Marie-Antoinette l'affranchie

Fan est un peu fort. Au départ et depuis très longtemps, le sort tragique de Marie-Antoinette m'a infiniment touchée. Ce n'est pas très original n'est-ce pas !
Puis au fil du temps, l'imagerie simpliste sans cesse véhiculée par l'historiographie manichéenne m'a révoltée ; quelle soit à charge ou à décharge. Or les choses sont beaucoup plus nuancées que cela.
Le sujet de sa garde-robe, réduite à un tas de chiffons vide de sens par la plupart des historiens, en offre un exemple frappant.

Vos interrogations et réactions me sont familières, chère Dame d'atours, puisque je pense avoir parcouru un chemin similaire. Le personnage de Marie-Antoinette a été de tout temps utilisé à des fins politiques, et les biographies qui lui sont consacrées s'en ressentent.
C'est révoltant en effet.

Votre démarche de retrouver la reine à travers un domaine qui lui était très cher, l'apparence, est donc non seulement originale mais pertinente.

Merci Airin.
Les apparences sont inhérentes à toutes les sociétés humaines. De tous temps, ceux qui prétendent les juger sont généralement les premiers concernés.

Bonjour Dame d'atour,

J'ai manqué à tous mes devoirs en ne vous accueillant pas encore comme il se doit dans notre forum. Veuillez, je vous en prie, excuser mon accueil tardif ainsi que mes félicitations pour votre excellent ouvrage. Puisque vous nous avez donné l'occasion de vous poser des questions, j'en aurais une concernant un corsage dont vous parlez et qui aurait appartenu à la Reine Marie-Antoinette. Vous expliquez à cet égard que la mise en place de ce corsage n'est plus très compréhensible pour nous actuellement. N'y a-t-il pas un dispositif particulier permettant de redresser le dos de la Reine qui avait une épaule légèrement plus basse que l'autre ? Je m'exprime mal mais je songe à un système de rembourrage.

Bien à vous

madame antoine

Bonsoir Madame Antoine et merci pour votre accueil.

Plusieurs historiens, en particuliers G.Lenôtre (que respecte infiniment), se sont interrogé sur l'épaule dite « dérangée » de Marie-Antoinette d'où les corps ou corset rembourrés que vous mentionnez. L'origine de cette histoire se trouve dans la correspondance de l'impératrice Marie-Thérèse avec Mercy-Argenteau. Ce dernier lui rapporte en effet les propos de la comtesse de Noailles, se plaignant du refus de la dauphine de porter ses corps de robe baleinés en prétendant que son épaule se dérangeait, ce que je ne crois pas.

Lenôtre a semble t-il fait le lien avec un livre de Jean-Joseph-Alexis Roussel publié en 1802, et qui mêle le vrai et le faux de façon extraordinairement fantaisiste. (voyez à ce sujet l'encadré page 71 dans Marie-Antoinette l'affranchie). Un petit détail complémentaire que vous n'y trouverez pas à propos de cet auteur et que j'ai découvert depuis, c'est qu'il fut employé dès le 11 aout par la commission des Tuileries, en charge de l'organisation des scellés et des inventaires. Ainsi, comme il connaissait très bien les lieux, le vrai sonne vrai, et il brode le faux en paraissant crédible.
 
Pour avoir vu aux Archives Nationales des descriptions précises et détaillées de la fabrication des corsets de la reine par ses couturières, je ne crois pas du tout que Marie-Antoinette était « contrefaite » ainsi que le prétend ce Roussel.
Autre piste concordante, le corset conservé par le Musée Galliera provenant de Madame Éloffe, ne présente pas d'avantage de rembourrage.

Petite nuance quand même ! On sait par elle même que Marie-Antoinette avait une mauvaise jambe. Il reste de ce fait possible que sa silhouette en ait été impactée par une épaule plus basse que l'autre à certains moments de sa vie. Mais ce n'est qu'une pure réflexion que rien de concret n'atteste.

Bien à vous.

Merci pour votre réponse extrêmement précise, chère Dame d'atours. L'encart de la page 71 de votre ouvrage correspond effectivement à l'information qui m'était restée en mémoire. Vu la prestance de la Reine grandement vantée par ses contemporains, il est effectivement impossible de se la représenter contrefaite, mais je pense cependant qu'une légère scoliose n'est pas impensable. A cet égard la source, certes discutable mais même en la prenant au pied de la lettre, mentionne "plusieurs couches de tissu", ce qui pourrait ne constituer qu'un rembourrage de quelques centimètres et donc un dérangement minime et dès lors imperceptible avec ce léger subterfuge. Comme vous le faites remarquer à juste titre, la mauvaise jambe de la Reine pourrait être liée, encore que celle-ci soit éventuellement la conséquence d'un érysipèle.

