|
| Restaurants, cafés, hôtels et autres plaisirs... | |
| | |
Auteur | Message |
---|
Invité Invité
| Sujet: Restaurants, cafés, hôtels et autres plaisirs... Jeu 25 Oct - 13:54 | |
| Si nous faisions un tour dans le Paris du XVIIIème siècle ? A cette époque, Paris est bien la ville des plaisirs, surnommée "le grand café et l'hostellerie de l'Europe". Il nous faut d'abord poser nos bagages. Bien sûr, il se trouve quantité d'auberges et de relais. Mais si nos routes sont réputées à travers l'Europe (quatre jours de diligence seulement pour faire Lyon-Paris), il n'en est pas de même pour nos auberges... "On trouve de tout à manger dans ce pays, mais tout est si sale et mal apprêté que l'on n'y mange point" dira Mme d'Oberkich. Arthur Young, le grand voyageur anglais, se plaint beaucoup également, notamment des auberges aux chambres sans sonnette, où "il faut brailler pour appeler la fille". Mieux vaut donc se rabattre sur un hôtel, comme celui de Richelieu, réputé pour son calme et pour être bien tenu. On y trouve des chambres confortables avec un petit cabinet de commodité et une cheminée. Une fois rafraîchis et nos bagages posés, pourquoi ne pas aller souper ? A l'époque, on dit "dîner" pour le déjeuner et "souper" pour le dîner. Le restaurant est une invention assez récente au XVIIIème siècle. Auparavant, si l'on n'avait pas de cuisine, il n'y avait que deux solutions. On pouvait se faire livrer chez soi par un traiteur, mais les pièces livrées étaient toujours considérables, souvent trop copieuses pour une seule personne. L'autre solution était l'auberge, avec une table d'hôtes sur laquelle on posait un seul plat. Et il était conseillé de ne pas s'attabler trop loin de la soupière si l'on voulait manger à sa faim... Même chose pour l'eau : riche, vous pouvez vous abonner à la compagnie des eaux de Paris et vous êtes livré par chariot une fois la semaine (à condition d'avoir un endroit où stocker le précieux liquide). Sinon, il ne vous reste que les fontaines publiques (pas si nombreuses) ou en dernier recours... la Seine (avec tous les risques que celà comporte, rien d'étonnant à ce que coliques et troubles intestinaux soient légion). C'est un certain Boulanger qui aurait lancé la mode des restaurants en proposant plusieurs plats différents avec des tables séparées. Sa cuisine était si bonne que les gens prirent l'habitude de dire "Allons nous restaurer la panse chez Boulanger". Ce "restaurer" donna le restaurant. Une fois assis à votre table, un garçon vient vous apporter le menu (sur une grande plaquette verticale munie d'une poignée) et prend votre commande. Certains établissements sont trés courus : Au gros caillou propose une matelote délicieuse, on se presse à "La barrière" réputé servir "le pain le meilleur de Paris" et "L'eau la plus pure et la plus fraîche" ou encore "Chez Masse", réputé pour ses grillades à grand feu. Sans oublier "La tour d'argent", établissement réputé depuis son ouverture en... 1582. Il faut avoir faim, car même "Au caveau", l'un des établissements les plus simples et bon marché, on ne vous sert pas moins de six plats. Vous pouvez bien entendu terminer par un café, qui vous sera souvent servi avec un petit pot de crème fraîche. Surtout si elle vient de "L'enfant Jésus", sans conteste la meilleure laiterie de Paris ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Restaurants, cafés, hôtels et autres plaisirs... Jeu 25 Oct - 14:16 | |
