Les Visiteurs 3, la Terreur

Projections de presse limitées, séance au Festival du Film Fantastique de Bruxelles annulée sous la pression de Gaumont : il n’y a pas à dire, mais Les visiteurs 3, le film, arrive sur nos écrans précédé d’un drôle de buzz. Mais c’est bien connu, même un bad buzz est un buzz, et mieux vaut faire parler de soi que pas du tout.

Il n’a en tout cas pas refroidi tout le monde. Ce mardi soir, la salle 7 de l’UGC De Brouckère – la grande, la belle – accueillait l’une des deux avant-premières belges (l’autre ayant été programmée à Liège), des avant-premières exclusives, il va sans dire. Les rangées sont pleines, le public on ne peut plus varié : ici et là, on remarque même quelques petits enfants…

Il est presque 20 heures, générique… Un résumé des deux épisodes précédents défile façon Star wars. On se rappellera qu’à la fin du « 2 », toujours égarés dans les couloirs du temps, Godefroy et Jacquouille sont aux mains des révolutionnaires qui ont pris la Bastille, attendant leur procès. Qui a donc bel et bien lieu, pendant qu’au XIIe siècle, le Roi et ses chevaliers s’inquiètent des deux disparus. L’occasion pour Poiré et Clavier, coscénaristes donc, de tacler une des premières remarques faites à l’annonce du tournage de ce troisième volet, près de 18 ans après le deuxième : oui, les deux héros ont pris de l’âge, ça se voit, mais c’est normal, la sorcellerie qui leur permet de se trimbaler dans le passé et l’avenir les fait aussi vieillir plus vite.

Ensuite ? Un festival de vannes sur le thème de l’hygiène et des odeurs corporelles. Jean Reno/Godefroy et Clavier/Jacquouille montrent sans cesse ces dents qu’ils ont bien pouraves. Tout en contraste avec la précieuse Karin Viard, noble dont on va saisir le château et qui s’apprête à prendre la poudre d’escampette avec sa famille, ses bonnes et son clavecin.

Si le rire gras est souvent de mise (« Le citoyen Couille, non, ça n’ira pas, pourquoi pas le citoyen Bourse »…), ce n’est pas non plus l’accident industriel que certains prédisaient. Bien sûr, les références aux deux autres chapitres ne manquent pas, et certains emprunts sont flagrants, surtout quant à ce qui a fait rire le plus à l’époque.

Le coup du Sarrasin, par exemple : exit celui croisé dans sa chariotte du diable (un facteur black dans sa Renault 4 aux armes de la Poste), celui du jour habite avec la concierge (Marie-Anne Chazel) de l’immeuble chez qui les fugitifs se réfugient. On y croise Marat (Christian Hecq), très attaché à son bain, un duc hollandais qui jure en flamand et un Robespierre (Nicolas Vaude) qui n’est pas loin d’inspirer la terreur. Bien sûr, Jacquouille y critique la salle de bains où il n’y a ni robinets ni électricité. Mais non, Godefroy et lui ne profitent pas du repas pour entonner cette très jolie chanson sur le bailli du Limousin dont on a pelé le jonc.

Dans cette drôle de galerie de personnages, tous ne sont pas forcément convaincants non plus. Si Ary Abittan met la pédale douce, Sylvie Testud aligne ses dialogues sur un curieux ton d’institutrice… Pas pour nous faire un cours d’histoire, cela dit : la Révolution française de ces Visiteurs est pour une grande part celle où l’on a coupé des têtes à tour de bras.