Ses rapports avec Mesdames

Voici un portrait de Madame Victoire :


http://groups.yahoo.com/group/Images_of_Marie_Antoinette/spnew

En effet, il s'agit du dernier portrait connu de la princesse, peint en 1791, à Rome, par Elisabeth Vigée-Lebrun. A cette époque, le désenchantement venait de succéder à l'espoir, après la tentative manquée de fuite à Montmédy...

Voici un détail du tableau, qui permet, en cliquant dessus, de mieux voir les traits de Madame Victoire:



Et voici le pendant de ce tableau, représentant Madame Adélaïde, portraiturée au mois de juin de la même année:



Il s'agit là encore du dernier portrait de Madame Adélaïde.

Elle a l'air de s'être arrondie en vieillissant...



Avant, elle était plus sèche, non ?

Madame Victoire a toujours apprécié la bonne chère, d'où un certain embompoint dès son jeune âge. Le roi l'aurait surnommé Coche à cause de ce trait particulier... Toujours est-il que ce n'est pas en vain que la princesse partit en cure à Plombières et à Vichy...

Au fait Lakmé, j'ai entendu dire par un guide à Versailles que Victoire (je crois que c'est elle) s'habillait toujours de manière négligée, non ordonnée, ce qui lui a valu un surnom de la part de Louis XV, j'ai oublié lequel....c'est vrai?

Je sais que le roi l'appelait Coche, mais je n'en vois pas d'autres concernant ses tenues. Remarquez, j'ai envoyé un ami à une conférence sur Mesdames, il y a peu, qui m'a rapporté une anecdote de ce genre, mais je n'en sais pas plus...

Je pense que Madame Victoire s'habillait de façon tout à fait correcte à la cour, à l'instar d'une vestale de l'étiquette, mais il est vrai qu'à Bellevue, l'habit de mise était la robe violette que montre le tableau présenté à l'instant par Pimprenelle (par Labille-Guiard, 1788, Madame Victoire dans les jardins de Bellevue). Cet atour était beaucoup moins recherché que les autres tenues de la princesse...

Ben je suis sûr que le guide a bien insisté dessus, et justement après il disait qu'Adélaïde était au contraire très attentive à sa tenue

Mais le surnom en question je l'ai oublié...s'il me revient je vous le dirai

En tout cas je n'ai lu ça dans aucune des biographies consacrées à Mesdames... Me voilà tout à coup intriguée! :cyclops:

Les surnoms des filles du roi étaient: "Torche" ou "Locque" pour Adélaïde, "Coche" pour Victoire, "Graille" pour Sophie, "Chiffe" pour Louise. C'est un de ceux-là?

Ah oui!!! C'est Locque!

Donc le guide parlait en fait d'Adélaïde, qui s'habillait négligeament, contrairement à Victoire, et Louis XV l'appelait locque parce qu'elle s'habillait "bizarrement"...enfin c'est ce que disait le guide

En effet, il y a plusieurs hypothèses quant aux surnoms royaux. Torche ou Locque peuvent aussi désigner le caractère brouillon d'Adélaïde, ce qui est admis le plus souvent. Détail amusant, quand on compare les robes de la princesse avec celles de Victoire, on a l'impression que les atours d'Adélaïde étaient moins négligés que ceux de sa soeur...

Mais si l'on s'en réfère à Simone Poignant, il semblerait que l'existence de ces surnoms puisse être remise en cause, puisque l'on voit Madame Louise signer à l'abbesse de Fontevraud, du temps où elle y était encore, du surnom de Chiffe... Le roi n'aurait-il donc pas inventé ce nom pour sa fille? L'aurait-il repris à l'abbesse? J'avoue n'en pas savoir plus...

Oui étrange en effet...

Le guide nous disait que l'usage de surnoms était très à la mode au XVIIIème siècle, comme "Babette" pour Elisabeth, "Gros-Madame" pour Clothilde etc...
Même si ces surnoms étaient en général fait pour souligner un défaut physique ou autre d'une personne, l'affectif en était le premier but...
Et le coté brouillon d'Adélaïde a dû lui valoir ce surnom...mais le guide ne donnait pas ses sources

Lakmé a écrit:

Cette gouvernante était une certaine comtesse d'Andlau, mais je ne sais s'il s'agit de la tante de Madame de Polignac, ou si elle lui est seulement apparentée.

Merci , Lakmé !
C'est bien le nom qui ne me revenait point ce matin ; aussi cela confirme-t-il mes propos : je pense en effet que la Comtesse d'Andlau est la Tante de Madame de Polignac, demoiselle de Polastron , mais je tenterai de retrouver ma source

Bien à vous.