| Merci pour ce petit exposé qui nous met l'eau à la bouche ... |
| | | Invité Invité
| Sujet: RESTAURANTS, CAFES, HOTELS ET AUTRES PLAISIRS... Jeu 25 Oct - 14:21 | |
| En fait, nous n'avons rien inventé : la plupart de ces "restaurants" et même les auberges d'autrefois, préparaient déjà des plats "à emporter" ! Il fallait bien sûr avoir de quoi les réchauffer chez soi. Je poursuivrai ce sujet avec les cafés, l'opéra ou encore les maisons de jeu et autres distractions... |
| | | Invité Invité
| Sujet: RESTAURANTS, CAFES, HOTELS ET AUTRES PLAISIRS... Jeu 25 Oct - 15:00 | |
| Avant de poursuivre, revenons un instant à notre voyage... Voyager au XVIIIème siècle était une aventure, que l'on roule carosse ou utilise la diligence. Les grands trajets duraient plusieurs jours et il fallait prévoir les relais pour changer les chevaux et où faire halte pour la nuit. Mais surtout, il fallait d'abord être en règle : chose surprenante, il fallait un "passeport" même pour voyager à l'intérieur du royaume. Souvenons-nous de celui obtenu par Fersen pour une certaine madame de Korff... Le véhicule le plus adapté à ces longs trajets était la berline, voiture assez vaste pour transporter plusieurs personnes, avec des roues plus petites à l'avant pour mieux négocier les virages. La voiture étant assez haute, il fallait déployer le marchepied et se tenir au montant pour y grimper. Si l'intérieur, souvent capitonné, pouvait être confortable, les suspensions n'existaient pas... La caisse était fixée sur des courroies en cuir de Hongrie qui se distendaient au fil du voyage avec les cahots et vibrations. Souvent, presque toutes les heures, il fallait s'arrêter et descendre pendant que le cocher prenait un cric pour soulever la caisse et retendre les courroies. Ce qui pouvait prendre une heure... Les bagages prenaient place sur le toit, on pouvait disposer des objets dans les "poches de commodité" des portières. Les plus riches avaient des "nécessaires de voyage" comme celui, bien connu, de Marie Antoinette : Pour les voyages en diligence, le billet incluait les nuits dans des relais avec le repas. Il fallait également avoir un bon cocher, souvent nommé " postillon", qui sache mener un attelage sans verser à la moindre difficulté ! Sans oublier ceux payés par des aubergistes concurrents pour aller relayer chez eux au lieu du relais prévu ! A côté du transport des personnes, on trouvait le service des Messageries qui permettait de faire parvenir des objets ainsi que la "Poste" de l'époque. Petit rappel : à l'époque, pas d'enveloppe ni de timbre. On écrivait sur une seule feuille que l'on pliait ensuite en trois et l'on séchait l'encre à la poussière ou à la poudre. L'adresse du destinataire était écrite au dos de la feuille. On faisait alors chauffer un bâtonnet de cire et on scellait la lettre avec une coulée de cire chaude sur les deux bords qui se rejoignaient. C'était le fameux "cachet". Ceux qui avaient un sceau l'imprimait dans la cire tiède. Pour plus de sécurité, on pouvait entourer la lettre d'un ruban, usage fréquent chez les dames. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Restaurants, cafés, hôtels et autres plaisirs... Jeu 25 Oct - 16:43 | |
| Bravo pour ce fil qui nous raconte la vie quotidienne ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Restaurants, cafés, hôtels et autres plaisirs... Jeu 25 Oct - 18:12 | |
| - CALONNE a écrit:
- chose surprenante, il fallait un "passeport" même pour voyager à l'intérieur du royaume.