Bien à vous

Chère Madame Antoine, c'est un plaisir d'échanger avec vous.
Comme vous le soulignez, la prestance de la reine, la grâce de ses gestes, son port de tête comme sa fameuse démarche glissante, interrogent sur cette éventuelle pathologie dorsale.
Je n’en ai pas trouvé la moindre mention dans mes recherches, pas même dans la correspondance de Marie-Thérèse.
Si l’on en croit le témoignage d’une lady anglaise en visite à Versailles, certaines dames de la cour étaient en effet atteintes de déformations posturales causées par les corps baleinés français. Avec la complicité de sa mère, Marie-Antoinette n’eut d'ailleurs de cesse de se débarrasser de ces instruments de torture néfastes à la santé.
Compte tenu du passif trouble de l'auteur comme de son texte, le corset des Tuileries n’est à mon avis et sans guère de doute possible, qu'une invention sensationnelle parmi d'autres pour vendre du papier.

Dame d'atours a écrit:

Compte tenu du passif trouble de l'auteur comme de son texte, le corset des Tuileries n’est à mon avis et sans guère de doute possible, qu'une invention sensationnelle parmi d'autres pour vendre du papier.

Oui.

Chère Dame d'Atours, je vous retourne le compliment et vous exprime encore mon admiration pour le profond travail de recherches que vous avez réalisé.

Bien à vous

madame antoine

Merci au forum de m'avoir renseigné ce livre.

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre intelligent, très nuancé et très érudit. Je le recommande à toute personne désirant en apprendre davantage sur la reine Marie-Antoinette.

Dame d'atours a écrit:

Bonjour à tous les membres de ce forum,

Je suis l'auteure de Marie-Antoinette l'affranchie. Je tiens à vous remercier sincèrement de l'intérêt que vous portez à mon ouvrage.

Bien à vous.

Chère Dame d'atours, soyez la bienvenue dans notre Boudoir. Comme le disent mes amis, c'est un honneur et un bonheur de vous compter parmi nous.

J'adore votre livre, qui est l'un des plus originaux et des plus pertinents qu'il m'ait été donné de lire sur notre reine... et pourtant, j'en ai lu, des pages et des pages ! Votre angle d'attaque est particulièrement bien trouvé, et vous permet d'atteindre, via la parure qui lui était à la fois chère et imposée, le coeur de notre reine.

Vraiment, bravo !

Parce qu'on peut prendre la musique, les portraits, les amies, Fersen, ses enfants, le roi... tout ce que vous voudrez, on n'aura jamais qu'un aspect de la mosaïque Marie Antoinette. En revanche, elle était toute dans ce qu'elle portait... jusqu'à sa dernière sortie, où elle a mis un point d'honneur à apparaître en Reine de France et fille des Habsbourg.

Merci pour ce livre qui fait d'ores et déjà partie de nos références !

Bonsoir Pimprenelle,

En travaillant sur ce projet de longue date, j’avais vraiment à cœur de raconter Marie-Antoinette autrement. La lecture que vous en avez me fait donc infiniment plaisir.

Merci à vous.

Chère Dame d'atour, puisque vous nous avez si gentiment proposé de répondre à nos questions, je me permets d'en relayer une de la part de l'un de vos plus grands fans, Benjamin Warlop (Majesté dans notre Boudoir). Créateur de mode et passionné par Marie Antoinette depuis de longues années, il essaie de s'approcher au plus près de la personne qu'elle était. Il voudrait tout savoir d'elle !

Et il est interpellé par la précision de vos chiffres lorsque vous avancez que notre reine chaussait du 36,5. Avez-vous pu mesurer l'une de ses chaussures ?

C'est peut-être un détail, mais c'est le genre de questions qui nous taraudent, quand nous parlons de Marie Antoinette... Quelle était la nuance exacte de ses cheveux, du combien chaussait-elle, laquelle était sa "mauvaise jambe"... ?

Merci d'avance, j'espère que nous n'abusons pas de votre temps... ni de votre patience !

Bien cordialement,

pimprenelle

Mais non vous n'abusez pas, aucun soucis !