Pour des renseignements sur Mesdames Tantes, un site très bien fait et très richement illustré !
http://mesdamesdefrance.mabulle.com/index.php/2007/05/11/61882-rapide-presentation-de-mesdames

Voici encore une lettre de Marie-Antoinette citée par Lescure, datée du 3 Mai 1777, à Marie-Christine, en ce qui concerne ses relations avec Mesdames en cette année et avec sa belle soeur Provence. Là aussi cette lettre à toutes les chances d'être fausse, je ne l'avais jamais lu et elle n'apparaît pas dans la correspondance de Lever :

"Je me retire sur les soupers en famille; je les maintiens le pkus que je peux, afin d'établir la vie d'intimité. Allez, ma chère soeur, c'est une tâche difficile, et plus je vais, plus je soupçonne que ma tante Adélaïde ne m'a pas encore pardonné d'être venue lui enlever la position qu'elle occupait avant mon arrivée; ses grands moyens la font écouter, mais elle trouve que ce n'est pas assez; j'ai travaillé auprès du roi à assurer une maison aux trois soeurs, au lieu de la boîte exiguë où elles vivaient. Je n'ai pas la certitude qu'on m'en ait su gré, elle surtout; ma tante Victoire avait une bonté maternelle pour moi, que j'ai vue souvent se raviver; mais on dirait qu'elle a fini par être entraînée par les deux autres.
Rien ne me fera départir de ma conduite enpressée pour mes deux belles-soeurs mariées, et j'éviterai toujours tout ce qui pourrait donner de la méfiance. mais le ton de supériorité de Monsieur, devenu le premier personnage du royaume apès le roi, n'a pas tout à fait passé à sa femme, il me semble, à l'user, qu'elle a, au fond du coeur, quelque chose qu'elle ne dit pas..."

Cette fois (si cette lettre est bien fausse mais il n'y a peu de doutes...) le faussaire a pris la peine de la faire nommer Provence "Monsieur" et non "M. de Provence"
Si le style peut effectivement correspondre à celui de Marie-Antoinette, je pense que le contenu est un peu trop médisant et intriguant pour que ce soit d'elle...mais...cela veut quand même dire que son auteur s'est inspiré de fait réel : à savoir qu'en 1777, les relations entre Marie-Antoinette et Adélaïde s'étaient bien dégradées, tout comme ses relations avec le Comte et la Comtesse de Provence

Selon le comte de Mercy-Argenteau, Mesdames "n'ont jamais eu le talent de se conduire convenablement aux circonstances". le rez-de-chaussée de Versailles, où logent mesdames aurait été un foyer d'intrigues et de ragots. Le même Mercy note que les trois vieilles filles se haïssent et se jalousent même entre elles, et qu'à l'époque où la dauphine les visitaient, Madame Adélaïde et Madame Sophie tentaient d'éloigner La jeune dauphine de madame Victoire. On peut comprendre que madame Louise ait fuit ce nid de serpents pour aller vivre au Carmel....

C'est de la bouche de Madame Adélaïde que sortira en premier le terme "l'Autrichienne", qui poursuivra la Reine jusqu'à sa mort. Et c'est dans la bouche de madame Victoire qu'on entendra le fameux "ils n'ont plus de pains ? Mon dieu si ils pouvaient se résigner à manger de la croute de pâté", ce qui est devenue "Ils n'ont plus de pain ? qu'ils mangent de la brioche", et replacer par les ragots dans la bouche de Marie Antoinette.

Certains pensent que bon nombre de pamphlets et de calomnies sur la Reine venaient de Bellevue ou du rez de chaussés de Versailles...

Il est un peu facile de faire porter à trois vieilles filles tous les rouages de la révolution française et les pamphlets dont fut victime la reine !!

Même si l'ainée avait un caractère bien trempé et désagréable , de véritables industries du pamphlet et de la calomnie existaient à Paris et encore plus , en Grande-Bretagne d'où ils venaient le plus souvent ...

Ce n'est pas cette partie de rez-de-chaussée du château qui était un nid à ragots , mais le château tout entier !!

D'ailleurs si Mesdames n'ont pas toujours eu une conduite correcte envers la jeune reine , cela s'est amélioré par la suite . N'oublions pas que le vaste et superbe Domaine de Bellevue était destiné à Madame Royale , après la mort de la dernière Tante du roi , s'il n'y avait pas eu certains événements ...

Au moins ,Mesdames , elles , n'ont pas envié le trône ou voté la mort du roi ....tels deux personnages abjects de la famille royale , qui ne se sont pas privés eux de diffuser des ragots et pamphlets....ou au moins de ne pas les empêcher ...