Bien sûr ! Et comme il fallait que lesdits passeports soient autorisés par le roi, il paraît que c'était l'un des nombreux griefs du duc d'Orléans contre son cousin . |
| | | Invité Invité
| Sujet: RESTAURANTS, CAFES, HOTELS ET AUTRES PLAISIRS... Jeu 25 Oct - 18:59 | |
| Bien sûr, il fallait se distraire un peu pendant ces longs voyages. On pouvait lire, jouer aux cartes, bavarder mais aussi tenir à jour sa correspondance. On trouvait en effet des écritoires de voyage, tels que celui-ci : Celui-ci date du début du XVIIIème. On y voit les deux encriers, le compartiment pour les plumes et à droite, un compartiment pourvu d'une serrure pour y ranger documents et lettres. Au cas où vous devriez voyager en hiver, n'ayez crainte, le cocher disposera des chaufferettes dans la voiture : Ces dernières sont de la fin du XIXème, mais celles du siècle précédent ne diffèrent guère. On ouvrait le couvercle pour les remplir de braises et on les plaçait sous les banquettes pour chauffer la caisse. Une fois à Paris, vous pouvez , pour vos déplacements, héler un fiacre, les "taxis" de l'époque, même si les cochers passent pour les moins bien embouchés du monde... Ne cherchez point les pittoresques chaises à porteurs, on ne les trouve plus qu'en Italie ou en Espagne. Se déplacer à pied est déconseillé en hiver : beaucoup de rues n'ont pas de trottoirs, pas d'égoûts ou de pavés et deviennent boueuses et impraticables dés qu'il pleut ou neige. N'hésitez pas à recourir aux services des portefaix, postés au coin des rues principales : solides gaillards armés d'un bâton, contre quelques piécettes, ils vous prennent dans leurs bras ou sur leur dos et vous font traverser le bourbier sans problèmes. On fait appel à eux pour transporter quantité d'affaires d'un bout à l'autre de la ville. D'après Sébastien Mercier, ces hommes " deviennent sensibles à leur charge dans tout leur corps... Le pavé leur devient indifférent... Armés de leur bâton, ils trottent et jurent de même pour alerter les passants... Ils transportent de la vaisselle précieuse d'un bout à l'autre de la ville et, si rien ne tombe d'une fenêtre, il n'y aura pas la moindre fêlure à une tasse." On raconte qu'ils sont les seuls à pouvoir relever une voiture renversée ou un cheval tombé, se prenant les pattes dans les rênes. Nul doute qu'ils sauront vous mener à bon port! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Restaurants, cafés, hôtels et autres plaisirs... Jeu 25 Oct - 19:07 | |
| C'est presque du life que tu nous fais là ! Tous ces petits détails nous restituent le quotidien sous l'Ancien Régime comme si nous y étions ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: RESTAURANTS, CAFES, HOTELS ET AUTRES PLAISIRS... Jeu 25 Oct - 19:15 | |
| Je me dois de citer (et fortement conseiller) entre autres : "Le 1er janvier 1789", superbe livre d'Arthur Conte, une mine d'informations sur la vie quotidienne de l'époque. |
| | | Invité Invité
| Sujet: RESTAURANTS, CAFES, HOTELS ET AUTRES PLAISIRS... Jeu 25 Oct - 20:43 | |
| Si nous prenions donc un café, pour nous reposer du vacarme des rues ? Le café en tant qu'établissement nous vient de Constantinople. Trés vite ouvrent en Europe des établissements similaires, où l'on vient boire ce nouveau breuvage. Au XVIIIème siècle, le café est devenu un lieu de rencontre et d'échanges, on y vient pour boire (un café, mais aussi un chocolat, un verre de vin, une bavaroise...), pour discuter, lire les journeaux, commenter les dernières nouvelles... Certains sont luxueux, avec glaces, lustres, guéridons de marbre, cheminée... Parmi les plus célèbres, le Procope et la Régence où se retrouvent philosophes, bourgeois, promeneurs et... espions du lieutenant de police, les fameux "mouchards". On se regroupe autour du poêle, on commente les dernières nouvelles, les derniers pamphlets... On joue aussi, aux échecs principalement. De passage à la Régence, vous y croiserez