Les souliers présumés de Marie-Antoinette se trouvant dans des musées, ou dans des collections privées, mesurent  23 cm pour les mules ouvertes à l'arrière, 24 cm pour les escarpins fermés. Certains semblant authentiques par leur provenance, la pointure 36.5 fait donc consensus. Il n'y a aucune mention spécifique sur les factures des fournisseurs de la reine n'y figurent que le type de modèle, le tissu et la couleur.

Sur les cheveux je ne peux que vous livrer que mon sentiment personnel. Les mèches reliques sont nombreuses, mais insuffisamment fiables et souvent différentes les unes des autres. Le coloris « cheveux de la reine » dont j'ai pu voir un échantillon de tissu, s'apparentait à un blond clair comparable à un épis de blé pâle, ne tirant pas du tout sur le blond vénitien. Néanmoins il ne faut pas oublier que les poudres colorées, dont une rousse, modifiait la nuance naturelle.

La chevelure de Marie-Antoinette ayant commencé à blanchir prématurément (vers 1785), m'incite à penser qu'une fois poudrés ses cheveux blancs se confondaient dans une teinte claire naturelle.

Mon bonjour à Majesté

J'adooooorrrre !!! Tout le livre la conversation !!!!
Dites Madame Antoine Marie-Antoinette bossue c'est juste pas possible !!!!
Dame d'atours le corsage de Galliera c'est celui-là ?
http://www.palaisgalliera.paris.fr/fr/oeuvre/corsage-dit-de-marie-antoinette-1755-1793



Haaaa baom baom baom la cambrure !!!!!
On voit bien qu'elle était trop magnifaïk la Reine

Dame d'atours a écrit:

Bonjour à tous les membres de ce forum,

Je suis l'auteure de Marie-Antoinette l'affranchie. Je tiens à vous remercier sincèrement de l'intérêt que vous portez à mon ouvrage.

Bien à vous.

Madame, j'admire beaucoup votre travail.

Bonjour à vous, Dame d'atour ( ravissant pseudo !) je suis à la traîne, et vais découvrir votre livre le plus vite possible;
J'apprécie déjà vraiment sa démarche intelligente et fine = "questionner" ce qui fut un des domaines de prédilection de la Reine, l'habillement, et en déduire, intuition, empathie, analyse, son sens profond;
Je me réjouis à l'avance de découvrir ce que vous en écrivez;

C'est un honneur pour ce boudoir où nous sommes si heureux, de vous accueillir.....

Très belle journée à vous ! Aglaë

Merci Aglaé. J'espère que vous apprécierez mon travail et que vous me direz vos impressions.

Dame d'atours a écrit:

Bonjour à tous les membres de ce forum,

Je suis l'auteure de Marie-Antoinette l'affranchie. Je tiens à vous remercier sincèrement de l'intérêt que vous portez à mon ouvrage.

Bien à vous.

Bonjour Dame d'atours (un bien joli pseudo, il est vrai). Bien que peu intéressé par la mode, je trouve votre étude très bien faite et votre analyse très juste. Votre livre figure en bonne place dans mes bibliothèques.

Je vous accueille avec plaisir dans notre cher forum est suis bien aise de pouvoir converser avec vous.

Madame, mes hommages.

Bonjour à vous Cochevis de Thekla,
J'ignore ce que vous vaut ce nom d'oiseau charmant, mais si j'en juge par le choix de votre portrait représentant l'élégant Jean-Georges Noverre, maître de ballet chorégraphe de Marie-Antoinette, vous ne devez pas être si insensible à l'esthétique vestimentaire.
Merci de me compter parmi vos lectures.
Bien à Vous.

Grands dieux ! Je suis découvert. Chère Dame d'atour, puisque vous m'avez percé à jour, j'avoue tout. J'ai un faible pour le chant des oiseaux. Je suis féru d'élégance dans tout, et je vais résolument vers celle qui ne se démode jamais.

Telle celle de vos propos, Madame.

« La mode se démode, le style jamais » Coco Chanel

Dame d'atours a écrit:

« La mode se démode, le style jamais » Coco Chanel

J'adore !!

Ma première sortie en librairie depuis le début du Covid-19. J'ai acheté votre livre, chère Dame d'Atours et aussi un autre qui était aussi renseigné dans le Boudoir de Marie-Antoinette.





J'ai hâte de pouvoir m'y plonger à loisir.

Chère Dame d'Atours, je constate avec plaisir que ces 2 livres récents sont enfin illustrés par un portrait authentique de Marie-Antoinette et plus par celui de sa soeur.

J'aime énormément ce portrait qui me parle beaucoup. Et puis ma préférence va toujours aux tableaux pour lesquels elle a posé en personne de manière certaine.
Bonne lecture à vous.