Mesdames ont eu leur part de responsabilités quant aux premières attaques visant Marie-Antoinette c'est sûr, comme par exemple le surnom "l'Autrichienne" inventé par Adélaïde à la base. Mais elles étaient loin d'être seules dans ce rôle, et une fois Louis-Auguste sur le trône elles se sont déjà un peu calmées

C'était de toute façon dans leur intérêt de se "calmer" , ou elles n'auraient pu garder les nombreux avantages et privilèges qu'elles possédaient et que Louis XVI , en bon neveu plein d'affection pour ses vieilles biques de Tantes , leur conserva , même leur cuisine particulière du cinquième étage du château (disparue au XIXème siècle malheureusement) ou dit-on , les meilleurs plats du royaume sortaient . Leur cuisinier hors pair , plus doué que celui du roi , résista même aux tentatives d'embauche dans les cuisines du roi , ce dernier le convoitant , tout gourmand qu'il était.

Le château comporte donc cinq étages?
Ou s'agit-il plutôt de cinq niveaux?

Bien à vous.

J'ignorais cette anecdote de la cuisine et du cuisinier

Et cette affaire faillit même s'envenimer !

Tout est parti des comptes et registres des cuisines de Mesdames , dont l'administration de Louis XVI s'aperçut qu'ils étaient exagérément élevés ! Une enquête fut rondement menée , dans la plus grande discrétion à la demande-même du roi , ce dernier ne voulant pas froisser ses Tantes..

Il en ressorti que le doué mais malhonnête cuisinier de Mesdames falsifiait les comptes des achats de denrées pour la cuisine , il rajoutait des zéros par ci par là , multipliait les dépenses , faisait de fausses factures ...et empochait bien sur la différence !

Louis ordonna donc le renvoi du cuisinier et la fermeture de la cuisine de Mesdames au cinquième étage de la cour de cerfs . Mais apparemment les vieilles filles s'excusèrent auprès de leur neveu des malversations de leur cuisinier (même si elles n'y étaient pour rien ) et acceptèrent par la même occasion une réduction drastique de leurs dépenses de Bouche , en suppliant le roi de conserver à son poste le fourbe cuisinier , mais diablement talentueux

En fait le roi avait exigé le renvoi du cuisinier ...pour pouvoir mieux le recruter par la suite dans ses propres cuisines particulières du troisième étage . Madame Adélaïde flaira apparemment le coup et réussi à garder son cuisinier , qui se tint à carreau par la suite , étroitement surveillé par les services financiers de l'administration du château..

En fait Louis XVI étant trop bon , accorda même à ses tantes une augmentation de la surface de leur cuisine !

Merci Madame Sophie pour cette anecdote, je ne savais rien de tout ça Cette bique de Tante avait plus de privilège que la Reine elle-même.
Fleurdelys

Majesté a écrit:

Le château comporte donc cinq étages?
Ou s'agit-il plutôt de cinq niveaux?

Bien à vous.

Le problème du château de Versailles, c'est que toutes les pièces n'ont pas la même hauteur. Donc, il y a des entresols, ce qui fait que sans plan, il est difficile de savoir combien il y a d'étages exactement.

Madame Sophie a écrit:

Et cette affaire faillit même s'envenimer !

Tout est parti des comptes et registres des cuisines de Mesdames , dont l'administration de Louis XVI s'aperçut qu'ils étaient exagérément élevés ! Une enquête fut rondement menée , dans la plus grande discrétion à la demande-même du roi , ce dernier ne voulant pas froisser ses Tantes..

Il en ressorti que le doué mais malhonnête cuisinier de Mesdames falsifiait les comptes des achats de denrées pour la cuisine , il rajoutait des zéros par ci par là , multipliait les dépenses , faisait de fausses factures ...et empochait bien sur la différence !

Louis ordonna donc le renvoi du cuisinier et la fermeture de la cuisine de Mesdames au cinquième étage de la cour de cerfs . Mais apparemment les vieilles filles s'excusèrent auprès de leur neveu des malversations de leur cuisinier (même si elles n'y étaient pour rien ) et acceptèrent par la même occasion une réduction drastique de leurs dépenses de Bouche , en suppliant le roi de conserver à son poste le fourbe cuisinier , mais diablement talentueux

En fait le roi avait exigé le renvoi du cuisinier ...pour pouvoir mieux le recruter par la suite dans ses propres cuisines particulières du troisième étage . Madame Adélaïde flaira apparemment le coup et réussi à garder son cuisinier , qui se tint à carreau par la suite , étroitement surveillé par les services financiers de l'administration du château..

En fait Louis XVI étant trop bon , accorda même à ses tantes une augmentation de la surface de leur cuisine !

Ce genre de problème a dû exister dans tous les palais du monde, et à toutes les époques, il y avait tellement d'employés, servantes, gardes courtisans, nobles et ministres, que cela devait être difficilement gérable.