peut-être le célèbre Phillidor, le plus grand joueur de l'époque, capable de jouer et gagner deux parties simultanément et les yeux bandés ! On joue également aux dames ou au billard. Ce dernier jeu serait en fait inspiré du jeu de croquet anglais. Les joueurs auraient imaginé une version d'intérieur pour pouvoir jouer en cas de mauvais temps, sur une table. Ce qui explique qu'au XVIIIème, les queues de billard ont encore une extrémité recourbée. Louis XIV aimait beaucoup ce jeu et Marie Antoinette s'en est entichée également. On joue aussi au loto ou aux dominos. Sous la Révolution, les monarchistes joueront avec des dominos où les lettres remplaceront les points, permettant d'écrire : "Vive le roi, la reine et monseigneur le dauphin." De même, les révolutionnaires joueront aux cartes avec un jeu où rois, reines et valets seront remplacés par des "égalité" ou "vertus". Mais l'on ne joue pas aux cartes au café, les cartes font partie du "Jeu", officiellement interdit dans le royaume. Il faut se rendre en certains endroits pour risquer ses louis aux jeux d'argent... Avec la Révolution, les cafés s'effaceront devant les clubs, où l'ambiance sera tout autre... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Restaurants, cafés, hôtels et autres plaisirs... Jeu 25 Oct - 22:18 | |
| Formidable ! Merci cher Calonne. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Restaurants, cafés, hôtels et autres plaisirs... Ven 26 Oct - 9:36 | |
| merci beaucoup!c'est un plaisir decouvrir tout ca |
| | | Invité Invité
| Sujet: RESTAURANTS, CAFES, HOTELS ET AUTRES PLAISIRS... Ven 26 Oct - 10:24 | |
| Il est vrai que passer un moment au café est une bien agréable détente. Ne serait-ce que pour lire les journaux, comme Le mercure de France (fondé en 1672), si plaisant avec ses poèmes, devinettes et charades et qui vous apprend tant de choses ! Sans oublier L'almanach royal qui date lui de 1683. Ce dernier nous présente chaque année, dans l’ordre officiel des préséances, la liste des membres de la famille royale de France, des princes de sang, et des principaux corps du royaume : grands officiers de la Couronne, membres du haut clergé, abbés des grandes abbayes (avec le revenu de chaque abbaye !), maréchaux de France, colonels et officiers généraux, ambassadeurs et consuls de France, présidents des principales juridictions, conseillers d'État, banquiers, etc, etc... Lecture bien fastidieuse parfois, j'en conviens. En confidence, ne vous y faites point inscrire sans y être autorisé : Pierre Joly, un poitevin, fut embastillé pour avoir usurpé la profession de banquier en se faisant inscrire comme tel dans l’Almanach royal. Permettez que je prise ? Ma tabatière vous plait-elle ? Elle date de la mort de Louis XV et de l'avènement de Louis XVI : réalisée en peau de chagrin, elle est ornée d'un portrait du nouveau roi et s'apelle "consolation dans le chagrin". Le fabriquant en aurait vendu des centaines à l'époque. Le tabac se fume, mais se prise surtout : on en dépose une pincée sur le dos de la main et l'on inspire fortement. La Faculté recommande celà pour soulager les migraines. Vous trouverez le meilleur tabac à La civette, où tous les amateurs se pressent. La tête vous tourne ? Trop de bruit ? Allons, il est temps d'aller au spectacle. A la sortie du café, donnez donc une pièce au pauvre gamin qui porte le bonnet bleu des enfants trouvés. Tant d'enfants abandonnés devant les églises, quelle tristesse ! Dans certaines paroisses, on a même mis en place une sorte de tourniquet : un compartiment rotatif enchâssé dans la porte. La pauvre mère y dépose l'enfant et fait tourner le compartiment pour le pousser vers l'intérieur avant de sonner et fuir...
|
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Restaurants, cafés, hôtels et autres plaisirs... Ven 26 Oct - 10:44 | |
| - CALONNE a écrit:
- Tant d'enfants abandonnés devant les églises, quelle tristesse !
