Voici ce qu`on chantait pour Marie Thérèse au Temple en 1795
Calme-toi jeune infortunée.
Bientôt ces portes vont s`ouvrir.
Bientôt de tes fers délivrée,
D`un ciel pur tu pourra jouir.
Mais un quittant ce lieu funeste,
Où régnant le deuil et l`effroi,
Souviens -toi du moins se qui reste,
Des cœurs digne de toi.
Ce vers a été composé par Lepître.
Celui-ci est de Mademoiselle de Brevanne.
La jeune prisonnière
Au fond de cette tour obscur
Où on m`a confiné le malheur,
Vainement toute la nature
Me paraît sourde de ma douleur.
Ah ! cependant des cœurs sensibles,
Que je sais s`occuper de moi.
Rendre mes chaines moins pénible,
En me privant encore leur loi.
L`intérêt, ni flatteries,
N`ont point inspiré leur accents;
Par eus je suis toujours chérie,
Je dois tout à leur sentiments,
Oui, seule je les intéresse,
Sans l`éclat pompeux des grandeurs,
Sans récompense, ni promesse,
Je règne à jamais sur leur cœurs.
Celui-ci est la par M. Lacretelle le jeune.
Adieu noir créneaux, Voûtes sombres,
Où de mes malheureux parents ,
Tout les soirs les royales ombres
Poussant de sourds gémissements.
Le coupable s`arrête et écoute,
Ses cheveux dressent d`effroi;
Et moi je n`entend sur la voûte
Que ces mots: « Nous veillons sur toi.»
C`est ici que mon tendre père,
Instruisant son fils et moi,
Lui montrant les mots de la terre,
Lui traçait les devoirs d`un roi.
Nous l`entendons, chaque journée,
Bénir le ciel et son courroux,
Et, soumis à sa destinée,
Tout bas il gémissait sur nous.
Ma mère ...Ah ! je te vois sans cesse
Partant pour l`affreux tribunal,
Nous mouiller de pleurs et de tendresse
Et reprendre un clame royale;
Chère ombre, veille sur ta fille,
Et de la région des saints,
Viens, conduis-là vers la famille,
Témoin de tes seuls jours sereins!
C`est de cette tour où nous sommes
Qu`Élisabeth me dit adieu,
Marchant vers l`échafaud des hommes,
Marchant vers le trône de Dieu
Comme un ange, perçant la nue
Quand Dieu vient de la rappeler,
Laisse à regret l`âme abattue
Qu`il était venu consoler.
Je pars. Suis-moi mon jeune frère...
Mais où s`égarent mes esprits ?
Le ciel comblé ma misère,
Il n`est plus cet espoir des lis;
Dans cette enceinte meurtrière.
Il est mort séparé de moi,
Je n `ai pu fermer la paupière
De l`orphelin qui fut mon roi.
De mes parents l`affreux supplice,
Vous l`avez vu sans vous armer.
Français qui vous fut complice ?
Mais il m`ont dit de vous aimer.
Mon père, en ses douleurs cruelles,
Mon père, attendant le trépas.
Priait pour les Français fidèles,
Priait pour les Français ingrat.
Voilà, comme j`aurais aimée entendre la musique
Fleurdelys