous retranscrirai probablement demain si ce n'est cette nuit...
Les anachronismes sont des choix du réalisateur...mais il ignorait s'être planté dans la représentation de l'époque qu'il avait traitée. Les inexactitudes historiques sont complètement assumées et même revendiquées au nom du septième art qui , là, semblerait prendre le pas sur l'Histoire.
D'ailleurs , sitôt ma question, on en est bien vite revenu au cinéma ,"parce qu'on n'était pas là pour faire de l'Histoire" (vous lirez cela dans la retranscription;) ).
Il a reconnu n'y rien connaître sur notre Yolande !
J'avoue n'être pas passé inaperçu

Bien à vous.

Citation :

Vendredi 9 mars à 10 H 30 projection de presse dans un cinéma de SAINT GERMAIN DES PRES  -  le film avait été présenté à la BN avec BENOIT JACQUOT qui avait répondu à des questions avant la projection du film !!!!!!
j'étais dans les lieux en compagnie de CECILE COUTIN qui avait assisté à la projection BN, donc une second vision !!!!!elle a aimé la musique classique.

L'image constituant l'ambiance est superbe, costumes intéressants !!!!!!  les lieux de tournage sont magnifiques !!!!!!d'avoir choisi des couloirs de service derrière les beaux appartements, avec peintures en mauvais état - bonne idée !!!!!! aussi les scènes de cuisine avec déjeuner des domestiques et papotages méchants sur les maitres !!!!!
Quelques détails, mais je suis perfectionniste, me gênent :

La reine parle de METZ  en disant prononçant le T alors que l'on "mess" -
Elle demande à la lectrice de prendre un livre dans sa bibliothèque du PETIT TRIANON - le livre ancien, en gros plan, n'est pas aux armes !!!!
dans une scène, la lectrice lit, en gros plan, quatre lignes de la main de la Reine !!!! ce n'est pas son écriture !!!!!!!!
à regarder dans la scène du salon doré - la reine assise avec Madame de POLIGNAC -  le canapé est superbe, avec tissu  copie du salon du billard au second étage de versailles,  mais si j'étais propriétaire de cet objet, je l'aurais refusé - grosse erreur du tapissier - en haut à droite - le raccord de toile est mauvais  - on retrouve le dessin mal placé !!!!!
Préparation avec changement de costumes des POLIGNAC dans l'entrée du premier étage du PETIT TRIANON !!!!!

Les comédiennes :
La reine est charmante, une scène, la montre de profil devant des bougies !!!!! sans le grand nez, elle ressemble beaucoup à MARIE ANTOINETTE !!!
Madame DE POLIGNAC est trop froide !!!la lectrice bien !!!!!
Mesdames CAMPAN et BERTIN sont bien interprétées !!!!
sans oublier les deux copines de la lectrice, jolies frimousses et très coquines !!!!!!


Par contre plusieurs scènes sont inutiles et gênantes :

Dans les couloirs du château, tentative de la lectrice d'avoir un rapport, le long d'un mur !!!! avec un gondolier !!!!! à la hussarde !!!!

elle entre dans la chambre de Madame DE POLIGNAC pour la réveiller, à la demande de la reine  -  la dame est couverte par un drap, mais ....A POIL !!!
la lectrice retire le drap et nous avons la vision complète du haut en bas de la dame qui se retourne en dormant,  vision de son C......

A la demande de la reine, et devant Elle, SIDONIE devra partir avec les POLIGNAC et prendre son identité  - MADAME BERTIN apporte une robe et SIDONIE se désabille devant la Reine -  A POIL ..... elle enlève sa chemise, et mêmes ses bas !!!!!
MARIE ANTOINETTE la regarde avec un petit air admiratif !!!!!!!!
vêtue de la robe de MADAME DE POLIGNAC, adieux à la Reine, et celle-ci donne un baiser à SIDONIE sur les lèvres !!!!!

Dans une autre scène MARIE ANTOINETTE déclare à SIDONIE son amour des femmes et de MADAME DE POLIGNAC - sa peau etc......

Je n'ai pas apprécié l'appui donné sur le sujet LESBIEN .... la Reine et Madame POLIGNAC, dans la galerie des Glaces se mettant tendrement front à front et partant vers le grand appartement en se tenant pas la taille, devant les courtisans !!!

A ce sujet, toujours la même erreur  - les personnages et la cour partent vers la gauche, c'est à dire, l'appartement de la reine, alors que la Reine part vers la droite pour se rendre dans son appartement !!!!!!!
même distance, même cadrage !!!!!!

Si nous comparons ce film avec le COPPOLA, c'est une réussite et elle est Française !!!!!!!!les deux films ne supportent aucune comparaison !!!!!!!
j'achèterai pour la collection, à sa sortie, le DVD !!!!!!!

Voici quelques lignes de critique sur le plan historique, ma mémoire me faisant défaut pour compléter !!!

Amicalement                                                 MARIE ANTOINETTE

CALONNE a écrit:

Si Diane Kruger est assez crédible, je trouve assez "cliché" de lui faire jouer une Marie Antoinette aussi futile et insouciante. On est en 1789, la reine s'est pris dans la figure l'affaire du collier, l'échec de Loménie de Brienne, la banqueroute de la royauté, les Etats Généraux, la mort de son fils... Et on nous la montre aussi frivole et aveugle qu'à l'époque où elle était dauphine.

Le film ne fait là que suivre le roman... Et les témoignages nous montrent que cette vision n'est pas fausse. Pensons aux préoccupations qui agitaient notre reine au départ pour Montmédy, à la pommade parfumée qu'elle faisait respirer à son garde au temple... Marie Antoinette était bien ce mélange de profondeur et de futilité, ce qui la rend si attachante, à mon avis. Magique...

Certes, mais là, on est quand-même peu de temps après la mort de son fils... Perso, ça m'a gêné cette insouciance et cette frivolité...