.... comme Mme de Tencin, d'Alembert ... |
| | | Invité Invité
| Sujet: RESTAURANTS, CAFES, HOTELS ET AUTRES PLAISIRS... Ven 26 Oct - 14:06 | |
| Ouf ! Après tant d'embarras de voitures, nous voici enfin au théâtre. Mesdames, masquez-vous le visage de votre éventail à votre descente de voiture. Eh oui, il est tout simplement impossible de descendre pudiquement de carosse en grands paniers ! Pour se dégager, il faut basculer l'armature vers l'arrière, ce qui lève la toilette sur le devant et jusqu'en haut... Et comme les dames de l'époque ignorent les sous-vêtements... Que croyez-vous donc qu'attendent ces messieurs massés à l'entrée, hum ? La mode est si tyrannique parfois, comme ces immenses perruques de Léonard qui vous obligent, Mesdames, à voyager à genoux dans vos carosses ou la tête à la fenêtre. Pour en revenir aux dessous, savez-vous qu'un soir, une actrice, dans le feu de son jeu, est tombée à la renverse, dévoilant son "intimité" à tout le premier rang ? Dès le lendemain, le premier gentilhomme de la Chambre (qui régit le monde du spectacle) édictait une ordonnance obligeant toute actrice "à endosser caleçon". Car vous ne devez pas être étonnés de voir débarquer sur scène César, Brutus ou Agrippine en pourpoint, panache et paniers ! Il faudra attendre Talma, dans les années 1800, qui sera le premier à apparaître en toge et sandales (ce qui lui vaudra les moqueries de ses collègues, lui demandant "où il comptait ranger son mouchoir"). Ne boudons pas notre plaisir, la mise en scène a beaucoup progressé : les vagues sont des morceaux de carton bleu (découpés en forme de vague), piqués sur un bâton et que des assistants, dissimulés sous la scène, font "rouler", les divinités descendent du ciel sur des nacelles déguisées en chariots, les esprits sortent de terre par des trappes aménagées dans le plancher de la scène, le tonnerre est produit par des roulements de tambour, les éclairs par de la poudre jetée sur des flammes (c'est miracle qu'il n'y ait pas encore eu incendie !)... Sans oublier nos acteurs, comme Dugazon, Sophie Arnoult, la Clairon ou encore Marie Antoinette Raucourt (sublime tragédienne et assumée adepte de Lesbos). Profitons-en avant que la Révolution ne vienne censurer tout cela ! Des retranchements ou modifications parfois ridicules seront alors appliqués aux plus beaux textes. Au lieu d'avoir "Le Roi passait", on aura "La Loi passait"... Nous irons jusqu'au grotesque avec "Nous vivons les jours d'un prince ennemi de la fraude" qui deviendra "Ils sont passés les jours consacrés à la fraude" ! Le spectacle vous a-t-il plu ? Dans ce cas, poursuivons notre soirée ailleurs, il y a tant à faire à Paris ! Attention à la bousculade à la sortie. Comme d'habitude, voilà un monsieur se querellant avec le guichetier pour ravoir son écu de gage. En effet, pour "entrer dire un mot à un ami", il fallait laisser un écu en gage au guichetier. Ce dernier avait l'oeil sur sa montre et gardait l'écu de celui qui était resté trop longtemps à l'intérieur... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Restaurants, cafés, hôtels et autres plaisirs... Ven 26 Oct - 15:37 | |
| Tout cela est fort intéressant et instructif. Merci Calonne. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Restaurants, cafés, hôtels et autres plaisirs... Sam 27 Oct - 10:46 | |
| En 1598, la seigneurie de Milly-la-Forêt est en possession de François d’Averton. C’est à cette époque que HENRI IV, roi de France et de Navarre, vient à Milly. Il descend à l’ancienne hostellerie du « Lion d’Or », place du marché, en venant de Paris en diligence. HENRI IV chasse souvent dans les bois environnants : la forêt de Fontainebleau, la forêt de Milly et celle de Malesherbes. Il séjourne à Fontainebleau avec Gabrielle d’Estrée, sa favorite, et rend souvent visite à Henriette d’Entragues au château de Malesherbes après la mort de Gabrielle. Un jour de 1603, le bon roi HENRI IV descend à Milly en venant de Paris en diligence. Il rencontre un Milliacois attardé dans une auberge, près de la Halle. HENRI IV est habillé en simple voyageur. Il converse avec le Milliacois avec bonne humeur et lui demande après un court entretien ce qu’il pense et ce que pensent les gens du roi de France. Le Milliacois, tout calmement et sans chercher à éviter de donner son opinion, lui répond que le roi aime trop ses aventures galantes. HENRI IV, sans se vexer, lui pose aussitôt une petite devinette que voici : « Quelle différence y a-t-il entre un gaillard et un paillard ? »
Et le Milliacois lui donne cette réponse pleine de bon sens et d’esprit : « Sire, il n’y a que la table qui les sépare ! » |
| | | Invité Invité
| Sujet: RESTAURANTS, CAFES, HOTELS ET AUTRES PLAISIRS... Lun 29 Oct - 14:30 | |
| Laissons celà et poursuivons notre soirée. Vous êtes tentés par le jeu ? Un ton plus bas, vous n'ignorez point que le jeu est interdit dans le royaume. En principe... En vérité, rien qu'au Palais Royal, on compterait plus de trente endroits où risquer ses deniers ! Et nos banquiers de jeu sont prospères, je vous l'assure. Mais connaissez-vous bien les cartes ? Saviez-vous que les quatre rois sont quatre grands rois historiques : David (roi de pique), César (roi de carreau), Charlemagne (roi de coeur) et Alexandre le Grand (roi de trèfle) ? Le valet de trèfle est Lancelot du Lac, celui de carreau est Hector de Troie, le valet de pique est Hogier (cousin de Charlemagne) et celui de coeur est La Hire, un gentilhomme compagnon d'armes de Jeanne d'Arc. Les reines (ou Dames) ? Celles de coeur et de carreau sont respectivement Judith et Rachel, héroines bibliques et la dame de pique est Pallas, de la mythologie grecque. Pour la dame de trèfle, il s'agirait d'un personnage fictif dont le nom, Argine, serait en fait l'anagramme de Regina, qui signifie "reine" en latin. Oubliez donc les jeux tels que le lansquenet ou la cavagnole, prisés par Marie Leczinska et simplement conçus pour meubler le temps. Parmi les jeux plus "pimentés", on retiendra le Macao et le Pharaon (jeu de prédilection de la noblesse) où l'on joue de trés fortes sommes avec un "banquier" qui tient la banque. A la fin, il peut ne rester qu'un joueur qui joue alors seul contre la banque. Certaines parties sont restées fameuses comme celle de Macao où l'impératrice Catherine II de Russie offrît un diamant à tous les joueurs tirant un neuf. Elle en distribua ainsi 150... Soyez néanmoins prudent, surtout si vous jouez à l'hôtel d'Angleterre, l'hôtel de Venise ou le salon du chevalier Zeno où les mises peuvent être vertigineuses. Sans compter certains joueurs professionnels ayant comme on dit joliment "la main exquise" (trichant avec habileté). Les gens du lieutenant de police repêchent souvent dans la Seine, au petit matin, les corps de joueurs ruinés qui ont préféré en finir de cette façon... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Restaurants, cafés, hôtels et autres plaisirs... Lun 29 Oct - 14:49 | |
| J'ignorais l'identité des rois et des reines ! Pourquoi ce choix ? Quand ? Qui en est l'auteur ? En tout cas, c'est intéressant . Merci Charles-Alexandre ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: RESTAURANTS, CAFES, HOTELS ET AUTRES PLAISIRS... Lun 29 Oct - 15:11 | |
| Difficile de te répondre... Il faudrait remonter aux origines des cartes pour savoir qui a décidé celà (s'il s'agit d'une seule personne). Je pense qu'il s'agit plutôt d'un "consensus" qui s'est établi progressivement. Il y a encore un doute sur la Dame de trèfle : pour certains, Argine ne serait pas un anagramme, mais bien le nom d'une femme. Pour d'autres, cette reine (la seule qui ne tient pas une fleur) serait Marie d'Anjou, femme de Charles VII, sur décision de ce dernier. A suivre... |
| | | Invité Invité
| Sujet: RESTAURANTS, CAFES, HOTELS... Lun 29 Oct - 15:34 | |
| Il semblerait bien que les rois représentés sur les cartes soient issus du mythe des "neuf preux".
La légende des Neuf Preux apparaît pour la première fois dans "Les Vœux du paon", roman en vers composé par Jacques de Longuyon. Le héros de ce poème souhaite rivaliser avec les guerriers illustres du passé et puise successivement aux trois sources des antiquités gréco-romaines, juives et chrétiennes pour choisir ses modèles. Le succès du thème est tel qu'il se répand rapidement dans toute l'Europe et inspire énormément d'artistes.
Les neufs preux sont :
- Hector, Alexandre et César (païens) - Josué, Judas Maccabée et David (bibliques) - Charlemagne, Arthur et Godefroy de Bouillon (chrétiens)
Cette histoire, ce mythe, fût trés populaire dans le monde médiéval et inspira beaucoup d'artistes. Il se peut qu'il soit à l'origine des rois du jeu de cartes.
|
| | | Invité Invité
| Sujet: RESTAURANTS, CAFES, HOTELS ET AUTRES PLAISIRS... Lun 29 Oct - 15:49 | |
| De toutes façons, l'attribution des personnages du jeu de cartes a dû se faire au fil du temps, avec des variantes. Je n'imagine pas quelqu'un fixant, du jour au lendemain, tel personnage pour telle carte. Après, il reste bien des questions : pourquoi la dame de trèfle ne tient pas de fleur, pourquoi le roi de carreau est de profil et n'a pas de bras, pourquoi la dame de pique est de profil également... ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Restaurants, cafés, hôtels et autres plaisirs... Lun 29 Oct - 16:09 | |
| - CALONNE a écrit:
Après, il reste bien des questions : pourquoi la dame de trèfle ne tient pas de fleur, pourquoi le roi de carreau est de profil et n'a pas de bras, pourquoi la dame de pique est de profil également... ? C'est ce que se demande ce jeune-homme : |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Restaurants, cafés, hôtels et autres plaisirs... Lun 29 Oct - 16:17 | |
| Ou bien il monte un château de cartes ? Ou les deux |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Restaurants, cafés, hôtels et autres plaisirs... Lun 29 Oct - 16:28 | |
| Créé en 1981, inauguré en décembre 1997 dans ses nouveaux locaux, le Musée Français de la Carte à Jouer abrite également la Galerie d'Histoire de la Ville d'Issy-les-Moulineaux dans le pavillon d'entrée de l'ancien château des Princes de Conti qui jouxte le bâtiment moderne consacré à la carte à jouer.
Le musée Seul musée de la carte à jouer en France et l'un des sept musées existant dans le monde consacrés à ce thème, destiné à tous les publics, du simple curieux au chercheur le plus exigeant, le musée offre une passionnante plongée dans le monde de la carte qu'il permet de découvrir tout en s'amusant.
Quelque 9 000 ensembles dont près de 6 500 jeux de cartes, 980 gravures, dessins, affiches et plus d'un millier d'objets sont rassemblés dans le musée.
Le musée français de la Carte à jouer présente aussi des expositions temporaires, des animations, conférences, un centre de documentation spécialisé. - CALONNE a écrit:
- De toutes façons, l'attribution des personnages du jeu de cartes a dû se faire au fil du temps, avec des variantes. Je n'imagine pas quelqu'un fixant, du jour au lendemain, tel personnage pour telle carte.
..... comme nous le voyons ci-dessous : |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Restaurants, cafés, hôtels et autres plaisirs... | |
| |
| | | | Restaurants, cafés, hôtels et autres plaisirs... | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |